Indre-et-Loire | Un père incestueux de 46 ans a été condamné à quatre ans de prison ferme

Pour avoir agressé sexuellement ses quatre filles, un chef de famille de 46 ans a été condamné à quatre ans de prison ferme. La mère, complice silencieuse de ses agissements, poursuivie pour « non-dénonciation » a finalement bénéficié d’un non-lieu.

 

Le combat de quatre Sœurs face au père incestueux © Photo NR

 

« On devine que, si la plus grande de vos filles n’avait pas parlé, les trois autres aussi seraient restées silencieuses. Et alors, ça aurait continué, Monsieur… »

Si difficiles à entendre, les mots choisis de Christine Blancher, présidente du tribunal, résument à eux seuls le combat de quatre sœurs.

Assises sur le banc étroit des parties civiles, jeudi, trois d’entre elles ont tenu à affronter le procès de leur père, prévenu d’agressions sexuelles incestueuses commises à leur encontre.

Le chef de famille est incarcéré depuis novembre 2017. Aujourd’hui, ses filles sont âgées de 17, 15 et 11 ans.
Elles auraient pu exiger que les débats se déroulent à huis clos. Au contraire, elles les ont voulus publics. « Pour dire à d’autres à qui cela arrive qu’ils peuvent être aidés », explique Me Albane Hardy.

L’exposé des faits – survenus entre 2014 et 2017 – est douloureux, épluchés jusque dans l’intimité de la chambre des filles et de la salle de bain de l’appartement familial où se déroulaient les scènes.

Des agressions quasi-quotidiennes, marquées par des attouchements sur la poitrine, les fesses et le sexe. De petits pincements, des caresses prononcées, sous les vêtements, des actes sexuels mimés contre un mur du couloir.
Viennent les descriptions des douches partagées entre père et filles.

L’instruction nous apprend :

« Il leur lavait le corps intégralement, y compris les parties intimes, plus longuement. Il a même demandé à l’une de ses cadettes de procéder à sa toilette »

Le chef de famille tente vainement de se défendre lors de son audition et sème l’effroi dans l’assemblée :

« Je n’avais pas l’intention de faire des choses interdites, c’était pour jouer. Les douches avaient un caractère ludique et éducatif »

Il a voulu donner de la tendresse « sans penser à mal » !

Les trois sœurs sont soudées. Se réconfortent. La plus âgée décrit à la barre les attouchements, la volonté de s’extirper de tout ça.

La mère voyait, la mère savait. D’abord poursuivie pour « non-dénonciation », elle a finalement bénéficié d’un non-lieu. C’est à son domicile, après avoir été placées dans deux familles différentes, que les quatre sœurs sont retournées vivre, fin 2018.

Des bouts d’histoire que le quotidien tente de recoller au cœur d’une famille brisée. Le couple est en instance de divorce.

Il défend avoir voulu donner de la tendresse à ses filles, « sans penser à mal ». Pour s’échapper d’une vie de couple moribonde.

La parade est maladroite, les tentatives de dénégation inappropriées. Oui, il reconnaît être coupable. Ainsi que la gravité des faits. Même si, parfois, on le sent tenté d’insinuer que tout n’était pas si dramatique.

Le vice-procureur de la République Christophe Gérote, tonne :

« Il va falloir que vous cessiez de vous cacher, que vous mesuriez le comportement déviant que vous aviez avec vos filles »

« Quand les prévenus cherchent à se déculpabiliser, ils nient les faits ! tient à insister Me Boris Labbé, son avocat, en réponse. Monsieur a évolué dans la conception des faits qu’il a commis et n’est absolument pas dans cette posture ».

Aux cinq ans d’emprisonnement dont deux assortis du sursis requis par le ministère public, le tribunal a répondu avec fermeté.

En condamnant le père à quatre ans ferme et à 7.000 € de dommages et intérêts à chaque enfant, il a posé la première pierre d’une reconstruction qui s’annonce longue.

 

source : lanouvellerepublique.fr

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