Matnezff | Francesca Gee dénonce à son tour l’emprise du pédophile
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 01/04/2020
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L’écrivain l’avait encouragée à lui écrire « des centaines de lettres à connotation amoureuse ou sexuelle »
Cette ancienne journaliste de 62 ans aurait vécu une relation traumatisante avec l’auteur français durant trois ans, et ce, dès l’âge de 15 ans. Dans son manuscrit, Francesca Gee décrivait son passé avec l’auteur comme un « cataclysme qui s’était abattu sur moi à 15 ans, et qui devait changer le cours de mon existence ».
Après la publication début janvier de l’ouvrage Le Consentement, dans lequel Vanessa Springora dénonçait les actes pédophiles de Gabriel Matzneff, Francesca Gee s’est exprimée à son tour sur l’emprise de l’écrivain dans les colonnes du New York Times.
« J’ai pris conscience que la personne dont j’étais amoureuse était malade, pathologiquement malade», confiait Vanessa Springora dans Le Consentement, un ouvrage paru le 2 janvier aux éditions Grasset.
Elle y dénonçait les actes pédophiles de Gabriel Matzneff, un prédateur dont elle était tombée sous le charme à l’âge de 14 ans.
Depuis, Francesca Gee s’est à son tour exprimée sur son vécu sous le joug de l’écrivain, dans les colonnes du New York Times, le mardi 31 mars.
Cette ancienne journaliste de 62 ans aurait vécu une relation traumatisante avec l’auteur français durant trois ans, et ce, dès l’âge de 15 ans – il en avait 37 – relate le quotidien américain.
Après 44 ans de silence, l’ex-reporter a choisi, après mûre réflexion souligne-t-elle, de se confier sur sa relation traumatisante avec Gabriel Matzneff. Une décision facilitée par le fait que l’écrivain ait perdu de son influence.
Début janvier, il a en effet été cité à comparaître devant le tribunal pour « apologie de crime ». Il a également été déchu de ses décorations conférées par l’État et abandonné par ses trois éditeurs. Mais ce qui a véritablement donné du courage à Francesca Gee est le récit de Vanessa Springora.
« Je me suis rendu compte que je faisais totalement partie de cette histoire », a expliqué l’ancienne journaliste.
Tout commence en 1973, à Paris. Francesca Gee affirme avoir rencontré l’écrivain par le biais de sa mère, qui l’a connu quelques années plus tôt.
L’auteur est, à l’époque, souvent convié aux dîners de famille, se souvient David, le frère cadet de Francesca. Un invité de marque qui aurait rapidement conquis leur père, un journaliste britannique soucieux de se faire une place dans la société française.
Durant trois ans, Gabriel Matzneff tente d’isoler l’adolescente. Il organise le transfert de Francesca Gee au Lycée Montaigne, plus proche de son domicile, en usant de son réseau politique, comme il l’indique dans l’un de ses journaux.
« Il venait tous les jours (devant l’établissement scolaire, NDLR) pour s’assurer que tout le monde comprenne bien qu’il ne fallait rien tenter à mon égard, se remémore Francesca Gee. Il se postait à un endroit bien précis, et c’est là qu’il m’attendait ».
Pendant cette période, l’ex-reporter affirme que Gabriel Matzneff l’emmenait consulter le Dr Michèle Barzach, une gynécologue qui deviendrait ministre de la Santé de 1986 à 1988, sous la présidence de François Mitterrand.
Cette dernière, « à aucun moment n’a cru devoir faire la morale à ce monsieur de trente-sept ans et à sa maîtresse de quinze », écrit l’auteur dans son journal de l’époque, Élie et Phaéton.
À l’âge de 18 ans, Francesca Gee parvient à se libérer de l’influence de l’écrivain, et se montre plus critique envers lui.
Avec le recul, elle estime que :
« C’était le fait de grandir, en fait ».
Mais, si elle parvient à mettre un terme à cette relation traumatisante, cessant tout contact avec l’auteur, elle est incapable de s’en défaire totalement.
L’écrivain, qui l’avait encouragée à lui écrire « des centaines de lettres à connotation amoureuse ou sexuelle », selon le New York Times, les a en effet reprises dans certains de ses livres sans l’aval de la jeune fille – notamment dans Les Moins de seize ans, paru en 1974.
Francesca Gee poursuit :
« Aujourd’hui, je considère qu’elles m’ont été extorquées et employées comme armes à mon encontre ».
Cette dernière est également au centre de son journal La Passion Francesca, daté des années 1974 à 1976 et paru en 1998. Sur la couverture d’Ivre de vin perdu, paru en 1981, figure par ailleurs une réplique d’un cliché de la jeune fille à l’âge de 15 ans.
« Cette image de moi me poursuit, elle est comme un double malveillant », commente Francesca Gee dans les colonnes du quotidien américain.
C’est seulement à l’âge de 35 ans qu’elle le réalise : ce qu’elle a vécu n’était pas une histoire d’amour.
En 1992, elle contacte Gabriel Matzneff pour qu’il arrête d’utiliser ses lettres et les lui rende. Il s’exécutera.
Douze ans plus tard, Francesca Gee tente de faire paraître un manuscrit pour dénoncer la pédophilie de l’écrivain.
Elle y écrit notamment :
«Il n’a cessé de se servir de moi pour justifier l’exploitation sexuelle des enfants et des adolescents».
Peine perdue : l’auteur est encore trop puissant. Il possède des amis dans bon nombre de maisons d’édition, et son dernier livre, L’Amante de l’Arsenal, a été publié en novembre 2019 aux éditions Gallimard.
Dans son manuscrit, Francesca Gee décrivait son passé avec l’auteur comme un « cataclysme qui s’était abattu sur moi à 15 ans, et qui devait changer le cours de mon existence ».
Source : madame.lefigaro.fr
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