Canada | Agressions sexuelles: «Il ne faut pas avoir peur de dénoncer»

Josée Daigneault a renoncé à l’ordonnance de non-publication afin de pouvoir raconter publiquement son histoire. « Je suis très en paix », dit-elle.
Photo Marco Campanozzi, La Presse

« Il ne faut pas avoir peur de dénoncer », lance fermement Josée Daigneault, en sortant de la salle d’audience. Sa fille Erika jubile à ses côtés. « C’est le plus beau jour de ma vie ! », s’extasie-t-elle. Un long chemin de croix a pris fin hier matin pour Josée Daigneault. Son bourreau, son ancien beau-père Roger Brousseau, a été condamné à neuf ans de pénitencier pour une série de crimes sexuels scabreux, parfois à caractère zoophile, contre elle et deux autres enfants.

« J’étais écoeurée de me cacher ! Je me suis cachée pendant 18 ans ! »,

s’exclame Josée Daigneault. La femme de 38 ans est maintenant libérée. Libérée du poids du secret et de la honte.

C’est pourquoi elle a décidé de renoncer à l’ordonnance de non-publication afin que son histoire devienne publique.

« Je suis très en paix », assure-t-elle.

Josée Daigneault appelle toutes les victimes d’agression sexuelle à dénoncer leur agresseur.

« Il ne faut pas avoir peur ! C’est long ! Il faut avoir les nerfs solides et il faut garder la tête haute ! »

Sa fille de 19 ans acquiesce, un large sourire collé au visage.

« Maman, c’est fini ! », lâche-t-elle, émue. « Ça a scrappé la vie de ma mère. J’ai braillé ma vie quand j’ai su ça », raconte la jeune femme.

 

De multiples agressions contre trois victimes

De 1994 à 1995, Josée Daigneault a été agressée à une dizaine de reprises par Roger Brousseau, alors qu’elle était âgée de 14 à 16 ans.

Une fois, son beau-père l’a violemment forcée à avoir une relation sexuelle complète sans protection.

« L’accusé utilise la force contre elle, notamment pour la traîner dans la chambre à coucher, puis pour contrer sa résistance. De plus, il ligote les bras de cette dernière de manière à la contraindre et la soumettre »,

a décrit la juge Geneviève Graton de la Cour du Québec. Assis dans le box des accusés, l’homme de 52 ans est demeuré de marbre pendant la lecture de la décision.

Les deux autres victimes de Roger Brousseau, dont l’identité ne peut être révélée, ont subi des sévices sexuels sur une période de neuf ans. De 1996 à 2002, Sarah* a été victime d’attouchements aux seins et au pubis.

Elle était âgée de 7 à 13 ans durant cette période. Roger Brousseau se masturbait parfois devant elle.

À une occasion, il a réalisé un film à caractère sexuel avec elle, devant une adulte. Cette femme a d’ailleurs écopé d’une peine de trois ans de prison.

Les gestes sexuels commis à l’égard d’Isabelle* de 2001 à 2004 étaient encore plus fréquents.

De 8 à 12 ans, l’enfant a subi une quarantaine d’agressions sexuelles, parfois d’une rare obscénité, allant même jusqu’à mêler un chien aux ébats.

À d’autres occasions, Roger Brousseau a utilisé un vibrateur avec sa proie ou a obligé sa victime à regarder une vidéo sexuelle le montrant avec Sarah.

Près de la peine maximale

La juge Graton a énuméré de multiples facteurs aggravants à l’encontre de l’accusé, et pratiquement aucun facteur atténuant.

« L’existence d’un degré élevé de préméditation, […] le nombre de victimes, la gravité subjective élevée des gestes en cause, notamment une relation complète sans préservatif, l’usage de la violence lors de cette agression complète. […] La fréquence des agressions et leur répétition sur une période de 10 ans »,

a énuméré la juge. De plus, Roger Brousseau n’affiche aucune empathie et accuse les victimes de comploter contre lui, note-t-elle dans sa décision.

Ainsi, il était justifié, selon la juge, de condamner Roger Brousseau à une peine de neuf ans de pénitencier, tout près de la peine maximale de dix ans, alors que la défense demandait une peine de trois ans.

« Les risques de récidive sont élevés »,

soutient la juge.

L’accusé était détenu depuis un an, comptabilisé à temps et demi. C’est donc une peine de sept ans et demi de détention qui lui a été imposée à partir d’hier. Il sera inscrit sur la liste des prédateurs sexuels pour les 20 prochaines années.

* Noms fictifs

Source : LaPresse

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