Sauvetat-sur-Lède | Beau-père incestueux : “il a volé notre enfance…”
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 05/06/2021
- 20:18
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Quand les gendarmes sont entrés dans la maison familiale de La Sauvetat-sur-Lède pour une perquisition après le placement en garde à vue du propriétaire, ils ont comptabilisé les trous dans les cloisons, 13 au total.
Ces perforations n’étaient pour la plupart pas faites au hasard. Dans la salle de bains, dans les toilettes, dans certaines chambres, ces trous permettaient au beau-père de voir la nudité des enfants de sa troisième femme, de regarder leur intimité.
Les agissements de ce chauffeur routier à l’époque pourraient ne pas s’être arrêtés là. Depuis ce jeudi, les jurés de la cour d’assises découvrent un énième dossier de viols et d’agressions sexuelles sur mineurs.
Défendu par Me Gillet, l’accusé est le beau-père de jumeaux nés le dernier jour de l’année 1991. Ce qui s’est passé est daté : entre 1997 et 2003, ils n’avaient que 6 ans au début.
C’est loin dans le temps, c’est encore vivace dans le souvenir du frère et de la sœur, parties civiles et présents à l’audience.
C’est toujours présent chez leur demi-frère, témoin des scènes de la violence ordinaire.
“Je sais que cet homme est un homme violent. Il frappait ma mère, ma sœur et mon frère, il buvait une quantité d’alcool indécente […] Cet homme n’est pas mon père, c’est juste mon géniteur.”
Avant son procès, le benjamin de la famille n’avait pas vu son père depuis plus de 10 ans, il témoigne aussi de la distance que les agissements prêtés à son père ont mis au sein des membres de la famille.
La froideur du père
“Nous ne sommes que des étrangers aujourd’hui, s’il veut changer de nom il peut le faire, pour moi aussi c’est fini aussi.”
Depuis le début de l’audience, face à son propre fils de sang comme face à ses juges, les mots froids du père et beau-père laissent perplexes.
Il ne nie pas les violences, mais dément avoir violé sa belle-fille, au sens pénal du terme.
Malgré les signalements, malgré les médiations pénales, il a fallu attendre le 9 novembre 2009 pour qu’une assistante sociale d’un lycée villeneuvois déclenche le processus d’alerte.
“Elle (la belle-fille, NDLR) m’a expliqué qu’à l’âge de 7 ans, quand sa mère n’était pas là, son père…” se souvient la fonctionnaire. La fillette devenue ado a connu le même calvaire jusqu’en 6e. “Elle m’a dit que ça se passait toujours dans la salle de bains. Elle m’a dit aussi qu’il lui donnait de l’argent pour qu’elle se taise.”
Arrivée en 4e, deux ans plus tard, l’adolescente est entendue par les gendarmes. Elle nie, sans doute par peur des représailles.
La peur est en arrière-plan de ce dossier de viols et d’agressions sexuelles.
Selon les déclarations des victimes, Lucien, le beau-père, faisait régner la violence à Villeneuve puis à La Sauvetat-sur-Lède.
Le couple se sépare finalement en 2008.
“Il a détruit mes enfants, j’ai accepté les coups mais ça, je ne peux pas.”
La mère des jumeaux victimes reconnaît qu’elle n’a pas été à la hauteur, rappelle que Lucien a reconnu son fils et sa fille “car leur vrai père ne voulait pas d’eux. Mais la vie était un calvaire.”
Une “cuite” pour oublier
Soirées arrosées, fils de connexion de la télé coupés, barreaux scellés aux fenêtres des chambres. En 2006, cette mère de famille se retrouve aussi avec un couteau sous la gorge.
Après le divorce “il avait démonté l’insert pour qu’on ne puisse pas se chauffer.”
Avant le divorce, le silence était imposé à table et les ustensiles de cuisine volaient, sans parler de ce bocal de foie gras qui s’est écrasé au sol peu avant les fêtes de fin d’année en 2006.
Il y avait aussi les sévices comme ce morceau de bois à angle droit. Les jumeaux devaient s’agenouiller dessus.
“Je reconnais que la punition du bâton n’était pas adaptée mais ça durait une demi-heure, pas plus” explique leur tortionnaire de l’enfance.
Dans un quotidien sans doute négligé, les enfants manquaient sans doute d’un cadre fixe et d’une hygiène de base. “Pour ne pas voir ce qui se passait, je prenais une cuite et j’allais me coucher” lâche l’accusé. Alcool, violences, viols dans ce huis clos en deux temps à Villeneuve puis à La Sauvetat après 2 004.
Le beau-père est libre sous contrôle judiciaire depuis 2015.
Avec le même froid polaire, il a entendu sa belle-fille s’adresser à lui.
“Je suis en colère, tu m’as volé mon enfance. Mais tu ne m’as pas volé ma vie.”
La jeune femme a 29 ans, elle est mère d’une fillette de quatre ans.
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