Metz | Un réfugié afghan jugé pour proxénétisme aggravé sur des ados de l’ASE

non

Le premier signalement date de 2021
Un réfugié afghan de 36 ans comparaissait ce mardi devant le tribunal correctionnel de Metz pour proxénétisme aggravé. Les victimes sont de jeunes filles placées à l’Aide Sociale à l’Enfance. Cinq ans de prison dont deux avec sursis ont été requis. Le jugement sera rendu le 25 mars.

Il devait répondre de proxénétisme aggravé sur au moins sept adolescentes, confiées à l’Aide Sociale à l’Enfance, qui vivaient dans un foyer de Woippy.

Un réfugié afghan de 36 ans était jugé ce mardi devant le tribunal correctionnel de Metz.

Il est également accusé d’avoir fourni aux mineures de l’alcool et des stupéfiants. Les faits se seraient produits de 2021 à 2023.

La procureure de la République a requis cinq ans de prison, dont deux ans avec sursis, avec mandat de dépôt différé, ainsi que l’interdiction définitive du territoire français et d’exercer un métier en lien avec les mineurs, interdiction d’entrer en contact avec deux des victimes pendant trois ans et interdiction de port d’arme pendant cinq ans.

Enquête bâclée

Alors que la lutte contre la prostitution des mineurs en Moselle fait désormais l’objet d’une convention entre le département de la Moselle et la cour d’appel de Metz, depuis fin 2023, bien des lacunes entachent cette procédure : cela a été unanimement dénoncé à l’audience.

Le premier signalement est lancé en janvier 2021, par une éducatrice du foyer 3HA de Woippy : un homme d’une trentaine d’années rôde régulièrement à l’entrée.

Il attire les jeunes filles avec des vêtements, de la drogue, de l’alcool. Elles sont nombreuses à se rendre chez lui. Les signalements se multiplient pendant des mois.

Il faudra attendre deux ans pour que des plaintes soient enfin déposées, et que la police enquête.

Plusieurs adolescentes dédouanent alors l’homme qui sait prendre soin d’elles.

D’autres, au contraire, l’accusent de les soudoyer pour qu’elles se prostituent.

L’une d’elle affirme que “plus de 200 hommes ont abusé d’elle en trois semaines. Soit dix par jour, de tous âges et de toutes origines”, s’indigne Me Laura Cassaro, son avocate.

Sauf que l’enquête ne cherche pas à récolter des preuves.

Tout le monde le déplore aujourd’hui, même la procureure Lauréline Guillot, pour qui “cette procédure n’est pas à la hauteur de ce que ces jeunes filles ont subi”.

Me Xavier Iochum, avocat du Département de la Moselle qui s’est constitué partie civile, dénonce “des faits graves sur des jeunes filles fragiles. On souhaiterait une réponse plus rapide à l’avenir”.

L’avocat de la défense, Me Arnaud Blanc, égrène pour sa part la longue liste des questions restées sans réponse :

Qui sont les clients ? Comment étaient-ils mis en relation avec les jeunes filles ? Qui est ce Victor dont le nom est souvent cité ? Qu’est devenu l’argent ? Pourquoi les témoignages sont-ils parfois si divergents ? ”

Des adolescentes ont été victimes dans cette affaire, c’est indiscutable” assène-t-il, “mais quel est le rôle de mon client ? L’affect ne doit pas primer sur le droit”.

Il demande la relaxe pour la qualification de proxénétisme aggravé.

Le prévenu, arrivé en France en 2015 et qui a obtenu le statut de réfugié en 2016, nie les faits.

Au mieux, reconnaît-il avoir fourni du haschich aux adolescentes.

Il travaille aujourd’hui en CDI dans un restaurant messin. Son statut de réfugié doit être réexaminé en 2026.

Son procès avait été renvoyé une première fois en janvier 2024, faute d’interprète.

Ce mardi, après deux heures d’audience passées aux côtés de son traducteur, l’homme a surpris toute l’assistance en s’élançant dans une longue tirade en français, pour expliquer les violences et les menaces proférées par le père d’une des victimes en janvier dernier, dans la salle des pas perdus du palais de justice.

Son procès avait alors été renvoyé une seconde fois. Le tribunal rendra sa décision le 25 mars prochain.

Source(s):