Les réseaux pédocriminels n’existent pas | Round 63 | Réseau San la Muerte

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L’affaire Marito Salto : un crime rituel en Argentine
Une affaire de crime rituel d’un enfant en Argentine laisse penser à l’existence d’un de ces réseaux qui n’existent pas, avec un gratin local très actif pour l’étouffer. Un cas qui n’est pas isolé, sur fond de culte à la Mort, de réseaux de trafic et de corruption impliquant des politiques.

Le podcast complet de cet article est téléchargeable ci-dessous (clic-droit puis “enregistrer la cible du lien sous”) ou à retrouver sur notre chaine Youtube.

Podcast – Réseau San la Muerte (30′)

 

En 2016, le meurtre rituel de Marito Salto, un fils de paysan de 11 ans, dans le village de Quimili au nord du pays, dans l’État de Santiago del Estero, avait fait scandale.

Il a disparu le 31 mai 2016 alors qu’il était aller pêcher, et les recherches se sont limitées à ce périmètre pendant deux jours.

Je reviens sur cette affaire qui n’est pas un cas exceptionnel dans ce secteur, car elle montre une toute petite partie d’un système réel, bien que dissimulé aux yeux du grand public.

Une famille face à l’omerta

Son corps a été retrouvé par un chien, dans 11 sacs poubelles dans une décharge à 6 km du lieu de l’enlèvement.

Selon la justice, l’enfant a été démembré vivant par plusieurs personnes après avoir été séquestré et violé.

On a appris lors du procès en 2022 que les assassins l’avaient totalement vidé de son sang et que des parties de son corps avaient été mises de côté (à mon avis pour des actes de cannibalisme ensuite, notamment avec les organes sexuels).

L’enquête est restée très secrète, trois juges se sont succédés, beaucoup d’éléments n’ayant été révélés que lors du procès où, comme on le sait, toutes les pièces et tous les éléments ne sont pas forcément examinés, ni même connus du jury.

Des tests génétiques ont été réalisés sur 3.400 hommes du secteur.

Des types ont été arrêtés puis relâchés, ni leur ADN ni leurs aveux n’étant probants.

Après être restée au point mort pendant près de deux ans, l’enquête a été relancée suite à l’intervention d’une équipe cynophile de l’État voisin, après la diffusion d’une vidéo sur Youtube demandant justice pour Marito.

Un responsable d’une brigade canine dans un autre État l’a vu et est intervenu : comme le relate le média TN,

Un matin de novembre 2017, un chien de l’unité K9 de la police de San Luis (état de Rio Negro) a marqué un tiroir dans la chambre conjugale de Miguel “El Brujo” Jiménez (58 ans) et de l’enseignante Arminda Díaz (57 ans).

À l’intérieur se trouvaient des papiers contenant des phrases telles que “J’ai déjà sa virilité, sa jeunesse, sa force. Donnez-moi ce que je demande” ; et “Donnez-moi votre force, 666”.

Il y avait aussi un petit autel à l’arrière de la maison et des coupures de presse sur l’affaire.

Des lettres avec des dessins ont été retrouvées également chez le couple et près du lieu où le corps a été retrouvé.

L’une d’elles décrit le rituel, et un dessin représente un enfant pendu à un arbre, alors que l’on sait que Marito a été suspendu.

Dans le cadre de ce culte de “San La Muerte” (Saint la Mort), l’un des participants au sacrifice consigne par écrit tout ce qu’il se passe pendant le rituel.

Suite à cela, la justice a conclu que Marito a été tué lors d’un sacrifice satanique offert à “San La Muerte”.

Le symbole de la pyramide avec un œil au sommet revient dans plusieurs documents, mais selon le journal La Nación,

Cet œil dans le triangle correspond à une série de Disney, le dessin animé Gravity Falls…

Personnage Bill Crypto du dessin animé Gravity Falls de Disney

Rien à voir avec celui qu’on voit sur les billets de banque américains.

Un résumé en 15′ de ce “dessin animé pour enfant” à voir ici.

Les chiens ont aussi retrouvé des pièces à conviction autour du lieu de la découverte du corps, qui n’avaient pas bougé en un an et demi.

Il faut quand même se demander si ces éléments n’ont pas été mis là ensuite afin de brouiller les pistes.

Car au moment où la famille et une partie de la population commençaient à soupçonner l’implication de politiciens locaux, de nouvelles preuves indiquaient que les auteurs de l’enlèvement étaient aussi les commanditaires, le tout dans le cadre d’une obscure secte sataniste.

Jiménez est un cultivateur de coton et propriétaire terrien, élu local péroniste, proche de l’ancien gouverneur de l’État Arturo Juárez et des milieux du narcotrafic.

C’est un relais local du pouvoir qui connaît plusieurs membres de la famille Salto et a même aidé aux recherches au barrage en prêtant son bateau, en payant une voyante, ou encore en participant à l’enquête de voisinage avec la police.

Il avait la mainmise sur le tribunal du coin, selon la militante Sœur Martha Pelloni, car il avait payé les magistrats, ce qui lui permettait de rendre de nombreux services.

Lors du procès, il a admis connaître plusieurs des autres accusés et pratiquer le culte San La Muerte, mais pas les sacrifices.

Sa femme Arminda, directrice de l’école où allait Marito, a été relâchée après trois ans de prison, et leur fils n’a fait que quelques jours de prison alors qu’ils étaient au départ considérés comme “les cerveaux” du crime.

Neuf autres personnes ont été renvoyées au tribunal en 2022.

En plus de ces deux-là, il y avait Rodolfo Sequeira (un trafiquant de drogue local de 59 ans) qui aurait enlevé l’enfant avec Ramón Eduardo Rodríguez, et Daniel Tomás Sosa (23 ans), accusés d’avoir participé au crime.

D’autres personnes, des voisins et proches, ont comparu libres : Daniel Gastón, Ramón Enrique Ocaranza, María Eugenia Montes, Gustavo Daniel Hernández et Pablo Roberto Ramírez (auteur des lettres et des dessins retrouvés par les chiens), jugés pour “recel aggravé”.

Ils ont été inculpés parce qu’ils traînaient dans le secteur de la disparition, pour certains il y avait des indices ou des témoignages plus ou moins sérieux (notamment un ado qui a dit avoir identifié Sequeira et Sosa parce que sa mère était menacée de mort, et a été poursuivi pour faux témoignage), pour d’autres non.

Ils ont pris des peines de prison à vie pour Jiménez et Sequeira (qui est pourtant le seul à avoir parlé à la justice peu avant le procès), les autres ont pris 11 ans, 3 ans ou rien du tout pour ce crime que le procureur a qualifié de “crime dans un rituel satanique”.

Cependant aucun n’a admis y avoir participé et la plupart ont dit qu’ils ont été frappés et que leurs aveux ont été extorqués.

Angles morts

Selon la justice, Marito aurait été repéré dès son arrivée au barrage pour pêcher par Rodríguez, puis deux autres individus l’auraient suivi, enlevé et livré à Jiménez.

L’enfant devait répondre à deux critères pour être sacrifié : être vierge et baptisé dans l’Église catholique.

Mais a-t-il été choisi en particulier dans le cadre d’une vengeance contre les parents de Marito ?

Finalement, des traces ADN ont été trouvées sur les sous-vêtements et sous les ongles de Marito, appartenant à des hommes de sa propre famille, mais on ignore toujours de qui il s’agit.

Le père de Marito n’a cessé de dire que le dossier était “plein de preuves falsifiées“: des bouts de vidéosurveillance qui ont disparu, l’incapacité à identifier les violeurs de l’enfant malgré les 3.400 prises d’ADN dans la population, l’absence d’exploitation du téléphone du ravisseur Rodolfo Sequeira, une première autopsie des plus lacunaires (c’est la deuxième qui a permis de connaître les conditions de la mort, de savoir qu’il a été décapité, que sa 4ème vertèbre avait disparu…).

La famille se demande aussi si les recherches n’ont pas été limitées au périmètre du barrage pour qu’ils ne cherchent pas là où le rituel a été organisé.

Sans parler des juges et policiers intervenus sur le dossier : alors que certains intervenants toujours en place ont fait leur possible pour étouffer le dossier, d’autres ont été écartés à la vitesse de l’éclair, comme le juge Miguel Moreno, en charge de l’enquête au début.

Mais, il a été écarté de l’enquête très rapidement après avoir dénoncé l’inaction et le manque d’obéissance de la police1 dirigée par le commissaire Céliz dont il avait demandé la révocation2.

Puis il a même été arrêté en décembre 2019 pour une obscure affaire de “malversations financières” et des “manquements” à ses devoirs professionnels.

Il s’orientait alors vers la piste d’un enlèvement dans un contexte de trafic de drogue.

En effet, le jour où il a été viré, Moreno, qui était soutenu par la famille de Marito, avait dénoncé auprès d’un juge fédéral l’implication de la famille du sénateur de l’époque, devenu gouverneur de la province, Gerardo Zamora, dont il a longtemps été proche, dans l’étouffement de l’affaire Marito.

Gerardo Zamora, gouverneur de l’état de Santiago de l’Estero de 2005 à 2013
Ricardo Daives, ministre de la justice de l’état de Santiago de l’Estero
David marcelo Pato, ministre de la sécurité de l’état de Santiago de l’Estero

Il disait que son licenciement avait été organisé après qu’il ait demandé le recoupement des appels du téléphone de Sequeira, parmi lesquels plusieurs appels à l’entourage de Zamora, en particulier son secrétaire à la sécurité David Pato.

Dans sa plainte, Moreno disait que depuis le début de l’affaire, le commissaire et les policiers ont ignoré ses ordres et ont fait obstruction à l’enquête pendant que le ministre de la justice provincial le harcelait pour connaître les détails de l’enquête.

Il écrivait que José Gelid, fils du député provincial, était le principal distributeur de stupéfiants dans le département et en particulier dans la ville de Quimili.

Il a ajouté que Sequeira était en contact avec le secrétaire à la sécurité de la province, David Marcelo Pato “la veille de la disparition de Marito Salto et jusqu’au lendemain de la découverte du corps”, d’après des informations qu’il tenait de la police.

Le commissaire Walter Céliz, qui dirigeait l’enquête au départ, a été arrêté en 2018 et la famille demandait que son téléphone soit examiné car pour elle Céliz est au cœur de l’affaire.

Il y a aussi eu des rumeurs diffusées par les accusés et leurs soutiens, pour freiner l’enquête.

Il a été dit, entre autres, que Marito a été enlevé en représailles parce que ses parents avaient dénoncé et perturbé un trafic de drogue.

L’article de La Nación revient sur cette piste :

Qu’ont-ils demandé en retour ? Et c’est ce que la justice doit se demander.

Il s’agit d’un cocktail de collusion, de drogue, de trafic, de politique et de sorcellerie.

La personne qui a tenu ces propos lors de l’enquête sur le meurtre est Sœur Martha Pelloni, qui, il y a 30 ans, avec l’affaire María Soledad Morales une fille de 17 ans droguée, violée et tuée par des fils de politiciens lors d’un fête (un documentaire Netflix a été réalisé sur cette affaire), est devenue le porte-drapeau de la lutte contre l’impunité dans les fiefs provinciaux.

Le lieu où est installé le culte du démoniaque San La Muerte n’est pas un hasard, pas plus que la personne choisie pour l’offrande.

La drogue est toujours présente dans ce culte, et elle ne peut entrer dans une ville sans l’aval et la connivence de ceux qui participent à l’enrichissement.

Je pose la question : qu’ont-ils demandé en échange de la mort de cet enfant ?

Sœur Martha Pelloni a dénoncé la collusion entre le gouvernement, la justice, les trafiquants de drogue et d’êtres humains, pour étouffer l’affaire dans un discours de 2021, et il y a eu des mobilisations pour demander que les choses avancent.

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Elle explique que le culte de San La Muerte est satanique, que des sacrifices sont réalisés en son nom, et qu’ils sont utilisés dans le cadre des trafics.

Elle dit que des politiciens, des juges, des policiers participent à ces trafics qui sont en train de détruire la société.

Le jour de l’enlèvement de Marito Salto, le président Mauricio Macri (proche de Milei) se trouvait dans l’État de Santiago del Estero.

Deux heures avant l’enlèvement, il avait publié sur Twitter une photo d’une réunion de son cabinet et de celui de la gouverneure de l’époque, Claudia Ledesma de Zamora, qui a succédé son propre époux Gerardo au poste de gouverneur.

Et un peu plus tard, il était à une réunion dans une maison de retraite et a déclaré de manière assez inopinée :

Ce pays va aller de l’avant.

Et ce gouvernement ne laissera aucun mafioso se mettre en travers de son chemin.

Tout le monde s’est demandé de qui il parlait.

Claudia Ledesma de Zamora, gouverneure de l’Etat de Santiago del Estero de 2013 à 2017, elle a succédé à son mari à ce poste

Juan Lankamp a interviewé la tante et le père de Marito en 2021.

Ils luttaient depuis 2016 pour avoir justice et expliquaient que l’investigation, sur laquelle ils n’étaient pas informés, a été sciemment détournée et freinée par les autorités à différents niveaux.

Selon eux, il y avait d’autres coupables que les 11 qui étaient alors en préventive et ont été jugés en 2022.

La tante dit qu’on a essayé de la corrompre, puis qu’elle a été menacée par Jiménez.

Le père dit que la justice protège le gouvernement et les politiques, et que dans l’État de Santiago del Estero où ils vivent, d’autres affaires de personnes démembrées et manifestement sacrifiées sont toujours irrésolues.

Si ils mènent ce combat, c’est aussi pour tous les enfants victimes de ces trafics.

Combien de Marito y a-t-il ?

demande sa tante, et combien de familles ont la possibilité et le courage de se battre contre les autorités pour obtenir la vérité ?

Voyez l’interview des parents ci-dessous (avec le sous-titrage et la traduction automatique) :

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Deux autres enfants massacrés dans des rituels

Un autre garçon a disparu le 13 juin 2024, et l’affaire rappelle celle de Marito.

Loan Peña, âgé de 5 ans, a disparu au nord-est du pays, lors d’un repas en famille chez ses grands-parents.

Des recherches ont été lancées immédiatement avec des centaines de policiers mobilisés, et une chaussure a été retrouvée dans la boue à 5 km de là, deux jours plus tard.

Mais par la suite, les procureurs en charge de l’enquête ont dit que c’était une fausse piste mise là intentionnellement.

Les affaires présentent des similitudes : un enfant qui disparaît sans raison apparente, des personnalités de la ville qui, au lieu de fournir des informations, semblent créer des situations de distraction pour entraver l’enquête, des preuves dissimulées et la connivence de personnes proches du pouvoir, soulignait La Nación le 25 juin.

L’article s’interroge aussi sur les pratiques occultes de la grand-mère de l’enfant, de ses autels à des divinités païennes…

L’article poursuit :

Dans le cas de Marito, une mise en scène a été réalisée avec ses affaires dans un lieu autre que celui où il a été capturé

et au cours des jours suivants, la famille et la police

– dont on pense qu’elles sont en collusion avec les pouvoirs politique et judiciaire, ce qui est similaire à ce qui est dénoncé dans l’affaire Loan –

n’ont cessé de ratisser la lagune, alors que l’on savait qu’il n’y était pas.

Il s’agissait d’une manœuvre de diversion, a dénoncé la tante lorsque le corps a été retrouvé.

Comme dans l’affaire de Marito, la justice a découvert dans le cas de Loan que des individus proches du pouvoir politique ont joué un rôle trouble, comme le capitaine de marine à la retraite Carlos Pérez et la fonctionnaire municipale de l’époque María Victoria Caillava, qui ont dit que l’enfant avait été enlevé pour être envoyé dans un réseau de trafiquants et sont soupçonnés d’avoir participé à l’enlèvement.

Le commissaire Walter Maciel, chargé de l’enquête au départ, a été arrêté pour dissimulation d’éléments sur les lieux de l’enlèvement.

C’est lui qui a orienté les recherches près du domicile, ce qui aurait laissé le temps aux ravisseurs de quitter l’État.

En juillet 2024, le corps n’a toujours pas été retrouvé mais sept personnes ont été arrêtées et mises en examen pour traite d’êtres humains, dont six étaient présentes lors du dernier repas de Loan.

Les hypothèses sur ce qu’il lui est arrivé sont nombreuses, certains disent qu’il est mort, d’autres comme l’avocat des parents jusqu’à récemment (depuis qu’ils l’ont viré, il les attaque), qu’il est probablement en vie mais soumis à un trafic pédocriminel ou à des pratiques satanistes.

 

Dix ans avant Marito, un garçon de 12 ans, Ramón (Ramoncito) González, a été assassiné par un groupe sataniste dans le nord du pays, à une centaine de kilomètres de là où Loan a disparu.

Il est parti à l’école et a été kidnappé par les membres d’une secte qui pratiquait le culte de San La Muerte.

Son corps a été retrouvé dès le lendemain.

Il a été torturé, violé et démembré en guise d’offrande.

Pourtant au départ les enquêteurs pensaient que l’enfant avait été tué pour avoir volé de la drogue dans le cadre d’un trafic.

Puis l’anthropologue José Humberto Miceli s’est joint à l’enquête et a constaté que le corps présentait des stigmates sur les mains, que certains os manquaient et qu’il avait des marques de torture perpétrées les jours précédant son assassinat.

Ce fut le premier meurtre qualifié de “rituel” en Argentine.

Suite à une mobilisation de la population autour de sœur Pelloni, une dizaine de membres d’une secte de sorciers ont pris une peine de perpétuité.

Une adolescente de 15 ans, qui avait été présente à des rituels avec Ramoncito Gónzález, témoin clé quand elle a fini par parler, a été sauvée in-extremis car elle était la prochaine victime à sacrifier.

Elle a été cachée pendant 10 ans par le réseau de sœur Pelloni et a continué à être menacée par le réseau.

Un seul des 9 condamnés a confirmé les propos de cette adolescente.

La justice a été défaillante, et sœur Pelloni dit que

Le procureur du tribunal de l’époque et le propriétaire du seul supermarché (appelé Lapacho) étaient ceux qui croyaient, soutenaient et assistaient aux réunions et aux orgies sacrificielles.

Cet homme a payé Ramonita pour les bébés qu’il a obtenu pour le sacrifice.

De fait, il y a eu des pressions sur les personnes, dans la politique ou la justice, qui ont essayé d’éclaircir ce crime.

Sœur Martha Pelloni, qui dénonce les assassinats rituels d’enfants depuis des années, dit qu’il n’est pas rare que ces criminels paient des mères pour récupérer des bébés qu’ils violent et tuent ensuite dans des rituels.

Des garçons, des adolescentes peuvent aussi être enlevés et massacrés de cette façon, comme ce fut le cas en 1990 d’une de ses élèves, María Soledad Morales.

La secte utilisait des enfants qui étaient forcés de participer à la vente de drogues dans les locaux et, en outre, aux rituels qu’ils pratiquaient,

expliquait-elle dans une interview en mars 2023.

Elle raconte par exemple :

Nous avons eu dans notre foyer d’accueil trois petits frères âgés respectivement de 15, 12 et 3 ans, qui ont été violés dans un centre touristique d’Empedrado (province de Corrientes)

où se déroulaient ces orgies, que l’on appelle aussi « magie noire » avec ses variantes…

Le maire, le dentiste et le commissaire, entre autres, y ont assisté.

Nous avons dénoncé, nous avons défilé et nous avons sauvé les enfants, qui ont parlé devant la caméra de Gessel.

Personnellement, j’ai pu écouter leurs histoires.

Il y a eu des morts, comme celle d’une jeune fille de 15 ans qui a été droguée dans le bowling et emmenée là.

Les jeunes ont dit qu’elle était morte, à cause d’une pilule qu’ils lui avaient donnée.

Il y a également eu la mort d’un bébé de 2 ans.

Selon Sœur Pelloni, le culte démoniaque de San La Muerte serait endémique dans la région et existerait depuis 412 avant J-C : on lui donne des vies, du sang contre de l’argent ou du pouvoir.

Et dans le cas de Marito, les lettres montrent que l’enfant a été sacrifié en échange d’une faveur précise.

Quant à Loan, elle pense qu’il a été exploité ensuite dans un réseau de trafic d’êtres humains, qui font souvent aussi dans le trafic d’organes.

La religieuse considère également que les rituels satanistes et les orgies pratiquées dans certains milieux de pouvoir sont liés.

Elle rappelait dans une interview le 26 juin 2023 pour La Nación, que

Tout ce système d’exploitation ne peut fonctionner que si les douanes, la police, la justice et la politique dissimulent tout.

N’oublions pas ce qui s’est passé avec l’arrestation du commissaire Walter Maciel (ancien chef du commissariat du 9 juillet), qui a dissimulé des indices et des mouvements.

L’ancien militaire de la marine Carlos Pérez et son épouse Victoria Caillava, fonctionnaire municipale, sont impliqués.

C’est pourquoi je pense que tant que nous n’aurons pas éradiqué la corruption et le trafic de drogue dans le pays, nous aurons tous ces problèmes gigantesques qui nous arrivent tous les jours.

Récemment le journaliste Leonardo Gentile a à nouveau travaillé sur cette affaire, identifié des financements et des liens de cette secte satanique avec le trafic d’enfants et de drogue, ainsi qu’avec des personnes de pouvoir.

Dans une interview à La Nación le 5 septembre 2023, il a expliqué que

L’objectif du groupe était la magie religieuse.

Mais pour se financer et attirer des gens dans le groupe, il fallait générer de l’argent.

Et ils l’ont fait principalement par le biais du trafic de drogue et de l’exploitation sexuelle des mineurs.

Dans le cas de Ramoncito, ils l’ont exploité et on pense qu’ils l’ont également utilisé pour vendre de la drogue.

Selon lui, ce groupe a été constitué autour de deux femmes qui se sont adonnées à l’occultisme (et sont en prison) et ont recruté des adolescents pour les amener vers la prostitution, les impliquer dans le culte et ses trafics.

Gentile ajoute

Mais en plus de cela, il y avait des gens plus riches qui payaient pour commettre ce crime et d’autres, liés plus que tout à la traite des mineurs.

À mon avis, le groupe a été créé par des gens de pouvoir qui pensaient qu’en pratiquant certains rituels, ils allaient s’élever politiquement ou économiquement.

Et ils ont utilisé ces deux femmes pour faire ce qu’ils ne pouvaient pas faire.

En l’occurrence, ils pratiquaient des actes satanistes et auraient choisi Ramoncito parce qu’il avait moins de 12 ans et qu’il avait un caractère relativement naïf, innocent, et était dans la rue toute la journée pour vendre des timbres.

Il était l’aîné et sa mère était pauvre et précaire : elle ne risquait pas de poser de problèmes.

Le groupe l’a attiré en lui promettant de lui acheter des lunettes, en utilisant comme appât une adolescente qui lui plaisait – celle qui a dénoncé le réseau…

Chez une des femmes de ce groupe, les enquêteurs ont trouvé une liste avec des noms d’enfants du quartier et des prix à côté, et celui dont le prix était le plus élevé était Ramoncito.

Apparemment, cette secte était en train de mettre plusieurs enfants dans leurs trafics et rituels.

Le réseau payait des sages-femmes et des femmes enceintes (avec de l’argent, une moto…) pour obtenir des nourrissons, et plusieurs bébés ont été sacrifiés avant Ramoncito.

Quelqu’un payait pour ces crimes.

Parmi les auteurs du crime, auquel elle a été forcée de participer, l’adolescente a désigné deux entrepreneurs du coin.

Des membres de la justice ont été menacés également, même bien après le jugement, des magistrats qui ont fait l’objet de contrats (mise à prix pour les tuer) étaient suivis…

Dans une autre interview, pour le journal Clarín le 26 septembre 2023, Léonardo Gentile revient sur les liens entre les assassins de Ramoncito et les milieux politiques :

Il a été prouvé que le groupe qui a assassiné Ramoncito avait trois niveaux d’organisation : les exécutants, les cadres moyens et les dirigeants.

On a trouvé des lettres dans lesquelles certains des membres du niveau inférieur demandaient des paiements préétablis à leurs chefs,

ils avaient même écrit les détails nécessaires pour effectuer les transferts d’argent.

 

Fin 2017 au Brésil, les corps démembrés de deux enfants, un garçon de 8-9 ans et une fille de 10 à 12 ans, ont été retrouvés à l’intérieur de sacs en plastique et de cartons dans le quartier de Lomba Grande, à Novo Hamburgo, dans la vallée de Sinos.

Il s’est avéré que les enfants étaient argentins, tout comme l’un des suspects.

Là encore, les indices montraient qu’il s’agissait d’un crime rituel avec une cape typique et un masque de chien.

Ces masques d’animaux sont aussi utilisés pour rendre moins crédibles les éventuelles témoignages d’enfants drogués et violés, si jamais ils venaient à parler, comme dans le réseau Krypten (affaire Samir Aouiche) ou encore la secte Abrasax (affaire Dutroux).

Et puis en 2020 dans l’État de Santa Fé au nord-est de l’Argentine, le corps d’un homme démembré a été retrouvé près d’un petit autel à San La Muerte.

Il avait été décapité et avait subi des actes de cannibalisme.

L’homme, Marcos Correa, était un marginal et l’assassin, Carlos El, surnommé “le chien” était un adepte de ce culte.

La veille de son meurtre, la victime avait posté sur Facebook « Le diable et la mort sont devenus amis avec moi. Brillant dans l’obscurité “.

Carlos El, l’assassin de Marcos Correa.

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Ce culte satanique a minima régional semble jouer le même rôle que les réseaux pédocriminels en général : couvrir, faciliter des trafics et entretenir un système de corruption.

Le fait qu’il soit très répandu dans la population le rend très pratique pour agir sous couverture : on trouvera toujours un groupe de dingues pour faire la sale besogne au nom d’un culte délirant.

En attendant, il y a des victimes, des enfants, et des familles qui obtiennent rarement justice.

Ces affaires montrent encore une fois la généralisation d’un système de corruption basé sur la pédocriminalité de réseau et le satanisme, avec ses variantes locales.

Un système dans lequel ont lieu les connexions entre les mafias et les milieux de pouvoir.

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1 Les premiers policiers mis sur l’enquête, a priori honnêtes, avaient demandé à Moreno une protection politique pour poursuivre l’enquête en raison de la proximité entre le secrétaire à la sécurité de la Province David Pato, le sénateur Zamora et le gouverneur Claudia Ledesma Abdala.

2 Mais sa demande a été refusée en haut lieu de manière unanime : le secrétaire à la sécurité, David Marcelo Pato, le ministre de la justice, Ricardo Daives, et même par la gouverneure Claudia Ledesma et le sénateur Gerardo Zamora ont laissé Céliz en place et activé la procédure contre Moreno.

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