Cahors | Sportif de haut niveau et fonctionnaire, un quarantenaire condamné à 6 mois ferme pour agression sexuelle d’une collégienne

Le prévenu ne se souvient pas trop des faits reprochés, invoquant des troubles de la mémoire, suite à un accident. Quant à la victime, elle, elle n’est pas prête d’oublier…

Le palais de justice à Cahors.
DDM- MARC SALVET

Denis (le prénom a été changé), la quarantaine, a été appelé à la barre du tribunal correctionnel de Cahors, le 7 mars dernier. Ce monsieur travaillait encore ces derniers temps dans un établissement scolaire, parce que la municipalité qui l’emploie n’avait pas d’autre affectation à lui proposer.

Le prévenu jouissait jusqu’à ce jour d’un casier judiciaire vierge.

Les faits reprochés à Denis remontent à 2010 et se sont déroulés dans la vallée du Lot.

La victime, une collégienne de 15 ans au moment des faits, a subi les assauts de son agresseur au moins à deux reprises.

C’est en déposant plainte pour une agression dont elle a été victime récemment avec un autre individu, que la jeune femme prend conscience de la gravité des agissements de Denis à son encontre, plusieurs années auparavant.

Denis était surveillant à cette époque-là et profitant de la fête de fin d’année scolaire, il entraîne la jeune fille à l’extérieur de l’établissement et lui impose toutes sortes de gestes ; baisers, palpations, jusqu’à lui baisser la culotte…

Ce n’est que bien plus tard que la jeune fille, qui n’osait en parler à personne, comprend quelle a fait l’objet d’une agression.

Deux ans après ce premier épisode, au hasard des rencontres, elle croise à nouveau Denis qui se montre une nouvelle fois « entreprenant ».

Sauf que le jour où il doit la raccompagner chez elle en voiture…

Ne voilà-t-il pas qu’il stoppe le véhicule à l’abri des regards, ferme les portes à clé et tente une nouvelle aventure…

Alors qu’il commence à l’embrasser, la jeune fille use d’un subterfuge qui va lui permettre de se tirer d’affaire.

Elle demande gentiment à son agresseur d’arrêter, car « demain elle sera tout à fait d’accord et que ce sera beaucoup mieux ! »

Denis n’insiste pas, se rangeant à la proposition de sa victime.

Évidemment, le lendemain celle-ci a pris la poudre d’escampette !

Durant l’exercice de son activité professionnelle, Denis a occupé différents postes en milieu scolaire ; animateur, surveillant…

Dernièrement, il intervenait en tant que « Préparateur physique » pour filles et garçons, dans le domaine des activités sportives.

Denis le reconnaît volontiers

« Je ne mettais pas assez de distance avec les élèves ».

Le président Vincent Ramette rapporte comment le prévenu, selon les témoignages de son entourage professionnel, « faisait le kéké », se vantant de ses conquêtes avec force détails, y compris devant les élèves.

Lorsque le président demande des précisions sur la nature des gestes imposés à la jeune fille, Denis fait part alors de ses troubles de mémoire.

Il déclare devant le tribunal :

« J’ai quelques absences de temps en temps mais j’ai entamé des soins, suite à un accident qui m’a occasionné un traumatisme crânien ».

Le président Ramette s’étonne tout de même de cette mémoire sélective.

Mais le prévenu soutient que la prise de somnifères serait la seule cause de cette situation. Le président ne lâche pas le morceau et revient à la charge :

« Le jour où vous l’avez ramenée en voiture, comment se fait-il que vous ne vous en souveniez pas ? » demande Vincent Ramette.

« Je me souviens du soir de la fête du collège, car c’était consenti, sinon elle ne m’aurait pas suivi, mais pas de la sortie en voiture ! »

Selon l’appréciation de Denis, au sujet de la sortie le soir de la fête du collège, il s’agissait d’un flirt.

« On frayait ! Pas plus ! » déclare-t-il.

La jeune femme, elle, se souvient de ce qui s’est passé.

Elle confirme au tribunal ses déclarations devant les enquêteurs et elle répète devant le prévenu qu’elle n’était pas d’accord avec ce qu’il lui imposait.

Elle ajoute qu’à l’écart du collège, dans le bosquet, il ne lui a pas laissé le choix…

La jeune femme, qui a mis du temps à porter plainte, déclare :

« Le fait qu’il se vante de ses exploits, cela m’a fait craindre que cela se reproduise avec d’autres personnes ».

À présent Denis est marié et père d’un enfant.

Évoquant son passé, il déclare :

« J’étais immature, j’étais impulsif, mais maintenant j’ai fait ma vie ! »

Il continue :

« L’agression sexuelle, je ne savais pas ce que cela voulait dire.

Je n’ai jamais violé qui que ce soit, je n’ai rien contre la gent féminine, je n’ai rien à reprocher à madame ! »

Maître Luc Mazars, avocat de la jeune femme, revient sur l’amnésie sélective du prévenu.

Il rappelle les faits retenus dans les poursuites à son encontre à un moment de la vie de la collégienne où il avait autorité sur elle.

« Il s’estimait irrésistible et ne voulait pas voir les signes de refus » ajoute-t-il.

« Que faire de ce monsieur ?

Alors qu’il est toujours tourné vers des mineurs ? » s’interroge Frédéric Almendros, Procureur de la République.

Il égrène quelques traits de caractère : immaturité, égocentrisme et remet sèchement les pendules à l’heure en requérant 18 mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant 3 ans, avec interdiction d’entrer en contact avec la victime, interdiction d’exercer une activité en lien avec des mineurs.

Pour sa défense, Denis indique qu’il est désolé de ces réquisitions, car « cela lui complique la vie pour son travail ».

Denis a été reconnu coupable des faits reprochés et en répression a été condamné à 24 mois de prison, dont 18 mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant 2 ans.

La sanction est assortie d’une obligation de soins, d’indemniser la victime à hauteur de 2000 €, avec interdiction d’exercer une activité au contact de mineurs pendant 2 ans et inscription au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.

Source : Actu

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