Bessin | Sursis pour le maître de stage qui a agressé sexuellement ses jeunes apprenties

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Jusqu’à ce que Lise, que cela a rendu malade au point d’être hospitalisée, porte plainte
Mardi 30 août, Édouard* (41 ans) a été jugé devant le tribunal correctionnel de Caen, où il était mis en cause pour « agressions sexuelles par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction », entre novembre 2015 et juin 2017, dans une commune du Bessin.

L’homme a été placé sous contrôle judiciaire en décembre 2017.

La procédure débute par la plainte de Lise*, en octobre 2017, qui sera suivie par celle de Marion*.

Le témoignage de Clémence*, plus âgée, a également été porté au dossier, même si celle-ci n’a pas déposé plainte.

L’une cède, l’autre est hospitalisée

Les deux jeunes filles, âgées de 15 et 17 ans, sont apprenties dans un hôtel-restaurant.

Édouard, trentenaire, est leur maître de stage.

Il est coutumier de plaisanteries salaces et d’attouchements sexuels sans conséquences pénales.

Jusqu’à ce que Lise, que cela a rendu malade au point d’être hospitalisée, trouve la force de porter plainte.

Il me bloquait contre le mur, me caressait les fesses et les seins, mettait des glaçons dans mon décolleté…

Il m’a expliqué le mot fellation.

Lise, l’une des plaignantes.

Marion raconte la même chose. L’homme se frottait à elle avec son sexe en érection.

Il a glissé sa main dans sa culotte pour lui enfoncer un glaçon dans le vagin.

Marion a d’ailleurs fini par céder à ses avances, « pour être tranquille », acceptant une relation sexuelle.

Clémence, elle, dit avoir été poussée sur un lit de l’hôtel, le maître de stage se couchant sur elle.

Elle évoque des claques sur les fesses, son soutien-gorge dégrafé, des insultes et des plaisanteries obscènes.

À la barre, Édouard se défend.

« C’était des jeux, c’était pour rire, avance-t-il.

Avec le recul, je me rends compte que c’était inapproprié de ma part ».

Ce terme fait bondir les avocates des plaignantes.

« Inapproprié, dites-vous ?

Vous parlez de gestes inappropriés quand une jeune fille de 17 ans cède aux avances d’un homme de plus de 30 ans qui était son patron ?

Vous étiez à deux doigts de passer aux Assises ! ».

Lise a dû être hospitalisée suite à une tentative de suicide, elle a pris du poids, souffre de troubles alimentaires et du sommeil, d’un sentiment de dévalorisation.

Marion, quant à elle, souffre de troubles de l’humeur, se perd dans des histoires sexuelles sans lendemain. 8 000 euros de dommages et intérêts sont sollicités pour chacune d’elle.

L’expert psychiatre ne retient pas de troubles mentaux chez le prévenu.

Toutefois, élevé par un père autoritaire et marqué par le suicide de sa mère, Édouard n’aurait eu sa première expérience sexuelle qu’à 23 ans, avec une employée de l’hôtel.

Il a tendance à interpréter des gestes anodins comme sexuels pour libérer ses pulsions.

Le procureur Jean-Pierre Triaulaire souligne que Clémence, qui travaille toujours dans cet établissement, a su lui résister.

« Elle en avait sans doute la capacité.

Mais Lise est tombée malade et Marion a cédé par contrainte psychologique, même si, lui met en avant son consentement.

Il parle de jeux, ce qui lui permet de masquer sa responsabilité ».

Il requiert une peine de deux ans de prison, dont quatre mois ferme.

L’avocate de la défense plaide que son client reconnaît avoir déraillé.

« Ce n’est pas un pervers, mais il a 16 ans dans sa tête ».

 

Prison avec sursis

Édouard écope de 24 mois de prison avec sursis probatoire. Il devra suivre des soins psychologiques et a interdiction de contact avec les deux victimes.

Il devra verser à chacune 5 000 euros pour leur préjudice moral, auxquels s’ajoutent 500 euros de préjudice matériel pour Marion, correspondant aux frais de déplacement dus à son déménagement.

Il devra aussi rembourser les honoraires d’avocats qui s’élèvent à 3 200 euros. L’homme, inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles, a interdiction d’exercer une activité avec des mineures durant cinq ans. Enfin, il est déclaré inéligible durant deux ans.

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