Albertville | Le prédateur repérait ses jeunes proies sur internet

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Il les soumettait ensuite à du chantage sexuel jusqu’aux relations physiques
En trois ans, William a hameçonné une quarantaine de jeunes filles sur les réseaux sociaux, usant du même mode opératoire : après avoir obtenu d’elles une photo dénudée, il exigeait plus sous peine de mettre les photos en ligne. Une de ses victimes a fini par porter plainte.

Pendant quatre ans, sa jeune victime, 14 ans au début des faits, a subi le chantage de William, 26 ans.

Il a d’abord discuté avec elle, en mentant sur son âge, puis très rapidement lui a demandé un cliché d’elle, dénudée. La jeune fille s’est exécutée, lui expédiant une photo où elle apparaît en soutien-gorge.

Le doigt dans l’engrenage. L’homme n’a alors cessé de la harceler, lui imposant d’abord des caméras et des photos à caractère pornographique… puis la contraignant à le rencontrer dans sa voiture, une petite dizaine de fois.

C’est quand il la somme de venir chez lui que sa victime craque et porte plainte. En garde à vue, William avoue son soulagement d’avoir été arrêté, consentant qu’il a usé des mêmes méthodes pour abuser d’autres jeunes filles souvent mineures.

« Elle aurait pu se suicider  ! »

Et à la barre, il raconte tout sans rien minimiser, s’excuse et répète  : « J’étais immature, j’agissais aveuglément, dans le seul but d’assouvir mes envies ». *

La juge Michelle Raffin lut alors un échange glaçant entre William et l’une des ses proies refusant une caméra  :

« Tu te fous de ma gueule, j’ai des photos à mettre sur le net »

« Tu veux avoir ma mort sur la conscience  ? »

« Je n’ai pas de conscience ».

Et la magistrate de reprendre  : « Elle aurait pu se suicider  ! »

« Sur l’instant, je n’y ai pas réfléchi ».

« Les personnes en face de vous n’existaient pas  ? »

Je n’avais pas conscience qu’il s’agissait de vraies personnes »

« Mais quand il y avait des rencontres physiques et que vous imposiez du sexe, c’est bien de vraies personnes qui étaient en face de vous  ! »

« Oui, mais je les apparentais à des films pornos… »

« Pédopornographiques insista la juge ».

Maître Roche, l’avocat de la jeune fille, aujourd’hui majeure, lâcha « On a évité le pire, j’ai la conviction que ça aurait pu aller plus loin si ma cliente n’avait pas eu le courage de dénoncer les faits. Le prévenu a d’ailleurs confié à son ex-compagne qu’il aurait pu en arriver au viol. Les conséquences de ses agissements sont extrêmement prégnantes aujourd’hui, ils ont engendré des troubles du comportement comme l’évitement. Ne serait-ce que pour passer son permis, la victime a peur de se retrouver seule dans une voiture avec l’examinateur  ! »

« La vraie faute, c’est celle que l’on ne corrige pas »

Le procureur Ailhaud a remercié la victime d’être venue assister à l’audience, déclarant  : « les excuses n’effacent pas le traumatisme, il s’est rendu coupable de chantage et d’agression sexuelle. Des faits extrêmement graves qu’il faut punir à leur juste mesure ».

Il a demandé 4 ans de prison dont trois avec sursis.

Maître Cossonnet a reconnu que l’on avait affaire « à des faits détestables commis par un être à ce moment là détestable». Reconnaissant que tous les faits étaient caractérisés, il indiqua  «C’est rare dans un dossier qu’une personne se déclare heureuse d’avoir été arrêtée. Qu’elle reconnaisse tout sans chercher à minimiser ». Il conclut sa plaidoirie en citant Confucius  « La vraie faute, c’est celle qu’on ne corrige pas. Et mon client fait tout pour la corriger ».

William a été condamné à quatre ans de prison dont trois avec sursis et à 5000 euros d’amende pour le préjudice moral.

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