Cahors | Un médecin urgentiste condamné à du sursis pour tentative d’agression sexuelle dans un train

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« Le tribunal n’a aucun doute sur votre culpabilité et votre attitude de déni l’inquiète ! »
Train - image libre de droit
Le 27 octobre 2022, un médecin urgentiste, a été condamné devant le tribunal correctionnel de Cahors, pour « tentative d’agression sexuelle, en état d’ivresse ».

Le 27 octobre 2022, Gg (prénom factice), 56 ans, médecin urgentiste de profession, a comparu devant le tribunal correctionnel de Cahors, pour « tentative d’agression sexuelle, par une personne en état d’ivresse manifeste ».

Les faits rapportés par les enquêteurs auraient été commis le 7 juin 2022, à bord du train reliant Brive-la-Gaillarde à Figeac. C’est à Saint-Denis-lès-Martel, que Gg a été cueilli par les militaires de la gendarmerie nationale du Lot.

Le médecin nie farouchement les faits reprochés et s’en explique devant le tribunal avec force gestes et paroles.

Après un assaut « de gentillesses »…

Dès son entrée dans le wagon à Brive-la-Gaillarde, Gg, paraît-il sentait l’alcool, et plutôt que de s’installer sur l’une des banquettes vides, vient se placer tout près d’une jeune femme assise côté fenêtre. Elle est âgée de 17 ans.

D’emblée, Gg fait montre d’une grande attention envers elle et vite il engage la conversation.

Il complimente cette dame et lui confie qu’il est médecin, qu’il peut lui prodiguer des soins, qu’elle pourra l’appeler quand elle voudra, et encore et encore… un assaut de gentillesses !

Grand séducteur, Gg allie les mots aux gestes. Quand tout d’un coup, sa main s’échappe sur la cuisse de la jeune femme.

Simple dérapage ? Transie de peur, la jeune femme sursaute, serre les jambes pour empêcher la main du Dr de remonter.

Elle panique face à ce qui lui arrive, alors que jusqu’ici elle voyageait tranquille, rentrant chez ses parents, sans souci.

Gg en manque d’affection ? Cette fois-ci, il prend la tête de la jeune femme entre ses mains pour l’embrasser.

La jeune femme le repousse. Gg lui précise qu’il est originaire d’Afrique du nord.

Il donne ses coordonnées à la jeune femme pour qu’elle puisse l’appeler en cas de besoin…

Se voulant rassurant, Gg ajoute que dans son pays d’origine, « cela se passe comme ça avec les femmes ». Ah bon ?

Le voyageur « n’était pas net »…

La contrôleuse du train avait remarqué que ce voyageur « n’était pas net » ! Appelée à la rescousse, après ce qui vient de se passer, elle invite la jeune femme à changer de compartiment.

Mais l’homme n’entend lâcher prise, il fait barrage à la jeune femme.

Il a donc fallu que la contrôleuse hausse le ton et brandisse la menace, pour que la jeune femme sorte des griffes de ce drôle de médecin. Elle s’est mise à pleurer ; elle tremblait !

Une passagère qui a vu la scène de loin, indique avoir croisé cet homme passablement éméché à son entrée dans le train, tenant des propos déplacés.

« Il s’adressait aux femmes de manière plutôt insistante… »

déclare-t-elle aux enquêteurs.

Elle affirme avoir vu l’homme mettre la main sur la cuisse de la jeune femme et lui toucher le visage.

À la gare de Saint-Denis-les-Martel, Gg a été prié de descendre du train. Le contrôle d’alcoolémie a affiché 0,81 g.

Dans le cadre de la procédure, Gg a été présenté à un médecin psychiatre, qui conclut à « une affectivité autocentrée, présentant des risques réels de récidive ».

Observation du prévenu :

« je suis spontané de caractère ! »

assure-t-il, en contestant les conclusions « de ce confrère psychiatre ».

Il ne se souvient de rien…

« Ma carrière est en jeu ! » déclare Gg. L’homme est volubile et plutôt que de répondre aux questions précises du président Philippe Clarissou, il fait valoir son métier et sa réputation, qui le placeraient hors de tout soupçon.

« Mais non, monsieur le président, je ne vais pas m’amuser à ce genre de choses !

Monsieur le président je suis médecin, je n’ai même pas pensé à ça ! »

affirme-t-il.

Philippe Clarissou ne se laisse pas impressionner par le professionnel de santé, il le cuisine comme il a l’habitude de le faire pour tous les prévenus à la barre, dans sa quête d’éclaircissements et de vérité.

Gg reconnaît qu’il était dans le train, tout en considérant qu’il doit y avoir erreur sur la personne.

Il envisage même la théorie d’un complot.

 « Jamais je n’imaginais une chose pareille M. le président, moi médecin, fils de médecin… »

insiste-t-il.

 « Cette jeune femme mentirait, alors ? »

demande le président.

« Jamais je n’ai eu l’intention, j’ai parcouru toute la France M. le président, j’ai sauvé des vies… M. le président ! »

implore Gg.

Le président regarde et écoute le prévenu, d’un air plus que dubitatif et il déclare :

« finalement, ce sont les trois riens ; rien vu, rien entendu, rien dit ! »

M. Clarissou rappelle au prévenu qu’une agression sexuelle n’a rien à voir avec le milieu social et que la profession ne peut être invoquée comme bouclier…

« Cela ne peut pas fonctionner ainsi ! »

martèle-t-il.

Au final Gg maintient ses déclarations de départ. Selon ses dires, il n’aurait jamais vu cette jeune femme et il ne se serait rien passé. « Fermez le ban ! », en quelque sorte.

Mais le tribunal ne l’entend pas de cette oreille et les choses ne vont pas en rester là.

Certes, le prévenu jouit d’un casier judiciaire vierge et les appréciations dont il bénéficie par ses pairs dans l’exercice de sa profession se révèlent valorisantes.

Pour autant, le Parquet se dit convaincu de la culpabilité du prévenu, d’autant que la jeune femme a dit avoir eu affaire à un médecin et déplore qu’il n’y ait aucune remise en cause de sa part.

Il est requis à l’encontre de Gg 10 mois de prison avec sursis probatoire pendant 2 ans, obligation de soins, obligation de travail, un stage de sensibilisation à la prévention et la lutte contre les violences sexistes.

Enfin, la Substitut du Procureur de la République réclame une interdiction d’exercer une activité professionnelle au contact de mineurs et s’oppose à l’exclusion du casier judiciaire B2.

L’alcool aurait-il rendu le médecin amnésique ?

Me Mustapha Yassfy, avocat du médecin, indique que cette affaire a plongé son client dans tous les états.

Il insiste sur son honorabilité de médecin urgentiste, assurant des remplacements dans toute la France, sorti major de promotion…

« La médecine c’est sa vie ! »

insiste-t-il.

L’ancien bâtonnier considère que son client devait être pris dans les vapeurs de l’alcool, ce qui expliquerait qu’il ne se souviendrait pas de ce qui s’est passé.

Me Yassfy s’interroge :

« Peut-être que noyé dans l’alcool, il aurait pu dépasser les bornes ? »

Il demande que le tribunal tienne compte de sa personnalité.

Enfin, Me Yassfy constate que la personne qui se dit victime du médecin ne s’est pas portée partie civile et qu’aucune demande de réparation n’a été formulée.

Estimant qu’il y a un doute sur la culpabilité de son client, il rappelle que celui-ci doit lui profiter.

Après en avoir délibéré, le tribunal a déclaré le prévenu coupable des faits qui lui sont reprochés et en répression l’a condamné à 12 mois de prison avec sursis probatoire pour une période de 2 ans, avec obligation de soins, de travail, d’accomplir un stage contre les violences sexistes.

Il rejette la demande de non-inscription au casier judiciaire B2.

Et pour terminer le président se fend d’un commentaire :

« Le tribunal n’a aucun doute sur votre culpabilité et votre attitude de déni l’inquiète ! »

En entendant le prononcé du jugement, le prévenu déclare :

« Je n’ai rien compris ».

Heureusement, son avocat n’est pas loin, qui va tout lui expliquer.

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