Cholet | Un prof de piano aveugle soupçonné d’agression sexuelle

Le sexagénaire aurait agressé sexuellement l’une de ses élèves, alors âgée de 9 ans, entre 1999 et 2000, dans le Choletais. Il avait déjà été condamné pour des faits similaires en 2009.

« Je ne devrais pas livrer mon sentiment personnel, mais votre sourire me glace. »

Il est près de 17 h 30, ce lundi. Monique Legrand, la présidente du tribunal correctionnel d’Angers, juge la dernière affaire de la journée.

À la barre, face à elle, un homme de 68 ans, aveugle de naissance.

Physique imposant, costume sombre et lunettes noires, ce professeur de piano retraité arbore un étrange rictus.

« On peut très bien garder une distance avec l’élève, tout en lui faisant une petite bise de temps en temps », lance-t-il en guise de réponse aux questions de la juge.

« Avant, j’avais honte »

Derrière lui, sur le banc de la partie civile, une frêle jeune femme de 27 ans, entourée de ses parents.

Comme plus de mille élèves, elle a pris, pendant plusieurs années, des leçons particulières de piano au domicile du prévenu, dans le Choletais.

Entre septembre 1999 et juin 2000, alors qu’elle avait entre 9 et 10 ans, son professeur lui aurait caressé les fesses et la poitrine, et embrassé la bouche et le visage.

Debout, les mains tremblantes, la jeune femme raconte au tribunal :

« Je ne disais rien. J’avais peur. Pour moi, il représentait l’autorité. »

Pendant des années, elle se mure dans le silence.

En 2008, elle entre à l’université et commence une psychothérapie.

Après une série d’hospitalisations et une tentative de suicide, elle décide de déposer plainte, en 2011.

« Avant, j’avais honte. Mais je ne voulais plus être une victime. Aujourd’hui encore, je ne sais pas si c’est possible de vivre avec ça. »

« J’ai eu des moments de faiblesse »

Son ancien professeur, lui, nie en bloc.

Déjà condamné en 2009 à deux ans de prison avec sursis, pour s’être masturbé devant une autre mineure et l’avoir caressée, le sexagénaire avait fini par reconnaître les faits en appel.

Interrogé à nouveau sur cette affaire par Me Pascal Rouiller, avocat de la partie civile, il commence par se rétracter avant de confesser :

« J’étais sans doute plus proche des parents de cette fillette-là. » Puis, il avoue : « J’ai peut-être eu des moments de faiblesses. »

Questionné sur sa vie sexuelle à cette époque, le professeur de piano confie n’avoir jamais eu de partenaires sexuels :

« La musique a toujours rempli ma vie. »

Son avocate, Me Claire Eon, évoquant « un doute qui subsiste », plaide la relaxe.

Le procureur Adrien Luneau a requis deux ans d’emprisonnement avec sursis et mise à l’épreuve.

Le tribunal rendra sa décision le mercredi 21 juin.

Source : Ouest-France

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