Guermantes | 14 ans après la disparition de sa fille, Eric Mouzin ne lâche rien .

Son calme n’est qu’apparent. Car Eric Mouzin, le père de la petite Estelle disparue le 9 janvier 2003 à Guermantes, en a «ras-le-bol » car il a l’impression d’être « baladé ».

Et il ne l’a pas caché, samedi après-midi, lors de l’assemblée générale de l’association Estelle.

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La réunion a précédé une marche silencieuse, lors de laquelle une cinquantaine de personnes a cheminé, dans un silence total, entre la boulangerie devant laquelle Estelle a été vue pour la dernière fois et le cerisier du Japon planté en sa mémoire, 300 m plus loin.

Devant la trentaine de personnes réunies dans l’espace Marcel Proust, Eric Mouzin est revenu sur le combat de sa vie. Depuis que sa fille de 9 ans a disparu dans les rues de Guermantes, ce père de famille a passé « 23 % de son âge sur cette affaire » :

« Il n’y a rien de nouveau dans l’enquête, ce constat est de plus en plus cinglant. Les enquêteurs n’ont même pas estimé utile de venir à notre réunion ».

« L’absence officielle d’Estelle ne pourra être reconnue qu’en 2023 », a indiqué Eric Mouzin. Avant de souligner : « Estelle aurait 24 ans en juin 2017. Elle n’est pas un concept virtuel ».

« Celui qui sait ce qu’il s’est passé, qu’il parle enfin ! », a lâché Sophie Renon, la présidente de l’association.

Me Didier Seban, avocat d’Eric Mouzin, assistait à l’assemblée générale : « Je ne suis pas vendeur d’espoir mais dans l’affaire des disparues de Saône-et-Loire, le meurtrier présumé de l’une d’elles va bientôt être jugé aux assises, vingt ans après ». Là aussi une association se bat depuis le début, pour que l’affaire ne sombre pas dans l’oubli.

Estelle Mouzin avait 9 ans lorsqu’elle a disparu.

« Je crois beaucoup aux conjonctions favorables. Quand on rencontre des personnes qui ont le désir d’aboutir, l’affaire prend une autre tournure. Et il faut parfois quinze ans pour rencontrer une conjonction de bonnes volontés ».

Et l’avocat de dénoncer une anomalie dans l’enquête concernant la disparition d’Estelle :

« Il n’y a aucun procès-verbal de synthèse ! »

Me Seban veut croire à la bonne volonté du dernier juge d’instruction nommé l’an dernier : « Elle s’est engagée à ce que nous ayons ce document dans quelques mois ».

Eric Mouzin regrette la succession de juges d’instruction : « Nous les rencontrons tous les neuf mois. Lors de la première rencontre, il vient d’arriver et il découvre. Et quand on le revoit, il prépare ses cartons ».

Me Seban a évoqué la « priorisation dans le contexte du terrorisme » : « C’est au politique de dire qu’un enlèvement d’enfant, c’est une priorité ».

Et l’avocat d’indiquer que « des pistes et des témoignages n’ont pas été vérifiés ». Me Corinne Herrmann, autre avocate d’Eric Mouzin, en appelle à la création d’« un pôle d’affaires anciennes » car ces enquêtes nécessitent « des techniques spécifiques ».

De côté du parquet de Meaux, on indique que « les enquêteurs travaillent toujours sur le dossier ». Eric Mouzin, qui réclame depuis six ans la relecture du dossier « par un œil neuf », l’a martelé :

« Il n’y a pas de synthèse cartographique des endroits où l’on a cherché et où l’on peut chercher. Toute la téléphonie n’a pas été exploitée. Il y a un défaut de méthode. Le système judiciaire est arrivé au bout de ma patience ».

Le père d’Estelle a donné rendez-vous à ses soutiens le jeudi de l’ascension, le 25 mai, journée internationale des enfants disparus : « J’aimerais bien que les pouvoirs publics s’en souviennent ».

L’affaire Estelle Mouzin, c’est :

– 5 112 jours entre son enlèvement et la marche de samedi.

– 36 990 pièces de procédures.

– 6 juges d’instruction.

– 4 directeurs régionaux de la police judiciaire à Versailles.

– 7 gardes des Sceaux.

– 2 secrétaires d’état chargés des Victimes.

Source : leparisien.fr

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