Canada | L’ancien curé Yvon Arsenault fait face à ses victimes

L’ancien homme d’Église Yvon Arsenault recevra aujourd’hui sa peine à la suite des accusations d’attentat à la pudeur à l’encontre d’enfants et d’adolescents.

Yvon Arsenault a plaidé coupable au mois d’octobre. – Archives

M. Arsenault comparaît en Cour du Banc de la Reine vendredi pour entendre sa sentence.

En octobre, l’ancien prêtre de 75 ans a plaidé coupable de neuf accusations d’attentat à la pudeur impliquant des personnes de moins de 18 ans.

Les faits se sont produits entre 1971 et 1980, dans les communautés de Shediac, Collette et Rosaireville. Ils concernent neuf victimes, tous des hommes, âgés entre 9 ans et 17 ans à l’époque.

Les attouchements ont eu lieu lors de camps à Collette, dans l’église de Shediac mais aussi directement dans la chambre des victimes. Dans certains cas, l’ecclésiastique avait consommé de l’alcool avec les jeunes.

Deux des victimes ont livré leur témoignage bouleversant devant le juge. Une ordonnance de non-publication interdit de préciser leur identité.

Le premier a subi des attouchements lors d’un camp dans la région de Colette entre 1976 et 1977. Avec beaucoup d’émotion dans la voix, la victime a expliqué comment cet abus l’a poursuivi toute sa vie. Il a révélé à sa femme ce qu’il lui est arrivé il y a seulement huit ans.

«Après l’incident, je suis tombé dans l’alcool et la drogue et j’ai arrêté l’école. J’avais de la difficulté à faire confiance au monde, je n’avais pas d’ami et je me sentais très sale à l’intérieur. J’avais honte de ce qui s’était passé, ça a brisé ma confiance, ma fierté. J’ai connu la dépression, des pensées suicidaires, des cauchemars, l’éloignement de ma famille. J’ai de la difficulté à exprimer mes émotions, je n’ai plus confiance dans la religion et l’autorité.»

Le second a interpellé son agresseur. Il était âgé de 17 ans en 1980, lorsque le père Arsenault lui a fait subir des attouchements sexuels lors d’un camp à Collette.

“Tu m’as touché en m’offrant de devenir mon guide spirituel», témoigne-t-il.

“Le monde te voyait comme Dieu sur Terre. Ma grand-mère t’aimait tellement elle disait: “On ne parle jamais mal des prêtres.”. Tu m’as touché alors que j’avais une confiance complète en toi, une admiration intense.»

Il a ensuite expliqué comment ce traumatisme a fait naître en lui un sentiment de culpabilité intense, le menant à une dépression, l’obligeant à arrêter de travailler et à terminer prématurément sa carrière. Son récit a été ponctué de nombreux sanglots dans la salle d’audience.

“Aujourd’hui je confirme publiquement que c’est fini, tu me toucheras plus jamais. Je suis libéré”, termine-t-il.

Invité à prendre la parole, Yvon Arsenault a exprimé ses remords.

«J’ai souffert profondément de mes actes, du mal que j’ai fait aux autres. Je ne peux pas changer le passé, mais je veux dire aux victimes et à leur famille que je regrette profondément et entièrement tout le mal que j’ai pu leur causer.»

Les représentants des deux parties ont proposé une soumission commune, demandant que M. Arsenault soit condamné à quatre ans de prison.

La procureure de la Couronne Annie St. Jacques a rappelé que les victimes se trouvaient en position de vulnérabilité, soulignant le lien de confiance qui existait entre M. Arsenault et les victimes. Elle explique que certains abus comprenaient un élément de préméditation, en évoquant les stratagèmes utilisés par l’homme de foi pour se retrouver seul avec les victimes. Le nombre de victimes et le fait qu’elles étaient toutes âgées de moins de 18 ans constituent également des facteurs aggravants, note la procureure.

De son côté, l’avocat de la défense, Gilles Lemieux, a insisté sur les efforts faits par son client pour se remettre sur le droit chemin. Il rappelle qu’aucune accusation ne porte sur les 30 dernières années.

«Il n’est plus la même personne», dit-il. L’avocat estime que le risque de récidive et très faible et parle du travail entrepris par l’accusé avec des psychologues, psychiatres et sexologues.

Le juge Zoël Dionne prononcera sa sentence à 14h.

L’affaire était devant les tribunaux depuis 2013. C’est à ce moment que l’Archidiocèse de Moncton a démis Yvon Arsenault de ses fonctions, le retirant de tout ministère à la lumière des allégations qui pesaient alors contre lui.

L’homme originaire d’Aldouane avait d’abord plaidé non coupable à tous les chefs d’accusations qui pesaient contre lui.

Source : acadienouvelle.com

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