France | L’ex-skieuse Claudine Emonet confie avoir été agressée sexuellement par son entraîneur

L’ex-skieuse Claudine Emonet rompt le silence !

Claudine Emonet. Photo DR

« J’ai été agressée sexuellement par mon entraîneur, comme plusieurs de mes coéquipières, (…). J’étais tout juste majeure au moment de ces agressions, mais certaines les ont subies alors qu’elles étaient encore mineures ».

Alors que la parole se libère dans le milieu du sport français, Claudine Emonet, ancienne descendeuse qui est notamment montée deux fois sur le podium en Coupe du monde dans les années 80, a décidé de rompre le silence et s’exprimer sur des faits qui l’ont touchée, elle et ses anciennes coéquipières.

Claudine Emonet ne voulait plus garder ça pour elle :

« J’ai décidé de me libérer du fardeau que je me trimballe depuis près de 40 ans, a-t-elle d’abord écrit sur une page Facebook, pour quelques « amis » du réseau social. Depuis très longtemps j’y pense, mais les sentiments de honte et de culpabilité sont si tenaces. Alors on vit avec, on essaie d’enfouir ces odieux souvenirs, mais régulièrement ils refont surface venant écorcher votre vie, mettant vos émotions à fleur de peau. »

« Ni consentantes, ni amoureuses de cet individu, que personne ne s’y méprenne ! »

Les affaires récentes notamment dans le patinage ont fait office de déclic pour l’ancienne descendeuse, journaliste pigiste spécialisée dans le ski et monitrice à l’ESF de Chamonix, 58 ans, deux podiums en Coupe du monde dans les années 80, 10e des Mondiaux 1989.

« J’ai été agressée sexuellement par mon entraîneur, comme plusieurs de mes coéquipières, anciennes skieuses de l’équipe de France de ski alpin, je dénonce ces faits qui se sont déroulés à la fin des années 1970, début des années 1980.

J’étais tout juste majeure au moment de ces agressions, mais certaines les ont subies alors qu’elles étaient encore mineures.

Cet individu qui se targuait « en plaisantant », d’avoir « un droit de cuissage » s’est comporté comme un gourou manipulateur, abusant de son pouvoir, de son emprise, agressant, harcelant, menaçant, et enfin, brimant et maltraitant psychologiquement lorsque ses assauts étaient repoussés.

Avec préméditation et toujours le même mode opératoire, il se débrouillait pour organiser les déplacements, et emmener sa victime seule dans son véhicule. C’est ainsi que les agressions commençaient…

Même en utilisant différents stratagèmes pour repousser les attouchements, la sidération, l’emprise, font qu’on les subit, l’esprit d’un côté, le corps de l’autre… Ni consentantes, ni amoureuses de cet individu, que personne ne s’y méprenne !»

Les mots sont terribles.

« Je ne suis pas la courageuse de service, nous dit-elle au téléphone, samedi soir. C‘est Cathy Gonseth qui a fait la démarche avant moi. On en a discuté. Moi, je le fais pour nous, car c’est dur à porter.

Ça revenait régulièrement à la surface. A chaque fois qu’il y a avait une affaire notamment. C’est difficile à vivre. On est tout le temps tiraillé. On éprouve de la culpabilité alors qu’on ne devrait pas. Pourquoi avons-nous passé tout ce temps à nous taire alors que lui (l’agresseur présumé qu’elle ne nommera pas, ndlr) passe une vie tranquille ?

Les faits sont prescrits mais c’est un pervers. Je parle pour libérer la parole des autres. Le ski n’est pas épargné et il n’y a pas de raison qu’il le soit. Peut-être que le monde du ski a peur d’être éclaboussé. Mais c’est un fléau, il faut le combattre. Il faut que ça serve pour les autres ».

La skieuse du Praz-sur-Arly explique avoir évoqué le sujet « il y a une dizaine d’années » avec l’ancien directeur technique alpin, Yves Dimier, « qui m’avait écoutée et entendue. Il avait répondu à ma demande de faire apparaître le logo “Victimes de violences sexuelles dans le sport” (sur le site de la FFS) avec un numéro d’écoute..( NDLR: Ils sont toujours sur le site LIRE ICI). Seuls quatre respectables anciens du ski ont tenté de s’élever contre de tels agissements : Jean-Claude Killy, Léo Lacroix, Guy Périllat, Jules Melquiond. Ils n’ont pas été suivis et c’est bien dommage… Récemment, Ophélie David et Marie Martinod se sont engagées avec d’autres athlètes contre les violences sexuelles, bravo à elles aussi ! »

 

Source : ledauphine.com

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