Disparition de Lucas Tronche | “On préfère se dire qu’il est quelque part en vie”

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Lucas disparu depuis [timer]
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Domicilié dans le Gard, l’adolescent de 16 ans s’est mystérieusement évaporé en mars 2015 alors qu’il devait rejoindre son frère à un arrêt de bus. Plus d’un an après, à l’occasion de la journée internationale des enfants disparus, sa mère témoigne.

Lucas Tronche

Eric et Nathalie Tronche sont tiraillés par deux sentiments contradictoires: l’optimisme et l’inquiétude. Leur fils, Lucas, 16 ans, n’a plus donné signe de vie depuis le 18 mars 2015.

Ce jour-là, comme chaque semaine, l’adolescent de Bagnols-sur-Cèze (Gard) s’apprête à se rendre à la piscine avec son frère. Il lui intime de partir devant, le temps qu’il ferme la porte de la maison familiale. L’aîné patiente à l’arrêt de bus. En vain: Lucas a disparu. 

Une information judiciaire pour “enlèvement” et “séquestration” est ouverte peu de temps après par le parquet de Nîmes. Face à l’absence de message laissé par l’adolescent et de preuve de vie, les enquêteurs n’excluent aucune piste. Lucas est sorti sans argent, sans pièce d’identité et sans ses affaires de natation, juste avec une veste et son téléphone, lequel sera coupé quelques minutes après sa disparition. Alors que mercredi s’est tenue la journée internationale des enfants disparus, sa mère fait le point sur les 14 mois d’investigations.

Le 25 mai a été une journée spéciale pour vous. Quel est votre état d’esprit ?

Nathalie Tronche : C’est effectivement la seconde fois déjà que nous vivons cette journée consacrée aux enfants disparus en étant concernés en tant que parents. Nous n’aurions jamais cru que la situation durerait aussi longtemps. Mais, il faut garder espoir. Même si cela peut paraître fou, il est préférable de se dire que Lucas est quelque part, en vie. Nous avons envie d’y croire et de rester optimiste.

Maintenant, il y a aussi de plus en plus d’inquiétudes. La campagne d’affichage des appels à témoin a été importante et il y a eu une grosse mobilisation sur les réseaux sociaux. De nombreux témoignages nous sont parvenus mais, pour l’instant, il n’y a rien de concluant. Nous voulons convaincre les personnes qui pensent avoir vu Lucas de prendre des photos. C’est toujours plus simple à vérifier pour les policiers que de simples signalements. Nous n’avons aucun doute sur le fait que les gens soient de bonne foi mais Lucas peut ressembler à un autre ado.

14 mois après, où en sont les investigations ?

L’enquête se poursuit. Il y a eu beaucoup d’investigations autour de la sphère familiale, le cercle des amis, le club de sports, le milieu des scouts, auquel Lucas appartenait… Des personnes sont interrogées à nouveau et c’est normal. Au fil des mois, les questions peuvent changer.

Sans avoir de convictions, nous penchons de notre côté pour la mauvaise rencontre. Il est possible que Lucas soit parti faire une balade. Il était très nature et regardait souvent l’émission Man versus Wild. Peut-être qu’au cours de cette sortie, il a assisté à quelque chose de grave et n’a pas pu revenir. Il a peut-être reçu des menaces lui-même ou sur sa famille l’empêchant de pouvoir rentrer à la maison.

Tweet-lucas-tronche

Vous écartez désormais la thèse de la fugue ?

Oui, Lucas n’a pas le profil d’un fugueur. Peut-être qu’il a effectué un départ volontaire sans prévenir pour prendre l’air, une promenade, mais pas une fugue. Ce n’est pas un garçon qui a des aspérités dans sa vie. Il est fort psychologiquement, bon élève -il veut devenir vétérinaire- et vit dans une famille aimante. De même, nous excluons la piste de l’accident. Tout a été fouillé.

Vous avez reçu récemment des messages anonymes. Quel en était la teneur ?

Je ne peux pas trop en dire car l’enquête est en cours. Mais ce n’était pas des lettres. Les messages se veulent rassurants. On a l’impression que la personne qui les a envoyés est avec Lucas. Elle dit qu’il va bien. Nous ne demandons qu’à la croire et la remercions mais nous avons besoin d’un signe de vie. Nous ne pouvons malheureusement pas écarter qu’il puisse s’agir de quelqu’un qui joue avec nos sentiments.

Un témoignage indiquant que Lucas a été aperçu avec une femme près d’un magasin est également parvenu aux enquêteurs. Que faut-il en penser ?

Malheureusement, les caméras de vidéosurveillance du magasin n’ont pas pu être exploitées.
Il y a eu également d’autres témoignages indiquant que Lucas a été aperçu seul à plusieurs reprises les quatre jours suivants sa disparition. Les recherches menées par les chiens semblent corroborer sa présence à plusieurs endroits.

Peut-être que Lucas a été pris en charge par quelqu’un après sa mauvaise rencontre.
Nous imaginons tout: est-ce qu’il attend l’âge de 18 ans pour rentrer à la maison? Il faut qu’il sache qu’il est libre et qu’il ne risque rien. Il ne faut pas qu’il se laisse influencer. Nous ne croyons pas qu’il puisse avoir été embrigadé par une secte. Il est scout mais nous ne sommes pas catholiques pratiquants. Et pour la police, il n’a pas le profil. Les sectes ne s’en prennent qu’à des gens qui ont de l’argent. Quant à l’enlèvement, nous ne pouvons pas l’exclure. Mais il y a aucun élément allant en ce sens. Lucas a fermé la porte en partant et il n’y a aucune trace de violences.

Des réquisitions ont été effectuées auprès du réseau social Snapchat, sur lequel était inscrit Lucas. Que donnent les résultats ?

Les messages étant éphémères, il a fallu émettre une commission rogatoire aux Etats-Unis.
Les données ont été communiquées en janvier. Elles montrent qu’il utilisait très peu Snapchat et aucune activité n’a été relevée le jour de sa disparition. Il ne s’était pas connecté. Ses derniers échanges étaient avec d’autres lycéens. On nous a demandé si on était déçus. La réponse est non car il n’y a rien de négatif et parce que nous avons fermé une porte. Ce n’est pas comme si quelqu’un avait donné rendez-vous à Lucas sur le réseau social.

Comment faites-vous pour tenir au quotidien?

Ce n’est pas facile mais nous essayons de nous ménager un peu, de nous occuper de nos deux autres enfants, Arthur et Valentin, qui ont 11 et 19 ans. Nous essayons d’avoir d’autres sujets de discussion. Mais en même temps, nous ressentons aussi le besoin de suivre les investigations de près pour être reboosté.

Si vous pensez avoir des éléments pouvant faire avancer l’enquête, contactez la police judiciaire de Montpellier au 04.67.99.35.97. 

Source : http://www.lexpress.fr/

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