Europe | Les Pays-Bas, plaque tournante mondiale de la pédopornographie

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Pédocriminel En liberté

L’UE est devenue une « destination de choix » pour l’hébergement de ces contenus illégaux
En 2021, l’Union Européenne hébergeait la majorité des images et vidéos pédopornographiques mondiales — 62 % pouvant être localisé dans un État membre. Les Pays-Bas sont suivis par la France et la Lettonie sur le podium…

En 2021, l’UE hébergeait la majorité de ces images et vidéos illégales — 62 % de tout le CSAM au niveau mondial pouvant être localisé dans un État membre.

La proposition de la Commission européenne visant à lutter contre les contenus pédopornographiques en ligne se fait toujours attendre, alors même que l’UE est devenue une « destination de choix » pour l’hébergement de ces contenus, selon un nouveau rapport.

Le rapport annuel de l’Internet Watch Foundation (IWF), publié mardi 26 avril, révèle que l’Europe est la « plaque tournante mondiale » de l’hébergement de contenu pédopornographique en ligne (child sexual abuse material en anglais, CSAM).

En 2021, l’UE hébergeait la majorité de ces images et vidéos illégales — 62 % de tout le CSAM au niveau mondial pouvant être localisé dans un État membre.

« Il est déprimant de constater que l’Europe reste la destination de choix des criminels et des prédateurs qui cherchent à héberger certains des pires contenus de l’internet », a déclaré Susie Hargreaves, directrice générale de l’IWF.

« Nous parlons de certains des contenus les plus graves — des images et des vidéos montrant des enfants et des bébés subissant des viols et des tortures sexuelles », a-t-elle ajouté.

L’IWF est une ONG britannique axée sur la protection de l’enfance.

Sur les 156 300 URL incluant des CSAM hébergés sur des serveurs chez un des 27 États membres, 66 % provenaient des Pays-Bas. Ce pays représente également 41 % au niveau mondial.

Les analystes de l’IWF attribuent ce résultat à l’excellente infrastructure internet qu’offre le pays, ainsi qu’au faible coût des solutions d’hébergement. En outre, le cadre juridique néerlandais peut rendre le retrait des contenus incriminés plus difficile ou prendre plus de temps, a déclaré l’IWF à EURACTIV.

« Les plus grands obstacles auxquels nous sommes actuellement confrontés concernent la transition en cours vers des domaines privés tels que les clouds personnels et les applications de chat comme Telegram », a déclaré l’Expertisebureau Online Kindermisbruik (EOKM), une organisation néerlandaise luttant contre la pédopornographie en ligne.

Les Pays-Bas sont suivis par la France et la Lettonie sur le podium des plus grands hébergeurs de CSAM en Europe, représentant environ 9 % chacun dans l’UE et 6 % au niveau mondial.

Les experts soulignent également que si l’UE a continué à héberger le plus de CSAM en 2021, la proportion d’images abusives provenant des États-Unis en 2021 était plus élevée que les années précédentes — 21 % d’entre elles étaient hébergées aux États-Unis dans le monde, contre 5 % en 2020.

La Commission européenne travaille depuis quelques mois à l’élaboration d’une législation visant à s’attaquer à ce problème et devrait, après plusieurs reports, présenter sa proposition le 11 mai prochain.

Les débats qui devraient s’ensuivre s’annoncent délicats entre les défenseurs de la vie privée et les organisations de protection de l’enfance, car la surveillance par l’IA et la remise en cause du chiffrement pourraient être mises en avant comme des moyens de détecter et de supprimer les CSAM à grande échelle.

Des experts en sécurité ont averti que les outils utilisés par les géants de la technologie pour détecter les abus sur les enfants en ligne présentent de graves risques pour la sécurité et la vie privée.

« La nouvelle législation doit également aborder les questions liées au chiffrement de bout en bout. Si le risque pour les enfants ne peut être atténué, les entreprises devraient chercher d’autres moyens d’améliorer la vie privée avant de chercher à chiffrer », a déclaré M. Hargreaves à EURACTIV.

En avril 2021, Google a déclaré qu’il soutenait la nécessité d’une dérogation temporaire à la directive ePrivacy permettant aux entreprises technologiques de rechercher de manière plus proactive les CSAM dans les communications électroniques.

L’association European Digital Rights (EDRi) a toutefois demandé que la proposition de la Commission s’assure que les mesures seront « conformes aux obligations de l’UE en matière de droits fondamentaux » et seront « légales et objectivement nécessaires et proportionnées à leur objectif fixé ».

L’interception des communications privées devrait être limitée aux « véritables suspects à l’encontre desquels il existe des soupçons raisonnables », avec les garde-fous nécessaires, selon eux.

La proposition du CSAM devrait également « respecter le chiffrage en tant que mesure de sécurité vitale ».

« Nous sommes à la croisée des chemins. C’est une occasion en or de faire une réelle différence dans la vie des enfants, en les protégeant des dangers des prédateurs en ligne », a ajouté M. Hargreaves à propos de la législation à venir, soulignant que la Commission « doit axer ses propositions sur les risques et les dommages causés et ne pas se contenter de cibler les plus gros acteurs ».

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