Canada | Près de cinq ans de pénitencier pour le pédophile Sylvain Daneault

Sylvain Daneault, 50 ans, de Saint-Cyrille-de-Wendover, passera 4 ans, 9 mois et 3 semaines derrière les barreaux pour avoir agressé sexuellement cinq victimes de moins de 16 ans entre 1984 et 2013. 

©TC Media – Ghyslain Bergeron

La décision a été rendue vendredi par le juge Gilles Lafrenière au palais de justice de Drummondville, après des années de procédures. La peine globale, qui résulte d’une suggestion commune, est de sept ans de pénitencier : toutefois, Sylvain Daneault ayant déjà purgé 26 mois et une semaine de détention préventive, il lui restera 57 mois et trois semaines à passer derrière les barreaux.

Les faits se sont déroulés au cours d’une période globale de 29 ans, entre 1984 et 2013 et concernent cinq victimes, toutes âgées de moins de 16 ans à l’époque. Des chefs d’accusations d’action indécente, d’incitations à des contacts sexuels et de contacts sexuels sont reprochés à l’accusé.

Les endroits des infractions sont variés : lors de sorties en canot, au domicile de l’accusé, dans sa voiture… Il se serait masturbé à plusieurs reprises devant toutes ses victimes et leur aurait souvent demandé de le caresser.

À l’égard d’un garçon, il y aurait également eu une gradation des délits, d’incitation à des contacts sexuels «jusqu’à des fellations alors que la victime était âgée entre 12 et 13 ans. Il y a aussi eu des relations anales», a relaté la procureure de la Couronne, Me Magali Bernier.

Les rapports présentenciel et sexologique sont très peu favorables à l’accusé. «Le risque de récidive a été évalué entre modéré et élevé. Il banalise ses comportements fautifs. On a aussi dénoté une absence d’empathie : il n’a pas de regrets», a exposé la procureure.

“Le risque de récidive a été évalué entre modéré et élevé. Il banalise ses comportements fautifs. On a aussi dénoté une absence d’empathie : il n’a pas de regrets.” La procureure de la Couronne, Me Magali Bernier

Elle ajoute que la suggestion commune tient compte de plusieurs facteurs, aggravants et atténuants. «Nous avons pris en compte le nombre de victimes, la gravité objective des gestes, les rapports, l’antécédent judiciaire en semblable matière mais aussi le plaidoyer de culpabilité, qui a évité des témoignages éprouvants aux victimes.»

«C’est le plus important facteur atténuant. Mon client souhaite participer à ce qui lui sera offert au pénitencier comme programme d’aide», affirme l’avocat de la défense, Me Jasmin Laperle.

Le quinquagénaire devra fournir des échantillons d’ADN, s’abstenir de posséder des armes pour une période de 10 ans et ne pas se trouver dans des lieux où pourraient se trouver des personnes âgées de moins de 16 ans (parcs, écoles, garderies, etc.) pour les 20 prochaines années. Sylvain Daneault n’aura pas non plus la liberté d’accepter un poste, bénévole ou non, qui le placerait en situation de confiance vis-à-vis de mineurs, en plus de ne pas avoir de contacts, de quelque façon que ce soit, avec des enfants sauf sous la supervision d’une personne-ressource désignée par le tribunal.

«Considérant la nature des gestes posés, il s’agit d’une peine raisonnable. J’espère qu’elle sera suffisamment longue pour vous permettre de réfléchir au tort que vous avez fait à ces enfants. C’est toute leur vie qui en est affectée», a conclu le juge Gilles Lafrenière avant d’imposer la sentence.

Un message d’espoir aux victimes d’agressions sexuelles

Trois des cinq victimes ont fait part de leur soulagement de voir que leur agresseur passera du temps derrière les barreaux.

«Je suis soulagé qu’il soit enfin reconnu coupable, pour que nous, les victimes, puissions passer à autre chose. S’il y a une chose qui est importante, c’est dénoncer. C’est un long processus, mais on s’en sort gagnant et on peut mieux vivre», a confié Pierre-Guy Lavoie, le premier à avoir dénoncé son abuseur.

Il ajoute que, bien que les gestes aient débuté alors qu’il était encore un enfant, ce n’est qu’à 18 ans qu’il s’est rendu compte qu’il était une victime. «Le vivre, c’est une chose, mais s’en rendre compte et l’accepter, s’en est une autre.»

Sa famille, bien qu’éplorée, a été présente tout le processus judiciaire. C’est les larmes aux yeux que la mère de deux des victimes les a serrés dans ses bras après l’annonce de la sentence.

«Si c’est assez ? Non, a affirmé Caroline Abel, la première à avoir été agressée par Sylvain Daneault, en parlant de la peine. Mais en même temps, ça ne changera rien. Ce qui est fait est fait. Mon seul regret, c’est de ne pas avoir dénoncé avant. J’aurais peut-être pu éviter que d’autres aient à subir ses faveurs…»

Les trois ont un message commun à livrer aux victimes d’agression sexuelle. «C’est un acte qui reste à vie. Ça ne touche pas seulement la victime, mais aussi sa famille, ses parents, ses proches… Si vous êtes victime, oui c’est dur de dénoncer, mais une fois que c’est fait et que la sentence tombe, on peut s’en sortir.»

Le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) La Passerelle de Drummondville a tenu à souligner la longue attente entre la dénonciation et la sentence et les impacts que cela peut avoir sur les victimes. «Elles seront en prison toute leur vie…»

Source: Journal Express

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