Levallois-Perret | Sursis pour un éducateur sportif réclamant une photo nue à une mineure
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 24/11/2024
- 10:48
Ce lundi, le tribunal correctionnel de Nanterre a condamné à 24 mois d’emprisonnement avec sursis probatoire Jérémy P., 30 ans, un entraîneur de handball du Levallois Sporting Club.
Il était jugé pour avoir sollicité via un faux profil Snapchat « un mineur de moins de 15 ans en vue de la transmission de son image à caractère pornographique », en l’occurrence une adolescente de 12 ans.
Une épaisse paire de biceps et des épaules charpentées trahissent sa fibre de sportif.
Mais à 30 ans, Jérémy P. va devoir changer de métier.
Entraîneur de handball chez les jeunes du Levallois Sporting Club et éducateur sportif dans des établissements scolaires, il a été condamné par le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine) à 24 mois d’emprisonnement avec sursis probatoire, ce lundi après-midi.
Il était poursuivi pour des faits qualifiés de « sollicitation par un majeur d’un mineur de moins de 15 ans en vue de la transmission de son image à caractère pornographique », plus précisément pour avoir demandé à une adolescente une photo d’elle nue.
Ce natif de Bordeaux est par ailleurs soumis à une obligation de travail ou de formation, ainsi que d’un suivi psychologique, mais aussi aux interdictions de contacter la victime et de travailler avec des mineurs.
Chevelure sage, lunettes rondes sur le nez, il a tenu une ligne de défense confuse, ce lundi à la barre.
Malgré les preuves objectives avancées tout au long de l’audience pour juger les faits, qui remontent à près d’un an et demi.
Un faux profil Snapchat
Le 7 juin 2023, Jérémy P. crée un compte sur le réseau social Snapchat, alors qu’il en possède déjà un à son nom.
Sur ce nouveau profil, il se fait passer pour une femme et emprunte le pseudonyme « Emma ».
Il ajoute ensuite une utilisatrice, âgée de 12 ans au moment des faits, et lui réclame une photo dénudée.
Pourquoi avoir créé un faux compte ?
« Parce que je trouvais cela malsain qu’un homme demande une photo nue à une femme », déclare-t-il au tribunal. Jurant au passage qu’il était persuadé que son interlocutrice était majeure, puisque « les conditions générales de Snapchat indiquent qu’on ne peut pas accepter l’invitation d’un inconnu si l’on a moins de 18 ans ».
La victime, elle, a une camarade de classe nommée Emma.
Elle pense donc qu’il s’agit de cette dernière.
Elle accepte d’envoyer une photo, à condition que Jérémy P. — dont elle ne sait rien de l’identité — le fasse d’abord.
L’homme trouve donc une photo de femme nue sur Internet et la partage.
L’adolescente se rétracte cependant et refuse d’échanger un cliché à son tour.
L’éducateur sportif décide alors de faire pression.
Il utilise son vrai compte Snapchat et se fait passer pour le père de la présumée « Emma ».
Il menace de déposer une plainte si la collégienne n’envoie pas de photo en retour.
Celle-ci finit par s’exécuter.
Quelques jours plus tard, elle en parle à sa cousine âgée de 21 ans.
Cette dernière décide de prendre contact avec « Emma » pour mettre au clair l’affaire.
Il a menacé la victime de rendre publique sa photo
Jérémy P. prétend alors auprès de la grande cousine être une fille âgée de 13 ans, même s’il le nie formellement à la barre.
Alors même que la présidente du tribunal le relance à maintes reprises et lit des extraits de conversations dans lesquelles il déclare être « mineur » ou avoir « cours demain ».
Il menace par ailleurs de rendre publique la photo envoyée par la victime.
Retrouvé par le biais de l’adresse IP de son père, à Levallois, l’éducateur est finalement placé en garde à vue en août dernier.
Il y reconnaît une partie des faits et évoque des traumatismes personnels.
Notamment lors de son adolescence, lorsqu’une fille l’aurait forcé à se masturber devant une webcam.
Mais il est revenu sur plusieurs déclarations, ce lundi à la barre, et a multiplié les explications nébuleuses.
À sa décharge, sa défense a présenté des attestations de sa famille, d’une ex-petite amie, du collège dans lequel il travaille et de parents du Levallois Sporting Club pour garantir un comportement sain avec les enfants.
L’absence d’images pédopornographiques dans son téléphone ou ordinateur a aussi joué en sa faveur.
Mais pas de quoi convaincre le tribunal d’accepter la relaxe au bénéfice du doute demandée par le conseil du prévenu, qui a bâti sa plaidoirie sur l’idée que Jérémy P. n’avait pas conscience de parler à une mineure.
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