Évreux | Accusé d’agressions sexuelles par sa fille de 5 ans, le père est relaxé

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La petite fille déclare alors que son père l’a déjà touchée…
photo en noir et blanc d'une petite fille sur un chemin avec son gros nounours
Dans l’Eure, soupçonné d’attouchements sur sa fille, le père est relaxé

Le jeudi 7 juillet 2022, un homme comparaissait devant le tribunal judiciaire d’Évreux pour agression sexuelle incestueuse sur un mineur par un ascendant majeur.

Derrière ce motif de prévention se cache une affaire bien compliquée.

Tout commence à la rentrée scolaire 2019, à Chambois.

La petite Léa (le prénom a été modifié), 3 ans, entre alors à l’école maternelle.

Très vite, l’enfant commence à se masturber en classe.

Après deux ans émaillés d’incidents de masturbation infantile, les parents, désemparés, font suivre leur fille par un psychologue.

Rien ne permet d’expliquer son comportement quasi impulsif, mais la situation semble s’améliorer.

Le médecin de la famille prescrit également de la crème pour apaiser l’enfant, qui s’irrite les mains et l’entrejambe.

 

Changement d’école

Puis vient la rentrée en CP, dans une autre école.

La directrice est informée de son problème et du fait qu’elle est suivie.

Le 14 octobre 2021, une infirmière scolaire fait une visite de contrôle.

La directrice lui parle du comportement de Léa, qui explique à l’enfant qu’il ne faut pas se toucher à cet endroit-là en public, et que personne ne peut la toucher non plus.

La petite fille déclare alors que son père l’a déjà touchée, justement.

Pour lui appliquer de la crème apaisante ou pour tout autre chose, nul ne le sait.

Aussitôt, un signalement est fait.

Léa sera placée en urgence et le père, venu chercher sa fille le soir, accueilli par les gendarmes pour suspicion d’attouchements.

La juge des enfants intransigeante

Trois semaines plus tard, le père de la petite fille comparaît devant la juge des enfants.

L’audience se passe très mal.

« En France, on pense que les phénomènes de masturbation infantile sont forcément causés par des agressions sexuelles, ce qui est faux. Dans ce cas, le père a été considéré automatiquement comme coupable »,

explique maître François Delacroix, avocat des parents de Léa.

La deuxième audience, en février 2022, ne se passe pas mieux.

Selon maître Delacroix, les échanges entre la famille de Léa et l’Aide sociale à l’enfance (ASE) seraient compliqués.

Sollicitée, l’ASE n’a pas souhaité nous répondre.

La petite fille est toujours placée à l’heure actuelle et ne serait plus suivie par un psychologue.

Elle continue de se masturber en classe, ce que signalent régulièrement les enseignants de son école.

La juge des enfants rendra sa décision sur cette affaire le 18 août 2022.

L’affaire est toujours en cours

Du côté du tribunal judiciaire d’Évreux, le dossier n’avance pas plus pour le moment.

Si le ministère public avait au départ requis l’inscription du père au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais), l’interdiction d’approcher sa fille et l’annulation totale de ses droits parentaux, l’homme a pour le moment été relaxé.

« C’est une première étape avant le prochain passage devant la juge des enfants.

Au moins, mon client a pu s’exprimer »,

se réjouissait maître Delacroix.

Mais le parquet a annoncé le lundi 11 juillet 2022 sa décision d’interjeter appel.

« Mon client serait prêt à faire tout ce qu’il faut, à s’éloigner de sa fille si cela permettait que Léa soit au moins placée avec ses grands-parents »,

soutient l’avocat.

Il ne reste plus qu’à attendre la décision de la cour d’appel sur cette affaire aussi sensible que complexe.

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