Herblay | Maximum 3 ans de prison pour les proxénètes ayant prostitué une fille de 12 ans

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Elle faisait jusqu’à 10 passes par jour
Ils ont prostitué en octobre dernier, à Herblay (Val-d’Oise), une fille de 12 ans. Les trois jeunes proxénètes ont été condamnés jeudi par le tribunal correctionnel de Pontoise, à l’issue d’une audience pendant laquelle ils ont banalisé leur implication dans la prostitution.

Le client était immédiatement sorti de la chambre d’hôtel d’Herblay, après s’être retrouvé en octobre 2023 face à Inès (prénom modifié), âgée de 12 ans.

Quelques jours plus tard, il alertait la police.

Interpellés par les policiers de la Sûreté départementale, les trois proxénètes ont dû répondre de leurs actes devant le tribunal correctionnel de Pontoise jeudi 21 mars 2024.

Marwane K., Ryan J. et Assan H., âgés de 18 et 19 ans, sans casier judiciaire, ont été jugés pour proxénétisme aggravé.

Ils ont reconnu, plus ou moins selon les cas, avoir organisé l’exploitation sexuelle d’Inès, réservant les chambres, la véhiculant entre les hôtels d’Herblay et d’Orgeval, fournissant nourriture et préservatifs.

Le premier, qui est apparu comme «le meneur», a été condamné à 3 ans de prison ferme et a été maintenu en détention.

Son second, Ryan J., a écopé de 2 ans ferme. Lui aussi reste en prison.

Le 3ème, impliqué plus à la marge, a été condamné à 2 ans avec un sursis.

Ils devront éviter tout contact avec la victime et les deux autres prostituées identifiées.

«Je ne savais pas son âge.

Elle m’avait dit qu’elle avait 18 ans»,

affirme Ryan J., qui décrit une personne «qui s’habille comme une grande fille, pas comme une gamine».

«Vous auriez pu vous méfier…

Surtout quand elle a l’air d’en avoir 13 ou 14 !

Et les clients qui font demi-tour ?» lui demande le président du tribunal.

«Cela m’a intrigué », admet Marwane K.

Le procureur, Luc Pèlerin, fait alors diffuser la photo sans équivoque d’Inès, vêtue de son pyjama à l’effigie de Minnie.

«Vous pensez vraiment qu’elle a 18 ans ?»

Les trois trafiquants sexuels assurent avoir agi «pour venir en aide» à une adolescente alors en errance, en fugue, banalisant leur implication dans la prostitution.

«On me l’a présentée comme quelqu’un qui avait des problèmes dans sa vie.

Il n’y avait pas d’autres solutions.

C’est elle qui a voulu s’engager dans ça», dit Marwane.

«Si c’était si bien que ça, vous pourriez le faire vous-même !»

lui lance le président, qui ajoute :

«Pourquoi prendre de l’argent si vous rendiez un service ?»

«C’est de la traite d’enfants et de jeunes filles»

Inès est assise sur un banc, très tendue.

Son courage d’être présente au procès est salué.

«Elle a pu au fil des échanges comprendre qu’elle a été victime de tout cela»,

souligne l’administrateur ad hoc qui la représente.

«Elle fait des cauchemars. Elle a peur que les prévenus viennent et la tuent.

Elle veut être protégée et reprendre la vie normale d’une ado., reprendre une formation.»

Elle évoque la nécessité d’une prise en charge :

«Elle est extrêmement abîmée par tout ce qui s’est passé»

«Même maquillée à outrance, les prévenus ne pouvaient ignorer sa minorité»,

a insisté l’avocat de l’ACPE, l’association de lutte contre la prostitution des enfants, qui s’est constituée partie civile.

Une prostitution des mineurs qui est, pour Me Christian Gallon qui défend les intérêts des victimes, «un véritable fléau dans notre département» :

«C’est de la traite, la traite d’enfants et de jeunes filles.

10 passes par jour, 50 bonshommes passés sur le corps d’une gamine de 12 ans…

Elle avait mal, demandait du cannabis pour le supporter.

Quand ils disent qu’ils voulaient l’aider, je ne peux pas l’entendre».

Dans deux mois, ce seront les (seulement) six clients d’Inès identifiés qui se retrouveront à leur tour devant la justice.

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