Châteauroux | A 17 ans, elle dormait dans le même lit que son père

Un homme de 55 ans était poursuivi, lundi, pour des coups sur sa fille. Une première affaire qui en a révélé une seconde, bien plus grave.


L’affaire a été jugée lundi au tribunal de Châteauroux. © Photo NR.jpg
Tribunal correctionnel de Châteauroux. Le premier volet d’une lourde affaire a été abordé, lundi, par les juges castelroussins.
Il était reproché au prévenu des violences sur sa fille, alors âgée de 17 ans. « Vous êtes allé la chercher à la sortie du lycée, puis vous avez fait le tour des bars. »

Quelques heures plus tard, le père et sa fille étaient de retour au domicile familial. C’est alors que les faits se sont produits. « Vous lui avez porté des coups de poing et des claques », s’étonne la présidente, Stéphanie Lochon-Dallet. Scène de violence qui allait se dérouler, selon la victime, pendant plusieurs heures.

Au matin, « vous avez suggéré à votre fille de dire, à l’école, que les traces qu’elle portait au visage provenaient d’une bagarre et de mettre du maquillage pour les atténuer ».

Le prévenu a une autre version des faits, mais qui ne semble convaincre personne. « Ma fille a glissé ses deux mains dans mon pantalon et c’est pour ça que je l’ai giflée », assure ce père.


La présidente Lochon-Dallet dirigeait ces débats. © Photo NR.jpg

Le sentiment de ne pas être sa fille Appelée à la barre, la jeune victime maintient avec courage et émotion ses propos. Questionnée par la présidente, elle ajoute à cette affaire des éléments graves qui feront l’objet d’un second procès. Notamment, qu’elle dormait dans le même lit que son père. « J’avais le sentiment de ne pas être sa fille », laissant comprendre le pire qui fait actuellement l’objet d’une instruction judiciaire.

« A la lumière de ce dossier, un autre s’ouvre », devait ainsi déclarer, Me Christel Jousse, avocate de la partie civile. Et de détailler : « Il faut savoir que Léa (1) a été placée à l’âge d’un an et demi. Elle a réintégré sa cellule familiale à l’âge de 13 ans, avec l’espoir fou de construire une vraie relation avec son père. »

L’ennui, c’est que les conversations avec ce dernier « allaient être de plus en plus orientées sexuellement ». Puis des pratiques déviantes allaient apparaître, « comme la promener avec une laisse pour chien et l’obliger à manger des croquettes ». Léa allait se murer dans le silence, « par peur de faire exploser la cellule familiale, qu’elle venait de retrouver ».

Mais trop, c’est trop et les coups portés allaient permettre de tout révéler. « C’est son professeur du lycée qui a remarqué les traces sur le visage et qui a donné l’alerte », explique Me Christel Jousse. A partir de ce signalement, les services sociaux et enquêteurs allaient tirer les fils de cette sordide affaire… jusqu’au pire.

Éric Raygasse, substitut du procureur, a demandé « six mois d’emprisonnement pour les seules gifles », ainsi qu’une obligation de soins. Du banc de la défense, Me Anne-Marie Gorgeon a évoqué « une jeune fille très possessive qui n’avait jamais évoqué de violences, ni de viols. Nous sommes partis dans un très mauvais rêve. »


Me Christel Jousse représentait la partie civile. © Photo NR.jpg

A l’issue de ces débats et pour cette seule première affaire de coups, ce père, aujourd’hui incarcéré, a été condamné à six mois d’emprisonnement et devra verser 1.500 € de dommages et intérêts à sa fille qui vit désormais dans une famille d’accueil.
(1) Son prénom a été changé.

Source : lanouvellerepublique.fr

 

 

 

Source(s):