France | Enquête sur les “ratages” des expertises psychiatriques judiciaires

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« Dans le cadre des violences intrafamiliales ces expertises sont souvent de mauvaise qualité… »
"80% de dossiers sont classés sans suite dans les violences faites aux enfants et les violences conjugales."
 Selon Jean-Marc Ben Kemoun, pédopsychiatre, “80% de dossiers classés sans suite dans les violences faites aux enfants et les violences conjugales le sont parce que l’expertise n’est pas au niveau et le procureur ne veut pas poursuivre…”

Le Dr Jean-Marc Ben Kemoun alerte sur le fait qu'(..)

« En France, il n’y a que 8 profs de pédopsychiatrie. Imaginez combien de pédopsy. sont formés »,

La conséquence est que «ce sont les psy. pour adultes qui voient les enfants et (..) ils n’ont pas une pratique suffisante de la pédopsy»

80% de dossiers classés sans suite dans les violences faites aux enfants et les violences conjugales le sont parce que l’expertise n’est pas au niveau et le procureur ne veut pas poursuivre.

Soit l’expert n’a pas eu les conditions d’un exercice satisfaisant, soit il n’était pas suffisamment formé”.

Souvent, les experts judiciaires dans les affaires de violences intrafamiliales font l’objet de virulentes critiques et de plaintes.

Plusieurs experts, dont le célèbre expert-psy. Roland Coutanceau (président de la Ligue française de santé mentale, chargé d’enseignement en psychiatrie & psychologie légales à l’université de Paris V, la faculté Kremlin-Bicêtre+École des psychologues praticiens) ou encore le Dr Paul Bensussan (expert psy. à la Cour d’appel de Versailles depuis 1996 + expert psy. de la Cour de cassation depuis 2007) sont mis en cause, devant la justice, dans des plaintes.

La place de leurs expertises, le plus souvent sur fond d’abus sexuels, y est décriée, car elles peuvent faire pencher la balance, sans assez de précautions, estiment les plaignants.

Concernant Bensussan, il fait face à des associations de protections de l’enfance et de lutte contre les violences sexuelles comme le Collectif féministe c/le viol (CFCV), qui lui reprochent d’être un défenseur des concepts controversés d’«aliénation parentale» et de «syndrome d’aliénation parentale» (SAP) et de «négliger la parole de l’enfant» notamment « en ne l’auditionnant que 20 minutes, ou seulement dans la salle d’attente, ou pas du tout».

Elles parlent «d’expertises idéologiques».

Le controversé SAP a été théorisé dans les années 70 par un pédopsy. américain, Richard Gardner, mais n’est pas reconnu par la commission scientifique.

Il désigne une situation dans laquelle un enfant rejette l’un de ses parents de façon «non justifiée».

Avancé par des parents mis en cause dans des dossiers d’inceste ou de violences conjugales, le SAP est dénoncé car il contribuerait à «occulter» les violences dénoncées par les enfants.

Des plaintes de mères pour «mise en danger de mineur» et pour «risque causé à autrui» ont été déposées.

Elles contestent les analyses et les méthodes de ces psy. et dénoncent le fait que ces experts fassent «figure d’autorité» dans ces dossiers sensibles pour la vie de famille.

À la suite d’expertises, jugées parfois «expéditives» des juges aux affaires familiales peuvent ainsi rouvrir des droits de visite voire une résidence alternée à des pères soupçonnés d’inceste.

Des mères reprochent ainsi à ces psy. d’avoir considéré que le père de leur enfant n’était pas dangereux pour l’enfant, malgré, parfois, sa parole.

Sarah Thierrée-Baker, psychologue clinicienne, chercheuse en neurosciences, regrette que «dans le cadre des violences intrafamiliales,, ces expertises sont souvent de mauvaise qualité, reposant souvent sur un entretien sans évaluation associée.

C’est ce que l’on appelle le «jugement clinique non structuré»(..)

Malgré cela, elle déplore que dans le domaine familial «les expertises bénéficient d’un poids considérable dans les décisions de justice et l’organisation familiale».

Un magistrat qui préfère garder l’anonymat, avoue :

« Chaque examen n’est pas aussi bien qu’on pourrait l’espérer.

Mais comme ils sont indispensables, et qu’ il y a un manque d’experts, la justice est bien obligée de fonctionner ainsi ».

La crainte des juges est de devoir se séparer de l’un d’entre-eux.

Possible puisqu’ils sont soumis à un contrôle annuel de la Cour d’appel auquel ils sont rattachés.

Ils ont notamment l’obligation de suivre une formation continue et d’avoir vraiment effectué des expertises durant l’année. (..)

ndlr : j’ai isolé le volet qui concerne la pédocriminalité, mais je vous invite à lire l’intégralité de l’article.

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