Rencontre avec un YouTuber qui traque les pédophiles

Un Allemand de 19 ans se présente comme une ado sur le Net pour piéger les adultes pervers. Il nous explique pourquoi il choisit de mettre sa propre vie en danger pour les débusquer.

Memo est étudiant à Hambourg, en Allemagne, et utilise son temps libre pour la traque aux pédophiles.
Memo est étudiant à Hambourg, en Allemagne, et utilise son temps libre pour la traque aux pédophiles.

A 19 ans, Mehmet a un passe-temps pour le moins spécial. A ses heures perdues, il est le YouTubeur MemoHD. Sa spécialité? La traque aux pédophiles. Il explique son job, risqué, mais utile, selon lui.

Sur des chats populaires, Memo se présente comme une ado de 14 ans et attend que des adultes mal intentionnés viennent lui parler.

«Moins d’une heure suffit pour recevoir des messages de plusieurs hommes, même sans télécharger une photo de profil», confie-t-il. En quatre mois de traque, le jeune Allemand a souvent reçu le même type de messages: «On peut faire tout ce qui te fait envie» ou «Est-ce que tu as déjà couché avec quelqu’un?».

Ne lui reste plus, après ça, qu’à fixer rendez-vous. Souvent, ces individus demandent à lui passer un coup de fil, pour vérifier que l’ado existe bel et bien. Mehmet a une astuce: c’est une copine qui prend l’appel à sa place.

Sur le terrain, le YouTubeur doit pouvoir identifier ses rencards. C’est pourquoi le jeune homme de 19 ans leur demande de porter un jean, une jaquette et un sac en plastique. Le réel avantage de cette méthode, c’est que les pervers ne peuvent pas nier leur identité une fois face à Memo et à sa caméra.

Impossible de prévoir comment l'individu va réagir. Celui-là, à gauche, a sorti un couteau quand il s'est aperçu qu'il avait été piégé.

Des vidéos postées sur le Net

Toute l’histoire se retrouve sur YouTube, mais le visage du pédophile est flouté:

«Mon but est de le confronter aux atrocités qu’il est prêt à commettre et de lui montrer qu’il doit se faire aider», explique le jeune adulte.

Certains de ces hommes ne réagissent pas comme des agneaux. Une fois, l’un d’entre eux a sorti un couteau de sa poche, quand il a compris qu’il s’était fait piéger.

La police a déjà contacté Memo pour lui demander d’arrêter sa traque.

«Elle me dit que je joue avec ma vie», raconte-t-il.

Ne craint-il pas ce qui pourrait lui arriver? «Bien évidemment. Chaque jour je réalise que ce pourrait être mon dernier», répond l’Allemand qui vit à Hambourg. Il estime que son travail est plus utile que celui de la police, parce que les pédophiles endurent l’exposition publique, et pas seulement une amende ou une peine.

Du côté suisse non plus, l’Office fédéral de la police (Fedpol) n’accueille pas l’initiative de Memo avec grand enthousiasme: «Dans un pays comme le nôtre, un privé ne peut pas mener le travail de la police, déclare sa porte-parole, Lulzana Musliu. Avec ce type d’actions, MemoHD risque d’interférer avec une enquête en cours».

En plus, les informations qu’il pourrait récolter sont inutilisables pour la justice, puisqu’il n’y a pas de preuve de crime.

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Il discute avec eux sur internet avant de leur donner rendez-vous dans un lieu public.

 

Mes parents ne sont pas fiers

Memo souhaite malgré tout poursuivre sa traque aux pédophiles.

«Deux des neufs hommes que j’ai rencontrés ont perdu leur job à cause de mes vidéos», raconte le jeune adulte de 19 ans.

Ses parents ne le soutiennent pas non plus: «Ils ont peur que quelque chose m’arrive. Cela ne me freine pas. Si je fais tout ça, c’est pour le bien de l’humanité», conclut-il.

Source : http://ch.tilllate.com/

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