Beynes | Les gendarmes découvrent 642 images pédopornographiques dans son téléphone
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 08/05/2024
- 09:34
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Le président du tribunal de Versailles avait prévenu.
« Je demande à tous les mineurs de sortir de la salle d’audience. Et aux âmes sensibles aussi. »
Le ton du procès d’Arnaud* est donné ce vendredi 3 mai 2024. L’homme de 40, a la personnalité complexe, doit être jugé pour l’acquisition et la détention de 642 images pédopornographiques.
Des photos et des des vidéos qui, selon ses dires, devait lui servir à se venger du conjoint de son ex et, éventuellement à l’envoyer en prison.
Il était sous conditionnelle
C’est un peu par hasard que la gendarmerie des Yvelines a mis la main sur Arnaud, à Beynes, en février dernier.
L’homme est vu un joint à la main. Il est contrôlé.
Première surprise : Arnaud, originaire de Bagneux (Hauts-de-Seine) fait l’objet de deux avis de recherches.
Il n’a pas respecté les obligations de sa libération conditionnelle. En 2022, il a été libéré après avoir purgé 6 des 8 ans de détention pour tentative de meurtre sur son voisin, dans le Val-d’Oise.
La seconde surprise intervient à la brigade. L’homme accepte de déverrouiller son téléphone.
Les gendarmes veulent regarder ce qu’il contient, son ex se plaignant d’être harcelée.
Des messages salaces, ils vont en trouver des dizaines. Ils vont aussi tomber sur une série d’images mettant en scène des enfants seuls ou avec des adultes.
Pour bien marquer le coup, le président du tribunal va décrire certaines des scènes impliquant parfois des jeunes filles qui n’ont pas encore mis un pied dans l’adolescence.
Les mots sont tranchants, suffoquant.
Dans le box, Arnaud ne bronche pas. Il retient ses larmes.
« Mais pourquoi ? », interroge le juge. « Je voulais compromettre le conjoint de mon ex. On m’avait dit qu’il s’en était pris à deux de ses petites cousines. Je voulais qu’elle ouvre les yeux. Et qu’il se fasse condamner. »
« Monsieur. Quelqu’un de normal s’adresse à la police, à la gendarmerie. Quelqu’un de normal ne fait pas la justice. Comment comptiez-vous faire ? »
Il est allé apprendre les codes pédophiles sur Instagram
Arnaud développe sa stratégie.
« J’ai acheté un téléphone aux paramètres d’usine. Je voulais mettre les fichiers dedans et lui envoyer anonymement. J’avais choisi des vidéos avec des enfants qui ressemblant aux deux cousines. Des petites blondes entre 10 et 12 ans. Avec un logiciel espion, je savais combien de fois il allait les voir. Je voulais le pousser au vice. »
Pour obtenir ces images, Arnaud explique avoir commencé à prospecter sur Instagram, « pour apprendre les codes. »
Il a découvert qu’un pseudo se terminant par CP voulait dire child porn (pour pornographie d’enfant).
Et que le symbole d’une pizza signifiait à peu près la même chose.
« Et puis je suis allé dans un groupe sur Telegram où j’ai acheté pour 20 euros un fichier. Après, je me suis dit que j’allais piéger des mecs. Et aller voir les gendarmes avec tout ça. »
Le président s’étonne de cette défense qu’il juge « fragile. Les gendarmes n’ont pas besoin de vous pour traquer les pédophiles.
Ils ont des personnes spécialisées. Et je peux vous dire qu’ils ont malheureusement une base de données déjà monstrueuse !
Vous n’êtes ni justicier, ni enquêteur ! » Le prévenu rétorque : « Pourtant, j’ai postulé. »
Le ton monte lorsque le juge l’informe que ces petites victimes ont réellement été violées pour assouvir des fantasmes.
« J’ai survolé ! J’ai pas regardé. J’ai essayé de le compromettre avec de la drogue. Mais je ne suis pas doué, comme je ne suis pas doué avec l’informatique. Et je n’avais pas d’autre idée. »
« J’avais un voisin qui séquestrait sa femme »
Comprendre la personnalité d’Arnaud est un exercice qui se complique lorsque son passé est évoqué.
Il détaille les raisons de sa condamnation pour tentative de meurtre. Toujours sur le même schéma du justicier.
« J’avais un voisin qui séquestrait sa femme et secouait son enfant. Je me suis dit qu’il fallait agir. Car c’est un enfant qui risquait de partir dans un camp et revenir en France se faire péter comme terroriste. J’ai mis un petit coup de couteau à son père… Pas plus de 3 ou 4 centimètres. »
Le tribunal s’interroge.
« Mais comment voyez vous l’avenir maintenant ? » Arnaud s’écroule. « Ne me demandez pas ça. Je ne vois rien. »
Face aux 18 mois demandés par le parquet, la défense s’indigne.
D’abord de l’expertise psychiatrique réalisée en garde à vue, « expéditive et faite à la hache. Il se fait justicier alors qu’il est recherché par la justice. Il se dit qu’il veut bien prendre des années de prison, si cela sauve. Ce Monsieur se persuade de certaines choses. Il n’est pas bien du tout. »
Dans leur décision, les juges prononcent 18 mois d’incarcération.
A cette peine, 8 mois viendront s’ajouter, issus du non-respect de ses obligations de la conditionnelle. Et une inscription définitive au fichier des délinquants sexuels.
* Le prénom a été modifié.
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