Le Havre | Jugement en appel d’un ancien prof de français qui fréquentait les piscines

L’ancien prof de français, qui fréquentait les piscines du Havre pour assouvir ses pulsions pédophiles, a été rejugé hier. Six ans de prison ferme ont été requis contre lui.

Mise à Jour du 12/03/18 : Le prévenu a été condamné à sept ans de prison ferme, maintenu en détention et son nom sera inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais). Source

Le ton est assuré et supérieur. L’ancien professeur de français aux petites lunettes rondes d’intellectuel, a réponse à tout.

Aurélien Collignon, un Havrais âgé de 39 ans, était jugé, hier, en appel à Rouen pour agression sexuelle commise sur un mineur à la piscine de la Mare Rouge au Havre et détention d’images pédopornographiques (nos éditions du 19 mai 2017).

Celui qui avait choisi le silence lors de l’audience de première instance, conteste tout : il avait été condamné en mai 2017 à cinq ans de prison ferme par le tribunal correctionnel du Havre.

Le 23 avril 2016, Jean-Luc, comme il se fait appeler par les enfants, est aperçu par une employée de la piscine de la Mare Rouge avec un garçon de 13 ans.

Celui-ci a le slip de bain baissé.

Il explique que le prévenu l’a :

« Attrapé par le cou pour mettre sa tête sur son torse.

Il lui a baissé son slip de bain et a touché son sexe », résume la présidente de la cour d’appel.

L’adolescent dit avoir été « masturbé » et qu’il a tenté « de repousser » son agresseur.

L’ex-prof de français en lycée professionnel affirme le contraire :

« Il courait dans les douches, chahutait et m’a percuté.

Je l’ai repoussé, il s’est senti mal et m’a alors demandé du shampoing. »

Il conseille d’autres pédophiles sur le net

Le trentenaire, célibataire et sans enfants, était déjà connu depuis 2015 dans d’autres piscines de l’agglomération havraise pour son comportement inquiétant.

Il fréquentait le petit bassin et s’approchait d’enfants.

Un jour, il se serait « touché sous l’eau en poussant des gémissements ».

Une autre fois, il aurait été vu faisant le poirier avec le sexe en érection près d’un groupe d’enfants.

Le prévenu conteste tout.

En perquisition, les enquêteurs saisissent un ordinateur et une tablette numérique.

Sur une clé USB, des images pédopornographiques téléchargées sont retrouvées.

Malgré les précautions prises par le prévenu qui navigue sur le Darknet (système de navigation anonyme sur internet), via le logiciel Tor, l’expert en informatique retrouve ses échanges (sur trois années) sur des forums ou la messagerie Mirc.

Des messages au contenu nauséeux.

Sous le pseudonyme Hésiode, l’ancien prof, explique à d’autres pédophiles, « la meilleure façon d’aborder des enfants » ;

« qu’il faut passer le Bafa et devenir instit ou tout simplement reprendre le club de sport local » ;

« qu’il préférait aller dans une piscine de pauvres, car les parents y sont absents. »

Là encore, Jean-Luc rétorque que c’est faux et que « quelqu’un a pu utiliser sa session informatique en son absence ».

Notamment un ami pédophile qu’il a hébergé un temps chez lui.

Et « qu’il s’est bourré de protections sur son ordinateur pour ne pas être victime d’un hacker ou être espionné »

« Il signe sa dangerosité »

Placé sous contrôle judiciaire après sa mise en examen, le prévenu est finalement placé en détention, car il continue sous le nom d’Hésiode à télécharger des images d’enfants nus et à prodiguer ses « conseils » à ses « amis ».

Son nouvel ordinateur est saisi et d’autres images interdites sont découvertes.

Agacé par le comportement du mis en cause, le procureur général, Patrice Lemonnier, balaye sa défense :

« Il signe sa dangerosité ; toutes ses négations montrent qu’il va continuer ses actes.

Les experts évoquent chez lui une sexualité pathologique. »

L’ancien fonctionnaire a déjà été condamné en 1997 pour agression sexuelle sur mineur et en 2008 — date à laquelle il a été radié de l’Éducation nationale — pour détention d’images pédopornographiques.

Le parquet général a requis six ans de prison ferme à son encontre avec un suivi socio-judiciaire de dix ans.

Le délibéré sera rendu en mars prochain.

Source : Paris-Normandie

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