Chartres | Quinze ans de réclusion criminelle pour le père violeur de ses trois filles et un an et demi avec sursis pour la mère qui ne l’a pas dénoncé.
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 09/12/2018
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Lui est jugé pour les viols de ses trois filles, elle pour non-dénonciation de crime. La fille aînée du couple explique qu’elle ne disait « pas non, de peur de le décevoir ».
« J’ai eu deux pères », témoigne la fille aînée du couple, à la barre de la cour d’assises, à Chartres : « L’un était aimant, attentionné et gentil. L’autre nous a fait du mal. »
C’est elle qui, en 2016, a déclenché la procédure qui conduit aujourd’hui son père devant la cour d’assises d’Eure-et-Loir, pour le viol de ses trois filles, alors mineures.
Ces agressions se seraient produites sur une période de seize ans.
La mère est, quant à elle, jugée pour non-dénonciation de crime.
À la barre, la fille aînée explique que depuis l’âge de 6 ans, son père lui aurait imposé des relations sexuelles :
« Ça s’est arrêté quand j’ai eu 14 ans.
Je lui ai dit non.
Il n’a pas insisté. »
Aujourd’hui âgée de 24 ans, elle précise :
« II ne m’a jamais forcée.
Je ne lui disais pas non, de peur de le décevoir. »
Plus tard, en discutant avec l’une de ses sœurs cadettes, elle a réalisé, explique-t-elle, « qu’elles aussi étaient en danger ».
Elle décide de parler, à une psychologue puis aux gendarmes :
« Ma mère était au courant depuis 2015.
J’espérais qu’elle aurait fait quelque chose.
Elle a préféré se taire. »
Son témoignage est plein de retenue.
Entre deux larmes, celle qui vient de terminer de brillantes études explique :
« Je pensais qu’en continuant à me donner à lui, je protégerais mes deux sœurs. »
« Avez-vous eu l’impression de vous sacrifier ? », l’interroge Me Élise Meine, son avocate.
La réponse vient dans un souffle :
« Oui. »
Elle explique aujourd’hui être tiraillée entre deux sentiments :
« Je sais que, dans le fond, j’ai bien fait.
Mais d’un autre côté, j’ai brisé notre famille. »
C’est bien une famille brisée qui est réunie dans la salle de la cour d’assises.
Les trois sœurs sont côte à côte sur le banc des victimes.
Les deux plus jeunes n’ont pas porté plainte.
« On sentait qu’elles voulaient protéger leur père, tout faire pour ne pas briser la famille », explique un enquêteur.
La mère est soupçonnée de ne pas avoir protégé ses enfants :
« Pourtant, pour moi, mes enfants passent avant tout. »
Dans le box des accusés, le père déploie son 1,92 m pour répondre aux questions.
« Comment voyez-vous l’avenir de votre couple ? », interroge le président.
« Je ne sais pas ce que ma femme aura décidé à ma sortie de prison. »
La femme est plus claire :
« Nous ne serons plus ensemble. »
« Ça a permis d’arrêter l’engrenage dans lequel j’étais »
Dès son placement en garde à vue, en 2017, le père de famille a avoué les viols sur ses trois filles.
Les deux parents sont d’accord sur un point.
Tous les deux ont remercié leur fille aînée d’avoir parlé :
« Je regrette de ne pas avoir fait ce qu’il fallait quand je l’ai su », explique la mère de famille.
Son mari, à l’issue du témoignage de sa fille aînée, se lève, les yeux embués de larmes :
« Je m’excuse de ce que je vous ai fait subir. Et je te remercie d’avoir tout dit. Ça a permis d’arrêter l’engrenage dans lequel j’étais. »
Pourtant, rien ne semblait destiner ce père de famille, au casier judiciaire vierge, à être jugé un jour par une cour d’assises.
Les jurés devront peut-être chercher les raisons de ses actes dans son enfance, entre un père « absent et qui ne s’occupait pas de nous », et une mère décrite comme « autoritaire et parfois violente ».
« Dans ma famille, il n’y avait aucune affection », livre l’accusé, après avoir révélé que, lui aussi, aurait été victime de viol par l’un de ses cousins :
« J’avais 11 ans, et ça s’est arrêté quand j’avais 15 ans. »
Elle est condamnée à un an et demi de prison avec sursis.
Son mari, en détention depuis près de deux ans, est condamné à quinze ans.
À sa sortie de prison, il sera astreint à un suivi sociojudiciaire pendant cinq ans, sous peine de retourner cinq ans de plus en prison.
Source : L’écho Républicain & L’écho Républicain
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