Les réseaux pédocriminels n’existent pas | Round 46 | Réseau Dutroux

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Le Réseau Dutroux
L’affaire Dutroux débute par la découverte près de Charleroi en Belgique, le samedi 17 aout 1996, des corps de deux fillettes de huit ans, Julie Lejeune et Mélissa Russo, enlevées quatorze mois plus tôt.

Le podcast complet de cet article est téléchargeable ci-dessous (clic-droit puis “enregistrer la cible du lien sous”) ou à retrouver sur notre chaine Youtube.

Podcast – Réseau Dutroux Partie 1 (60′)

Podcast – Réseau Dutroux Partie 2 (60′)

Podcast – Réseau Dutroux Partie 3 (60′)

Podcast – Réseau Dutroux Partie 4 (60′)

Podcast – Réseau Dutroux Partie 5 (70′)

 

Marc Dutroux

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Marc Dutroux, né 1956 en Belgique, est un électricien de profession.

En 1979, il est condamné à une peine d’un mois d’emprisonnement pour vol, puis en 1988, à quatre mois de prison pour recel.

Le 4 février 1986, Marc Dutroux et Michelle Martin (sa compagne) sont emprisonnés, ils sont accusés de séquestrations, d’enlèvements et de viols de mineures de moins de 16 ans commis entre 1983 et 1985.

Michelle Martin

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Michelle Martin est libérée en avril 1986, mais Marc Dutroux reste incarcéré.

En avril 1989, ils sont condamnés à respectivement 13 ans et demi et 5 ans de prison.

En août 1991, Michelle Martin est libérée, puis en avril 1992, Marc Dutroux sort de prison en bénéficiant d’une libération conditionnelle, même si le procureur et les psychiatres s’y sont opposés.

En novembre 1992, il est accusé d’attouchements sexuels sur des jeunes filles à la patinoire de Charleroi.

Interrogé par la Police communale, il est aussitôt relâché sans être inquiété.

En août 1996, il est arrêté avec Michelle Martin et deux complices dans ce qui est appelé «l’affaire Dutroux».

Accusé de viol et de meurtre sur des enfants et de jeunes adolescentes, cette affaire connaît un retentissement international.

Elle met également en exergue les dysfonctionnements de la Justice et de la Police belge de par le passé de Marc Dutroux.

En avril 1998, ce dernier parvient à s’évader pendant son transfert au palais de justice de Neufchâteau ; il est rattrapé quelques heures plus tard dans les bois de Chiny.

Ce nouvel incident provoque une vague d’indignation en Belgique, ce qui contraint deux ministres à démissionner.

Le 17 juin 2004, Marc Dutroux est condamné à l’emprisonnement à perpétuité pour cinq assassinats, pour être le chef d’une association de malfaiteurs impliquée dans des enlèvements d’enfants, de séquestrations, de viols avec torture et de trafic de drogue.

En 2012, emprisonné à la prison de Nivelles, Dutroux demande à pouvoir purger sa peine à l’extérieur de la prison sous la surveillance d’un bracelet électronique, ce qui lui est refusé.

Le 28 août 2012, Michelle Martin est libérée.

Elle sera reçue dans le couvent des sœurs Clarisses à Malonne (parmi les conditions de sa libération conditionnelle, elle devra éviter tout contact avec les médias).

En avril 2015, elle est hébergée par l’ancien juge Christian Panier.


L’Affaire Dutroux

Les victimes (connues)

Julie et Melissa

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Julie Lejeune, huit ans et demi, et Mélissa Russo, neuf ans, disparaissent à Grâce-Hollogne le 24 juin 1995.

Leurs corps seront retrouvés à quatre mètres de profondeur à Sars-la-Buissière le 18 août 1996 ; elles seraient mortes le 24 mars 1996 et auraient été enterrées le 27 mars 1996.

Les démarches inlassables de leurs parents pour les retrouver et la mobilisation des médias avaient fait connaître leurs noms et visages au public bien avant la découverte de Marc Dutroux, leur ravisseur.

Ainsi, quand l’affaire Dutroux éclate, la société belge est ébranlée par le sort subi par les victimes.

Des manifestations de citoyens, appelées «marches blanches», font alors prendre conscience aux politiciens et aux forces de police des erreurs commises durant l’enquête, ce qui a plusieurs conséquences :

  • une commission parlementaire entend des centaines de témoins pendant des mois, en direct, devant les caméras de la télévision ;
  • la police et la gendarmerie sont fusionnées et leur mode de fonctionnement est réformé ;
  • des institutions nouvelles voient le jour, afin d’améliorer la prise en compte des disparitions inquiétantes et mieux observer le droit des victimes ;
  • à partir de l’association Child Focus, créée par des parents des victimes avec l’aide de l’État, des structures internationales sont mises en place pour améliorer les moyens de recherche des enfants disparus.

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An et Eefje

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An Marchal et Eefje Lambrecks, âgées respectivement de dix-sept et dix-neuf ans, sont enlevées ensemble le 23 août 1995 dans la région d’Ostende, alors qu’elles sortaient d’une soirée entre amis et rentraient en tramway.

On retrouvera leurs corps le 3 septembre 1996 sous le hangar du jardin d’un complice de Dutroux, à Jumet, à 2,50 mètres sous terre.

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Sabine Dardenne

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C’est le 28 mai 1996 dans la matinée, alors qu’elle se rendait à l’école à vélo, que Sabine, douze ans, disparaît dans la région de Tournai.

Le 15 août 1996, Marc Dutroux avoue aux enquêteurs, alors à la recherche de Laëtitia Delhez, qu’il détient aussi dans sa cave cette autre petite disparue.

Sabine sera délivrée en même temps que Laëtitia et racontera aux enquêteurs les circonstances de son enlèvement et les quelque douze semaines de séquestration qu’elle a passées dans la maison de Dutroux, principalement dans la cache située dans la cave.

Sabine décrit comment, dès le lendemain de son arrivée à Marcinelle, Dutroux se serait employé, avec l’aide de

Michel Lelièvre, à lui faire comprendre que ni ses parents ni la police ne cherchaient à la délivrer en payant une rançon, mais que lui était là pour la protéger contre le «chef» qui voulait la liquider.

Elle écrira plusieurs lettres, jamais envoyées, à ses parents et sa famille dans lesquelles elle raconte son sentiment d’abandon et de culpabilité.

Son témoignage sera étayé au moyen d’un carnet dans lequel elle a consigné scrupuleusement tous les événements qu’elle a vécus durant cette période : ses conditions de vie, les viols, le conditionnement et les privations qu’elle a subis de la part de son geôlier.

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Laëtitia Delhez

Laëtitia Delhez

Le 9 août 1996, en début de soirée, Laëtitia, quatorze ans, est enlevée à sa sortie de la piscine de Bertrix par Marc Dutroux et Michel Lelièvre.

Selon leurs propres déclarations, ils se seraient rendus tous deux à Bertrix dans le but d’enlever une jeune fille si l’occasion s’en présentait.

Après l’avoir kidnappée, Dutroux l’aurait droguée et violée à trois reprises.

Laëtitia a été enfermée dans la cache de Marcinelle, avec Sabine, pour n’en être délivrée que quelques jours plus tard par les enquêteurs du juge Connerotte.

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Bernard Weinstein

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À la mi-novembre 1995, le Français Bernard Weinstein, complice de Dutroux dans plusieurs affaires de vol de voiture et de séquestration de personnes, disparaît.

Sur les indications précises de Marc Dutroux, le corps de Weinstein est retrouvé enterré au même endroit que ceux de Julie et Mélissa, dans la propriété que Dutroux possède à Sars-la-Buissière, le 18 août 1996.

Il semble que Dutroux ait voulu se débarrasser d’un témoin gênant en la personne de Weinstein, lequel devait être activement recherché pour des faits commis avec Dutroux quelques jours avant sa disparition.

Un témoin d’autant plus compromettant pour Dutroux dans les enlèvements de Julie, Mélissa, An et Eefje.

Michelle Martin donne une autre explication : en fait, Dutroux aurait voulu s’emparer d’une somme de plus de 500 000 FB (environ 12 000€) que Weinstein avait reçue de sa mère.

L’autopsie réalisée en août 1996 met en avant des traces d’inhalation de terre au niveau de la trachée et des bronches permettant de confirmer que Bernard Weinstein a été enterré vivant après avoir été torturé.


b) Les Propriétés de Dutroux

  • Maison de Sars-la-Buissière, 43 de la rue de Rubignies, à vingt kilomètres de Charleroi.

Dissimulée derrière les habitations voisines et à l’abri des regards indiscrets.

C’est dans le jardin de celle-ci qu’ont été retrouvés les corps de Julie Lejeune et Mélissa Russo

  • Maison de Marcinelle , avenue de Philippeville où Julie et Melissa ont été sequéstrée.


c) Le procès Dutroux

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1996
– 13 août: Marc Dutroux, un ancien électricien au chômage de 39 ans, Michelle Martin, 36 ans, et un marginal, Michel Lelièvre, sont arrêtés dans le cadre de l’enquête sur la disparition de Laetitia.
– 15 août 1996: Les aveux de Dutroux permettent de découvrir Laetitia et Sabine emmurées vivantes dans la cache d’une maison lui appartenant à Marcinelle, dans la banlieue sud de Charleroi.
Arrestation de l’escroc bruxellois Michel Nihoul, soupçonné de complicité avec Dutroux.
– 17 août 1996: Découverte dans la résidence principale de Dutroux à Sars-La-Buissière, des corps de Julie et Melissa, mortes de faim.juge-jean-marc-connerotte-5669903
– 18 août 1996: Dutroux et Lelièvre avouent l’enlèvement d’An et Eefje.
– 3 septembre 1996: La police belge exhume d’une troisième propriété de Dutroux les restes des deux adolescentes flamandes.
– 25 septembre 1996: Marc Dutroux est inculpé pour l’assassinat de son complice Bernard Weinstein.
– 14 octobre 1996: Dessaisissement du juge Jean-Marc Connerotte, qui avait mis en avant l’hypothèse d’un éventuel réseau pédophile ayant bénéficié de protections.
1997
– 15 avril 1997: Une commission d’enquête du Parlement relève des irrégularités judiciaires et policières dans les enquêtes sur les disparitions d’enfants.
– 6 mai 1997: la commission d’enquête examine l’éventuelle protection de Dutroux par des personnalités importantes.
– 23 novembre 1997: des documents de l’affaire Dutroux sont volés de la voiture d’un policier bruxellois.
1998-1999
– 17 février 1998: La commission établit cependant que Dutroux n’a pas bénéficié de protections au plus haut niveau de l’État.
– 18 février 1998: une réforme de la police est décidée.
– 19 février 1998: le Premier ministre Jean-Luc Dehaene refuse de démissionner à cause de l’affaire Dutroux.
– 23 avril 1998: Dutroux s’échappe du Palais de justice de Neufchâteau.
Il est arrêté quelques heures plus tard.
Démission des ministres de l’Intérieur et de la Justice Johan Vande Lanotte et Stefaan De Clerck.
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– 28 avril 1999 : une motion de censure contre le gouvernement échoue.
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2000-2004
– 14 juillet 2000: le procureur en charge de l’affaire, Hubert Massa, se suicide.
– 19 juin 2001: Dutroux est condamné à cinq ans de prison pour son évasion.
– 22 janvier 2003: dans une interview, Dutroux nie les quatre assassinats.
Il suggère l’existence d’un réseau pédophile impliquant les plus hautes personnalités du royaume, provoquant un nouveau scandale.
– 30 avril 2004: La justice ordonne le renvoi aux assises de Dutroux, Martin et Lelièvre. Elle crée la surprise et relance la thèse du réseau en ordonnant également le renvoi de Michel Nihoul.
– 1er mars 2004: Ouverture du procès Dutroux devant la cour d’assises d’Arlon.
– 14 juin 2004: le jury se retire pour délibérer sur la culpabilité des quatre accusés.
– 17 juin 2004: Le jury populaire de la cour d’assises d’Arlon déclare Dutroux coupable de l’enlèvement, la séquestration et le viol entre juin 1995 et août 1996 de six fillettes et adolescentes belges. Il le déclare également coupable de l’assassinat d’An et Eefje et responsable de la mort de Julie et Melissa. Michel Lelièvre et Michelle Martin sont reconnus coupables respectivement des enlèvements et des séquestrations. Le jury ne parvient pas en revanche à trancher la question de la responsabilité de Michel Nihoul dans les rapts d’enfants imputés à Marc Dutroux. Il est acquitté par les magistrats de la cour d’assises en tant qu’auteur de rapts d’enfants mais le président de la cour d’assises ordonne une nouvelle délibération des jurés sur sa complicité dans les enlèvements.
– 22 juin 2004 : Marc Dutroux est condamné à la prison à perpétuité pour l’enlèvement, la séquestration et le viol de six jeunes filles en 1995 et 1996, ainsi que l’assassinat de deux de ses victimes et d’un de ses anciens complices. Michelle Martin et Michel Lelièvre écopent respectivement de 30 et 25 ans de réclusion criminelle. Michel Nihoul est condamné à cinq ans de prison pour trafic de drogue et d’êtres humains.

d) Les Failles du système Juridico-Policier

Dutroux récidiviste:

Arrêté en 1986 et condamné à treize ans de prison pour cinq enlèvements et viols de filles âgées de 11 à 19 ans, le pédophile est libéré dès avril 1992, contre l’avis du procureur et des psychiatres.

Aucun suivi n’est ensuite assuré.

Pire : arrêté en novembre 92 pour des attouchements sexuels sur une fillette, il est immédiatement relâché, sans être inquiété.

Guerre des polices, enquêtes bâclées :

La police d’une part, la gendarmerie de l’autre, les juges d’instruction au milieu : les différentes enquêtes sont éparpillées, dans un contexte de restructuration du système judiciaire où chacun essaye de tirer la couverture à soi.

Résultat : chaque service garde jalousement ses informations.

Les gendarmes chargés de l’enquête “Julie-Mélissa” sont ainsi sur la piste de Dutroux dès juillet 1995.

L’opération, secrète, est baptisée “Othello“.

Ils surveillent les maisons de leur suspect et profitent même de son incarcération dans l’affaire de trafic de camions pour prétexter une perquisition.

Le 12 décembre, ils fouillent la cave où sont enfermées Julie et Mélissa, sans dénicher la cache.

Il faudra attendre l’arrestation de Dutroux pour que le dossier soit centralisé à Neufchâteau.

Tous ces dysfonctionnements seront déballés au grand jour début 1997 lors des débats de la commission d’enquête parlementaire, spécialement créée pour l’occasion par le roi Albert II.

Les audiences seront retransmises pendant deux mois en direct à la télévision.

Mi-octobre 1996, le juge Connerotte participe à un “souper-spaghetti” de soutien à Sabine et Laetitia.

Il est aussitôt dessaisi pour partialité.

La décision révolte les Belges alors que grandissent les premières rumeurs sur un réseau de pédophilie géré par des notables.

Le 20 octobre, la “Marche Blanche”, en présence de Sabine et Laetitia, réunit entre 300 000 et 350 000 personnes à Bruxelles.

Les participants y manifestent aussi bien leur soutien aux victimes d’actes de pédophilie que leur rejet du système judiciaire.

Et se remémorent la phrase lâchée par le procureur Bourlet en août :

“J’irai jusqu’au bout si on me laisse faire”.

L’affaire Dutroux devient une affaire “d’État”.


e) Un réseau

Dutroux agit-il pour le compte d’un réseau de pédophilie dirigé par des “puissants” ou est-il un “prédateur isolé”?

Les partisans des deux thèses, baptisés “croyants” et “incroyants”, s’opposent fermement sur le sujet.

Pour les premiers, c’est la seule manière d’expliquer la première libération de Dutroux, les errements et les oublis de l’enquête ou bien encore son évasion.

Pour les seconds, il ne s’agit que d’une rumeur non fondée, ce à quoi conclut la commission d’enquête parlementaire.

Un homme attire néanmoins tous les regards : Michel Nihoul.

Cet homme d’affaires sulfureux, aujourd’hui âgé de 62 ans, gravite dans le gotha bruxellois et organise, selon ses propres termes, des “partouzes” pour les personnalités.

Son lien avec l’affaire?

Il a passé de nombreux coups de téléphone à Marc Dutroux avant et après l’enlèvement de Laetitia.

Selon lui, c’était en vue de faire réparer sa voiture.

Pour les “croyants”, Marc Dutroux agissait sur ses ordres après les “commandes” de clients.

Il devait ensuite “préparer” les filles et les remettre à Nihoul.

Au total, le dossier fait 400 000 pages, l’acte d’accusation 72 et plus de 450 témoins devraient être entendus.

Les différentes cellules d’enquête qui ont opéré dans l’affaire Dutroux, les dossiers connexes et les différents dossiers d’enfants disparus ont presque toujours fermé des portes plutôt que de les ouvrir, soit par incrédulité, soit par paresse, soit par bêtise, soit pour des raisons que l’on n’ose pas imaginer, à savoir la protection de certains personnages.


f) Les témoins X

À la suite de l’arrestation de Dutroux le 12 août 1996, les fameux témoins X, se présentent auprès des gendarmes de la cellule d’enquête de Neufchâteau, spécialement constituée pour enquêter sur le dossier Dutroux (suite à l’enlèvement de Laetitia Delhez ) et tous les dossiers connexes.

Alors qu’en  août 1996, le juge d’instruction Jean-Marc Connerotte tente de suivre la piste des réseaux. Il est licencié et remplacé par un débutant.

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Le juge Jacques Langlois, qui reprend donc l’instruction, ne semble pas empressé de prendre ce dossier “Bis”.

Celui-ci -celui des réseaux-  a été volontairement écarté du procès Dutroux.

Pourtant ce dossier “Bis” laisse entendre que des hommes puissants, situés à la tête de l’état, voir dans la famille royale belge, que des industriels et des hommes d’affaire du plus haut niveau, que des hommes politiques d’envergure, des magistrats, des gendarmes etc. sont les clients, les consommateurs ou les chefs de ces réseaux.

Qu’il s’agit même en quelque sorte d’un mode de vie dans lequel on est initié, un peu comme on peut l’être dans une société secrète, et où on obéit à une incontournable et mortelle loi du silence…

Il s’agit d’une initiation à des pratiques sexuelles hyper violentes, à des meurtres, à de l’anthropophagie, de la coprophagie, de la zoophilie, à de la toxicomanie, à des chasses à l’homme, bref à tout ce qui finit par incarner le mal absolu comme si le mal absolu ou le bien absolu n’était qu’une même chose, les revers d’une même médaille, celle du pouvoir.

Ces témoins X dépeignent donc une Belgique gangrenée par ces pratiques où chaque acteur acquiert du pouvoir dans la mesure où il possède des informations compromettantes sur ses collègues.

Quant à Dutroux, on peut dire qu’il est impliqué dans cet aspect du dossier de façon très indirecte.

Il ne serait que l’un des fournisseurs,  tardif, dans la mesure où ces réseaux existent depuis longtemps (au moins depuis les années 50 et 60 selon un des témoins X).

Michel Nihoul, autre inculpé dans l’affaire Dutroux est plus volontiers cité par les témoins X, on peut même dire que c’est son passage en tant que suspect puis inculpé devant tous les écrans de télévision des foyers belges qui a suscité ces vocations à témoigner et à dénoncer ces réseaux.

 

Actualisation:

Affaire Dutroux: il y avait d’autres caches

Je reviens brièvement sur l’affaire Dutroux, pour laquelle les dossiers bis concernant le réseau vont arriver à prescription.

Il faut savoir que d’après la version officielle, Dutroux, Martin et Leliève étaient des “prédateurs isolés”, et Nihoul n’est tombé que pour avoir fourni de l’ecstazy à Lelièvre, sans aucune raison.

Il n’y a pas de réseau, d’ailleurs les réseaux pédophiles n’existent pas en Belgique: depuis l’affaire Dutroux, plus aucun média ne parle de réseau pédophile, alors que c’était le cas avant.

Dutroux, c’est l’Outreau français, la tombe des enfants victimes.

Si Dutroux est un prédateur isolé, pourquoi y avait-il d’autres caches dans le réseau?

Par exemple le PV n°2721/96 du 26 septembre 1996 évoque une perquisition effectuée chez un certain Patrice Charbonnier à Courcelles, perquisition au cours de laquelle les policiers ont trouvé deux caches aménagées.

C’est dans une cavité de ce type qu’on a retrouvé in extremis Sabrina Daerdenne et Laetitia Delhez, deux des victimes de Dutroux, dans sa maison de Marcinelle.

Ledit Charbonnier était en taule pour avoir braqué un camion de convoyage de fonds à l’arme lourde, quand la perquisition a été effectuée.

On nous a dit que c’est le modèle de cache créé par Charbonnier qui a “inspiré Dutroux” (on notera aussi que pour Le Soir, deux caches deviennent une cache).

De fait, les deux se connaissaient depuis un bon moment, via divers trafics dans la région de Charleroi, suite à leur rencontre en prison en 1986 (Dutroux y était pour avoir enlevé et violé des adolescentes).

Et quid de cette autre cache, mentionnée par Michèle Martin lors d’une audition à propos de son grand ami Claude Thirault?

Thirault, nous explique Martin, lui a parlé d’une cache qu’aurait aménagé la “bande de Courcelles”, cela pour

” y dissimuler des filles, jeunes, avant de les expédier à l’étranger.

Je me souviens qu’il m’avait parlé du Maroc notamment comme pays destinataire.

Quand il a parlé de cette bande de Courcelles il m’a bien dit que son “chef” était un gros qui trafiquait aussi dans le trafic des voitures volées de grosse cylindrée “.

Accessoirement, Thirault était un indic de la police de Charleroi, dont certains éléments fricotaient de près avec le trafic de voiture, à l’instar de Georges Zicot, qui s’est aussi retrouvé dans l’enquête sur Dutroux.

D’ailleurs, c’est Thirault qui a averti les gendarmes que Dutroux avait aménagé une cache dans sa maison de Marcinelle pour “y loger des enfants en attente d’être expédiées à l’étranger“, ce qui a entraîné la découverte de Sabine et Laëtitia dans la cache.

Au sujet de Thirault, Dutroux a écrit dans une lettre à un avocat partie dans une autre affaire de jeune fille tuée, Laurence Mathues, que

“ce personnage a commencé par bénéficier des plus hautes protections judiciaires dans les juridictions du Hainaut.

C’est de cette façon que lui et ses très nombreux complices ont évité d’être condamnés pour les très nombreux vols connus, qu’ils ont commis dans les années 1990 à 1993, notamment”.

“En 1993, Thirault Claude s’était lui-même vanté, alors en présence de mon épouse et de moi-même, qu’il était utilisé par l’Allemand dans un réseau qui séquestrait des enfants à la corse, notamment dans un tunnel…

Informations qui ont initié les fouilles au charbonnage de Jumet (fouilles reprises ensuite à cause de Raemaekers et Cie).», ou encore:

«Qui est le blond venu avec mon épouse à Marcinelle?

Bref, tout concorde pour être interpellé par les activités et les complicités de Thirault Claude, y compris pour ce qui est arrivée à Laurence Mathues».

En gros: Dutroux accusait Thirault (y compris d’être très proche de sa femme Michèle Martin) et réciproquement.

L’ancien ministre

Il y a aussi tous ces témoignages (au moins une dizaine) à propos de l’ancien ministre Jean-Pierre G., ami de Di Rupo, et de ses sorties dans les boites de Liège, Mons ou Bruxelles, si possible homos.

Un témoin explique qu’il visait les jeunes (une quinzaine d’années) qu’il voulait avec un point rouge lumineux, et qu’on les lui amenait.

Un autre explique que le ministre “possédait un album photo avec toutes les personnes avec lesquelles il a eu des relations sexuelles“.

Un troisième parle d’une affaire de pédophilie concernant G. a été étouffée et qu’un jeune s’est suicidé “suite à cette affaire”.

Elle peut retrouver le nom du jeune.

Un autre encore évoque ses “protections”, ce qui n’a pas empêché G. de devoir démissionner en 1996 suite à des accusations de pédophilie.

Un autre témoin explique que l’un de ses amis a eu à faire il y a quelques années avec G. quand il avait 15 ans et fuguait régulièrement.

Au cours de ces fugues il faisait des conneries, et pour les faire oublier

« il lui suffisait de passer deux nuits avec Mr G. et il n’était plus inquiété ».

Un autre témoin qui a appelé la ligne ouverte par le juge en charge de l’enquête au début (et qui a été viré parce qu’il risquait de faire son travail) a déclaré que G. l’a saoulé dans plusieurs bistrots de Liège et l’aurait ensuite violé.

G. se serait aussi rendu à plusieurs reprises au home Vert Bois pour aller y chercher des jeunes.

Autre témoignage: une femme qui faisait partie du monde politique était alors pensionnée.

Elle disait avoir appris de source sûre que dans le centre de placement la “MOHINETTE” à Dolembreux, on venait chercher des enfants le soir et on les ramenait le lendemain matin dans la voiture de G.

La dame a dit cela à la gendarmerie, qui n’a rien fait.

Plusieurs témoins parlent de ses liens avec Nihoul, mais pensez-vous que les flics l’ont interrogé?

Bien-sûr que non.

G. a même été blanchi de toutes les accusations de pédophilie, qui, certes, faisaient tâche tant elles étaient persistantes et concordantes.

Pour cela, on s’est concentré sur deux témoignages qui dont leurs auteurs ont été décrédibilisés, une bonne vieille technique.

Et finalement, on a dit que tout cela n’était qu’une “effrayante machination” contre les deux ministres, dont l’un est aujourd’hui le premier ministre belge.

Di Rupo avait aussi été mis en cause à l’époque, ainsi que nous l’explique en 1996 le quotidien Libération:

“La demande de mise en accusation par la justice belge du vice-Premier ministre fédéral, Elio Di Rupo, et du ministre de l’Enseignement de la communauté francophone, Jean-Pierre Grafé, pour faits de pédophilie éveille désormais, dans une Belgique déjà déstabilisée par les scandales, le fantôme d’une crise de régime”.

Les contacts du bordel

Autre anecdote piquante qu’on trouve dans le dossier: la liste des appels reçus ou passés par un bordel fort connu à Bruxelles à l’époque, qui appartenait à la “madame Claude” belge.

Un bordel dans lequel, d’après un témoin, des mineures en fugue étaient violées, fréquenté par des politiques, des “stars”, des médecins, des avocats et magistrats…

La patronne envoyait aussi des filles chez le gratin.

Ainsi, on apprend que l’ONE (Office des naissances et de l’enfance), l’hôpital Erasme, les ambassades des États-Unis et du Maroc, l’APEPA (Association Pour l’Épanouissement des Personnes Autistes), de la FSC (Fédération des Scouts Catholiques), de l’Institut Royal des Sourds et Muets, de l’Adeps (Organisation de l’État qui s’occupe du développement du sport chez les jeunes)… font partie des contacts de ce bordel “hipe”, ainsi que le rappelait l’ancien policier Marc Toussaint.

La liste complète, de fait, des appelant de l’Institut Bizaar, est impressionnante:

Relevé des appels, qui ont été limité à la région de BRUXELLES (sans raison) :

– Ministère de la DEFENSE

– Ministère de l’INTERIEUR

– Ministère des FINANCES

– Ministère de la Région BRUXELLES CAPITALE

– Ministère de la Communauté FLAMANDE

– Administration communale de MOLENBEEK

– Commission des AFFAIRES EUROPEENNES

– Parlement de l’UNION EUROPEENNE

– Ambassade des ETATS UNIS

– Ambassade du MAROC

– Ambassade de SAINT MARIN

–  Gendarmerie de BRUXELLES 1000

– Police de BRUXELLES 1000

– Et des avocats, médecins, un journaliste

– Des entreprises (RTBF, SNCB…)

– Association de Parents pour l’Epanouissement des Personnes Autistes (APEPA)

– Office de Naissance et de l’Enfance (ONE)

– Fédération des Scouts Catholiques (FSC)

–  ADEPS

– Protection de l’enfance et de la jeunesse de Flandre.

– Institut Royal pour Sourds et Aveugles (IRSA)

– IMP du Prince d’Orange.

Pourtant la gendarmerie a mis huit mois pour conclure qu’il n’y avait dans ces listings aucun ” élément exploitable “, et on a limité la recherche des appels à la zone de Bruxelles.

L’institut Bizaar était financé entre autres par Patrick Haemers, braqueur soupçonné d’avoir participé aux tueries du Brabant et qui est mort en prison en 1993, par suicide paraît-il.

Comme son père, il a trainé dans les mêmes boites à partouzes que Nihoul et le gratin habituel.

En dehors de cela, plusieurs personnes gravitant dans le milieu pédocriminel trainaient aussi à l’Intitut Bizaar, dont des proches de Phillipe Cryns, le patron du Mirano dans lequel des partouzes pédophiles avaient carrément lieu, comme on va le voir plus bas.

Cryns était aussi proche de Nihoul, mais le monde des partouzes bruxellois est, il est vrai, tout petit, et il allait chercher des mineurs qui se prostituaient à la place Fontainas à Bruxelles, pour les faire tapiner au Mirano.

L’un des témoins X de l’affaire Dutroux, qui avait commencé à être violé lorsqu’il était placé au home Vrij & Vrolijke, a dit que Cryns le prostituait au Mirano alors qu’il était encore mineur.

Au sujet du témoignage de VM1 (Tino), Marc Toussaint écrit:

“Tino a été placé dans des homes de l’O.N.E. par le juge de la jeunesse Blondeel lorsqu’il avait neuf ans.

Il a d’abord résidé dans un établissement de Mont-Saint-Guibert, et ensuite dans un autre à Braschaat.

Il raconte que le directeur de ces homes venait le chercher pour l’emmener dans de grosses villas isolées où il était, avec d’autres enfants, victime d’abus sexuels lors de partouzes.

Il dit avoir assisté à des viols, en avoir été lui-même victime, avoir vu des actes de mutilation et de torture sur des enfants, et avoir assisté à la mise à mort de certaines victimes”.

En 1985, Cryns a créé la SA Parc Savoy, avec de grandes pointures du secteur immobilier et de l’entourage direct de l’ancien premier ministre Paul Vanden Boeynants, cité comme un tortionnaire par plusieurs témoins de l’affaire Dutroux.

Parmi eux, Charly De Pauw, affairiste notoire et accusé d’être un pédophile par plusieurs témoins lui aussi.

Il est apparu que cette société, qui avait pour but d’exploiter des bars et des restaurants et d’organiser ” des réunions culturelles et sociales “, était liée au très influent Cercle des Nations.

Ce club privé comptait parmi ses quatre-vingt-un membres fondateurs de nombreux nobles, hommes d’affaires, banquiers, diplomates et politiciens, dont certains noms sont cités par les témoins X.

 

Quelques documents intéressants

Audition de Marcel Vervloesem en avril 2001 : Sur la crèche d’Amsterdam transformée en studio de “bébé porno”.

Et comme par hasard, dans la même rue mais au n°47 au lieu du n°111, rue Admiraal de Ruyterweg, 10 ans après, on a trouvé cette affaire de bébés violés et filmés à la crèche.

Certes, seul un employé de ces crèches a porté le chapeau, mais tout de même.

Plusieurs crèches auraient été touchées, du coup, et 64 bébés.

Le document évoque aussi la présence probable de Dutroux dans un bar sado maso d’Amsterdam tenu par un ancien GI.

Vervloesem parle aussi d’un certain Ronald Janssen, qui a fait la Une des médias en 2010, après qu’il ait massacré un couple de jeunes voisins, après avoir torturé et tué une ado de 18 ans en 2007.

Il est aussi soupçonné d’une vingtaine de viols, mais n’a avoué que cinq, commis entre 2001 et 2010.

On a aussi rouvert un vieux dossier de disparition d’enfants, datant de 1994, lors de l’enquête sur Janssen (celui de Kim et Ken Heyrman).

Janssen était “considéré par beaucoup comme un instituteur modèle, un homme jovial, sincère et responsable“, nous dit le média belge 7 sur 7.

Janssen passe pour un tueur en série psychopathe.

Et isolé, bien sûr.

Vervloesem disait justement que Janssen apparaissait sur des photos figurant sur les fameux fichiers Zandvoort.

La déclaration fracassante de Nihoul: il a été piégé à table par un journaliste qui a enregistré la conversation.

Il y parle du “frère du Roi”, qui n’est autre que le roi actuel.

Sur d’autres enfants trafiqués par Lelièvre et Nihoul, le complice de Dutroux.

On notera que Carlo Todarello a aussi été mêlé à l’enquête sur l’assassinat du ministre André Cools en juillet 1991.

Ses déclarations en tant que co accusé ont beaucoup orienté les recherches de la Justice.

Bien sûr, Todarello s’est dit complètement surpris de cet assassinat, pour lequel il a quand-même pris 5 ans prison.

—————————

Ce ne sont ici que quelques éléments qui posent question, parmi une masse d’éléments troublants, qui tous contredisent la théorie du “prédateur isolé”.

Un bon résumé de l’affaire Dutroux, qui montre à quel point on a massacré la vérité et les victimes dans cette affaire, est trouvable ici.

Mais, je reviendrai vite sur cette affaire car contrairement à ce qu’on pourrait croire, elle est loin d’être finie et le réseau existe toujours, prompt à ruiner les victimes qui pourraient parler.

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Belgique: une affaire étouffée liée au réseau Dutroux

Revenons un peu sur une affaire connexe à l’affaire Dutroux.

Une histoire d’enfant enlevée et morte dans une malle, quelque part à Bruxelles, en 1992.

Une histoire étouffée comme il se doit, pour la simple et bonne raison qu’elle risquait de mouiller le gratin.

Là aussi, de nombreuses questions restent en suspens, et l’acharnement qui a été mis à ne pas investiguer convenablement ce dossier est impressionnant.

Le 5 août 1992, la petite Loubna Benaïssa, 9 ans, est enlevée pas loin de chez elle, alors qu’elle circulait rue Wéry à Bruxelles.

C’est un quartier du centre-ville où on trouvait à l’époque une boite échangiste appelée le Dolo, et dans laquelle se retrouvaient des types comme Michel Nihoul, Marc Dutroux, des membres de la bande de Patrick Haemers, quelques politiciens, des flics, des magistrats…

 

“Ratés” de l’enquête

C’est seulement en mars 1997 qu’on finit par trouver le corps de Loubna dans une malle, dans la cave de la station Q8.

Une station essence exploitée par le père Derochette, où travaillent ses fils Patrick et Thierry, au deuxième étage de laquelle se trouvait un bordel.

L’un des fils, Patrick, avait déjà été condamné en 1984 pour des faits de pédophilie : un employé de la station l’a surpris alors qu’il se trouvait dans la cave en compagnie d’un jeune garçon, nu et effrayé, une barre de fer à la main.

La victime a du rester huit jours à l’hôpital. Le jeune homme qui a trouvé Derochette dans la cave avec les enfants a déclaré qu’il était “prêt à tout pour s’en sortir”, et qu’il aurait probablement tué ses victimes pour ne pas être pris.

Ce n’était pas la première fois que Derochette passait à l’acte : à 18 ans à peine, il a commis son premier « attentat à la pudeur avec violences et menaces » dans la cave de la station service sur un gamin de 12 ans, puis l’année suivante, en 1983, il remet ça avec un autre garçon, de 9 ans.

Il n’est pas inquiété outre mesure, et recommence en février 1984, et frappe carrément l’enfant à coups de barre de fer.

Mais bizarrement, au lieu de faire 20 ans de prison, il a été déclaré “psychopathe dangereux”, et interné en hôpital psychiatrique durant 50 jours avant qu’on estime qu’il était guéri [1].

Toutes ces affaires avaient été instruites par le même juge, Dominique De Wolf.

Quand on retrouve le corps de Loubna dans sa cave, pareil : on décide finalement, après moult péripéties, qu’il est ” irresponsable” et doit être interné, mais cette fois-ci il est parti pour un internement sur une très longue durée.

On a appris lors de l’affaire Dutroux, que Dutroux et Nihoul venaient prendre de l’essence à la station Q8 tenue par le père de Derochette, et qui se trouvait pas loin du Dolo, le club à partouzes dans lequel on retrouvait un bon paquet de protagonistes de l’affaire Dutroux.

Pourtant, Patrick Derochette nie les avoir jamais vus.

Mais, il n’y a aucun lien entre eux bien-sûr.

Derochette et Dutroux ont aussi fréquenté la même piscine, le Poséidon.

“L’enquête a été négligée dès le début.

Aucun juge d’instruction n’a été nommé et le parquet de Bruxelles a attendu six jours avant de s’intéresser à l’affaire.

La police d’Ixelles a suivi trois pistes, dont celle menant à Patrick Derochette.

L’homme, mécanicien et pompiste dans la station-service de ses parents, avait été reconnu coupable de faits de mœurs sur des garçons mineurs en 1984, et brièvement interné.

Mais il avait fourni un alibi aux enquêteurs”, nous explique le journal 7 sur 7 du 3 août 2012.

En effet, au départ la disparition de la fillette de 9 ans a été considérée comme une fugue, si bien que les recherches n’ont commencé qu’au bout de six jours, alors qu’elle était déjà morte, nous dit-on dans la version officielle.

Si on avait dès le départ utilisé des chiens pisteurs, ils auraient retrouvé la petite fille vivante.

Dès 1992, un policier bruxellois a reçu une information selon laquelle on retrouverait le corps de la petite dans la cave d’un immeuble de la rue de Wéry.

Pas d’enquête à ce sujet.

Apparemment, la police de Bruxelles a fait pression pour que l’on ne fouille pas trop autour de la station service.

Le jour de l’enlèvement de Loubna, alors qu’elle passait dans la rue juste en face de la station essence Q8, une voisine a entendu crier depuis l’immeuble désaffecté longeant le trottoir.

Les cris étaient ceux d’une fillette qui répétait « Non je ne veux pas ! ».

Tout cela se passe juste en face du domicile d’un pédophile connu, qui a été attrapé pour plusieurs viols par le passé, mais comme Derochette a un alibi fourni par son frère qu’on ne vérifie pas, on n’approfondit pas cette piste.

En plus de cela, les dossiers concernant Derochette ont disparu du palais de justice de Bruxelles, parce qu’il est inscrit au nom de « Debrochette ».

Le 18 août 1992, soit 13 jours après l’enlèvement, une copine de classe de Loubna la voit dans un une Golf noire immatriculée FKE -080.

Dans la version officielle, Loubna est morte dans la malle où Derochette l’a laissée, après 2 ou 3 jours sans boire et sans manger [2].

Il se trouve qu’un membre de la famille de Derochette possédait une Golf verte immatriculée FHE-080, et il est très possible que les plaques aient été échangées pour transporter la fillette.

En tout cas, la version officielle, comme pour les petites Julie et Mélissa, victimes de Dutroux, nous dit que Loubna n’a jamais quitté la cave de la station service : elle serait restée dans la malle en acier et y serait morte de soif ou d’asphyxie dans les trois jours suivants.

Si on admet que Loubna a été baladée, notamment le 18 août, cela veut dire qu’elle n’est pas morte à la date que l’on nous a donnée, et cela veut aussi dire qu’elle a été amenée ailleurs : dans quel but Derochette aurait-il pris le risque de se déplacer avec une fillette recherchée dans toute la capitale ?

En 1997, c’est toutefois grâce à cette plaque qu’un enquêteur perspicace a remonté la piste de Derochette.

Le 4 octobre 1996, des perquisitions sont effectuées à la station service Q8 de la rue Wéry, mais les policiers ne vont pas dans la cave, où, pourtant, trois faits de pédophilie s’étaient déjà déroulés.

Cela rappelle un peu trop les perquisitions effectuées chez Dutroux alors que Julie et Mélissa étaient encore vivantes dans la cave, pourtant on ne les avait pas trouvées.

La perquisition à la station service avait été effectuée à la demande du parquet de Neufchâteau qui avait eu des informations selon lesquelles Derochette était en cheville avec Dutroux et Nihoul.

Pourtant, le parquet avait demandé de trouver tous les éléments se rapportant à d’éventuelles disparitions d’enfants.

Au total, les flics sont restés sur place 40 minutes [3] !

On a aussi appris, plus tard, que les parents de Patrick Derochette étaient parfaitement au courant que le corps d’un enfant se trouvait dans leur cave (ils lui avaient même demandé de virer la malle qui sentait mauvais), mais bizarrement ils n’ont pas été inquiétés pour cela.

Le parquet de Neufchâteau qui instruisait le dossier concernant la disparition de Loubna au départ a été vite dessaisi au profit du tribunal de Bruxelles, car, soi-disant, aucun lien n’avait été établi avec l’affaire Dutroux, dont Neufchâteau était chargé.

Ceci, alors que certains témoins n’avaient confiance que dans le tribunal de Neufchâteau, et dans le procureur Bourlet.

Très vite, la justice s’est orientée vers une inculpation de Derochette pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

On a vite décidé aussi qu’il était irresponsable de ses actes au moment où il a enlevé la fillette, ce qui était bien pratique pour éviter une instruction et un procès.

Derochette a aussi tenté d’assassiner plusieurs fois des membres de sa famille, par exemple en sabotant les freins de leurs véhicules, sans qu’il ne soit inquiété pour cela.

Les coloniaux

A Bruxelles, dans les années 60, de nombreux coloniaux sont revenus du Congo.

L’un de leurs QG était le club Le Stanley, dans lequel se déroulaient des partouzes.

Ce club était fréquenté par des politiques plutôt très à droite, des flics, des barbouzes, des criminels, des juges, et beaucoup de belges revenus du Congo…

Le patron, un certain Marcel Hofmans, cadre chez IBM [4], cherchait tout particulièrement à attirer des gens friqués dans son établissement.

Après deux ou trois partouzes, surtout si des mineurs étaient présents, ces gens qui étaient lui mangeaient dans la main.

L’avocate de Nihoul a travaillé au bar du Stanley quand elle était encore étudiante.

Selon un témoin, le père de Derochette, ancien colonial, traînait aussi au Stanley, tout comme le père de Dutroux, ou le père de Patrick Haemers, qui sont également des anciens coloniaux…

Patrick Haemers est ce braqueur très proche de l’extrême droite et des réseaux Gladio, et donc également très proche de l’affaire des tueries du Brabant.

A l’époque, dans les années 80, la Belgique traversait, comme la France, l’Allemagne ou l’Italie, ce qu’on a appelé des “années de plomb”, avec des attentats perpétrés par des groupsucules d’extrême droite liés aux réseaux de l’OTAN, mais très souvent attribués à l’extrême gauche.

Les tueries du Brabant ont été deux vagues de fusillades dans des supermarchés et autres lieux publics de la région bruxelloise, au cours desquels de petits mafieux aussi bien que des passants ont été massacrés, sans que la justice ne trouve les coupables.

Beaucoup pensent qu’il s’agissait d’une opération de déstabilisation menée par l’OTAN.

On sait en tout cas aujourd’hui que l’enquête sur ces attentats a été manipulée à plusieurs reprises, et que des protections des réseaux d’extrême droite ont été à l’œuvre.

C’est donc un peu ce milieu qui gravitait autour du Stanley.

Le Stanley a ouvert en 1969 et fermé au début des années 70, mais la clientèle s’est transférée ensuite dans un autre établissement, puis au Dolo, pas loin de la station Q8.

Le dénommé Hofmans faisait venir par avion privé  des cassettes vidéos pornos depuis la Suisse.

Un jour, l’avion s’est écrasé pas loin de Namur avec les cassettes.

“La police est intervenue, et tout le matériel pornographique a été saisi.

Le soir, Hofmans était cependant en possession de toutes les copies des films, grâce à l’intervention de personnes probablement importantes du milieu judiciaire de Namur”,

explique un témoin qui s’est rendu au Stanley depuis son ouverture, lors de son audition par la police, en 1996.

Lors des partouzes, Hofmans faisait venir des prostituées, Noires et Blanches, âgées de 16 à 20 ans.

Il se disait protégé par la police de Bruxelles.

Le club a ensuite déménagé en 1972, puis s’est retrouvé à Etterbeek, un quartier de l’est Bruxelles.

Ce témoin explique aussi qu’à l’époque, Hofmans, Nihoul et Dutroux vivaient à Etterbeek.

Un autre témoin, portier dans une boite de nuit fréquentée par la clique du Dolo, a déclaré que Derochette, mais aussi Dutroux étaient clients de cette boite, le New Inn.

Liens avec l’affaire Van Hees

Christine Van Hees est une adolescente bruxelloise de 16 ans tuée en 1984 dans des circonstances qui, officiellement, ne sont pas élucidées.

Après des années entre fausses pistes et stagnation, l’affaire a été prescrite cette année.

C’est ce qu’on a appelé “le meurtre de la champignonnière”, car c’est dans les caves d’une ancienne champignonnière en plein Bruxelles et pas loin du tout de la station de Derochette, que l’on a retrouvé le corps carbonisé de la jeune Christine van Hees.

Pendant longtemps, la justice s’est acharnée à vouloir impliquer une bande de punks dans ce meurtre, en vain.

Et cela, alors qu’en 1996, un des témoins X de l’affaire Dutroux, Regina Louf, a expliqué dans le détail comment s’est déroulé ce meurtre, et qui l’a commis.

Mais, malgré tous les recoupements et vérifications effectués, la justice a déclaré que Regina Louf était folle et que son témoignage devait être écarté.

Or, une amie de Christine Van Hees, Fabienne Kirby, avait fait un témoignage concordant avec celui de Régina Louf.

Elle a expliqué qu’avant sa mort, Christine traînait avec des gens louches amateurs de partouzes.

Elle a ajouté que Christine savait que si elle parlait de ce groupe, on l’a tuerait.

Kirby a aussi remarqué qu’au fil du temps, Christine allait moins bien, qu’elle perdait du poids, qu’elle avait des marques de cigarettes sur les bras…

Par les circonstances du hasard, il se trouve que Fabienne Kirby était aussi la petite amie d’un cousin de Derochette.

Des liens existent, en tout cas, entre Christine Van Hees et les réseaux de mercenaires proches de l’OTAN.

Moult étrangetés sont apparues dans ce dossier, tout comme dans l’affaire Dutroux ou l’affaire Derochette d’ailleurs.

Par exemple, le juge Van Espen, longtemps chargé du dossier, était aussi l’avocat d’Annie Bouty, compagne de Nihoul, ce qu’il a nié devant la presse.

Van Espen, notamment, a passé énormément de temps sur la piste des punks, qui trainaient dans le quartier et auraient assassiné l’adolescente.

Les autres meurtres

A l’époque, certains ont souligné l’existence de plusieurs meurtres ou disparitions d’enfants aux abords de la station Q8.

Un certain Alain Fauvage, qui a été bien introduit dans le milieu bruxellois, et qui a travaillé à ladite station Q8, compte 5 à 6 meurtres près de chez Derochette.

Parmi ces disparitions, il y a celle d’un jeune homme, qui habitait pas loin de chez Derochette et qui lui avait tapé dans l’œil, un certain Conrad Bosmans [5], dont on voit toujours l’avis de recherche sur le site de la police fédérale.

La mère de Conrad Bosmans, disparu en 1988, a déclaré qu’elle avait reconnu le jean que portait son fils parmi les nombreux vêtements retrouvés dans les maisons de Dutroux.

Mais un des complices de Dutroux, le toxico Michel Lelièvre, dit qu’en fait c’était son jean à lui.

Bien-sûr, on s’est gardé de faire les vérifications nécessaires pour savoir si ce jean était bien celui de Conrad Bosmans.

Il y avait aussi la petite Hanim Mazibas, enlevée en mars 1988 à la fête foraine de Schaerbeek, dans le nord de Bruxelles.

Un mois plus tard, une rançon de 1 million de Francs Belges (25.000 euros) a été réclamée à cette famille qui n’avait pas d’argent [6].

Le 5 avril, on retrouve son corps dans le canal, les pieds dans  des blocs de béton, juste derrière le dépôt de la station Q8 où personne n’a été fouillé à l’époque alors que l’endroit où a été retrouvé le corps était inaccessible en voiture, et qu’il était très probable qu’on l’ait jeté depuis les abords de ladite station.

L’autopsie a dit qu’elle n’avait pas subi de violences sexuelles (ce dont on peut douter quand un corps est repêché après un mois dans l’eau), et n’a pas permis de définir les causes de la mort.

L’enquête a été entachée de disputes au sein de la police, et finalement les suspects ont été relâchés et l’affaire a été classée sans suite.

Finalement, c’est la justice turque qui a mené des investigations, interrogeant les gens présents lors de l’enlèvement.

Mais la police belge n’avait pas voulu aider les turcs.

Les flics belges ont aussi fait la même chose que pour l’affaire Dutroux : une “relecture” du dossier qui a permis d’écarter tous les éléments gênants menant à la piste des réseaux pédophiles.

En l’occurrence, ils avaient conclu que l’affaire Mazibas n’avait rien à voir avec l’affaire Dutroux. Car, c’est bien connu : Dutroux est un prédateur isolé.

En 1985-1990, plusieurs enfants ont disparu de ce quartier où vivaient  de nombreux émigrés turcs.

Régina Louf, le témoin X1 [7] de l’affaire Dutroux, a évoqué un meurtre qui pourrait être celui d’Hanim Mazibas.

Parmi les clients fidèles de la station service des Derochette, il y avait un baron qui a été arrêté pour des actes pédophiles commis entre 1985 et 1991.

Hugues de Menten de Horne était un amateur de belles voitures, entretenues par les Derochette.

Le baron avait été dénoncé par une jeune femme de 19 ans, qui, entre 1985 et 1991, avait été violée par le suspect.

Elle était âgée de 8 ans lorsque les faits ont commencé, et elle en avait 14 quand les faits ont pris fin.

On n’a plus jamais entendu parler de cette histoire après l’arrestation.

Chez Derochette, on a aussi retrouvé des objets ayant appartenu à des enfants, notamment une tétine, alors qu’aucun enfant ne se promenait là.

Là non plus, aucune investigation poussée n’a été ordonnée.

On constate aussi que, comme avec l’affaire Dutroux, les policiers qui ont bien travaillé sur cette affaire, notamment celui qui a suivi la piste de la plaque d’immatriculation, ont été mis au placard pendant que leurs collègues qui ont planté l’affaire ont été gratifiés par des promotions.

Il se trouve aussi que certains policiers qui ont travaillé sur l’affaire Derochette ont du signer une clause de confidentialité à vie au sujet de cette affaire et de tout ce qui y est lié.

Il est donc très peu probable qu’on connaisse un jour tous les tenants et aboutissants du cas Derochette.

————————–

Il est évident que Derochette a été protégé depuis le début de ses actes pédophiles.

On a pu être surpris que Dutroux, après des viols avec séquestrations, ait été relâché bien avant la fin de sa peine, on s’étonne aussi des cinquante misérables jours d’internement de Derochette après plusieurs enlèvements d’enfants et agressions sexuelles.

Il est évident que si on a protégé Derochette, c’est surtout pour protéger ceux qui se trouvaient au-dessus de lui dans le réseau pédocriminel.

D’ailleurs, Derochette dit lui-même qu’il est heureux d’avoir été arrêté, et de ne plus pouvoir détruire des gamins.

S’il était resté en liberté, il y a fort à parier qu’il serait resté un homme de main du réseau, comme l’a été Dutroux.

Les mêmes personnalités que dans le dossier Dutroux sont citées, et les mêmes protections ont été à l’action.

 

[1] Cela a d’ailleurs posé question à l’un des experts auprès des tribunaux :

« La libération de Derochette me surprend.

Cet homme était à l’époque en tout cas un psychopathe pervers dangereux.

Je ne sais pas ce qui a joué.

Ce n’est pas du tout dans les habitudes de la commission de défense sociale d’agir à la légère ».

Cet expert s’étonne aussi que Derochette, exclusivement attiré par les garçons, se soit attaqué à Loubna Benaïssa ensuite.

[2] Il est encore impossible de dire quand est morte Loubna et surtout de quoi elle est morte.

Derochette avait commencé par dire qu’elle était morte parce qu’il l’avait poussée et qu’elle s’était cogné la tête, mais aucune trace n’a été repérée sur le crane de la petite fille.

La version officielle dit qu’elle est morte au bout de trois jours au maximum, dans la malle en acier, soit de soif, soit d’asphyxie.

[3] Les flics ont dit qu’on ne leur avait pas précisé ce qu’ils venaient chercher.

Ils auraient pu le demander avant d’y aller, mais de toute manière le motif était stipulé sur le mandat de perquisition signé par le juge.

Il s’agit donc de mauvaise foi.

[4] IBM à Bruxelles était un pied à terre de la CIA, qu’on retrouve aussi citée dans le dossier des tueries du Brabant.

[5] Il travaillait dans une station service concurrente un peu plus loin, et a été vu la dernière fois à quelques centaines de mètres de chez Derochette.

[6] L’auteur de cette lettre a  ensuite été disculpé de l’enlèvement.

[7] Les témoins de l’affaire Dutroux qui ont évoqué le réseau pédophile, des meurtres de jeunes filles et d’enfants, l’implication de magistrats, de flics, de la famille royale, ont été appelés X1, X2, X3 etc. afin de protéger leur anonymat.

Les-dossiers-X-Ce-que-la-Belgique-ne-devait-pas-savoir-sur-laffaire-Dutroux

Ce livre fourni encore de nombreux détails.

Ce qu’on connait moins, c’est l’aspect satanique des rituels et abus décrits par certaines victimes.

A l’époque de l’affaire Dutroux, l’attention s’était seulement focalisée sur une pseudo secte Abrasax, mais c’était probablement pour mieux étouffer toutes les futures allégations au sujet de cérémonies de type satanique.

On a dit que des enfants étaient sacrifiés à Satan par ce qui n’était qu’une asbl (asso loi 1901 belge), basée à Forchies la Marche près de Charleroi.

L’affaire dite Abrasax a vite été discréditée, et comme d’habitude on a jeté le bébé avec l’eau du bain et aujourd’hui encore la thèse officielle est qu’Abrasax n’était qu’une fumisterie.

Plusieurs témoins ont parlé de manière détaillée de cérémonies sataniques.

Par exemple, une femme de soixante ans interrogée en janvier 1997 a déclaré que toute sa vie, elle

« a été abusée par son père (un homme d’affaires très riche) et ses connaissances à l’occasion de fêtes sataniques »,

est-il écrit dans la synthèse de la cellule d’enquête.

Elle a fréquenté aussi d’autres victimes de sectes sataniques, et a remis tous les documents à la police qui n’a, évidemment, rien fait.

Dans ce cas, le lien entre réseau pédocriminel et satanisme est évident, puisque des enfants étaient enlevés et envoyés aux Pays Bas pour y tourner des films pédos.

On filait même des hormones aux enfants dès 9 ans pour favoriser le développement sexuel.

Dans une villa où des abus ont été commis, le grenier était aménagé en mausolée de secte nazie, et le siège de cette secte était à Zurich, à l’Hôtel du lac.

Des psys ont aussi eu à traiter des enfants victimes de pédocriminels et de satanistes à l’époque de l’enquête, en Belgique.

Ces enfants ont raconté la mise à mort d’autres enfants, qui venaient d’un orphelinat à côté, dont le directeur était complice.

Étrangement, le psy qui a raconté cela à la police de Namur a reçu des menaces directes d’un supérieur de cette même police de Namur…

Il faut dire que les enfants dénonçaient Melchior Wathelet (ministre de la justice de 1988 à 1995).

La liste des témoins directs de faits lors des cérémonies sataniques est longue, je vous invite à lire vous-même les 1.235 pages de synthèse (très synthétiques) de l’enquête de Neufchâteau, fort instructives.

Quant aux témoins X, en réalité une dizaine de témoins dont la moitié n’a été entendu qu’une seule fois, et encore, il a très vite été question de les décrédibiliser aussi.

On les a fait interroger par des flics hostiles qui déclaraient ne rien croire de ce qu’elles disaient.

Puis, en ce qui concerne X1 et ses 17 auditions, on a procédé à pas moins de trois « relectures » destinées à vider le témoignage de tout son sens, quitte à faire de mauvaises traductions et à mentir, alors que les enquêtes au sujet de ces éléments avaient été stoppées net.

D’ailleurs, celui qui était chargé de cette relecture était Baudouin Dernicourt, qui a bien freiné l’enquête.

Au final, on a traité tous ces témoins comme des fous et on n’a pas tenu compte de leurs témoignages.

Et toutes les personnes citées par des témoignages qui se recoupaient ont pu continuer leurs saletés en toute impunité.

Concrètement, on a remplacé les enquêteurs qui avaient mis ces témoins en confiance par Duterme devenu chef de la cellule d’enquête de Neufchâteau, et sa bande (Verhaegen, Dernicourt, Pourbaix), qui ont tout fait sauf mener l’enquête.

Ils ont même cherché à déstabiliser des témoins déjà mal à l’aise, et ont déclaré à tous les médias que les témoins étaient mythomanes, alors que leurs prédécesseurs avaient déjà pu vérifier un certains nombre de faits, de lieux, de noms.

On notera que la technique a été exactement la même dans l’affaire Alègre en France, où les témoins qui ne sont pas morts opportunément ont fini en prison pour avoir osé dénoncer Dominique Baudis et d’autres tarés puissants du coin.

Pour donner une idée de la campagne de décrédibilisation, on peut retenir que l’enquête de Dernicourt destinée à décrédibiliser le témoignage de X1 a couté plus cher que l’enquête destinée à vérifier ses propos, qui a, il est vrai, été rapidement close.

En 2008, Dernicourt était commissaire à la police fédérale, section « Exploitation sexuelle ».

La bande de Dernicourt s’est ensuite acharnée sur les premiers enquêteurs à avoir interrogé les témoins X1 et X2, qui ont été virés de la gendarmerie, puis blanchis des années après.

Quant aux témoins, ils ont refusé de parler à Dernicourt et à ses copains.

Tout est parti en vrille quand des membres de la famille royale et de grandes familles « aristocratiques » belges comme les Mérode ont  été cités.

Par exemple, le prince Alexandre de Mérode a été cité par Nathalie W et le témoin X4 comme un acteur central de l’aspect satanique des viols et meurtres d’enfants.

Chez les Mérode, cela fait des dizaines d’années qu’on étouffe les affaires de pédophilie.

Nathalie W décrit des sacrifices humains, du cannibalisme, des enfants marqués au fer rouge, des viols collectifs.

X2, quant à elle, a parlé d’une partie de chasse aux enfants dans un château appartenant à Liliane de Réty, la seconde femme du roi Léopold III, qui est morte en 2002 au château d’Argenteuil.

Des enfants seraient même enterrés dans le parc.

Le roi Albert Ier a été impliqué par  X3, ainsi que le roi Baudouin et son frère Albert II, aujourd’hui roi des belges.

X3 a décrit des abus rituels qui se seraient produits dans les années 50 et 60, même si elle ne parle pas de capes et d’incantations.

Elle décrit comment des adolescentes enceintes ont été éventrées puis démembrées, leurs bébés tués, comment les enfants et les participants ont bu le sang des morts et mangé leur chair.

Comment un bébé a été donné aux chiens par « Paulo », à savoir Van den Boeynants, comment des enfants de 3 ou 4 ans ont été assassinés dans les pires tortures.

X3, notamment, était livrée à ces tarés.

Pour étouffer l’affaire, on a placé des pions au niveau de la justice, de la gendarmerie et de la police judiciaire.

On a systématiquement éliminé les témoins gênants (plus de 30 décès suspects), et menacé les autres.

On a décrédibilisé ceux qui avaient déjà parlé, si bien que les autres victimes ont vite compris qu’elles devaient se taire, et on a promu les pourris, nombreux, innombrables même, dans ce dossier.

La morale de l’histoire ?

Avant l’affaire Dutroux, parfois, on lisait un entrefilet sur un réseau pédophile, de curés par-ci, de flics par-là.

Depuis, plus rien.

C’est comme si depuis l’affaire Dutroux, il n’y avait plus de réseau en Belgique.

 

Les snuff movies

Les premiers snuff movies dateraient des années 70, mais aujourd’hui la pensée unique continue de nier leur existence (alors qu’il suffit de trois clics sur le dark web pour en trouver).

Un certain Jean-Pierre van Rossem a cherché à savoir de quoi il retournait en Belgique au début des années 90.

Il s’est rendu dans un vidéo club qui vendait des snuff movies pédophiles sous le manteau, et a demandé à participer à un tournage.

On lui a donné rendez-vous à Breda (Pays Bas), et on lui a proposé de participer au meurtre filmé pour l’équivalent de 75.000 euros, ou simplement de regarder pour 45.000 euros.

Avec de tels prix, il est évident que les snuff movies ne sont pas un passe temps de prolétaire.

Van Rossem a signalé cela aux flics et à la justice de Breda, mais il n’a jamais été entendu à ce sujet.

Toutefois, X2 a identifié Van Rossem comme étant présent à des partouzes pédophiles, avec Marnette, Zimmer, Léopold Lippens, Dumont, Bonvoisin, Bouhouche…

Un autre témoin l’a vu commettre des actes pédocriminels.

Au début des années 90, un certain Warwick Spinks, un pédocriminel anglais qui a toujours été libéré plus vite que son ombre, a admis avoir tué plusieurs enfants lors de tournages de snuff aux Pays Bas.

Il disait que ces films se copiaient en une dizaine d’exemplaires puis qu’ils étaient revendus pour 5.000$ l’unité.

En 2003, un russe qui avait tourné plusieurs de ces films n’a été condamné qu’à 3 ans de prison pour production de pornographie enfantine

Quelques lieux

Parc Savoy: SA Parc Savoy en 1985 constituée notamment de la SA International Trade Relations du groupe Charly De Pauw, de la SA Bâtiments et Pont du groupe Blaton, de Philippe Cryns…

André Blaton administrateur délégué de la SA Parc Savoy.

Puis la SA Parc Savoy a fusionné avec CODENAT SA, société de restauration du Cercle des nations qui s’est ensuite déclarée en faillite.

Pourtant, le Parc Savoy était l’une des trois grandes boites de Bruxelles.

 

Le Mirano

appartient à Philippe Cryns, autre membre du Cercle des nations qui a aussi été à l’origine en 1985 d’un gros projet immobilier où beaucoup d’argent a été détourné, le parc Savoy.

Les aristos du pays venaient s’encanailler au Mirano dans les années 80, notamment au cours de partouzes avec des mineurs.

Parmi les habitués, le baron Bonvoisin.

D’après le rapport Godbille, on trouvait là beaucoup d’amis de VDB, comme Patrick De Pauw, le chanteur Plastic Bertrand…

Le témoin X1 parle de partouzes pédophiles sado maso qui y ont eu lieu.

Cryns allait chercher des garçons à la place Fontainas, là où se servait aussi un certain Hedwig Huybrechts, un gendarme qui avait organisé un réseau de prostitution de mineurs dans les années 80.

 

La place Fontainas

en plein cœur de Bruxelles, était un haut lieu de prostitution, notamment d’enfants.

Le témoin VM1 (l’un des témoins X) a dit qu’il a été prostitué par Cryns au Mirano.

Avant cela, VM1 a été placé dans un home (Vrij & Vrolijk) à Brasschaat, où le directeur l’envoyait déjà se faire violer dans des partouzes.

VM1 a décrit des tortures et meurtres d’enfants, des viols collectifs, des lieux précis, mais bien sûr on s’est empressé de balancer son dossier aux oubliettes.

Au sujet de VM1, précisons encore qu’il a volé des photos compromettantes de personnalités chez un colonel du SHAPE, un quartier stratégique de l’OTAN.

Il va sans dire que le témoin VM1 a été menacé

Des photos étaient prises par Cryns lors des partouzes qui avaient lieu au Mirano, la bonne vieille technique pour compromettre les gens.

Un gros trafic de drogue s’y déroulait aussi, ce qui a valu une petite condamnation à Cryns, mais on a surtout évité de regarder du côté des partouzes pédophiles.

Enfin, d’après Nihoul lui-même, le frère du roi, c’est-à-dire le roi actuel, était présent lors de partouzes pédophiles au Mirano.

 

La Piscine

à Etterbeek, anciennement La Lune des Pirates.

On pouvait y organiser des partouzes avec des enfants.

Appartient à Marcel Hofman, qui a aussi créé la branche belge du Baghwan Tantric Club, dans une association basée à La Piscine 23 rue de l’Egalité à Etterbeek (Neo Tantra).

Mouvement avec des nombreux adeptes aux USA et en Inde.

Orgies sexuelles.

Devenu CCT, Centre Communautaire Tantriste.

En avril 1994, l’adresse du groupe change pour aller au 29 Kammenstraat à Anvers, où il est toujours.

C’est là que l’année suivante (nov. 1995) les flics perquisitionnent, à la recherche d’Eric Mattheussen, qui prenait des photos de morts d’accidents de voitures dans les morgues.

Au 1er étage les flics ont trouvé des boites avec des photos d’enfants, « normales » ou pédopornos avec des viols, ou des enfants morts.

 

Le Jonathan

club détenu par Pierre Paul Derijcke, un fasciste qui a fut l’associé de Nihoul et était proche du front de la Jeunesse.

Au club Jonathan, on n’hésitait pas à faire chanter les clients.

 

Le Stanley

Ce club à partouzes bruxellois date des années 60 et a fermé en 1971 ou 1972.

Il appartenait à un certain Michel Hofmans Venaient, en plus des anciens coloniaux du Congo belge, quelques huiles fascisantes et des cadres américains d’IBM (une boite dont Hofman et son bras droit étaient proches, et pour laquelle ils travaillaient, selon un témoin interrogé dans le cadre de l’affaire Dutroux) et d’Union Carbide.

Au deuxième étage on tournait des films pornos, parfois zoophiles, et derrière le bar il y avait une autre future avocate de Nihoul, Virginie Baranyanka.

Les partouzes étaient filmées et les films étaient emmenés par avion privé en Suisse.

Le but du Stanley était probablement de racoler des personnalités : le témoin cité plus haut expliquait ainsi que

« HOFMANS recherchait surtout des gens avec de l’argent et qui occupaient des fonctions de premier plan.

Magistrature, hauts gradés de la police et de l’armée, médecins, nobles etc ».

Parmi les clients, le père de Patrick Derochette, une copie de Dutroux qui a enlevé et tué la petite Loubna Benaïssa, mais aussi le père de Dutroux.

« Les orgies sexuelles dont il est question plus haut, ne sont-elles pas conçues et organisées pour exercer des chantages sur diverses personnalités ? » s’interrogeait le rapport Godbille.

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Une hypothèse à tout ce bazar est que les fachos du PSC ont été utilisés par les services US pour mener leur politique stay behind en Europe.

Comment ?

En les compromettant avec des vidéos de partouzes pédophiles.

Il fut un temps de simples accusations d’homosexualité suffisaient pour faire plonger quelqu’un, mais aujourd’hui il en faut plus.

Tout le monde a des dossiers sur tout le monde.

Tout le monde se tient par la barbichette.

Ces structures sont les mêmes dans tous les pays d’Europe et existent toujours.

Si on ajoute à cela une pincée de satanisme et beaucoup de cocaïne, on comprend mieux pourquoi l’Europe va si bien.

Pendant ce temps, les enfants continuent à être aspirés dans des réseaux de barbares.

La drogue continue de rentrer par tonnes dans nos pays pendant que les armes en sortent illégalement, les marchés publics sont des cagnottes sans fin, tout le monde se gave et les institutions collaborent.

Voilà où nous en sommes aujourd’hui.

Les 30 témoins morts du procès Dutroux

L’éternelle question des coïncidences troublantes

«Lorsque j’ai entamé mes recherches pour ce livre, il y a plus de deux ans, il avait pour titre provisoire:

Les témoins morts, 18 personnes qui ne parleront pas au procès Dutroux.

Il s’annonçait peu épais et concis. Mais la liste n’a cessé de s’allonger»,

raconte Douglas De Coninck, journaliste au Morgen, auteur d’un nouveau livre sur l’affaire Dutroux.

Dans son nouveau livre, le journaliste polémique passe en revue 30 décès survenus de près ou de loin dans la sphère de Marc Dutroux, dans celle de ses complices présumés ou de gens qui auraient pu l’être, voire dans l’entourage de l’enquête en général.

«Sept meurtres, dix suicides, cinq accidents de la circulation et huit morts naturelles», comptabilise D. De Coninck.

En huit ans, forcément, des gens sont morts.

Mais il y a trop de coïncidences, soutient Douglas De Coninck:

«Un seul homme.

Quatre enfants assassinées.

Et trente cadavres autour.

Peut-être que c’est le hasard qui a frappé trente fois, mais seul celui qui ne pose pas la question connaît la réponse.»

 

Extrait

Venons-en maintenant à la question évidente : quelle est la mystérieuse organisation qui est responsable de ce génocide miniature ?

La seule certitude que nous ayons, c’est que si elle existait vraiment, la justice ne s’en serait pas aperçue – en tout cas, pas à partir de ces trente témoins décédés.

En 2001, le journaliste Piet Eekman, de la chaîne de télévision allemande ZDF, avait déjà posé tout haut quelques questions basées sur une quinzaine de cas.

” Que voulez-vous, les gens meurent, c’est comme ça “, avait réagi le ministère de la Justice.

” Et dans ces milieux-là, il y a sans doute un peu plus de gens qui meurent. ”

Sept meurtres, dix suicides, cinq accidents de la circulation, et huit cas de mort ‘naturelle’ – pas toujours si naturelle que ça, d’ailleurs.

Il est vrai que la Belgique est connue comme un pays au réseau routier meurtrier, et qui se classe dans le peloton de tête mondial pour ce qui est de la consommation d’antidépresseurs.

Un certain nombre de ces décès, et en particulier les suicides, ont des causes que l’on peut supposer distinctes de l’affaire Dutroux en elle-même.

Mais il n’est pas toujours aussi évident de délimiter les choses de façon très nette.

Henriette Puers vivrait-elle encore si elle n’avait pas été empoisonnée pendant des mois sur ordre de son beau-fils ?

A mon avis, la réponse est oui.

Sur sept meurtres, un seul a été élucidé : celui qui a été commis par Dutroux lui-même.

Pour quatre des cinq accidents de la route, les familles des victimes ont du mal à croire à la thèse de l’accident.

Parmi les suicidés, on retrouve l’homme qui aurait dû être avocat général au côté du procureur Michel Bourlet.

Et aussi deux policiers, et deux hommes que la police souhaitait interroger d’urgence.

Le voisin de Bernard Weinstein est mort dix jours après l’enlèvement de Julie et Mélissa.

Parmi les accidentés de la route, il y en a un qui a trouvé la mort en se rendant au palais de justice, et une qui avait contacté la police quelques heures avant son crash pour signaler qu’elle avait reçu des menaces de mort.

Sous un seul et même toit, il y a eu la mort d’un mari, de sa femme, et finalement aussi du nouvel ami de la femme – tous dans des circonstances qui font penser à des actes de malveillance.

Juste une constatation. Six meurtres sur sept ont été commis dans le milieu des trafiquants de voitures, intimement lié à la bande Dutroux.

Initialement, l’enquête de Neufchâteau avait pour objet les assassinats d’enfants et le trafic de voitures.

En 1998, à l’initiative du juge d’instruction Jacques Langlois, le volet ‘trafic de voitures’ a été séparé et transféré dans un autre arrondissement judiciaire.

On a jugé qu’il n’y avait aucun lien.

Pourtant, certains parents d’enfants assassinés restent convaincus que depuis lors, une recherche objective de la vérité est devenue impossible.

C’est comme si un chimiste voulait examiner ce que donne la fusion de deux substances, mais qu’il ne disposerait, pour son expérience, que d’une des deux substances en question.

 “Des morts opportunes.” (Guy Poncelet, Procureur du roi honoraire de Tournai)

“Les témoins, une espèce en voie de disparition.” (Douglas De Coninck)

“Il y a deux espèces de témoins : ceux qui meurent d’une manière ou d’une autre, et ceux qui sont déclarés fous.” (Regina Louf)

Le scenario est presque toujours le même : un individu déclare qu’il a des révélations importantes, voire explosives, à faire dans le cadre de l’affaire « Dutroux et consorts », et le jour même où il s’apprête à témoigner, ou la veille, il a un accident mortel, ou il se suicide dans des circonstances énigmatiques.

« Aucun de ces décès n’a semblé intéresser le juge Langlois en quoi que ce soit, en dépit des incessantes tentatives du procureur Michel Bourlet d’attirer son attention sur ces affaires ». (p.265)

François Reyskens. Mort le 26 juillet 1995.

Début juillet 1995, les parents de Julie Lejeune et Mélissa Russo, disparues depuis deux semaines, recoivent un appel téléphonique d’un courtier en assurances , sorte de père adoptif d’un jeune cocaïnomane répondant au nom de François Reyskens.

Ce jeune homme, explique le courtier, déclare avoir rencontré les petites Julie et Mélissa.

Aussitôt, Carine Russo alerte la gendarmerie de Seraing et rendez-vous est pris avec le jeune François Reyskens pour le 26 juillet.

François Reyskens meurt, écrasé par un train, 2 heures avant ce rendez-vous.

L’enquête conclut au suicide.

Son père Jean Reyskens :

« C’est plutôt étrange que juste à ce moment-là il finisse sous un train.

Est-ce vraiment une coïncidence ? »

 

Guy Geubels

Le 25 août 1995, Guy Geubels, adjudant à la brigade de gendarmerie de Grâce-Hollogne, va rencontrer la presse.

Il a obtenu l’autorisation de ses supérieurs d’être interviewé par une équipe de la RTBF.

Il faut dire qu’il est l’un des premiers gendarmes à avoir été en contact avec les familles des petites Julie et Mélissa.

Il est aussi, selon le témoignage des familles Lejeune et Russo, l’un des seuls à ne pas parler de pistes mafieuses mais bien de pédophilie.

L’interview n’aura pas lieu…

Guy Geubels est retrouvé mort le 25 août 1995.

Une balle dans la tête.

Son arme dans une main, le cornet du téléphone dans l’autre.

Coïncidence : le 25 août 1995 est le jour où débute officiellement l’Opération Othello, cette opération funeste de « surveillance » de Dutroux, durant une période où celui-ci détenait, en principe, Julie et Mélissa, dans sa cache An et Eefje dans la même maison, où il a pu encore commettre plusieurs actions délictueuses sans que les « surveillants » ne s’aperçoivent de rien.

Il est vrai que pour réussir leur coup d’éclat, les gendarmes n’ont rien trouvé de mieux que de mettre à la tête de l’opération Othello René Michaux

“un peu le Gaston Lagaffe de son service.

Il avait des problèmes familiaux et professionnels, et ses supérieurs ne l’appréciaient pas en raison de ses bourdes répétées” (p.58).

 

Bruno Tagliaferro

Mort le 5 novembre 1995.

Ferrailleur, sans doute magouilleur, Bruno Tagliaferro et son épouse Fabienne Jaupart paraissent heureux en ménage.

Parmi les relations de Bruno Tagliaferro, on retrouve Marc Dutroux, Bernard Weinstein, Michaël Diakostavrianos…

Dans le dossier, on pourra encore lire le nom de Thierry De Haan, de Michel Lelièvre…

Fabienne Jaupart déclare que son mari possède des armes, pour les défendre, elle et les enfants.

Elle pense que Bruno est détenteur d’un secret qui met leur vie en péril.

Fabienne Jaupart croit que son époux s’est rendu compte qu’il avait, à son insu, été chargé, du démontage et de la revente des pièces de la Citroën AX qui aurait servi à l’enlèvement de Julie et Mélissa.

Bruno Tagliaferro meurt la veille du jour, le 4 novembre 1995, où Dutroux et Weinstein séquestraient trois personnes : Rochow, Divers et Jadot pour une histoire de camion volé.

L’un des premiers hommes de la Police Judiciaire sur les lieux du décès est l’inspecteur Georges Zicot.

Le légiste conclut à un arrêt cardiaque.

Un laboratoire du FBI (consulté par le juge Connerotte) conclut à un empoisonnement mais un expert liégeois (désigné ultérieurement par le juge Langlois) estimera que la production de cyanure par un cadavre en décomposition peut être un phénomène naturel.

Malgré les taux de cyanure retrouvés dans le corps de Tagliaferro (au-delà des doses pouvant être “auto-produites”), le juge Langlois privilégiera la “mort naturelle” comme explication du décès du ferrailleur de Keumiée.

 

Fabienne Jaupart

Décédée le 18 décembre 1998.

Le juge Connerotte semble ajouter foi aux déclarations de Fabienne Jaupart lorsqu’elle proclame que son mari a été assassiné, il semble aussi prêter attention aux déclarations de Claude Thirault [2].

Claude Thirault qui affirme que Marc Dutroux parlait, fin 1995, d’un certain Tagliaferro à liquider contre un paiement de 50.000 francs.

« Lui et sa femme » disait Claude Thirault.

Le juge Connerotte considère qu’il a suffisamment d’informations pour accorder une protection policière à la veuve de Bruno Tagliaferro.

Après la nomination du juge Langlois, la protection policière fut levée.

Le 18 décembre 1998, Fabienne Jaupart est retrouvée morte, l’enquête conclut au suicide.

Fabienne Jaupart se serait aspergée de méthanol, aurait remis la bouteille sur le meuble à côté de son lit et se serait ensuite immolée, non sans avoir pris soin de mattre les pommes de terre à cuire sur le réchaud et de faire tourner le lave-vaisselle…

 

Michel Piro

Mort le 5 décembre 1996.

Novembre 1996. Michel Piro, exploitant de bars-restaurants dans la clientèle desquels on retrouve Marc Dutroux, Bernard Weinstein, Michel Lelièvre, Michel Nihoul, Michel Diakostavrianos… (il est, aux dires de certains un véritable « guide Michelin » des quartiers chauds de Charleroi) contacte, à trois reprises, la famille de Jean-Denis Lejeune et lui demande une entrevue à laquelle il souhaite que soit convié le procureur Michel Bourlet.

Son intention est, également, d’organiser un souper avec les parents de Julie et de Mélissa, repas au cours duquel il s’apprête à faire des révélations sur le sort des deux petites liégeoises.

Plusieurs témoins le diront ; parmi ceux-ci, un indicateur de la BSR de Charleroi affirme que

« Piro aurait dit quelques jours avant son décès qu’il allait « balancer » tout ce qu’il savait sur le dossier Julie et Mélissa lors du repas qu’il organisait » (p.103).

Selon son fils, il aurait dit que « des têtes allaient sauter ».

On ne saura jamais quelles étaient ces révélations : le 5 décembre 1996, il est exécuté, à bout portant, sur un parking d’autoroute, tandis que son épouse est sortie pendant quelques instants du véhicule pour se rendre aux toilettes.

Il en savait long sur le milieu de la prostitution enfantine de la région de Charleroi.

Quand on feuillette le dossier Dutroux, on a parfois le sentiment qu’il n’y a que deux policiers à Charleroi, Mrs Zicot et Laitem.

C’est à ce dernier que l’enquête sur l’assassinat de Michel Piro est confiée et elle conclut au meurtre passionnel.

Sa femme, Véronique Laurent, sera condamnée à 15 années de réclusion en tant que commanditaire du meurtre alors que les deux exécutants seront blanchis par un tribunal français qui considèrera que ce dossier n’a aucune consistance.

La rumeur dira que Michel Piro voulait révéler que Julie et Mélissa avaient été « prêtées » à un bar fin 1995.

Une de ces pistes sérieuses que le juge Langlois écartera, non sans avoir veillé auparavant à la baptiser « piste périphérique ».

Pendant quatre ans, le dossier Piro fait l’objet à Neufchâteau d’une correspondance envenimée entre le procureur Bourlet qui demande que soit poursuivie l’enquête sur l’entourage de M. Piro, et le juge d’instruction Langlois qui refuse d’enquêter.

 

Jean-Marc Houdmont

Décédé le 25 février 1997.

25 février 1997. L’inspecteur Tinant décroche le téléphone dans une annexe du Palais de Justice de Namur.

L’homme est chargé du dossier de la disparition d’Elizabeth Brichet, le 20 décembre 1989, à Saint-Servais.

Depuis l’éclatement de l’affaire Dutroux, il s’est, avec ses collègues, remis au travail sur ce dossier.

A l’autre bout du fil, Jean-Marc Houdmont, qui vivait, en 1989, à quelques centaines de mètres de la maison d’Elizabeth.

« J’ai fait une bêtise » déclare Jean-Marc Houdmont, « je veux faire une déclaration ».

Ils conviennent d’un rendez-vous, le jour même, à 11 heures 30, juste le temps pour Jean-Marc Houdmont de faire, en voiture, le chemin qui le sépare des bureaux de la cellule Brichet.

Une heure plus tard, la Toyota Starlet de Jean-Marc Houdmont s’encastre dans une façade sur le bord de la Nationale 76.

L’enquête conclut au suicide puisqu’on n’a relevé aucune trace de freinage.

Mais, ici encore, les mêmes noms sont retrouvés : Michel Lelièvre a fréquenté une école de Saint-Servais.

Le beau-père de Jean-Marc Houdmont à vécu au Congo, dans le même village et à la même époque que Victor Dutroux, le père de Marc.

Marc Dutroux qui vivait de l’assurance-maladie et était inscrit à la mutuelle au bureau de Saint-Servais.

Dans une escroquerie à l’assurance, Dutroux et Weinstein provoquent, entre eux, un accident, et c’est un parent de la femme de Jean-Marc Houdmont, qui, en tant qu’assureur, traite le dossier.

D’autres noms de co-inculpés de Dutroux apparaissent dans le dossier Elizabeth Brichet, dont celui de Diakostavrianos et celui de Nihoul.

 

Joseph Toussaint

Mort le 5 mars 1997.

Huit jours exactement après la mort de Jean-Marc Houdmont, le père Joseph Toussaint décède à Marbay-la-Tour, petit village où se rendaient, régulièrement selon les uns, une ou deux fois disent les autres, Monique Cherton, compagne de Jean-Marc Houdmont, et Michelle Martin, épouse de Marc Dutroux.

Le père Joseph Toussaint était leur confesseur.

Il était aussi l’aumônier de la prison de Jamioulx, prison où fut incarcéré Marc Dutroux.

Le directeur de la prison déclare que les relations entre le père Toussaint et Marc Dutroux auraient pu laisser penser que Dutroux était un fervent catholique.

Le père Toussaint se prononcera en faveur de la libération conditionnelle de Dutroux.

Parmi les photographies épinglées au mur de la cellule de Marc Dutroux, et publiées par la Libre-Match, on peut reconnaître une photo du père Joseph Toussaint, victime d’une crise cardiaque, le 5 mars 1997.

 

José Steppe

Décédé le 25 avril 1997.

Au début des années 80, José Steppe habite le quartier de Marc Dutroux à Goutroux.

Ancien jeune communiste, Steppe vire à l’extrême-droite.

En avril 1997, José Steppe contacte un journaliste, il affirme détenir des informations sur l’affaire Dutroux et parle de remettre au journaliste des copies de cassettes vidéo sur lesquelles on peut voir Dutroux et d’autres en train de violer des enfants.

« Il était inquiet », dit un témoin anonyme au journaliste français Eric Bellahouel ;

« Un jour, tu me trouveras avec une balle dans la tête », lui aurait dit J. Steppe ;

il lui aurait encore dit que ces cassettes vidéo c’était de la dynamite ;

qu’on pouvait y reconnaître des notables de Charleroi, des politiciens connus.

Steppe « ne voulait pas donner la cassette à la police.

Parce qu’il y avait là, disait-il, trop de gens corrompus qui les feraient certainement disparaître ».

José Steppe souffre d’asthme, et pour soulager les crises qui l’accablent, il se sert d’un respirateur.

Le 25 avril 1997, quelques jours avant sa rencontre avec le journaliste avec qui il a pris contact, une femme d’ouvrage de l’hôtel dans lequel il réside découvre son corps dans un couloir, son masque à oxygène recouvre toujours son visage.

Au fond de la bouteille de l’inhalateur, on découvre du Rohypnol …

trois jours après l’enterrement.

 

Gina Pardaens-Bernaer

Décédée le 15 novembre 1998.

Voici sans doute une femme qui n’a pas froid aux yeux !

Elle collabore avec le Morkhoven Groep, une association qui pourchasse les pédophiles sur Internet et dans le « monde réel ».

Elle a affirmé à plusieurs personnes qu’elle détenait, entre autres choses, un « snuff movie » [3] tourné en Belgique.

Dans ce film, on pouvait reconnaître un ancien associé de Michel Nihoul.

Gina Pardaens se sait menacée, elle surveille ses arrières, fait des portraits-robots des personnes qui semblent traîner trop souvent autour d’elle, note les plaques minéralogiques des véhicules qui paraissent la prendre en filature.

Parmi ceux-ci, l’immatriculation d’une Mercédès grise qui, plus tard, s’avérera être celle de l’ancien chauffeur du Dolo, le bar à filles favori de Michel Nihoul.

Gina Pardaens devait faire une déposition le 16 novembre 1998…

Le 15 novembre, sa voiture s’écrase contre le pilier d’un pont, pas de trace de freinage, pas d’autopsie.

 

Hubert Massa

Mort le 13 juillet 1999.

Ce chapitre sur le suicide de Massa mérite une attention toute particulière, car il fait apparaître de la manière la plus éclairante des liens multiples entre différents aspects et personnages des dossiers « Cools » et « Dutroux et consorts ».

Selon les magistrats du Parquet de Liège, « rien n’est plus pareil depuis la nomination d’Anne Thily ».

« Elle n’incarne que l’autorité » entend-on dans les couloirs du palais.

Anne Thily semble ne pas apprécier Hubert Massa.

L’épouse de celui-ci déclare : « Il était sur les affaires Cools et Dutroux, tout le monde le savait. Je voyais bien que quelque chose n’allait pas, mais il ne se plaignait jamais ».

Hubert Massa participe à une réunion avec quatre procureurs généraux et le tout nouveau ministre de la justice, Marc Verwilghen.

Réunion au cours de laquelle l’ancien président de la Commission parlementaire annonce qu’il fera en sorte que toute la lumière soit faite.

Au lendemain de cette réunion, le 13 juillet 1999, après le repas, pris en compagnie de sa femme et de ses enfants, Hubert Massa s’isole dans son bureau.

Sa femme entend un coup de feu.

Hubert Massa s’est tiré une balle dans la bouche.

« Généralement, lorsqu’on obtient un poste au parquet général, on est indéboulonnable

et on reste à cet échelon supérieur jusqu’à la retraite.

Mais pas à Liège, où les avocats généraux J.-Ph. De la Croix et A. Zaplicki se font dégrader à leur propre demande début 1999 : l’un devient juge de la jeunesse et l’autre passe juge de paix.

Hubert Massa (…) avait également des projets en ce sens » (p.184) [4].

Massa aurait dit à un ancien collègue et ami qu’il se sentait coincé.

« Après sa mort, des rumeurs circulent parmi les avocats de Liège, selon lesquelles Thily lui aurait déclaré quelque chose dans ce sens quelques heures avant sa mort.

Il aurait été question d’un “petit dossier”, et du fait « qu’il lui arriverait quelque chose comme à Marc de la Brassine ». (p.185)

« Anne Thily est considérée comme intouchable.

Sa candidature au poste de procureure générale a été appuyée très fermement par José Happart ; celui-ci faisait partie du clan radical de Jean-Maurice Dehousse qui devait également accueillir plus tard le ministre Alain Van der Biest et Guy Mathot, qualifié un jour de « mafieux » par quelqu’un de son propre parti (…)

Au sein du P.S., Cools passait pour le grand adversaire de Dehousse, Mathot, Happart et consorts.

Le dossier pénal contenait d’ailleurs des indices qui tendent à faire croire à leur implication dans l’organisation de cet assassinat » (pp.186-87).

« Van der Biest devait comparaître devant les assises avec ses amis mafieux.

Thily n’était pas de cet avis, et elle mettait ses collaborateurs sous pression pour faire rayer son nom de la liste des accusés.

Une fois de plus, l’ambiance était aux menaces et aux « petits dossiers ».

Thily avait des dossiers sur tout le monde, y compris sur Julien Pierre.

La sœur de ce dernier avait déclaré que l’avocat avait hébergé par le passé Patrick Haemers. (…)

Tant dans l’affaire Cools que dans l’affaire Dutroux, Pierre a joué avec brio le rôle de l’allié objectif de Thily : notamment en précipitant la chute de ce juge d’instruction indépendant et donc tellement encombrant (pp.188-89). »

 

Jean-Jacques Feront

Mort le 1er mars 2001.

« On ne veut pas aller jusqu’au bout dans cette enquête » (l’inspecteur de la P.J. Ronald Speltens)

Le 4 mai 1995, la section Jeunesse de la PJ de Bruxelles reçoit une lettre anonyme proposant des infos sur un pédophile qui vend des photos et des vidéos à caractère sexuel de sa fille de 10 ans.

Ces informations s’avèreront fondées.

Le 11 juillet de la même année, le même informateur déclare avoir vu des photos de Mélissa Russo, proposée avec d’autres enfants à la vente ou à la location par un germanophone dont les initiales figurent sur une chevalière qu’il porte : K.B. Les inspecteurs Speltens et Colson déclarent que cet informateur est fiable, il a déjà fait ses preuves.

Ils réquisitionnent des spécialistes de la filature, envoient une note au commissariat général dans laquelle ils exposent leur projet, ils demandent, pour le 23 septembre 1995, deux sémaphones et deux voitures de service…

Et le temps passe…

Les parquets de Louvain et de Liège se renvoient la responsabilité dans ce dossier comme une patate chaude.

Le commissaire Lamoque dit aux parents de Julie et de Mélissa qu’il n’a jamais compris pourquoi on avait décidé en haut lieu que cela ne pouvait se faire.

On retrouve dans ce volet de l’affaire la substitute Somers, une intervention, ici comme dans le volet sur les témoins X, pour ne pas dire la vérité.

Pour les enquêteurs, K.B. évoque tout de suite Klaus Bahr, qui contrôle une grande partie du marché belge du porno dans les années quatre-vingt-dix.

Klaus Bahr est également décédé depuis lors.

Quand Marc Dutroux est arrêté, onze mois plus tard, et que deux enfants sont libérées de sa cave à Marcinelle (localité que Jean-Jacques Feront avait désignée), les enquêteurs s’arrachent les cheveux, ils expriment leur incompréhension à leur supérieur.

Le 1er mars 2001, Jean-Jacques Feront décède à la suite de deux crises cardiaques consécutives.

Le commissaire Speltens dira devant la Commission parlementaire d’enquête :

« si la magistrature (…) avait laissé la PJ monter un guet-apens autour de Feront, les gamines auraient peut-être été retrouvées.

On ne veut pas aller jusqu’au bout dans cette enquête ».

 

Brigitte Jenart

Décédée le 5 avril 1998.

Ce chapitre qui se trouve dans la version néerlandaise de l’ouvrage de D.De Coninck, a disparu, à la suite de défaillances techniques, de la traduction française.

Nous l’ajoutons donc, car il nous paraît important.

Cette dentiste de Nihoul a son cabinet au 35 rue du Conseil à Ixelles, là même où habite Roland Corvillain, un pédophile notoire, qui recevait régulièrement la visite d’Achille Haemers, le père de Patrick, et qui a été suspecté dans le cadre de la disparition de la petite Loubna.

L’ex-épouse de Corvillain, qui est convaincue que Dutroux est aussi passé par là, déclare que son mari, Nihoul et les autres “utilisaient un langage codé, (…) parlaient de « chevaux blancs, bruns, jeunes, chers mais bons et jeunes ».

Comme ces chevaux étaient censés arriver par avion de ligne en provenance de pays d’Europe de l’est et que les hommes semblaient craindre les douanes, elle pouvait logiquement supposer qu’ils ne parlaient pas de quadrupèdes”.

« Il est clair pour moi qu’ils ne parlaient pas de chevaux, mais de jeunes enfants. » [5].

Brigitte Jenart a été la maîtresse du truand Juan Borges, qui a également eu une liaison avec Annie Bouty.

C’est B. Jenart qui informe la commission parlementaire d’enquête que Borges a échappé à la justice belge grâce à Nihoul.

Ce dernier aurait convaincu le commandant Guido Torrez de bloquer l’action policière visant à arrêter le truand.

Au milieu des années 80, Torrez travaille avec un parrain mafieux italien.

Dans une lettre manuscrite datant du 7 mai 1997, Jenart fait état de la naissance d’un bébé guinéen de l’adoption duquel Bouty se serait occupée.

Elle déclare que Bouty lui avait fait signer un jour quarante attestations qui lui conféraient la garde de quarante Zaïrois et Nigérians en séjour illégal en Belgique.

Dans les gribouillis de sa petite lettre d’adieu, on peut reconnaître le mot « pédophile ».

« Un trafic de nouveaux-nés ?

Il semblerait bien que oui » ;

« sur la base des maigres pièces du dossier qui ressurgissent dix ans après les faits, on a l’impression que Bouty et Nihoul s’occupaient de trafic d’êtres humains – des adultes aux tout-petits ».

Le parquet de Bruxelles n’a pas fait pratiquer d’autopsie sur le corps de Brigitte Jenart.

Toutes ces morts ne sont peut-être pas directement liées à l’affaire jugée à Arlon depuis le 1er mars ; certains disparus étaient des individus aux comportements et aux jugements très problématiques.
C’est, en particulier, le cas de José Steppe, fasciste notoire ; de même on peut s’interroger, comme certains l’ont fait, sur la fiabilité du témoignage de Rita Verstuypen, qui avait tout avantage à “collaborer” avec la justice, étant elle-même suspecte dans l’affaire de son mari.
Mais certaines coïncidences restent fort troublantes, certaines familles, certains proches de victimes restent sceptiques quant aux versions officielles qui ont été retenues, des versions souvent confuses et contradictoires.
Pour les autres témoins qui ne seront jamais entendus à Arlon, et pour plus d’informations sur les accidents et suicides relatés ci-dessus, nous vous recommandons fortement la lecture de l’ ouvrage de Douglas De Coninck.

[1] La 3e chaîne allemande, la ZDF, a également consacré une très bonne émission à cette question : Piet Eeckman, La mort subite de l’affaire Dutroux, 30/01/2001).

Visionner le ici en sous-titrage anglais.

[2] Thirault est l’informateur qui, dès 93, alertait la gendarmerie du projet de Marc Dutroux de faire des caches dans ses caves, en aménageant des citernes que la gendarmeire avait déjà perquisitionnées pour des vols, la même année ; la gendarmerie connaissait donc l’existnece de ces citernes en 1995, ainsi que l’endroit de la cave où l’une d’elle aboutissait.

[3] Snuff-movie : film ou vidéo où l’on assiste à des viols et tortures suivis de la mise à mort des victimes.

[4] Cet étrange phénomène des candidatures à des « promotions négatives » semble s’être propagé jusqu’au parquet de Charleroi, où le Procureur du Roi Thierry Marchandise a également demandé, tout récemment, à être nommé à une fonction de juge de paix dans la région carolorégienne (tout comme son prédécesseur, le Procureur du Roi Defourny, l’avait fait avant lui).

[5] Audition de Rita Verstuypen, police d’Ixelles, le 28 août 1996, pv 1639/BJ/96.

 

Un autre livre dissèque les “dysfonctionnements” institutionnels de cette affaire.

Différents documentaires

Affaire Dutroux, les témoins X

Les zones d’ombre de l’affaire Dutroux

Témoin X1, Silence, on tue des enfants

 

Chronologie détaillée

Avant 1992 : Nihoul et Dutroux font leur nid

1970 : Michel Nihoul s’implante à Bruxelles, rencontre sa future épouse Annie B., avocate spécialisée en droit des étrangers, et Philippe Deleuze (avocat et politicien PSC dont il organise des campagnes électorales).

Il a déjà commencé ses activités d’escroc : ses premières condamnations remontent à 1968 (banqueroute frauduleuse) et 1976 (chèques sans provision, escroquerie, détournements…).

8 mars 1973 : Le ministre de la Défense Paul Vanden Boeynants est présent à l’inauguration des locaux d’ASCO, entreprise de fourniture de pièces dans le domaine de l’armement, à Zaventem.

En tout cas Vanden Boyenants a fourni de juteux contrats à l’entreprise dans les années 70. Et le patron Roger Boas a été soupçonné de lui avoir versé des pots-de-vin.

1981 : Rencontre Martin – Dutroux à la patinoire de Forest à Bruxelles.

+ Weinstein est condamné à 15 ans de prison pour une série de braquages avec des armes en région parisienne. Il a bénéficié de grosses remises de peine et est sorti dès 1985 pour aller directement en Belgique.

13 mars 1982 : Début des Tueries du Brabant (première vague) avec l’attaque d’une armurerie à Dinant.

30 août 1982 : Disparition de Carine Dellaert, une amie de Régina Louf, l’un des principaux témoins au sujet du réseau, dont les témoignages ont été classés sous le nom de “X1”. Son corps ne sera retrouvé qu’en septembre 1985.

10 juin 1983 – 18 décembre 1985 : Divers faits criminels ou délictueux sont commis par Marc Dutroux : viols, séquestration de cinq mineures d’âge, vols simples, vols avec circonstances aggravantes, port d’armes illégal.

1er décembre 1983 : Fin de la première vague des tueries du Brabant avec l’attaque d’une bijouterie à Anderlues (deux morts). Selon plusieurs témoins, ces attaques étaient des règlements de compte.

13 février 1984 : Meurtre de la Champignonnière. Christine Van Hees, 17 ans, est retrouvée morte à Bruxelles. Regina Louf a décrira plus tard comment le crime s’est déroulé et qui était présent.

20 février 1984 : 20 février 1984 : une copine de Christine Van Hees, Fabienne K., parle aux enquêteurs de “réunions secrètes” que Christine  avait depuis quelque temps avec des gens plus âgés, qu’elle commençait à les craindre parce qu’ils avaient des jeux qui devenaient “violents” et envisageait de s’en éloigner.

Elle m’a dit qu’une fois qu’on entrait dans cette bande, on n’en sortait plus” a-t-elle déclaré. Fabienne K. parle aussi d’un rendez-vous avec un certain “Marc de la région de Mons” le week-end avant sa mort.

+ Une autre amie, Ariane M., parle d’un “Marc de la région de Mons” que Christine avait rencontré peu avant à la patinoire.

+ D’autres amies disent l’avoir vue peu de temps avant sa mort à des soirées de Radio Activité, la radio où Nihoul était bénévole.

+ Sa prof et une amie ont dit qu’elle avait l’air traquée et apeurée depuis deux semaines avant sa mort.

+ Un véhicule avec un aigle sur le capot vue près de la champignonnière à l’époque du crime. Les enquêteurs ont cherché un véhicule américain alors qu’à cette époque Nihoul conduisait la voiture de sa maîtresse Marleen D., une Mitsubishi brune avec un aigle sur le capot.

+ Il y a de nombreuses anomalies dans les auditions de témoins. Par exemple la mère de Christine n’a été entendue par la police qu’en septembre 1991.

+ “Des vêtements montrés à la famille (jeans, anorak, chaussures) en 84 ne sont plus là et en 97 ils voient des choses non vues en 84“.

+ Témoignage de Michèle B., ex inspectrice PJ: elle n‘a jamais vu deux chefs sur la même enquête, or pour la champignonnière, deux inspecteurs ont été désignés. Elle n’a jamais cru à la piste des punks qui a été privilégiée, car ils auraient pris les bijoux de Christine et cela n’a pas été le cas.

13 juin 1984 : Le pédocriminel Derochette est interné pour des faits de mœurs (viols sur mineurs) comme en 82, 83 et 84. Il a plus tard été condamné pour avoir enlevé et tué une fillette, Loubna Benaïssa.

Juin 1984 : Ordonnance de la chambre du Conseil du TGI de Bruxelles qui montre que le juge Jean-Claude Van Espen qui a travaillé sur le dossier du meurtre de Christine Van Hees, a été l’avocat d’Annie B., la compagne de Nihoul, lors d’une querelle de ménage.

2 août 1984 : La commission de défense sociale de l’annexe psychiatrique de la prise de Forest décide d’une mise à l’essai, sur base d’une tutelle sociale et médicale, et de remettre Derochette en liberté.

13 septembre 1984 : Arrestation d’un punk pour le meurtre de Christine Van Hees.

1er mars 1985 : Arrestation de Marc Dutroux. Détention préventive à la prison de Mons pour plusieurs viols et vol qualifié, pendant un mois très exactement.

2 avril 1985 : Libération de Dutroux.

24 septembre 1985 : On retrouve le corps de Carine Dellaert, amie de X1 dans le réseau, dans la fosse septique d’un ancien café près de Gand, le “Neptune”. On ne sait pas vraiment quand elle a été tuée, probablement depuis plus de deux ans selon l’autopsie, et elle avait disparu le 30 août 1982 à l’âge de 15 ans. Selon X1, elle a été maintenue en vie ensuite, et était enceinte.

Un fragment d’un appareil utilisé pour provoquer des avortements ou faciliter les accouchements a été retrouvé et d’autres indices montrent qu’elle était probablement enceinte lors de sa mort.

Son père a été arrêté pendant deux mois, soupçonné du meurtre, mais relâché par manque de preuves. La mère de Carine avait dit qu’il était incestueux avec leur fille et X1 a affirmé en 1996 qu’il avait livré sa fille au réseau et qu’il la violait lui aussi. En février 1977, quand Carine avait 12 ans, il a commis des attentats à la pudeur sur ses deux filles. Il a été jugé en janvier 1978.

La mère des deux filles les avait fait placer en octobre 1977 en raison du comportement de son mari, qui a d’ailleurs fait un séjour en hôpital psychiatrique. En 1990, sa nouvelle compagne a porté plainte contre lui pour viol après l’avoir droguée au Rohypnol.

X1 a expliqué que Van der Elst de même que son souteneur Tony et le frère du bourgmestre de Knokke Maurice Lippens étaient présent lors du meurtre. Le dossier a été clos en juin 1998.

27 septembre 1985 : Début de la seconde vague des tue­ries du Brabant avec l’attaque d’un supermarché Delhaize à Braine-l’Alleud (trois morts).

1er octobre 1985 : Reprise de l’instruction sur la mort de Christine Van Hees par le juge Jean-Claude Van Espen alors beau-frère du politicien du CEPIC (un groupe à l’aile droite du parti chrétien dirigé par Van den Boyenants), Philippe Deleuze, aux campagnes duquel Nihoul a participé.

21 octobre 1985 : Alors qu’un des complices de Dutroux, Bernard Weinstein, est en prison en France, Charles Schulman, écrit à la prison. Il est le beau-frère de Weinstein, et dirige le service d’urologie d’un grand hôpital de Bruxelles. Il explique sur un papier à en-tête de l’hôpital qu’il faut laisser Weinstein sortir car un psychiatre allait le suivre en Belgique. Weinstein a obtenu une libération conditionnelle le 6 novembre 1985, aux deux-tiers de sa peine.

9 novembre 1985 : Dernier fait attribué aux tueurs du Brabant.: l’attaque d’un supermarché Delhaize à Alost (huit morts).

1986: Procès du Mirano, une boîte de Bruxelles, pour du trafic de cocaïne après le décès par overdose du fils d’un magistrat. La boîte appartenait à Phillipe C., patron d’une société immobilière et proche à cette époque de Paul Van Den Boeynants. La clientèle était plutôt huppée, d’après X2 le baron de Bonvoisin le fréquentait.

Le témoin VM1 dans le dossier Dutroux bis a expliqué y avoir été prostitué alors qu’il était mineur au début des années 80: “Je devais aller chercher des enfants, puis les faire boire ou les droguer, pour les amener ensuite dans la partie privée où l’on abusait d’eux“.

Lors du procès de 1986, Annie B., la compagne de Nihoul, a défendu l’un des individus impliqués, Alexis Alewaeters, qui avait travaillé quelque temps à son cabinet. Dans une interview Nihoul a déclaré qu’il n’a jamais mis les pieds au Miarno mais qu’il savait ce qu’il s’y passait :

le frère du Roi qui était ben train de baiser, et ils avaient des photos avec des filles de 14 ans“.

Selon lui c’est pour cette raison que seul le trafic de drogue a été jugé et que l’affaire de la prostitution de mineurs a été étouffée.

Parmi les visiteurs du Mirano (qui existait encore en novembre 2021) il y avait aussi un des types cités à maintes reprises dans les tueries du brabant et par des témoins du dossier bis, Mahdani Bouhouche. Ce flic d’extrême-droite fréquentait aussi le Dolo.

Dans “Les dossiers X, ce que la Belgique ne devrait pas savoir”, les auteurs Annemie Bulté, Douglas De Coninck et Marie-Jeanne Van Heeswyck expliquent :

Pendant le procès du Mirano, qui a eu lieu en 1986, il est apparu que le suspect principal, Philippe C., faisait cueillir des petits garçons à la place Fontainas à Bruxelles. On parlait alors de grandes quantités d’images que C. aurait réalisées de ses “clients”. Le parquet de Bruxelles est cependant resté aveugle à tout ce qui n’avait aucun rapport direct avec la consommation de cocaïne. Lors de l’audience, la juge Claire de Gryse a dit sans sourciller qu’elle n’avait même pas regardé les images saisies “parce que tout le monde m’a assuré qu’il n’y avait rien là-dedans qui puisse choquer même un capucin”. Etrange. Au cours de ce même procès, l’avocat général Talon a déclaré que Philippe C. avait avoué lors de l’enquête que des enfants faisaient office “d’attraction spéciale” lors des soirées cocaïne au Mirano

Enfin, le témoin X2 qui inbtervient dans le “dossier bis” a aussi parlé du Mirano où elle a été amenée au milieu des années 80 et des “soirées privées qui se terminaient en partouzes avec distribution de cocaïne” auxquelles “des mineurs étaient présents“, plutôt entre 12 et 15 ans. Elle explique que parmi els amateurs, des membres de la famille royale étaient présents aussi “mais jamais actifs”.

L’ex gendarme Marc Toussaint, qui a travaillé pour la cellule de Neufchâteau et a interrogé le témoin VM1, écrit dans son livre “Tous manipulés” que le dénommé Philippe C. avait créé en 1985 la SA Parc Savoy “avec de grandes pointures du secteur immobilier et de l’entourage direct de l’ancien premier ministre Paul Vanden Boeynants. Il est apparu que cette société, qui avait pour but d’exploiter des bars et des restaurants et d’organiser “des réunions culturelles et sociales”, était liée au très influent Cercle des Nations. Ce club privé comptait parmi ses quatre-vingt-un membres fondateurs de nombreux nobles, hommes d’affaires, banquiers, diplomates et politiciens, dont certains noms sont cités par les témoins X“.

Et il rappelle ses connexions avec Nihoul et sa compagne Annie B. via un des condamnés au procès (il a pris 5 ans…), Alexis Alewaerters. En 1993 Nihoul lui a prêté une Porsche qui a disparu de la circulation. Et déjà en 1980 quand il était tout jeune et a ses premières condamnations “c’est Annie Bouty qui vole à son secours.41 Via sa société Cadreco, elle tente d’accélérer sa libération conditionnelle et lui fournit un avocat: Didier de Quévy. On retrouve encore Alexis Alewaeters comme gérant temporaire de la station-service de Casper Flier à Anthée, où Michel Lelièvre a également travaillé“.

3 février 1986 : Nouvelle arrestation de Dutroux. De nature criminelle, les faits qu’on lui reproche sont cependant correctionnalisés contre l’avis du procureur du Roi de Charleroi, M. Marchandise qui considère Dutroux comme : “un délinquant sexuel grave ayant une personnalité reconnue responsable par l’expert, qui se dit invincible et n’a jamais exprimé le moindre remords“.

27 avril 1987 : Coup de fil anonyme à la police d’Etterbeek au sujet du Dolo, un bar pas loin de chez Nihoul où se retrouvent de nombreux pédocriminels, mais aussi des flics et magistrats, et où ont lieu des partouzes dont certaines avec des enfants, ainsi que du meurtre de la champignonnière. Aucune enquête n’est pourtant lancée sur le Dolo, tenu par le couple Michel Forgeot – Dolors Bara.

24 juin 1988 : Le tribunal correctionnel de Charleroi condamne Dutroux pour les faits commis jusqu’en 85 (viols et séquestrations de cinq mineurs d’âge, vols, port d’armes prohibées, etc).

L’adjudant Duthuin, qui a participé aux enquêtes concernant ces faits, observera plus tard des similitudes avec des faits commis en novembre 95 (viol et tentative de meurtre d’une jeune fille, Caroline, à Obaix)

1988 : Nihoul entre en même temps que Forgeot et sa compagne Marleen D. (rencontrée en 1982 au club échangiste Les Atrébates) à la “Confrérie des maîtres brasseurs et distillateurs de Wallonie”, dont il est devenu président quelques années plus tard.

14 janvier 1989 : Enlèvement de Paul Vanden Boeynants (VDB), ancien premier ministre et ministre de la Défense, par Patrick Haemers et ses complices (mais l’opération est revendiquée par un obscur groupe d’extrême gauche dont personne n’entendra plus jamais parler, certainement créé pour l’occasion). Il a été libéré le 12 février, devant la gare de Tournai.

Haemers avait comme avocat Jean-Paul Dumont, proche de Nihoul et cité par X1 et X2 comme étant un membre actif du réseau. Dumont a fait de la politique au PSC, le parti de Vanden Boeynants, et fut l’avocat de Madani Bouhouche, un flic fasciste cité à de nombreuses reprises dans l’affaire des Tueries du Brabant, et aussi comme un des hommes de main du réseau.

Quant à Haemers, il était aussi membre du réseau, comme homme de main et consommateur de mineures, d’après le témoignage d’Anneke Lucas.

Dumont fréquentait Raemaekers depuis le milieu des années 70. Dans une audition le 1er novembre 1996 (PV n° 115444/96), Raemaekers a expliqué qu’il avait accompagné Dumont “à plusieurs adresses” dans les régions de Bruxelles et Namur au début des années 90 “en vue d’y chercher des enfants, à savoir des garçons en bas âge”.

Selon Raemaekers, Dumont était en lien avec le commissaire de Bruxelles Georges Marnette et se vantait d’avoir “de nombreux contacts dans le milieu judiciaire, tant au niveau de certains services de police et plus précisément avec la police judiciaire de Bruxelles, qu’avec certains hauts magistrats et hommes politiques. Il m’a raconté qu’il avait des contacts permanents avec le commissaire Marnette de la PJ, qu’il connaissait d’ailleurs personnellement”.

Parmi ces contacts il y avait la bande citée par le témoin Nathalie W. : Van den Boyenants, Alain VANDERBIEST devenu ministre –PS- de la région wallonne et dont le chauffeur Richard Taxquet a été condamné pour l’assassinat du ministre André Cools en 1991. Lui a préféré se suicider en 2002.

Il y avait aussi d’autres noms, en fait un véritable carnet d’adresse des milieux politiques de l’époque, autant chez le PSC que chez les socialistes. Un certain nombre de ces politiques ont d’ailleurs été impliqués dans des affaires “politico-financières”.

9 mars 1989 : Disparition à la fête foraine de Schaerbeek de Naïm Mazibas, une fillette de 10 ans d’origine Turque. Elle a été retrouvée dans une rivière “le cou et les pieds liés à des blocs de béton“, au niveau d’une station essence Q8. L’affaire a été classée très rapidement par le parquet, dès le 8 octobre 1990.

Le père de la fillette avait repéré Derochette qui donnait des jouets aux petites filles au marché de Schaerbeek, un quartier du nord de Bruxelles, et l’avait alpagué une semaine avant la disparition de sa fille.

X1 a identifié la fillette lors d’une de ses premières auditions, et a donné des précisions en avril 1998, mais devant des policiers qui ne la croyaient pas. Elle a expliqué que la “fillette Turque” a été tuée lors d’une partie de chasse dans les Ardennes, mais la PJ de Bruxelles a conclu que la petite Naïm n’avait jamais croisé la route de Dutroux et le dossier n’a pas été rouvert.

26 avril 1989 : Jugement de la cour d’appel de Mons contre Dutroux, défendu par Me De Quevy. Pour les faits de viol, de séquestration de 5 mineures de 13 à 17 ans et de vol, il prend 13 ans et 6 mois de prison, Michelle Martin prend 5 ans.

Ils sont jugés en même temps qu’un dénommé Van Peteghem qui a pris 6 ans. Dès sa sortie de prison en septembre 1991 il a été écrasé par un bus communal de la ville de Liège et en est mort.

Encore une fois il a bénéficié d’un traitement de faveur, dans un pays certes particulièrement tolérant en matière de pédo”philie” : le coupla été jugé en correctionnelle sur décision du parquet général alors que le substitut de Charleroi voulait les juger aux assises.

09 mai 1989 : Arrestation du truand Patrick Haemers au Brésil. Il a été rapatrié en Belgique où il s’est suicidé en prison le 14 mai 1993. Toxicomane, il avait été privé brutalement de son traitement de substitution par le médecin de la prison et la presse l’a décrit “dépressif” et “démoralisé”. Mais beaucoup pensent qu’il a été assassiné.

Il savait beaucoup de choses sur beaucoup de monde, au sujet des tueries du brabant, des milieux d’extrême-droite, du trafic d’armes et de drogues, mais aussi du système pédocriminel belge.

1989 : Régina Louf (X1) participe en tant que comédienne à une formation sur les techniques d’audition de victimes d’abus sexuels à l’École royale de gendarmerie, organisée par la BCR (brigade de recherches de la gendarmerie).

Fin 1989 : Nihoul monte sa boîte de vente de poisson en gros, après avoir fait 5 mois et demi de prison. De l’argent d’une société panaméenne a été investi dans la boîte, via l’avocat Van der Els. La société est devenue DCN Benelux SA et avait comme administrateurs sa copine Marleen D., Forgeot et un dénommé Delamotte.

Elle a été revendue en 1992, a été délocalisée en Irlande et le trafiquant de drogue Casper Flier en est devenu administrateur délégué. Côté belge elle s’appelait La Maison des Chefs où Nihoul était toujours employé en 1996, et qui lui a valu un redressement fiscal de 1,2 million d’euros pour faillite frauduleuse – qu’il n’a jamais payé.

Flier est justement celui qui a été accusé de fournir les pilules d’ecstasy à Nihoul, qui selon les enquêteurs devaient servir à rémunérer des enlèvements de mineures commis par Nihoul et Lelièvre.

En 1993 il avait rencontré Lelièvre en prison et lui a offert un job dans sa station service à Anthée, où ont été vus Dutroux et d’autres membres de son entourage. En 2010 il a été arrêté à Amsterdam pour trafic international de cocaïne.

7 décembre 1989 : Marc Dutroux “engrange” une remise de peine collective de six mois. Il en a une autre en 1990 et encore une en 1991.

20 décembre 1989 : Disparition d’Elisabeth Brichet à Saint-Servais. Ce meurtre est attribué à Fourniret par Monique Olivier et la justice française, mais Dutroux en a été soupçonné pendant un bon moment.

Au sujet des connexions de Fourniret avec la Belgique:

L’enlèvement d’Estelle Mouzin, comme beaucoup d’autres disparitions de mineurs à l’époque, est toujours irrésolu et on n’a jamais retrouvé son corps. Aujourd’hui, les avocats du père d’Estelle Mouzin pensent que Fourniret est impliqué dans sa disparition, et une enquête est menée à ce sujet par une juge d’instruction.

13 janvier 1990. Dutroux, délinquant primaire, est au tiers de sa peine : il est théoriquement libérable.

25 avril 1990 : Création d’un poste de magistrat national pour centraliser toutes les enquêtes sur la “grande criminalité”.

7 septembre 1990. Seconde remise de peine collective de six mois pour Dutroux

26 janvier 1991 : Disparition de Nathalie Geijsbregts. Un chauffeur de camion hollandais, pédocriminel connu, a été soupçonné de l’enlèvement mais il est mort en prison en 2009. En 1992 le dénommé Michel Stokx a été condamné pour le meurtre d’une fillette hollandaise  de 11 ans et de deux garçons allemands de 9 et 13 ans, il avait été entendu plus de 250 heures par 6 enquêteurs belges quelques mois plus tôt, mais n’a jamais avoué ce meurtre. Son corps n’a jamais été retrouvé.

19 juin 1991. Troisième remise de peine collective de six mois pour Dutroux.

14 octobre 1991 : Libération de Raemaekers, apparemment avec pas mal d’argent puisqu’il loue un bureau de prêts à court terme à 22% (qui sentait l’escroquerie) avenue Louise  à Bruxelles [2] et fait des voyages, notamment au Paraguay où il a plus tard déclaré avoir créé une banque, et au Nigeria. Il a expliqué en 1997 à des journalistes qu’il avait eu l’argent nécessaire en vendant des cassettes pédopornographiques.

15 novembre 1991 : Disparition de Vinciane Gosset à Namur, retrouvée assassinée le 6 décembre 1991.

17 décembre 1991 : Disparition de Katrien De Cuyper à Brasschaat, dont le corps a été retrouvé lors de travaux de terrassement dans la zone portuaire d’Anvers le 22 juin 1992. X1 expliquera plus tard qu’elle était dans le réseau. Elle a été vue pour la dernière fois au café Les Routiers où elle appelait ses parents pour prévenir qu’elle aurait un peu de retard. Ce café est à deux pas de là où ont disparu Kim et Ken Heyrman deux ans plus tard, en janvier 1994.

Or, une société de pornographie hollandaise avait son siège juste au-dessus, dans lequel la police a retrouvé les coordonnées d’un pédo hollandais impliqué dans le réseau de Zandvoort, Robby van der Planken, condamné en 1998 pour avoir assassiné un autre pédo, Gerrit Ulrich, avec lequel il avait une relation. Ledit Ulrich a aussi régulièrement effectué des virements d’argent vers cette société hollandaise.

30 décembre 1991 : Disparition de Inge Breugelmans, 15 ans, à Wuustwezel, près d’Anvers. Ce meurtre ainsi que celui d’Inès Van Muyldert disparue dans le même secteur à la même époque, ont été avoués par un pédo hollandais en 1992. Qui a cependant toujours nié son implication dans l’assassinat de Katrien. Les parents des deux adolescentes n’ont pas pu voir les corps.

Après 1992: Quand les autorités refusent de voir l’évidence

01 janvier 1992 : Démilitarisation de la gendarmerie (loi du 18 juillet 1991) qui est englobée dans la police.

27 janvier 1992. Marc Dutroux a accompli la moitié de sa peine donc 6 ans. C’était un prisonnier modèle avec assez de relations dans la prison pour choisir son codétenu, selon le témoignage de l’un d’eux présenté dans “Les dossiers X”, et même revenir de permission avec 48 h de retard. Il a des permissions de sortie et des congés pénitentiaires pour “préparer sa réinsertion”. L’Unité d’Observation et de Traitement est favorable à sa libération conditionnelle.

Selon “Les Dossiers X”, Dutroux refuse le suivi psycho-social “mais il est prêt à se faire suivre, après sa libération, par le docteur Emile Dumont, qui a près de soixante-dix ans à l’époque. C’est ce médecin ucclois chez qui Michèle Martin avait essayé, pendant l’instruction, d’obtenir un rapport d’irresponsabilité. Il prescrit à volonté du Rohypnol et de l’Haldol. Des pilules contraceptives aussi, en triple ration à Martin, pendant des années. Plus tard, Dutroux en revendra même à Michel Nihoul“. Ces drogues ont été utilisées pour endormir les victimes.

C’est ce Dumont qui a permis à Dutroux de bénéficier d’une pension invalidité à 66% pour “nervosité”. Et justement, toutes les procédures judiciaires contre lui le rendent “nerveux”.

12 mars 1992 : Derochette est libéré.

Mars 1992 : Débat sur la libération conditionnelle de Dutroux. Le procureur général de Mons, M. Demanet y est hostile.

6 avril 1992 : Par arrêté ministériel, le ministre de la Justice Melchior Wathelet (membre du Parti Social Chrétien qui selon certains témoins a rencontré Dutroux, et selon certains témoins était dans le réseau) décide de remettre Marc Dutroux en liberté conditionnelle. Les conditions étaient:

  • Se soumettre à une guidance sociale stricte (le dernier rapport de la guidance sociale a eu lieu le 17 juillet 1996)
  • Poursuivre de façon régulière le suivi médico-psychologique auprès du Dr Dumont,
  • Indemniser les victimes 1000 FB par mois (Dutroux a vite arrêté les versements)
  • Ne pas fréquenter de débits de boissons, ni d’anciens détenus étrangers à sa famille.
  • Apporter la preuve d’une occupation et de revenus réguliers.

Dès sa sortie il s’est activé à la construction de ses caches.

Avril 1992 : Dutroux demande à un copain braqueur, Patrice C. de mettre le feu à sa maison de la rue Jules Destrée à Marchienne-au-Pont pour toucher l’assurance. Ca lui a rapporté 1,3 million de FB, et il a pris 3 ans de prison en mars 2002, 2 pour le complice.

Selon Le Soir du 8 septembre 2003,

En cellule, les deux hommes eurent de longues discussions sur la conception de cette “cache parfaite”. Jamais Dutroux n’indiqua à Charbonnier qu’il s’agira d’y cacher des enfants. Nous nous demandions quelle serait la porte la plus secrète possible, indiqua Dutroux lors d’un de ses interrogatoires consacrés à ses relations avec Patrice Charbonnier. En avril 1992, après avoir purgé 7 des 12 années de prison que lui avaient valu plusieurs viols et séquestrations de jeunes gens, Dutroux repris contact avec son vieil ami et comparse Charbonnier.

Les deux hommes reprirent leurs conversations sur la conception de la “cache parfaite”. Charbonnier avait déjà réalisé la sienne. Dutroux se rendit à Trazegnies pour y découvrir le “modèle” de la cache qu’il comptait réaliser. Charbonnier, qui s’était reconverti dans l’installation de systèmes d’alarme fit part de son expérience à Dutroux. Il lui enseigna aussi la soudure. A une dizaine de reprises, Dutroux revint à Trazegnies. Michelle Martin l’accompagnait parfois. Elle confiera aux enquêteurs que Dutroux estimait que la cachette de son comparse était très bien. Charbonnier lui-même vint à Marcinelle. Des témoins le virent travailler avec Dutroux, ce que l’ex-facteur nie.

1er juin 1992 : Premier rapport d’enquête sociale de Dutroux sur base d’entretiens ayant eu lieu le 28 avril, les 4 et 5 mai 1992.

Avril 1992 à mars 1993 : Entretiens de guidance sociale mensuels pour Derochette. Le service de réinsertion sociale ne connaissait pas ses antécédents et tout se passe bien.

5 août 1992 : Enlèvement de Loubna Benaïssa, d’abord considéré comme une fugue pendant six jours. Son corps a été retrouvé en mars 1997 seulement, dans une malle dans la cave de la station d’essence Derochette à Bruxelles.

Le père Derochette fréquentait le Stanley, un bar de Bruxelles où se croisaient les anciens coloniaux du Congo, les milieux d’extrême-droite, de barbouzes et des pédocriminels dont Dutroux et Nihoul, qui étaient par ailleurs des clients de la station service Q8 des Derochette.

14 août 1992: Vacances de Dutroux dans le sud de la France, notamment à Marseillan où il vole un véhicule Renault Master.

28 aout 1992 : Enlèvement de Laurence Mathues, 16 ans, retrouvée morte le 8 septembre 1992 à Fernelmont. Elle avait un job d’été au parc Walibi, et son corps a été retrouvé le 7 septembre à plusieurs dizaines de kilomètres. La presse a dit qu’elle a été tuée par des barbituriques dans les 24 h après sa disparition.

Selon Dutroux, son ancien camarade accessoirement indic de la police Claude Thirault était mêlé à cet enlèvement. L’affaire n’est toujours pas résolue, mais les traces de médicaments retrouvées dans son sang sont identiques aux médicaments que l’on a retrouvés en quantité chez Dutroux et dont il se servait.

Août 1992 : Vacances des Dutroux dans le sud de la France.

Novembre 1992 : Attentat à la pudeur de Dutroux sur des mineures à la patinoire de Charleroi. Il est interpellé et relâché après un simple contrôle d’identité.

25 décembre 1992 : Disparition de Marie-Anne Gillot à Tilff. Son corps est retrouvé le 12 janvier 1993 près de Visé.

7 avril 1993. Dernier rapport d’assistance sociale. Le travailleur social chargé de Dutroux change d’affectation et n’est pas remplacé.

Fin août 1993 : L’informateur non enregistré Claude Thirault contacte la gendarmerie pour signaler que Dutroux aménage des caches dans sa cave (à la place d’une ancienne citerne) à Marchienne-au-Pont dans le but de séquestrer des jeunes filles d’une douzaine d’années…

Il précise que Dutroux “aménageait ses caves pour y loger des enfants avant de les envoyer à l’étranger” et qu’il lui a proposé 150.000 FB (3700€) par fille pour enlever deux fillettes à une fête de village.

Octobre 1993 : Divers dossiers sont ouverts à Charleroi contre Marc Dutroux pour vols. Et, entre autres, une information judiciaire au Parquet et une instruction chez le juge Lorent portant le n°1003/93. Le procureur général de Mons est informé de ces faits mais sans qu’un rapprochement soit fait avec sa condamnation et sa libération conditionnelle.

8 novembre 1993. Dans le cadre du dossier 1003/93 du juge Lorent, la brigade de gendarmerie de Charleroi effectue une série de perquisitions dans les maisons occupées par Marc Dutroux : 43-45, rue de Rubignies, à Sars-la-Buissière; 17, rue Jules Destrée, à Marchienne-au-Pont; 128, avenue de Philippeville, à Marcinelle; 27, rue Lenoble, à Jemeppe-sur-Sambre.

A Marchienne-au-Pont, les gendarmes cherchent à vérifier les affirmations de Thirault et constatent que des travaux sont bel et bien en cours. Marc Dutroux en donne une explication aux gendarmes qui prennent cependant une série de photos. Leur P.-V., très précis, fait état de terrassements à une profondeur de 1,50 m et du creusement de deux galeries.

Le général de gendarmerie D. R écrira dans une lettre du 22 août 1996 :

L’absence d’éléments lors de la perquisition, l’explication plausible donnée par Dutroux et l’absence d’autres informations concernant une éventuelle activité délictueuse de Dutroux tendent alors à infirmer l’information reçue“.

26 novembre 1993 : La brigade de gendarmerie de Charleroi retourne en perquisition à Jemeppe-sur-Sambre.

6 décembre 1993: Courrier du médecin traitant de Dutroux qui raconte au médecin-conseil de l’organisme qui verse les allocations le calvaire de Dutroux afin de justifier les aides sociales qu’il réclamait:

J’ai examiné MD régulièrement depuis le 28 novembre 1991 jusqu’au 10 août 1993 et je l’ai encore revu le 23 novembre 1993. Depuis mon dernier rapport, l’état nerveux ne s’est pas amélioré, au contraire : il se plaint toujours de céphalées, difficultés de concentration, asthénie, amaigrissement considérable, état dépressif qui s’est encore aggravé ces dernières semaines à la suite d’une perquisition effectuée par la gendarmerie à son domicile. MD reste toujours agressif, avec des tendances à des colères explosives“.

Dutroux a donc été reconnu donc incapable de travailler, le pauvre. Il a même reçu un super traitement remboursé la sécurité sociale : Redomex 25 mg, Haldol 60 gouttes, Rohypnol 2 milligrammes. Produits qu’il utilisait massivement pour droguer ses victimes

10 décembre 1993 : Les perquisitions n’ont pas confirmé les “tuyaux” de l’informateur,  mais les gendarmes de la brigade de Charleroi leur laissent cependant un certain crédit et ils sont convaincus que Marc Dutroux est impliqué dans divers vols et dans des recels. Ces opérations ont au moins eu le mérite de faire cesser les travaux d’aménagement de la cache dans sa maison de Marchienne-au-Pont.

Avec l’espoir de localiser ses dépôts, les gendarmes ont  demandé au juge d’instruction Lorent, de Charleroi, d’autoriser une opération de surveillance baptisée “opération Decime”, que le Posa (peloton d’observation, de soutien et d’arrestation) devrait mener à bien. Le 13 décembre, le juge Lorent accepte cette proposition.

13 décembre 1993 : début de l’Opération Décime. La gendarmerie reçoit l’autorisation du juge d’instruction Lorent d’effectuer des observations chez Dutroux, mais omet de lui dire qu’ils cherchent à vérifier les déclarations de Thirault au sujet des caches et des enfants.

5, 6 et 12 janvier 1994 : Le 5 (de 9 à 15 heures), le 6 (de 10 à 16 heures) et le 12 janvier (de 15 à 21 h 45), le Posa de Charleroi surveille Marc Dutroux. Rien de suspect n’est relevé à l’occasion de ces observations et filatures.

16 février 1994: L’”opération Decime” est clôturée. Un rapport en est fait à l’attention du juge d’instruction Lorent, avec copie au procureur du Roi.

7 mars 1994. Le Parquet de Charleroi demande au ministère de la Justice si Dutroux respecte bien les conditions mises à sa libération. Le 15 mars, le ministère répond que rien ne prouve le contraire.

16-17 Avril 1994: Dutroux est en Allemagne, puis en Tchécoslovaquie. Il rentre le 3 mai.

Mai 1994 : Nihoul a expliqué avoir été contacté en mai 1994 par Jean-Louis Delamotte qui fréquentait le Dolo, pour travailler pour sa société ASCO (Achat, Service, Commerce) à Onnezies, qui s’occupait d’acheter et vendre des véhicules d’occasion principalement à destination de l’Afrique. Elle explique :

Etaient administrateurs de ladite société, Jean-Louis Delamotte, Forgeot Michel, Marleen D. qui a remis ses parts en 1994 à Fernand M., lequel obtient 50% de la société, et une autre dame dont j’ai oublié le nom“.

En juin 94 Nihoul est allé à Saint-Domingue pour prendre des contacts dans le cadre de son job de vendeur puis dit avoir cessé en juillet 94 parce qu’il n’a pas été payé.

Il se trouve que des Mercedes Blanches qui tournaient autour des écoles dans plusieurs villes du pays à l’époque du scandale Dutroux appartenaient à cette société ASCO et avaient de fausses plaques d’immatriculation françaises.

Selon le témoin Nathalie W., qui dénonce aussi Delamotte comme agresseur, la société faisait aussi dans le trafic d’armes et selon X1 des snuff movies y ont été tournés.

L’enquête a également montré que des jeunes femmes d’origine étrangère, probablement d’Amérique latine, logeaient temporairement à l’étage au-dessus de l’entreprise.

27 mai 1994 : Dutroux repart en Tchécoslovaquie. Il y retourne en juillet, et en août. On sait qu’il a ouvert des comptes bancaires en Slovaquie.

13 juin 1994: Les gendarmes de Charleroi procèdent à nouveau, sur ordre du juge Lorent, à des perquisitions dans les habitations déjà visitées le 8 novembre 1993. A Marchienne-au-Pont, les gendarmes constatent que les travaux n’ont pas avancé depuis cette date.

Eté 1994 : Diakostavrianos, complice du Dutroux pour le trafic de voitures et d’adolescentes, est à Montpellier.

Août – septembre 1994: Dutroux est en Slovaquie, probablement avec plusieurs voyages.

15 décembre 1994 : Disparition de Sylvie Carlin, 19 ans. Cette affaire n’est toujours pas résolue, son corps n’a toujours pas été retrouvé. Diakostaviranos notamment était dans son entourage.

Un voyant a tout de même retrouvé certains de ses vêtements, enterrés dans une autre région au milieu d’un bois, mais la police a mis 6 ans pour répondre que ce n’étaient pas les siens, contre l’avis de sa famille.

Janvier 1995 : Raemaekers prend 15 ans de prison pour la séquestration et les viols de trois fillettes.

24 mars 1995 : Date officielle de la mort de Julie et Mélissa, qui auraient été enterrées le 27 mars.

02 avril 1995 : Disparition à la sortie d’une boîte de nuit, “La Luna” à Charleroi, de Jean-Pol Taminiau avec sa voiture. Il venait de reprendre la gestion d’un bar à filles avec sa compagne Nadège Bernard qui l’avait quitté en janvier. Leur bar était situé 125 rue de Montignies à Charleroi, à 600 mètres d’une des maisons où Dutroux aménageait des caves, au 128. Son corps a du être découpé puisqu’on a retrouvé un pied dans un canal.

14 juin 1995 : Le jour des élections on apprend dans la presse que les enquêteurs de la cellule de Neufchâteau ont visionné des cassettes retrouvées lors de la perquisition chez Dutroux le 13 décembre 1993. On y verrait Dutroux en train de violer une jeune fille droguée et construire des caches dans sa cave.

Au sujet de ces cassettes, la sénatrice Anne-Marie Lizin a déclaré à des journalistes en octobre 1996 que :

Nous étions en discussion, Jean-Denis Lejeune et moi avec Elisabeth Yorre et John Raunbun de “Missing Children” [aux Etats-Unis] quand un coup de fil est arrivé. Comme c’était un gendarme belge, un certain Patrick du BCR (Bureau Central des Recherches), et qu’il parlait de l’affaire Dutroux, les Américains ont branché le haut-parleur… C’est ainsi que nous l’avons entendu dire que des cassettes pédophiles avaient été saisies et qu’il y avait des personnalités politiques dessus“.  Elle a aussi expliqué ensuite que “les gendarmes du BCR étaient en contact étroit et régulier avec les services américains (CIA & FBI) dans les locaux de l’ambassade américaine de Bruxelles” mais qu’il n’y avait pas de “personnalités politiques”.

Par ailleurs, dans un article du quotidien “Le Soir”, daté du 16 mars 2004, le journaliste Marc Metdepenningen précisait même que “la caméra était tenue par Michelle Martin, l’épouse de Dutroux, et qu’elle s’attardait sur le violeur et sur des personnes qui y assistaient et qui étaient au nombre de 15 à 20.

 

Les enlèvements : Toutes les infos sur Dutroux étaient déjà dans les tiroirs

24 juin 1995 : Enlèvement de Julie et Melissa à Grâce-Hollogne. L’affaire est mise à l’instruction deux jours plus tard chez la juge d’instruction Martine Doutrewe.

26 juin 1995 : L’informateur Thirault rencontre le gendarme Pettens et lui rappelle ses informations de 1993 (Opération Décime) – PV 100101/99 – ANT CDS/cellule Neufchâteau.

7 juillet 1995 : La brigade de gendarmerie de Charleroi adresse un fax à la brigade de Grâce-Hollogne (qui enquête sur la disparition de Julie et de Mélissa) pour lui communiquer les informations rassemblées sur Marc Dutroux dès octobre 1993.

17 juillet 1995 : La brigade de Grâce-Hollogne demande au bureau central de renseignements (BCR) de la gendarmerie, à Bruxelles, de lui fournir tous les renseignements dont il dispose sur Marc Dutroux. Le BCR répond à cette demande le 27 juillet 1995 en envoyant les photos et la documentation disponibles à Grâce-Hollogne. Fax du gendarme B. de Charleroi vers la gendarmerie de Liège au sujet de l’enlèvement de Julie et Melissa (il mentionne l’Opération Décime).

Juillet 1995: Voyage de Lelièvre en Slovaquie.

26 juillet 1996 : Mort de François Reyskens, 28 ans, passé sous un train deux heures avant d’être entendu par les gendarmes de Seraing sur la disparition de Mélissa, après être tombé en panne à Amay.

Il avait appelé les parents des fillettes qui ont prévenu la gendarmerie. Selon son père adoptif, il avait croisé Julie et Mélissa aux Pays-Bas après leur enlèvement. L’enquête a conclu à un suicide.

28 juillet 1995 : La brigade de Grâce-Hollogne accorde de l’importance aux informations lui provenant de la brigade de Charleroi. Elle adresse donc un fax à la BSR de Charleroi pour lui demander :

  • un contrôle discret des véhicules de Dutroux et Martin;
  • la communication de toutes les informations utiles en rapport avec un éventuel trafic d’enfants vers l’étranger;
  • des informations sur la manière dont la brigade de Charleroi a pu contrôler la destination des travaux engagés à Marchienne-au-Pont;
  • la transmission de tous les P.-V. en rapport avec les viols et les autres comportements suspects commis par Dutroux.

Fin juillet – début août 1995. Les gendarmes de Grâce-Hollogne affirment que c’est dans cette période qu’ils informent la juge d’instruction Martine Doutrèwe des soupçons pesant sur Dutroux. La juge soutient qu’elle a été informée… mais à la fin du mois d’août. Un policier situe cet échange d’information “à la fin du congé” pris par le juge… qui a pris quelques jours de congé à la fin de juillet et à la fin d’août !

Août 1995 : Rencontre officielle entre Nihoul et Dutroux par l’intermédiaire de Lelièvre. Cette date est fausse, ils se sont rencontrés au moins 10 ans plus tôt.

Selon le comité “Julie et Mélissa”,

Le milieu fréquenté par Lelièvre, dans les mois précédant l’enlèvement de Julie et Mélissa est, à l’évidence, un milieu polycriminel formé de Nihoul-Bouty-Flier, inculpés dès les premiers jours de l’enquête chestrolaise pour “association de malfaiteurs impliquée dans les enlèvements d’enfants”. Lelièvre est, à l’évidence, en cette période de l’année 1995, bien plus que Dutroux ou Martin, le maillon effectif entre Nihoul & Co et les enlèvements d’enfants. C’est en effet Lelièvre qui fera le lien objectif entre les activités criminelles de Dutroux et celles du club “Nihoul & Co”. Dès mai 95, Lelièvre et Nihoul forment une paire dont les activités (drogue, trafic de véhicules) semblent dépasser la simple “infiltration” du milieu au bénéfice de la gendarmerie de Dinant, ainsi que Nihoul l’a prétendu pour sa défense.

Le rôle de Lelièvre, qui reconnaît lui-même avoir présenté Dutroux à Nihoul, ne pouvait être à ce point minimisé. Mais, Lelièvre ayant constamment été présenté à l’opinion -grâce au travail de propagande de son avocat et à la crédulité de la presse – comme un simple drogué sous la coupe de Dutroux (de la même manière que le rôle de Martin fut minimisé par le portrait de pauvre victime de son époux que l’on fit d’elle des années durant), son rôle décisif a fini par passer presque inaperçu dans l’affaire des enlèvements d’enfants de 95 et 96. La presse, en particulier, par son aveuglement, a largement participé à désinformer l’opinion et à la conditionner pour la préparer (suivant en cela l’objectif final du juge Langlois et de la justice) à l’explication simpliste du ’pervers isolé’.

Thèse confortable s’il en est car ne comportant aucun risque de remise en question d’un système qui préfère ne rien savoir d’une des formes les plus graves d’exploitation humaine que sont les organisations criminelles pédopornographiques, auxquelles des sous-fifres du modèle Dutroux ou Lelièvre appartiennent immanquablement. Mais encore fallait-il poser les bonnes questions pour pouvoir le démontrer“.

Beaucoup s’interrogent sur le rôle réel de Lelièvre qui était plus actif dans les enlèvements que ne l’a laissé paraître le dossier final.

En tout cas cette histoire de la rencontre Nihoul – Dutroux par l’entremise de Lelièvre en août 1995 ne tient pas la route: X1 a expliqué qu’elle connaissait les deux, ainsi que Bernard Weinstein et Michelle Martin, dans le réseau:

– J’ai fait leur connaissance par Nihoul. Cela peut paraître improbable, mais ils se connaissent déjà depuis très longtemps, a-t-elle dit lors d’une audition.

Pardon ? lui a demandé l’enquêteur.

– Je dis qu’ils se connaissent déjà depuis très longtemps, et que cela peut paraître improbable.

Qui connaît qui vous dites ?

– Nihoul et Dutroux se connaissent déjà depuis longtemps.

Elle explique qu’elle les a rencontrés pour la première fois chez Nihoul où sa mère l’avait conduite. Elle ne sait pas dire quand, mais elle connaît Nihoul depuis le début des années 80, elle a identifié la maison où elle a été emmenée par lui la première fois, qui s’est avérée être un ancien domicile à Jette d’Annie B. la compagne de Nihoul qui était présente selon le témoignage. X1 a expliqué que ce jour-là elle a été violée par les adultes et par les bergers allemands de Dutroux dont elle donne les noms (Brutus et Sultan).

Elle a aussi rencontré Vander Elst le fidèle ami de Nihoul, lors de partouzes quand elle avait entre 12 et 15 ans. Elle explique que Nihoul a été l’un de ceux qui l’ont initiée aux meurtres rituels avant l’âge de 12 ans, d’abord sur des animaux puis sur d’autres mineurs. Par exemple au sujet de Weinstein elle dit:

Savez-vous qu’un de ces jeux préférées était d’enterrer des animaux vivants? C’était vraiment amusant, n’est-ce pas?“.

Au cours du week-end où elle a rencontré Dutroux et Martin chez Nihoul à Bruxelles, X1 explique dans son audition du 13 novembre 1996 que de nombreux viols et tortures ont eu lieu avec comme point culminant un rituel où un tirage au sort entre elle et une autre fille a été organisé pour savoir laquelle des deux allait mourir, et cette fille que X1 disait connaitre environ un an avant sa mort a été identifiée rapidement par les enquêteurs comme étant Christine Van Hees, assassinée en 1984.

04 août 1995 : Le gendarme Michaux (en charge de l’enquête sur la disparition de Julie et Melissa) demande au gendarme Pettens de prendre contact avec son informateur Thirault. Nouvelle révélation : “Dutroux offrirait de l’argent pour enlever des enfants” (Rapport 309/BSR/95).

+ La BSR de Charleroi répond, par fax, à la brigade de Grâce-Hollogne que l’informateur du maréchal des logis P. (voir au 21 octobre 1993) confirme les informations qu’il a données deux ans plus tôt et y ajoute que Dutroux proposait de payer 150.000 F pour une fillette enlevée.

7 août 1995 : L’adjudant L. du BSR de Seraing demande à ses équipes de “monter un dossier” de leur côté puisque ça ne bouge pas à Charleroi.

08 août 1995 : Le gendarme V. du BCR envoie un fax à toutes les unités de gendarmerie concernées:

Objet : disparition Julie et Mélissa. Dans le cadre de la disparition de Julie et Mélissa (DUTROUX), vous êtes invités à une réunion organisée le 9 août 1995 à 10 h dans les locaux de la B.S.R. de Charleroi

On constate que le nom de Dutroux est déjà ici directement associé à l’enlèvement de Julie et Mélissa. Mais le gendarme V. n’envoie pas de copie à la juge d’instruction chargée de l’enquête, l’information restera donc confidentielle au sein de la gendarmerie.

09 août 1995 : La BCR organise, à Charleroi, une réunion à laquelle participent les BSR de Charleroi, de Seraing, de Thuin et de Namur. Il en résulte que, si, d’un point de vue judiciaire, peu de faits concrets pèsent sur Dutroux, d’un point de vue policier, de sérieux soupçons se multiplient. Une attention particulière pour Marc Dutroux est donc demandée à tous les services de gendarmerie présents à cette réunion. Seuls des gendarmes sont présents.

Aucun P.-V. n’est rédigé suite à cette réunion. Il y a juste eu un rapport interne da­tant du 16 août. On ne sait pas trop ce qu’il s’y est dit mais le sujet portait à minima (selon le lieutenant général Deridder) sur les enlèvements d’enfants et pas sur l’affaire Julie et Mélissa.

On sait aussi que lors de cette réunion du 9 août, le dossier des enlèvements a été retiré à la brigade de Liège et confié à celle de Charleroi sans que les magistrats de Liège n’en soient informés. Quant à ceux de Charleroi ils ont seulement été informés que “Dutroux est un suspect potentiel“.

Combien de temps a été perdu suite à ces tergiversations?

10 août 1995 : Claude Thirault se présente de nouveau devant les forces de l’ordre pour désigner les manigances de Dutroux, cette fois chez le maréchal des logis P. Il répète ce qu’il avait dit début juillet 1995 sur ses discussions avec Dutroux antérieures à juin 1995, et donne d’autres précisions dont il ne s’est souvenu qu’après l’enlèvement de Julie et de Mélissa.

  • Il rappelle les faits de 1993, époque à laquelle il travaillait avec Dutroux dans une de ses maisons à Marchienne Docherie, rue Jules Destrée N° 17a et 17 b, ainsi que les déclarations qu’il avait faites au sujet de caches que Dutroux était en train d’aménager pour y mettre des enfants dans le cadre d’un trafic.
  • Il parle de ce qui s’était passé (en juillet 93) à Yves- Gomzée, où Dutroux, qui avait repéré dans la rue deux petites filles lui a dit ce que l’on pouvait espérer en gagner (soit 150 000 Francs Belges) et comment il fallait les kidnapper (c’est-à-dire en les tenant avec une main sur la bouche).
  • Il parle ensuite de son dernier contact avec Dutroux qui était venu le voir chez lui (à Viésville) et lui a proposé de gagner pas mal d’argent en faisant le guet pendant un “gros coup” qui était alors en préparation….Cela se passait le 20 juin 1995, juste avant l’enlèvement de Julie et Mélissa le 24 juin 1995…

 

Un autre informateur a déclaré à cette période que Dutroux lui a proposé de travailler pour lui notamment à Sars-la-Buissière et de participer à des rapts d’enfants dans la région de Malines.

Malgré ces déclarations précises faites devant une série d’agents des forces de l’ordre entre 1993 et 1995, il faudra encore un an avant que liens ne soient faits: c’est seulement en août 1996 que Dutroux et deux de ses complices sont arrêtés dans le cadre des enlèvements.

C’était après avoir enlevé et séquestré six filles dont quatre sont mortes. Deux seront retrouvées vivantes in extremis.

Cette lenteur surréaliste reste une des grandes interrogations dans le traitement ubuesque de l’affaire, restée sans réponse. Mais il est clair que les forces de l’ordre disposaient des informations nécessaires sur les intentions de Dutroux.

Et dans ce pays de 11 millions d’habitants, il est peu probable que ce genre de tuyau arrivait suffisamment en nombre pour être noyé dans la masse. La question légitime est de se demander si les protections de Dutroux, manifestement actives depuis le début des années 80, n’étaient pas encore à l’action.

16 août 1995 : Le district de gendarmerie de Charleroi demande qu’on interroge Interpol sur les voyages de Dutroux en Slovaquie et en Allemagne. Cette demande a été transmise à Interpol Wiesbaden le 18 août.

22-23 août 1995 : Enlèvement à Ostende de An et Eefje, 17 et 19 ans. Lelièvre dira plus tard qu’il s’agissait d’une “commande” faite à Dutroux. D’après Michèle Martin elles ont été assassinées début septembre, peu après la rentrée scolaire.

24 août 1995 : La BCR diffuse à toutes les brigades de Belgique un avis de recherche concernant Dutroux et ses véhicules.

Critiquée pour le flou et l’imprécision de cet avis de recherche, la gendarmerie explique qu’à l’époque seules des dénonciations d’informateurs anonymes pesaient sur Dutroux et qu’à trois reprises (l’opération Decime et deux perquisitions) des tentatives de vérification s’étaient révélées négatives.

25 août 1995 : Le BCR annonce la mise en place de l’Opération Othello qui a consisté à observer le domicile de Dutroux, sans jamais l’interroger (les gendarmes ont dit devant la commission d’enquête qu’il n’avait pas été interrogé pour ne pas éveiller ses soupçons et qu’il ne s’en prenne pas aux victimes, après avoir dit dans un premier temps que l’opération Othello n’avait rien à voir avec l’enlèvement de Julie et Mélissa).

C’est le commandant L. de Charleroi, qui avait déjà participé à l’opération Decime en 1993-1994, qui signe le document de lancement. Le district de gendarmerie de Charleroi adresse un rapport détaillé au substitut Robert, du Parquet de Charleroi, pour lui demander l’autorisation de lancer l’”opération Othello”.

Cette note est présentée “dans le cadre de la lutte contre la traite des êtres humains” car “certaines rumeurs persistantes font état du comportement suspect d’un habitant résidant sur le ressort du district de Charleroi. Ces rumeurs sont amplifiées depuis la disparition des deux jeunes filles Julie et Mélissa“.

La note précise que “Depuis 1993 et ce à plusieurs reprises, des rumeurs persistantes font état que Dutroux aménage les caves de ses différentes maisons pour y loger des enfants en attente d’être expédiés à l’étranger“. Elle fait référence à plusieurs enlèvements d’enfants, dont celui de Julie et de Mélissa qui à ce moment n’ont toujours pas été retrouvées.

Elle mentionne les rumeurs et les dénonciations concernant Dutroux, tout comme l’échec des tentatives de vérification faites jusque-là.

Enfin, elle envisage l’utilisation des informations qui seront récoltées également dans une enquête pour trafics d’autos qui est menée parallèlement contre Dutroux.

+ Le même 25 août, le gendarme Guy Geubels de la brigade de Grâce-Hollogne (là où Julie et Mélissa ont été enlevées), est retrouvé “suicidé”, une balle dans la tête et le téléphone dans une main. Il allait rencontrer la presse pour parler de l’affaire, qu’il avait suivie depuis le début, et avait eu l’autorisation de sa hiérarchie. Selon les parents de Julie et Mélissa, il était l’un des seuls à parler de piste pédophile dans les disparitions.

28 août 1995 : début de l’Opération Othello (premières observations de Dutroux et ses domiciles). La première observation de l’”opération Othello” est menée à bien par le Posa de Charleroi. Les autres auront lieu les 29 août, 8, 19 septembre, 13 et 16 octobre.

La BSR de Charleroi effectuera également un certain nombre de surveillances pendant cette période. Toutes ces opérations auront un résultat négatif, rien de notable n’apparaît d’après les enquêteurs.

5 septembre 1995 : Le juge d’instruction Lorent de Charleroi reçoit une lettre de la mère de Marc Dutroux (écrite sous son nom de jeune fille et se présentant comme sa propriétaire).

La lettre dit que les voisins de Dutroux “se plaignent de nombreux va-et-vient nocturnes concernant le trafic de pneus et maintenant de carcasses de voitures, mais aussi du passage des filles entre 16 et 18 ans qui n’ont fait que transiter par cette maison inhabitée mais dont les chambres sont occultées par du plastique noir… En ce temps où des disparitions de jeunes filles se multiplient, je pense que je peux faire moins que de signaler le passage de ces inconnues à Jemeppe”.

Cette lettre a été transmise au parquet mais n’a pas été exploitée. Le juge demande des renseignements complémentaires aux polices de Charleroi et de Namur. La mère de Dutroux confirmera ses déclarations à la police de Pont-à-Celles; l’un des époux voisins de Dutroux (interrogé en janvier 1996 seulement) refusera de confirmer les affirmations de la mère de Marc Dutroux.

31 octobre 1995 : Ordonnance de renvoi de Dutroux devant le tribunal pour les vols commis en 1992, 1993 et 1994. Le procès est fixé à octobre 1996. Il n’est toujours pas inquiété pour les enlèvements.

2 novembre 1995. Le procureur du Roi Marchandise est informé pour la première fois de l’opération Othello. Il en discute avec la substitute Troch qui gère ce dossier et s’interroge beaucoup sur l’identité des informateurs de la Brigade de Charleroi.

3 novembre 1995 : Avec Weinstein, Dutroux séquestre trois adultes dans le contexte d’un règlement de comptes autour d’une affaire de vol de camion. L’une d’elles parvient à s’échapper et prévient la police.

Dutroux a comparu pour ces faits et des vols le 5 novembre devant la police de Charleroi, et n’a été arrêté que le 6 novembre et relâché quelques jours plus tard puisqu’il était fortement soupçonné du viol d’une jeune fille à Obaix le 22 novembre (on a trouvé la voiture de Weinstein près des lieux du viol).

5 novembre 1995 : Mort de Bruno Tagliaferro, ferrailleur qui était en contact avec Dutroux, Weinstein, Diakostavrianos, officiellement d’une crise cardiaque bien qu’un labo du FBI ait conclu à un empoisonnement. Sa femme Fabienne Jaupart est persuadée qu’il a été tué, d’ailleurs il s’était armé pour les défendre. Elle est sûre qu’il a dû démonter de vendre en pièces détachées la voiture qui a servi à l’enlèvement des fillettes.

Claude Thirault a de son côté expliqué que Dutroux lui avait parlé d’un Tagliaferro à liquider contre 50.000 FB.

9 novembre 1995. La police slovaque répond que Dutroux est inconnu chez elle. La police allemande avait répondu la même chose peu avant.

Fin novembre 1995 : Bernard Weinstein, complice de Dutroux depuis les années 80, disparaît de la circulation. Dutroux a expliqué que c’est à cette période qu’il l’a tué à coup d’Haldol avec Michelle Martin après l’avoir séquestré plusieurs jours dans une des caves qu’il avait lui-même aménagées.

29 novembre 1995 : Mme Troch souhaite un procès-verbal des déclarations faites par les informateurs. Les gendarmes lui expliquent que ce sera vraisemblablement impossible car ces informateurs sont terrorisés par Dutroux.

06 décembre 1995 : Dutroux se rend à la police de Charleroi pour une audition par l’inspecteur D. Il s’y est rendu de son plein gré, certain que son complice gardera le silence.

Pourtant, il est arrêté car la police la police communale de Charleroi veut l’entendre dans le cadre de la séquestration de trois complices et d’un vol de camion. Il reste en détention préventive jusqu’au 20 mars 1996.

Pendant ce temps, selon lui, Julie et Mélissa vont mourir de faim dans sa cave à Marcinelle, un quartier populaire de Charleroi.

08 décembre 1995 : Le juge Lorent délivre des mandats de perquisition à la police de Charleroi pour aller visiter les habitations de Marc Dutroux.

11 décembre 1995 : Le gendarme René Michaux se rend chez le juge Lorent afin de le convaincre de lui confier les mandats de perquisition remis à la police. Ce même jour, le policier D. reçoit un appel du juge Lorent lui demandant de rendre les mandats de perquisition !

+ Un gendarme constate fortuitement le passage de Dutroux (arrêté) au palais et informe la subsitute Troch des soupçons pesant sur lui. Mme Troch contacte le juge Lorent qui ne fait aucun rapprochement avec la lettre qu’il a reçue le 5 septembre de la mère de Dutroux.

12 décembre 1995 : le gendarme Michaux reçoit les mandats de perquisition du policier D. et refuse qu’il participe à la perquisition chez Dutroux. Cette perquisition ne donnera rien, comme les autres effectuées par Michaux dans les différentes affaires liées à Dutroux.

13 décembre 1995 : Perquisitions très superficielles (plutôt une simple visite) dans plusieurs domiciles de Dutroux, mais 99 cassettes vidéos et différents documents sont tout de même saisis. Le gendarme Michaux est allé au domicile de Philippeville près de Marcinelle avec des collègues. En présence du serrurier Lejeune, il entend des voix d’enfants… Alors qu’il est à la recherche d’enfants…

Il criera taisez-vous. Michaux visitera seul la cave (alors qu’il est d’usage que les enquêteurs visitent ensemble chacune des pièces), et enfin, Michaux oubliera de se munir d’un appareil photo…

La plupart de ces cassettes n’avait toujours pas été visionnée en 1996 quand Dutroux sera enfin arrêté. Si elles l’avaient été il aurait certainement été mis hors d’état de nuire bien plus tôt: sur certaines on le voit poser devant ses caches et montrer le mécanisme d’ouverture, sur d’autres il est en train de violer des filles jeunes.

14 décembre 1995 : PV d’enquête au sujet du témoignage d’une femme, Anne H., qui a dit avoir l’information selon laquelle Melissa Russo était passée par le night-club Le Vénus à Rotterdam. Un de ses amis, qui vit à Rotterdam, aurait vu Mélissa le 15 ou le 16 septembre dans un bar de la ville.

19 décembre 1995 : deuxième perquisition ratée de Michaux au domicile de Dutroux. C’est là qu’il dit avoir entendu des voix d’enfants qu’il a attribuées à des enfants dans la rue. Il serait étonnant que Julie et Mélissa aient survécu sans manger, sans chauffage et sans électricité depuis trois mois.

Fin 1995 : Affaire des Mercedes blanches qui tournaient dans la région de La Louvière et dont les occupants cherchaient, selon plusieurs témoignages reçus à l’époque. Des enfants étaient suivis à la sortie des écoles et photographiés, à Mons, La Louvière, Charleroi, Couvin, Thuin, Chimay, Beaumont.

Le gendarme Christian DUBOIS de La Louvière enquête et apprend que ces véhicules appartiennent à la société de ferraillage ASCO, installée notamment à Onezies depuis 1994. Un informateur confie également à DUBOIS que ASCO est mêlée à du trafic d’enfants, séquestrés un temps en Belgique avant d’être envoyé à l’étranger.

10 janvier 1996 : Le Parquet de Charleroi adresse au Parquet général de Mons un rapport faisant suite à une demande de l’ONSS qui souhaite consulter le dossier Dutroux (qui bénéficie comme on l’a vu d’une pension d’invalidité).

25 janvier 1996 : Après l’interception de Dutroux, les gendarmes interrompent l’”opération Othello” et font rapport au procureur du Roi Marchandise. Celui-ci classe Othello “définitivement” le 31 janvier 1996.

12 février 1996 : Rédaction d’une note interne de la gendarmerie sur les attaques sur les transports de fonds. Cette note sera interceptée par le commandant de brigade et jamais transmise.

Février 1996 : Une jeune femme de 28 ans, Nathalie W., se présente à la police de Bruxelles. Elle explique que son père a commencé à la violer quand elle avait 6 ans et l’a livrée à un réseau pédocriminel, des amis à lui, pour des partouzes qui se déroulaient dans des villas.

La police a refusé de noter la participation des autres adultes que son père, et elle est partie sans signer sa déclaration tronquée.

1 mars 1996 : Le P.-V. 101702/96 de la brigade d’Uccle rédigé par  Marc Toussaint qui l’a déposé en mains propres au greffe, est retiré sur ordre par le gendarme L. Ce P.-V. parle d’informations sur la vague d’attaques sur les transports de fonds à cette époque (bande à Maache).

16 mars 1996 : Disparition de Laurence Vojtcziyk, 23 ans, du magasin GEL 2000 à Charleroi et retrouvée décédée, ligotée et bâillonnée comme An et Eefje. Elle aurait été lestée de béton et jetée vivante dans la Sambre. En 1999 deux types ont été accusés du crime. Elle aurait été enlevée d’un cambriolage, puis violée et tuée. Il a été question de joindre ce dossier au dossier Dutroux

20 mars 1996 : Libération de Marc Dutroux après 106 jours de détention préventive…  Dutroux affirme que c’est à ce moment qu’il retrouve Julie et Mélissa mourantes. Julie serait morte le jour même et Mélissa le 24 mars.

19 avril 1996 : Nihoul a connaissance qu’un certain Walsh est en possession de 5000 pilules d’XTC et de 10 kilos d’amphétamines.

23 avril 1996 : Nihoul dénonce les faits en tant qu’informateur au gendarme Vanesse (gendarmerie de Dinant). Alors que Vanesse parle des 5000 pilules d’XTC, les gendarmes de la BSR de Bruxelles interceptent la cargaison et saisissent 15 kilos d’amphétamines…

Les 5000 pilules d’XTC ont “disparu”, les gendarmes de la BSR de Bruxelles n’en parleront plus… C’est Nihoul qui entre en possession des pilules. Par quel miracle ?

25 avril 1996 : Dans une affaire séparée, Gérard Vanesse mène une perquisition chez Michel Fourniret sur commission rogatoire internationale du SRPJ de Reims, suite au vol de pistolets commis par Fourniret en 1993 au poste de police de l’air et des frontières (PAF) à Givet (Ardennes). Fourniret n’a jamais été condamné pour cette affaire.

3 mai 1996 : Disparition de Liam Van den Braanden, 2 ans et demi.

8 mai 1996 : L’assistante sociale dresse un rapport sur Dutroux qui est venu la voir spontanément et qui nie être concerné par les faits qu’on lui reproche.

28 mai 1996 : Enlèvement de Sabine Dardenne, 12 ans, sur le chemin de l’école à Kain près de Tournai. Elle a toujours dit n’avoir vu que Dutroux le temps de sa séquestration, c’est-à-dire environ 3 mois.

30 mai 1996 : Vanesse mentionne dans son carnet un échange d’informations avec la police française au sujet d’enlèvement d’enfant dans la région de Dinant.

Il s’interrogeait : “Michel suspect?”, en évoquant Fourniret qui vivait alors à Ville-sur-Lume dans les Ardennes, puisque selon lui Nihoul n’avait rien à voir avec les enlèvements d’enfants.

Juin 1996 : Nihoul reconnaît avoir invité pour dîner chez son amie Annie Bouty, Dutroux et Lelièvre.

+ Ce mois-là, Dutroux et Lelièvre font un voyage en Slovaquie, d’autres vont suivre durant l’été. C’était leur grande destination à ce moment.

10 Juin 1996 :

  • 10h50 : Nihoul téléphone à la gendarmerie de Dinant 374 secondes.
  • 10h59 : Nihoul téléphone à la gendarmerie de Charleroi 88 secondes.
  • 11h04 : Nihoul téléphone à la gendarmerie de Charleroi 98 secondes.
  • 11h06 : Nihoul téléphone à la gendarmerie de Charleroi 219 secondes.
  • 11h10 : Nihoul téléphone à la gendarmerie de Charleroi 228 secondes (P.-V. 8345/01 du 22 août 2001 de la police fédérale de Neufchâteau, 16743, 86.0/7847)

23 juin 1996 : Conférence de presse des parents Russo et Lejeune sur les manquements au niveau de l’enquête et leur mise à l’écart par la juge Doutrewe.

25 juin 1996 : mise à l’instruction de l’enlèvement de Sabine chez le juge d’instruction Tollebeek.

26 juin 1996 : Le juge Tollebeeek prend contact avec le BCR de la gendarmerie. Une réunion est organisée. L’adjudant V. déclare avoir un suspect, et s’occupe de tout, mais il ne communique pas le dossier Othello au Juge.

29 juin 1996 : Nihoul remet 105 pilules d’XTC à Lelièvre. Les faits se déroulent au domicile de Nihoul en présence de Dutroux.

+ Le même jour le témoin Nathalie W., venue en février dénoncer le réseau pédocriminel de son père, a été suivi par une Mercedes dans laquelle se trouvait son ancien souteneur, “Vincent” et un autre type, qui l’ont bloquée au feu rouge.

Vincent est monté et l’amenée dans une maison de Schaerbeek à Bruxelles où elle a été violée par Vincent qui l’avait marquée d’un “V” au bras quelques mois auparavant. Elle a mis une dizaine de jours avant d’aller en parler à la police.

6 juillet 1996 : Remise de 100 pilules d’XTC par Nihoul à Lelièvre. “Toujours selon la défense de Michel Nihoul, l’ecstasy devait permettre d’aller plus en avant dans le trafic et de remonter, notamment, la filière de Michel Lelièvre“, précise un média lors du procès de 2004 lors duquel Nihoul n’a été jugé que pour le trafic de pilules.

7 juillet 1996 : Nouvelle audition de Nathalie W. qui dépose plainte pour l’agression du 29 juin. Elle explique que depuis qu’elle a témoigné en février, alors qu’elle était venue porter plainte contre le réseau de son père, elle subit de plus en plus de pressions et d’agressions par ce réseau. Elle est harcelée toutes les nuits par téléphone et menacée de mort.

Dans une lettre elle donne des précisions sur les premiers viols à l’âge de 6 ans, la complicité de sa mère, partie du domicile avec les deux frères quand elle avait 9 ans, le début des viols collectifs organisés par son père avec ses copains du Rotary de Waterloo…

Elle explique qu’elle a tenté de parler à plusieurs personnes à l’époque, toujours en vain. Depuis qu’elle est adulte, les viols collectifs n’étaient plus organisés qu’à noël, chez son père, avec d’autres victimes, puis il est parti vivre en Espagne. Elle dit qu’elle a été trois fois enceinte et a dû avorter les trois fois.

Nathalie W. désigne de nombreux lieux notamment à Bruxelles comme le bar “chez Dolores” (le Dolo) où il y avait d’autres enfants victimes et qui était un lieu de passage de nombreux “étrangers” non francophones ou néérlandophones (anglais, allemand?) et désigne Michel Forgeot le tenancier du bar. Elle dit avoir reconnu Nihoul à la télé.

17 juillet 1996 : L’assistante sociale de Dutroux dresse un second rapport très favorable après un nouveau contact où Dutroux lui explique qu’il est  “victime de sa propre innocence et de sa naïveté“.

23 juillet 1996 : Le domicile de Marc Toussaint est cambriolé et fouillé pendant qu’il est en vacances. Seuls des documents et son vieil ordinateur qui fonctionnait en DOS ont disparu.

Début août 1996 : Les jours qui précèdent l’enlèvement de Lætitia, Nihoul a téléphoné jusqu’à 5 fois à Dutroux.

8 – 9 août 1996 : Plusieurs témoins reconnaissent formellement Nihoul, Dutroux et Martin à Bertrix (ces témoignages ne seront pas pris au sérieux). Nihoul s’est trouvé un alibi qui a rapidement été mis à plat, à savoir qu’il repeignait l’appartement de Michel Vander Elst, avocat condamné pour faux témoignage dans l’affaire de l’enlèvement de Van den Boyenants. Quand son témoignage a été écarté, Vander Elst a fui directement en Gambie.

Cependant cet alibi a permis bidon a permis à Nihoul d’échapper aux poursuites pour l’enlèvement.

9 août 1995: Laetitia Delhez est enlevée à Bertrix en sortant du centre sportif communal. C’est vraiment à partir de là que l’enquête commence et que le focus va se déplacer vers Dutroux. Le lien sera fait grâce à l’immatriculation d’une camionnette blanche suspecte qui tournait depuis deux jours dans le secteur de l’enlèvement, notée par un témoin.

Dans les jours qui précèdent l’enlèvement, Nihoul et Dutroux se téléphonent jusqu’à cinq fois par jour, parfois pendant près d’une demi-heure. Ils se sont aussi appelés dans les jours suivants.

10 août 1996 : Remise de 1000 pilules d’ecstasy par Nihoul à Lelièvre. C’est David Walsh qui les lui a données, ainsi qu’un lot d’amphétamines pour lesquelles Nihoul l’a balancé aux gendarmes de Dinant et à la BSR de Bruxelles, et qui lui ont valu d’être arrêté en avril 1996 avec 10 kilos d’amphétamines.

Michel Nihoul a toujours nié le trafic de drogue jusqu’à sa comparution en chambre du conseil en 2002. A cette date, il a reconnu les faits mais en ajoutant avoir procédé à une livraison contrôlée pour le compte de la gendarmerie. Pour le ministère public, Michel Nihoul a plus simplement détourné pour son compte les 5.000 pilules d’un trafiquant qu’il a balancé, David Walsh. Michel Nihoul affirme aujourd’hui que Walsh lui a donné… 1.300 pilules. Pour Michel Lelièvre, qui a reçu le stock de drogue de Nihoul, il ne s’agit pas de 1.300 mais de 1.500 pilules d’ecstasy“, résume en 2004 la Dernière Heure au sujet de cette affaire.

12 août 1996 : Deux témoins présents à Bertrix permettent d’identifier la plaque d’un véhicule suspect lors de l’enlèvement de Lætitia.

  • À 16h30, le BCR “découvre” Dutroux parmi les propriétaires de camionnettes semblables… Il transmet alors au juge Connerotte et au procureur Bourlet, le dossier Othello, sur insistance de la BSR de Neufchâteau !
  • À 17h, le procureur Bourlet demande au BCR de venir ––lui expliquer le cas de Dutroux avec des gendarmes connaissant le dossier.
  • À 18h, réunion à Neufchâteau en présence du juge ––Connerotte, du procureur Bourlet, de trois gendarmes de Neufchâteau et trois gendarmes de Charleroi.

 

Dutroux arrêté, le réseau à protéger 

13 août 1996 : Dutroux est arrêté dans le plus grand secret. Plusieurs perquisitions sont organisées une nouvelle fois aux différentes adresses de Dutroux. Michaux se charge de la maison de Marcinelle (là où sont effectivement cachées les petites filles) et où il avait déjà échoué précédemment et il passe encore une fois à côté de Sabine et Lætitia!

En soirée, le procureur impose à la presse de ne plus diffuser aucune information relative à ces disparitions, dans l’intérêt de l’enquête.

Ce black-out sera totalement respecté jusqu’aux retrouvailles de Sabine et Laetitia, puisque ce 13 août, Dutroux, Lelièvre et Martin ont déjà été interpellés et interrogés sur l’enlèvement de Laetitia et que des perquisitions sont déjà menées dans ses différentes maisons et notamment à Marcinelle.

Michaux réalise une 3e série de perquisitions, toujours aussi infructueuses, dans les maisons de Dutroux.

14 août 1996 : Sans la soirée, la PJ vient chez Nihoul à Saint-Gilles à Bruxelles parce qu’il a eu de nombreux contacts avec Dutroux dans les jours précédents. A ce moment ils ne savent pas vraiment qui est Nihoul.

Il n’est pas là, mais les policiers  sont entrés quand-même et ont trouvé sur son bureau deux numéros de téléphone : celui de Dutroux et le bip de Lelièvre, pour lui laisser des SMS.

Annie B. qui habitait l’appartement du dessus est venue voir ce qu’il se passait, elle appelle Nihoul qui dit aux enquêteurs qu’il ira les voir le lundi 19 dans les locaux de la PJ de Bruxelles. Après cela il a été très occupé pendant deux jours.

15 août 1995 : C’est le jour où l’affaire bascule, avec la découverte de Sabine Dardenne, enlevée le 28 mai à Kain, et Laetitia Delhez, enlevée le 9 août à Bertrix, très certainement pour une commande car selon Lelièvre, elles devaient correspondre à des critères précis.

Elles ont été retrouvées dans une des maisons déjà perquisitionnées parce que le juge Connerotte a amené Dutroux à avouer l’enlèvement de Laëtitia avec Lelièvre, mais ils n’étaient vraisemblablement pas seuls.

Elles sont retrouvées ensemble, séquestrées dans un minuscule réduit au sous-sol d’un immeuble de Marcinelle. A ce moment, on ne connaît pas encore l’identité des ravisseurs. Dutroux les a violées régulièrement et gavées de différents comprimés, notamment Haldol, Fru-Zepam, Mycolog, Neutacetim et une foule d’autres comprimés dont elles ne connaissaient pas les noms.

La presse, même en France, évoque immédiatement la piste du réseau pédo”phile” autour de Dutroux, de “filière”. Les médias de nombreux pays ont parlé de cette affaire.

15 août 1996 : Michaux rédige le P.-V. 100014/96 dans lequel il parle de la perquisition ratée du 13 décembre et des voix dans la cave. Il précise également : “Il nous est impossible d’affirmer que les voix entendues auraient pu être celles de Julie et Melissa, la date de leur mort n’étant à notre connaissance pas déterminée par la médecine légale“.

16 août 1996 : Arrestation de Michel Nihoul. Il est interrogé sur sa participation à l’enlèvement de Laetitia à Bertrix le 9 août 1995 et donc comme alibi qu’il faisait des travaux avec son ami l’avocat Michel Vander Elst dans un de ses appartements. Choses étonnantes:

  • les enquêteurs ont constaté que les fichiers de l’ordinateur de Nihoul ont tous été effacés après son arrestation.
  • ils n’ont trouvé aucune empreinte digitale de Nihoul dans son propre appartement.

17 août 1996 : A 12h05 Dutroux avoue avoir séquestré Julie et Melissa et accepte de conduire les enquêteurs à l’endroit où il a enterré les corps. Les corps de Julie et Melissa seront découverts le même jour à Sars-la-Buissière à 3 m de profondeur. Elles auraient été tuées le 24 mars 1995 et enterrées le 27.

+ La juge d’instruction Martine Doutrewe en charge de la disparition de Julie et Melissa prend connaissance pour la première fois, à la morgue de Charleroi, de l’existence du dossier Othello et du nom de Marc Dutroux comme suspect ! Ceci alors qu’il était le suspect principal de la gendarmerie depuis plus d’un an !

19 août 1996 : la presse commence à dire que Julie et Mélissa sont mortes de faim. Il est même dit on ne sait pourquoi que l’une d’elles est morte après avoir été mise en terre. Par ailleurs :

  • Dutroux et Martin n’ont donné que bien plus tard des indications sur la date des décès,
  • Il a été écrit qu’elles “avaient conservé leurs traits qui ne laissaient aucun doute sur leur identité”et que les corps étaient dans une terre argileuse alors qu’elle était sablonneuse et conservait donc beaucoup moins bien. C’est pourtant aussi ce que le commissaire Lamorque en charge du dossier depuis le 26 juin 1995 a déclaré aux parents.

+ Premier appel à témoins, le 0800-9779 est mis à disposition du public, mais uniquement pour rechercher des témoignages à propos des quatre suspects arrêtés (Dutroux, Lelièvre, Martin et Nihoul). On ne parle pas encore des témoins “X” mais bien d’éventuels témoins ou victimes de Dutroux & Consorts.

+ Les membres de la 3ème SRC de la BSR de Bruxelles (De Baets et Bille) se proposent spontanément pour collaborer à l’enquête de Neufchâteau…

20 août 1996 : la juge Doutrewe demande des explications à la gendarmerie et rédige une apostille à l’intention des gendarmes de Liège (Grâce-Hollogne). Elle souhaite des explications sur les investigations menées au sein de la gendarmerie (en d’autres termes sur l’affaire Othello !).

22 août 1996 : Nouvelle perquisition chez Dutroux. On retrouve dans un faux plafond des pilules d’XTC appartenant au stock de Walsh. Dutroux reconnaît les avoir reçues de Nihoul. Pourquoi la BSR de Bruxelles a-t-elle fermé les yeux sur ces 5000 pilules ? Son commandant, Jean-Marie Brabant file à Neufchâteau pour supplier le juge Connerotte de ne pas perquisitionner au sein de ses services.

+ Appel de Tania, une amie de Régina Louf, au juge Connerotte.

26 août 1996 : Mandat d’arrêt contre Pierre Rochow dans le cadre d’un trafic de voitures avec Dutroux.

27 août 1996 : Début des fouilles à Jumet dans la zone du chalet de Weinstein, sur indications de Dutroux. Un radar de sol anglais a détecté quelque chose d’anormal sur ce terrain, mais les fouilles ont été stoppées en fin de soirée.

Août 1996 : La femme d’un pédocriminel déjà condamné, Roland Corvillain, appelle les enquêteurs pour leur dire qu’elle a vu à la télé pas mal de gens qui sont passés chez elle et sont proches de son mari.

Elle cite Achille Haemers le père du braqueur Patrick Haemers, Robert Darville l’armurier de la bande de ce dernier, Michel Nihoul (qui n’était jamais cité devant elle mais qu’elle a reconnu à la télé), un dénommé Serge Frantsevich. Tous étaient proches des milieux d’extrême-droite, et la bande de Patrick Haemers a été condamnée avec l’avocat Van der Elst (qui a servi d’alibi à Nihoul pour l’enlèvement de Laëtitia Delhez) pour avoir enlevé le ministre Van den Boyenants dans les années 80.

Ce témoin évoque une discussion entre Nihoul, Haemers, Frantsevich et Corvillain au sujet de la livraison prochaine de “jeunes chevaux” venus d’Europe de l’est. Aucun ne travaillait dans le domaine des chevaux. “Dutroux a été chez nous plusieurs fois”, a-t-elle dit, dont une fois avec Michelle Martin, “Il avait à chaque fois un entretien avec Corvilain, Frantsévich et Nihoul”.

En février 1997, le couple Corvillain a été jugé pour les viols de quatre enfants, dont la fille de Mme. Alors que des victimes ont dit qu’il les violait dans son dos. On peut se demander s’il ne s’agissait pas d’une mesure de rétorsion.

3 septembre 1996 : Découverte des corps d’An Marchal et Eefje Lambrechts à Jumet. Les autopsies des deux filles montrent des violences sexuelles importantes.

4 septembre 1996 : Connerotte charge le gendarme De Baets d’auditionner Regina Louf. En effet De Baets qui est néerlandophone se trouve “par hasard” dans le bureau du juge Connerotte quand un coup de téléphone en néerlandais émanant d’une certaine “Tania de Gand” fait état du témoignage de Regina Louf : naissance de X1. Elle est connue uniquement sous ce nom jusqu’au 22 janvier 1998.

+ Arrestation d’Annie B.. Elle est rapidement libérée, le 22 octobre 1996.

5 septembre 1996 : Audition de Nathalie W., qui déclare que Nihoul l’a violée à plusieurs reprises et qu’elle a été amenée à plusieurs reprises chez “Dolores” (qui était la patronne du Dolo le point de rencontre des partouzeurs pédos de Bruxelles) où le patron Michel Forgeot, époux de ladite Dolores, l’a violée quand elle avait entre 10 et 12 ans. Elle est entendue à plusieurs reprises durant cette période.

Elle a aussi décrit des rituels avec des tortures, viols et sacrifices d’enfants, dans les années 70 (elle est née en 1965), ainsi que de parties de chasses. Elle avait un proxénète, ami de son père, “Vincent”, qui l’amenait dans les soirées, notamment au Dolo. Elle cite aussi les noms de plusieurs politiques, ou magistrats présents au Dolo, qui attendaient la “marchandise” (les enfants) : Kubla, Vanden Boeynants, Forgeot… Une fois qu’ils avaient choisi la victime dans la voiture, le chauffeur l’amenait dans une villa.

Elle a cité une trentaine de lieux précis (dont plusieurs ont été mentionnés par X1) et de nombreux agresseurs dont beaucoup étaient connus, comme :

  • Alexandre de M. qui serait la vraie identité de “Vincent”,
  • le procureur de Nivelles Jean D qui a planté son enquête sur les tueries du Brabant et empêché un enregistrement audio d’être versé au dossier Pinon sur une affaire de réseau pédocriminel pour mieux le classer sans suite,
  • un militaire ex-conseiller de Van Den Boyenants quand il était ministre de la Défense,
  • le bourgmestre (maire) de Jette Jean-Louis T.
  • le bourgmestre de Saint-Josse à Bruxelles, Guy C.,
  • l’officier de gendarmerie D.R., qui a travaillé sur certains volets de l’affaire Dutroux.
  • Van den Boyenants,
  • François P. qui était un des principaux financeurs du Parti Socialiste, impliqué dans des affaires politico financières comme Agusta-Dassault (affaire de vente d’armes qui lui a valu un passage en prison en 1997)
  • Nihoul,
  • Michel Forgeot du Dolo,
  • Jean Militis (qui appartenait au CEPIC, le courant de Vanden Boeynants),
  • Charly De Pauw lui aussi proche de Vanden Boeynants,
  • Guy Mathot devenu un ponte du PS,
  • Bonvoisin,
  • Etienne Davignon, un des piliers du Groupe de Bilderberg,
  • le juge d’instruction à Bruges Eric D. N,
  • le chanteur Claude Barzotti qu’on retrouvait aussi dans l’association de Nihoul SOS Sahel,
  • Louis M. qui a été vice premier ministre avant d’être envoyé à la commission européenne,
  • Albert Frère ce milliardaire qui deviendra un des grands soutiens de Sarkozy,
  • le commissaire Georges Marnette ou encore
  • André Pinon qui est au cœur d’un autre dossier de réseau pédocriminel impliquant des politiques (dont Vanden Boyenants), appelé le “dossier Pinon”.
  • Des médecins de l’hôpital Erasme, des profs d’université.

Au moment où elle parle, notamment sous hypnose, elle est encore en partie sous l’emprise du réseau et de “Vincent”. Même lorsqu’elle est sous la surveillance de la police le réseau arrivait à la faire venir à des “soirées”.

6 septembre 1996 : Exhumation du corps d’un des témoins morts étrangement pendant l’enquête sur le réseau Dutroux, Bruno Tagliaferro. L’autopsie montre un empoisonnement.

12 septembre 1996 : Le juge Connerotte inculpe Nihoul comme co-auteur de l’enlèvement de Julie et Mélissa, ainsi que celui de Laëtitia Delhez. Nihoul justifie ses nombreux appels à Dutroux par une réparation de sa voiture par Dutroux.

 

Les témoins X parlent, les autorités redoublent d’efforts pour enterrer l’affaire

20 septembre 1996 : Première audition de “X1” (Régina Louf) par l’équipe du gendarme De Baets (BSR Bruxelles 3ème SRC). Elle identifie Michel Nihoul sur photo, comme étant un de ses agresseurs lorsqu’elle était jeune (dès 1982 il est venu la chercher à l’école pour des viols commis seul ou avec d’autres mais elle ignorait son nom) et livrée à un réseau pédocriminel, ainsi que l’immeuble de Jette dans lequel a vécu Nihoul avec sa compagne à l’époque des faits. Ces auditions vont durer 8 mois.

Elle explique qu’elle a été entraînée à oublier tous les noms et prénoms des adultes présents lors des soirées ou qui l’agressaient, ainsi qu’à satisfaire des hommes, à tourner dans des films pédopornographiques, et elle déclare que beaucoup d’autres enfants étaient exploités par ce réseau.

On comprend aussi qu’elle est victime de personnalités multiples, le plus souvent des enfants qui se sont créées lors de traumatismes, et qui peuvent remonter quand elle est perturbée ou stressée.

21 septembre 1996 : C’est le jour du souper spaghetti organisé par les proches des victimes, qui a mis en présence le juge Connerotte, le procureur Bourlet et les victimes Sabine et Lætitia avec leurs familles.

Cela vaudra au juge Connerotte, jusque là particulièrement efficace, d’être définitivement écarté du dossier. Et cela, très rapidement, comme s’il y avait une urgence absolue pour la justice belge réputée particulièrement lente.

28 septembre 1996 : Article du Soir sur une cache retrouvée chez Patrice Charbonnier, un braqueur de la région de Trazegnies qui était une connaissance de Dutroux depuis qu’ils avaient partagé la même cellule.

Il a été arrêté début septembre avec 6 autres types pour le braquage d’un fourgon de transports de fonds en juin 96 :

la PJ de Nivelles a effectué de nouvelles perquisitions au domicile de Patrice Charbonnier, avenue du Grand Jardin à Trazegnies, dans l’entité de Courcelles. Dans la cave, les enquêteurs ont découvert une cache semblable à celle que Marc Dutroux possédait à Marcinelle (…)

Les similitudes entre les caches de Charbonnier et de Dutroux résident notamment dans leur technique de camouflage, et leur système d’ouverture inséré dans le mur. C’est sur base de nouvelles déclarations de Patrice Charbonnier que la cache a été découverte. Il a en effet “avoué” connaître Dutroux pour avoir fréquenté les mêmes institutions pénitentiaires que lui. La relation des deux hommes se serait poursuivie par la suite à l’extérieur de ces murs“.

En mars 2003 l’avocat de Dutroux Me Kahn a évoqué la piste de la “bande de Courcelles” dont plusieurs membres seraient “protégés par les autorités judiciaires de Charleroi“, notamment Gérard Pinon et Claude Thirault, deux complices de Dutroux. Charbonnier a déclaré avoir renseigné Dutroux sur des braquages faciles à réaliser, ce qui aurait permis une quinzaine de cambriolages.

29 septembre 1996 : 2e audition de X1 et reconnaissance dans les régions de Bruxelles et Ostende.

  • Elle identifie sur photo Nathalie W qui était aussi une victime du réseau, qui a été torturée dans un club de Bruxelles où Nihoul était présent.
  • Elle identifie sur photo X2, ce témoin qui était dans la police.
  • Elle désigne le bar le CO-CLI-CO à Gand, où l’auraient conduite Tony et sa mère. Elle y parle d’un viol par une dizaine d’hommes parlant le dialecte anversois, lors d’une sorte de “concours”.  Il y avait bien un bar / night-club à ce nom à Gand dans les années 80 géré jusqu’en 1984 par un dénommé Gustav D. et fermé suite à la pose de scellés par le parquet de Gand. Gustav D. avait été arrêté. Le bar s’est ensuite appelé le Lips, géré par un certain Joop D. J. et son épouse qui avait travaillé au CO-CLI-CO et est repris par la société IFFA dont Gustav D. est l’un des 7 administrateurs. Il s’est aussi avéré que “Tony” travaillait pour la “S.A. Le cinéma publicitaire belge” à laquelle Gustav D. devait en 1983 la somme de 262.275FB. Un bon de commande pour le CO-CLI-Co a aussi été retrouvé chez “Tony” avec le nom de Gustav D. dessus. Pourtant Tony a nié le connaître lui ou le CO-CLI-CO. Le principal créancier de Gustav D. était la société ALL-MEAT, qui avait notamment pour actionnaire le hollandais Gerard C, salarié de la Slavenburg Bank qui est devenu plus tard un des plus gros distributeurs de films porno, et dont le bras-droit était Joop D. J. Enfin, Gustav D. était associé de la société L.A.T (ex International Club) domiciliée là où résidait Clo (Carine Dellaert).
  • Elle explique de Clo était dans le circuit de Tony.
  • Elle cite aussi l’avocat Vander Elst, le fameux alibi de Nihoul, également désigné par d’autres témoins X.
  • Beaucoup de monde défilait dans l’hôtel de sa grand-mère, qui organisait de nombreuses réceptions avec le gratin local, soirées, au cours desquelles X1 était souvent prostituée à l’étage.
  • Des partouzes ont été organisées un peu partout en Belgique et même à Lille (où beaucoup de belges étaient présents).
  • Elle mentionne Chantal S., autre témoin du dossier bis, comme victime, et précise que ses parents étaient présents aux partouzes.
  • X1 précise que certains des types qui étaient là ne savaient pas dans quoi ils étaient tombés, ils ne se rendaient pas compte que des mineurs allaient être présents et entraînés pour les amener à des rapports sexuels.

2 octobre 1996 : Mandat d’arrêt contre Gérard Vannesse, ex membre de la BSR de gendarmerie de Dinant dont Nihoul a été un informateur[8]. Il était “soupçonné de participation à divers trafics, notamment de stupéfiants, impliquant un complice de Marc Dutroux, l’homme d’affaires bruxellois Jean-Michel Nihoul” selon la presse.

5 octobre 1996 : Note Ucc/COPS/38/96 où il est fait état d’un contrat sur la personne de Marc Toussaint et sur enfants.

6 octobre 1996 : Le propriétaire et probablement le chauf­feur de la voiture Mitsubishi qui a tenté d’attenter à la vie de Marc Toussaint, israélien de la région d’Aflila en Israël, s’est vu délivrer son pas­seport ce jour-là.

11 octobre 1996 : Le juge Connerotte lance un appel à témoin et met à disposition un numéro vert : le 0800-9779.

La sénatrice Anne-Marie Lizin affirme dans une interview donnée à Ciné Télé Revue que le NCMEC (Centre américain pour enfants disparus) a reçu l’information “qu’un certain nombre de K7 saisies lors de l’arrestation de Marc Dutroux reproduisaient des viols d’enfants devant des spectateurs identifiables“. “Une partie de ces personnages seraient de hauts magistrats ou hautes personnalités belges“, soutient le NCMEC.

13 octobre 1996 : 3e audition de X1. Elle identifie un autre immeuble dans lequel elle est allée avec Nihoul, où était domiciliée son association SOS Sahel et où vivait sa compagne d’alors, Marleen D (qui était aussi administratrice du Dolo). Elle parle aussi de “Tony”.

14 octobre 1996 : Dessaisissement du juge Connerotte qui a permis d’arrêter Dutroux pour les enlèvements, suite au souper spaghetti (pour suspicion légitime). L’opinion publique qui sent bien que les autorités lui cachent des choses est littéralement révoltée.

Cette décision sans précédent a donné lieu à l’”arrêt spaghetti” de la cour de cassation.

17 octobre 1996 : Vote au Parlement pour la création d’une commission d’enquête sur l’affaire Dutroux. Elle rendra son rapport en avril 1997, dans lequel elle dénonce des “dysfonctionnements” répétés dans les enquêtes sur les disparitions d’enfants. Hélas, jamais il n’est question de manipulations volontaires de l’enquête ou de protections politiques.

La commission n’a orienté ses travaux que dans le sens des “responsabilités individuelles”, si bien qu’elle a pu écrire que “Les responsabilités à retenir au stade actuel se situent aux niveaux structurel et individuel“. On sent toutefois que certains auraient aimé approfondir leurs travaux: “Au cours de sa réunion du 19 février 1997, la conférence des présidents a décidé que la commission devrait […] inclure dans ses conclusions une recommandation à l’adresse de la Chambre des représentants visant à permettre à la commission d’enquête de poursuivre ses activités concernant les pistes relatives à d’éventuelles protections“.

20 octobre 1996 : Rassemblement citoyen en blanc à Bruxelles, qui a été appelé la Marche Blanche. La mobilisation a été sans précédent. Les chiffres officiels parlent de 300.000 personnes environ mais elles étaient certainement le double.

On sait que ce jour-là, la structure étatique a vacillé, l’alerte était maximale.

Suite à cela, des Comités Blancs citoyens ont été mis en place et rapidement infiltrés, et les travaux pour mettre en place l’association “Child Focus” censée rechercher les enfants disparus ont commencé. L’association n’a ouvert, avec le soutien du 1er ministre et de la fondation Roi Baudouin, qu’en 1998. Aujourd’hui elle se concentre essentiellement sur les pédos en ligne.

21 octobre 1996 : Début des travaux de la première commission d’enquête parlementaire sur l’affaire “Dutroux-Nihoul”. A ce moment les familles des victimes n’ont toujours pas accès au dossier en raison du “secret de l’instruction”.

23 octobre 1996 : Tony appelle à 18 reprises entre 16h 55 et 17h17 le gendarme Berry V. qui a été nommé plus tard dans l’enquête menée à Anvers dans le cadre du dossier bis. C’est aussi l’un des deux rédacteurs du PV de synthèse de l’enquête sur le meurtre de Katrien De Cuyper, intitulé “Fermeture de la piste X1…”.

+ Début du procès de SOS Sahel, l’association de Nihoul et Bouty, pour des malversations. Nihoul a pris 3 ans de prison.

25 octobre 1996 : 4e audition de X1. Elle décrit la mise à mort au domicile de son amie Clo (Carine Dellaert) d’une jeune fille qu’elle reconnaît sur photo et s’avère être Véronique Dubrulle. Celle-ci est officiellement morte d’un cancer le 4 septembre 1983 à Gand, son certificat de décès a été signé par un neuropathe et un neurochirurgienn qui selon X1 font partie du réseau. Une demande d’autopsie a été faite par les avocats de X1 mais cela n’a jamais été fait.

Selon X1, Van der Elst l’alibi de Nihoul était présent lors de l’assassinat de Véronique Dubrulle, de même que le prince Albert (futur roi), Emile Dellaert (père d’une autre victime du réseau), Joost B. (administrateur de DECSCOOP, qui a été inaugurée avec une partouze pédocriminelle selon X1), Tony, Nihoul et Annie B.

Lors d’une reconnaissance le 30 novembre 1996 X1 a reconnu la maison où Clo a été tuée, maison qui s’appelait l’International Club et était connue pour être une maison de passe. Ce club avait pour gérants le dénommé Gustav D. (gérant jusqu’en février 1984 du bar CO-CLI-CO), Stefan et Wim Van W. puis René Arthur B. selon les statuts publiés en 1991.

29 octobre 1996 : Audition de Chantal S., ancienne camarade de Regina, également victime de son père Roland S. Ses parents l’ont prostituée dans la maison de la grand-mère de Regina à Knokke et confirme aussi une partie de ce qu’a dit X1. Elle explique qu’une fois quand elles étaient enfants, elle a vu X1 être menée avec un revolver par sa grand-mère.

Elle cite plusieurs des mêmes noms d’agresseurs. Tout comme le témoin X7, elle a été reconnue par le témoin X4 sur photo et désignée comme victime du réseau ayant été utilisée dans des films pédopornos. Elle a cessé de collaborer avec la police en mai 1997, comme d’autres témoins-clés, face à la cabale contre les victimes et les quelques enquêteurs qui faisaient honnêtement leur travail.

Le fait qu’elle témoigne a beaucoup perturbé sa famille, son mari s’en prenant à son père qui a fini par admettre qu’il l’avait emmenée dans plusieurs des villas désignées par Chantal mais affirmant ne pas savoir ce qu’il s’y passait. Il a même tenté de la faire interner à nouveau, et Chantal a fait une tentative de suicide ce qui l’a amenée en HP.

31 octobre 1996 : 5e audition de X1, qui déclare avoir assisté à plusieurs meurtres d’enfants à différents endroits du pays, notamment les Ardennes, et le Luxembourg, lors de “parties de chasse”.

6 novembre 1996 : 6e audition de X1. Elle parle d’un week-end entier de violences dans un bâtiment industriel identifié plus tard lors d’une reconnaissance comme ceux d’ASCO près de Zaventem, où elle a assisté à plusieurs meurtres d’enfants filmés. Nihoul, l’avocat Jean-Paul Dumont (qu’elle identifie sur photo) et le baron de Bonvoisin notamment étaient présents à plusieurs de ces “soirées”.

Elle cite aussi plusieurs clubs dans lesquels elle a été amenée : le Lido près de Gand, le Dolo, le Jonathan à Bruxelles, des clubs à Ostende, Knokke, Latem St-Martin…

+ Le même jour, le témoin X2, qui est policière, est entendue par Patrick De Baets et Aimé Bille et ils partent en reconnaissance. Elle désigne plusieurs villas à Knokke, dans lesquelles des violences ont été commises depuis le milieu des années 80 dont au moins deux ont déjà été désignées par X1, à Endhoven, à Chimay, ainsi que d’autres lieux comme le château d’Argenteuil à Waterloo, qui appartenait à une femme folle appelée Liliane à la fin des années 80.

En effet, ce château fut à partir de 1961 la demeure du roi Léopold 3 (qui n’a régné que jusqu’en 1940 à cause de sa collaboration avec les nazis pendant la guerre), mort en 1983 et dont la tendre épouse Liliane de Réthy, proche du roi Albert 2, est restée seule dans ces murs jusqu’à sa mort en 2002. L’Etat belge a ensuite vendu le château en 2003. Selon X2, il y a certainement des corps de victimes enterrés dans le grand parc de ce château.

Comme X1, elle cite comme agresseurs Vanden Boeynants; Bonvoisin, les frères Lippens dont l’un a été maire de Knokke pendant des années, et son proxénète principal était Karel, un haut magistrat bruxellois.

Elle décrit l’exploitation de mineurs et des meurtres d’enfants et d’adolescentes dans le cadre de ce réseau, couvert par les autorités, et cite certains noms qui apparaissent dans le dossier Dutroux et dans celui des tueries du Brabant, comme Jean-Paul Dumont ou Bonvoisin, ainsi que des magistrats de Bruxelles.

Elle explique que les filles disparaissaient quand elles avaient atteint 15 ou 16 ans.

X2 parle aussi du père de Nathalie W., André W., membre du Rotary Club de Waterloo que X1 a reconnu sur photo. Le père de Nathalie M était en lien avec la firme ASCO, qui faisait officiellement dans l’import-export et faisait aussi dans le trafic d’armes selon Nathalie W.

Comme X1 et X2 explique que Maurice L., banquier et frère du bourgmestre de Knokke, a assisté au meurtre de Katrien De Cuyper. Il est également cité par Chantal S. qui le qualifiait de “vrai porc” et par des lettres anonymes reçues par la justice entre novembre 1996 et janvier 1997. Selon X1, Van der Elst, Nihoul et “Tony” étaient aussi présents.

Ce meurtre s’est déroulé, selon X1, dans un château qu’elle a identifié avec les enquêteurs, et qui appartenait alors à un baron, membre éminent du Cercle des Nations (un lobby très à droite, pro européen, proche du business, auquel appartenait aussi Vanden Boyenants). Et une des photos de victimes des CD de Zandvoort lui ressemble énormément.

X2 a cessé sa collaboration avec les enquêteurs en mai 1997, quand a vu comment la propagande tournait à l’attaque organisée des témoins et que son dossier n’avançait pas. A ce jour il n’a toujours pas été exploité.

7 novembre 1996 : La sécurité sociale belge réclame -enfin- 1,3 millions de FB (environ 35.000€ d’aujourd’hui tout de même) à Dutroux pour des indemnités d’invalidité indument perçues.

+ Audition ce 7 novembre de Michel Lelièvre qui admet sa participation aux enlèvements de Sabine et Laëtitia, ainsi que d’Ann et Eefje mais pas de Julie et Mélissa. Il a expliqué que c’est à cause d’une dette qu’il avait envers Dutroux. A l’époque il était toxico (amphétamines, héroïne, coke…), en août 1995 Dutroux lui avait avancé de la drogue qu’il a largement consommée, et il dit qu’en échange il s’est retrouvé à participer aux enlèvements.

13 novembre 1996 : 7e audition de X1. Elle dit qu’elle connaît Nihoul depuis le début des années 80. Concernant Dutroux, elle évoque un week-end au cours duquel sa mère l’avait amenée chez Nihoul et sa compagne A.B, et où sont passés Dutroux et Michelle Martin. Il y a eu des partouzes, des viols, et une des filles victimes a été brûlée.

Cette victime a été identifiée comme étant Christine Van Hees, tuée en présence de Nihoul, Annie B., l’avocat Michel Van der Elst, Dutroux et Martin. Elle a décrit en détail le crime, le déroulement de la soirée, et son récit est confirmé par une série d’éléments retrouvés sur place et par l’autopsie même si ses conclusions sont erronées.

Lors de cette audition, elle raconte comment Nihoul, Weinstein et Tony l’ont initiée aux meurtres rituels entre ses 10 et ses 12 ans : “c’était la période où, oui, par exemple je ne recevais pas de nourriture sauf si j’abattais mon propre lapin et cetera, ma propre poule. Des choses comme ça“, dit-elle.  Dans une ferme isolée ils organisaient “de vrais shows” sataniques au cours desquels des enfants étaient tués.

Elle explique qu’elle a été forcée à tuer d’autres enfants, sinon c’était elle qui devait y passer. Et il fallait le faire comme ils le voulaient, sinon les tortures étaient assurées.

+ Article de Gilbert Dupont dans le journal La Dernière Heure, qui parle de 4.300 casettes saisies au total dans cette affaire, dont “plusieurs dizaines” chez Dutroux, de 2 à 300 chez Nihoul et encore davantage chez Annie B. Seule la moitié aurait été visionnée à cette date. Selon l’article, “Aucun des enfants disparus en Belgique, Mélissa, Julie, An, Eefje, Loubna, Elizabeth ou autres, n’apparaît sur ces vidéos. Mais un doute subsiste pour An Marchal que les parents croient reconnaître…

16 novembre 1996 : Début des articles sur les comportements de Di Rupo et Grafé. Des témoins ont appelé la cellule d’enquête pour dire qu’ils fréquentaient des bars gays en compagnie de mineurs, notamment dans la région de Liège. Certains ont aussi évoqué les allées et venues de Grafé dans deux foyers pour enfants de la région, où il venait chercher des mineurs pour la nuit.

Tous deux démentent avoir commis de tels faits, mais font l’objet d’une demande de mise en accusation adressée, par le Procureur général de Bruxelles, au Parlement (pour E. Di Rupo) et aux assemblées wallonne et francophone (pour JP Grafé). Très vite, la presse fera état d’une “manipulation” basée sur le seul témoignage d’un jeune homosexuel mythomane. Cette “affaire Di Rupo-Grafé”, comme on l’a appelée, fera ainsi la Une de la presse pendant de longues semaines au cours desquelles d’autres accusations viendront s’ajouter aux premières.

Le monde politique est en émoi et le Parlement vote en vitesse une loi visant à organiser les poursuites à l’égard des ministres. Au bout du compte, Elio Di Rupo est blanchi par la Chambre et l’on commence à se demander comment ce “dossier” a pu être monté.

Quant à JP. Grafé, après avoir démissionné de son poste de ministre et être redevenu “simple député”, il fera l’objet d’une levée d’immunité parlementaire et d’une instruction judiciaire qui aboutira, près de deux années plus tard, à un non-lieu. Six ans et demi plus tard, le doute plane toujours sur l’origine de cette “affaire”…

17 novembre 1996 : Audition du témoin X69 qui décrit une partouze à laquelle il a assisté en Flandre chez un certain Micha en mai ou juin 1995, en tant qu’attraction de la soirée (il était majeur) Il dit que quatre enfants de 8 à 13 ans étaient présents et ont été violés notamment par Nihoul et Bouty. Il désigne la maison, effectivement habitée par un proxénète surnommé Micha et une prostituée avec un enfant.

18 novembre 1996 : 8e audition de X1. Elle explique avoir vu Christine Van Hees chez Nihoul, puis qu’elles ont été violées par un groupe d’adultes.

19 novembre 1996: Demande de mise en accusation par la justice belge du vice-Premier ministre fédéral, Elio Di Rupo, et du ministre de l’Enseignement de la communauté francophone, Jean-Pierre Grafé, pour faits de pédophilie. Le scandale bat son plein. Suite à des fuites, le principal témoin sera attaqué par médias interposés et l’affaire sera lentement dégonflée. Certains observateurs ont d’ailleurs parlé de “dossier piégé”…

Ce n’est pas pour cela que les deux ministres n’étaient pas pédocriminels: de nombreux autres témoignages l’évoquent.

20 novembre 1996 : X4, qui a une trentaine d’années, prend contact avec la cellule d’enquête de Neufchâteau. Elle a été violée enfant dans le cadre d’un réseau et avait un proxénète, “Jacques V”, producteur de pédopornographie SM. Plusieurs auditions suivront, dans lesquelles elle décrit des scènes de viols collectifs, de meurtres d’enfants, et cite les noms de plusieurs hommes politiques comme clients réguliers du réseau dont la plupart sont également cités par d’autres témoins X.

Sur photos, elle a aussi reconnu deux amies d’enfance de X1 (qu’en revanche elle ne connaît pas) utilisées enfants pour des tournages SM, ainsi que le pédocriminel Jean-Paul Raemaekers. X4 dit que parmi les agresseurs les plus sadiques il y avait des membres de l’Opus Dei, dont la famille royale belge est traditionnellement très proche.

X4 a mis fin aux auditions quand les flics qui ont été nommés pour l’interroger ont montré qu’ils cherchaient surtout à la décrédibiliser.

6 décembre 1996 : Assassinat sur un parking d’autoroute entre Charleroi et Bruxelles de Michel Piro, restaurateur de l’Arche de Noé à Charleroi et impliqué dans le proxénétisme. Selon un PV du BSR de Charleroi en date du 16 décembre 1996 il était en contact avec Dutroux, Weinstein et Diakostavrianos pour le trafic de voitures.

Par ailleurs, son resto était fréquenté par Dutroux, Weinstein, Lelièvre, Nihoul et Diakostavrianos, selon des témoins.

Piro avait prévenu au moins 29 personnes qu’il avait des choses à dire concernant l’enlèvement de Julie et Mélissa et avait appelé Jean-Denis Lejeune le père de Julie pour organiser une soirée en leur honneur, au cours de laquelle il voulait faire des révélations. Selon la rumeur, il était au courant que les petites avaient été prêtées à un bar fin 1995.

Selon l’enquête du gendarme Jean-Pierre A., le 12 août 1996, veille de l’arrestation de Dutroux 5 appels sont passés depuis l’Arche de Noé : quatre à la police judiciaire et un à la gendarmerie de Charleroi. Par ailleurs, un jeune serveur qui a travaillé dans ce restau a déclaré y avoir vu Nihoul et Dutroux ensemble. Mais le juge Langlois a clos ce dossier.

En 1999, la compagne d’alors de Piro a été condamnée pour l’assassinat et la presse a expliqué que cet acte n’avait “rien à voir avec les révélations” de Piro. Elle a pris 15 ans mais les deux types poursuivis pour le meurtre ont été acquittés en France tellement le dossier était léger.

Les parents de Julie et Mélissa avaient intenté une action pour pousser les recherches mais ont été déboutés.

9 décembre 1996 : 10e audition de X1, qui porte sur Christine Van Hees. Elle identifie des villas dans la banlieue cossue de Bruxelles (Woluwe Saint-Pierre, Auderghem).

10 décembre 1996: Le témoignage de X3, qui est déjà venue 4 fois de suite en novembre 1996 pour témoigner des abus qu’elle a subis dans le cadre d’un réseau pédocriminel, est enfin consigné sur papier, mais les policiers ont reçu l’ordre de noter le minimum.

Elle explique qu’elle a été dans le réseau entre 1950 et 1962, et cite des personnalités politiques et économiques telles que Charly De Pauw un magnat de l’immobilier proche de Vanden Boyenants, le président du PSC à l’époque Ferdinand de N., ou encore Vanden Boeynants.

Elle explique qu’elle a été témoin de tortures et meurtres d’enfants, de “parties de chasse” aux enfants, décrit des scènes de torture commises par ces mêmes personnalités, apparemment avec une délectation absolue, évoque des rituels avec des sacrifices scénarisés et du cannibalisme.

Ce témoignage n’a pas été exploité à ce jour et il serait intéressant de le faire, même aujourd’hui, et de remonter les fils.

11 décembre 1996 : X2 parle des viols commis par Bonvoisin et Dumont, qui participaient à des partouzes pédocriminelles à Eindhoven. En parallèle, plusieurs témoins anonymes ont dénoncé les tendances pédocriminelles de Dumont, qui aurait proposé des soirées spéciales dans un château près de Namur.

15 décembre 1996 : 11e audition de X1. Elle identifie trois amies de Christine Van Hees : Muriel A. qui était dans la même classe et servait d’alibi pour leurs sorties nocturnes, Daniela D., Mireille M., qui étaient dans la même école que Christine. Elles auraient participé aux faits de la champignonnière ce qui est possible puisque X1 ne pouvait pas identifier toutes les personnes présentes. D’après l’enquête, fabienne K, Muriel A. et Daniela D. sont ensuite tombées dans le milieu de la prostitution.

X1 revient sur sa rencontre avec Dutroux et Martin lors de ce week-end de viols où le meurtre de Christine a été commis, et évoque le meurtre de son premier enfant lors de ce même week-end, par Annie B., Weinstein et Vander Elst.

Elle décrit aussi dans le détail comment, ce week-end là, le duo Dutroux-Nihoul et leurs compagnes ainsi que Van der Elst, ont torturé et tué Christine Van Hess, des déclarations largement confirmées par les constatations sur place et sur le corps de la victime.

21 décembre 1996 : Perquisition au domicile des responsables de la secte Abrasax suite à un message d’un des chefs de la secte, le dénommé “Anubis” (de son vrai nom Francis Desmedt), chez Bernard Weinstein. Il s’agit aussi du QG de la secte, où sont abrités quatre temples différents (Wicca, cultes aryens etc.).

Abrasax était déjà connue, grâce à une émission diffusée en 1991 à la télé, avec la diffusion d’une messe noire faite pour l’occasion.

Cette perquisition n’a rien donné, et pour cause: les intéressés étaient au courant plusieurs semaines avant! En effet, dans le quotidien Le Soir du 11 janvier 1997, le journaliste Alain Lallemand s’interroge :

Des journalistes auraient-ils compromis la perquisition d’Abrasax?“. Et il explique : “Bon nombre de journalistes (judiciaires) du pays savaient depuis la fin octobre, début novembre, qu’une opération concernant l’institut Abrasax était en préparation et qu’elle pourrait se produire aux alentours du solstice d’hiver, pour des raisons propres aux dogmes supposés de ce mouvement. Préparant leurs dossiers, les journalistes se gardaient donc de tout contact avec le duo Desmedt – Kindermans.

Mais quatre journalistes ont eu, à notre connaissance, contact avec le duo dans les deux mois qui ont précédé la perquisition : deux sont de nationalité française et ignoraient tout de l’enquête de Neufchâteau; deux autres, collaborateurs occasionnels de la presse périodique francophone, avaient été avertis, préalablement à la perquisition, de l’intérêt porté par Neufchâteau envers Abrasax. L’un n’a eu qu’un entretien téléphonique avec Dominique Kindermans, l’autre est venu au siège même du mouvement. “.

L’un des journalistes belges concernés avait dit sa bonne foi à ses collègues, jugeant utile de préciser qu’il “collabore lourdement avec les autorités judiciaires à titre privé“. Mais il est clair que l’effet de surprise a été très relatif: le rapport d’enquête sur l’affaire Abrasax précise que “la veille de la perquisition à Forchies, Desmedt a déménagé de nombreuses caisses, en utilisant une camionnette du Musée des Arts Royaux par qui il est employé“. Sept autres personnes l’ont aidé, ce qui représente pas mal de cartons déplacés.

De plus, selon les documents policiers relatifs à la fouille des ordinateurs d’Anubis et sa collègue, de nombreux fichiers étaient “indéchiffrables, 3 systèmes d’exploitation différents ont été installés et beaucoup de fichiers avaient donc été effacés.

D’autres perquisitions ont été menées aux domiciles de certains membres, mais rien d’intéressant n’aurait été trouvé car eux aussi étaient très probablement au courant plusieurs jours avant.

23 décembre 1996 : Alain Guillaume journaliste du Soir, dévoile le volet Abrasax, qui prendre le même chemin que l’affaire Grafé – Di Rupo. Abrasax est une secte satanique, ou plutôt une fédération des groupuscules satanico-lucifériens de Belgique francophone actifs à l’époque, réunis en asbl (association). Genre: Eglise belge de Satan, Ordre luciférien initiatique, Coven Cernunnos, Wicca belge…

L’un de leurs rituels, parmi les sabbats, messes noires et autres rendez-vous, était appelé l’Assemblée Ordre au noir, avait lieu peu avant Pâques et coûtait 1000 FB en espèces. Ce jour-là on remettait un tas de trucs aux adeptes, dont le “livre des ténèbres”.

Il y avait un rituel d’initiation, et un serment du “néophyte” leur faisait dire (entre autres) des choses comme :

j’ai renié toute autre Foi que celle en Satan, j’ai renié la Lumière pour l’Ombre, j’ai renié la Vie et embrassé la Mort, j’ai renié mes Inhibitions pour me libérer Corps et Esprit. J’ai ainsi agi car tel est mon Libre Choix. Je jure, en toute Conscience et de mon plein Gré, devant les PUISSANCES INFERNALES [en majuscules dans le texte] dont SATAN, BELZEBUTH et ASTAROTH forment la Hiérarchie Suprême, d’œuvrer désormais à Leur Plus Grande Gloire“. Ambiance. Au fur et à mesure de la montée en grade, de plus en plus de démons étaient invoqués.

Pour passer le 5e niveau de la Wicca, le rituel consistait à coucher avec Anubis. Des documents évoquent des rituels à des dates précises avec des sacrifices de victimes aux profils et âges spécifiques.

Mais tous les membres disent que jamais il n’y avait d’enfants à ces cérémonies, sauf un membre qui a dit en avoir vu à une cérémonie de solstice.

Très vite, les médias et les autorités ont fait passer ce groupe pour de gentils illuminés absolument inoffensifs et l’enquête a tourné en eau de boudin.

La cellule d’enquête de Neufchâteau, a mené les perquisitions au domicile des responsables d’Abrasax, à savoir un transexuel appelé(e) Dominique Kindermans qui disait être membre d’une loge maçonnique allemande et qui prônait la supériorité de la race aryenne, et son compagnon résidant à Forchies-la-Marche, suite à une note intrigante d’Anubis trouvée chez Weinstein (complice présumé de Dutroux): “Bernard, n’oublie pas de lui rappeler que la grande fête approche et songe au cadeau pour la grande prêtresse…

On s’aperçoit aussi que Diakostavrianos était en contact avec un couple de policiers communaux de Charleroi membres du groupe. Et Claude Thirault, qui avait parlé à la police de Charleroi des travaux et projets de Dutroux, a reçu des menaces de mort écrites sur un papier à emblème d’Abrasax.

Le journaliste se posait déjà la question de savoir si les victimes de Dutroux ont pu avoir été sacrifiées sur l’autel du démon, ajoutant que “ces histoires-là, on n’y croyait pas jusqu’ici. Et pourtant, en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne et aux USA, services de police et journalistes avaient déjà décelé l’existence “de réseaux sataniques” et imaginent qu’ils s’approvisionnaient en jeunes victimes. Toutes ces enquêtes avaient échoué, tous ces dossiers refermés, étouffés sous le sceau du mot “fantasmes“. Cette piste a ensuite permis de décrédibiliser l’enquête et la thèse du réseau.

Quant à Anubis/ Desmedt, une sorcière parisienne relate sur son blog le parcours de ce grand amateur de Duvel (des bières belges à 8,5°) et du 3e Reich : “Le Maître Anubis a suivi sa propre quête ésotérique : initié à 18 ans au Satanisme par un Adepte du pays de Liège, il a ensuite suivi quelque temps l’enseignement des Rosicruciens, des Martinistes et des Compagnons d’Isis, puis il a été initié à la Sorcellerie Wicca et à la Gnose. Il s’est ensuite associé à Nahema‑Nephthys pour fonder l’Institut Abrasax et former à son tour de nouveaux détenteurs de la Tradition Sorcière et Initiatique. Son Coven (groupe) Wicca est reconnu par la Wicca Occidentale Française et la Wicca Germanique, et il était lui‑même membre de la Satanic Church d’Anton Szandor La Vey (USA)“.

Parmi les membres de la secte, beaucoup étaient aussi membres d’autres groupuscules, plusieurs avaient même leur propre temple aménagé à leur domicile. Il y avait deux pédocriminels connus des services, deux ou trois proxénètes qui rabattaient les filles vers Abrasax, au moins sept ou huit prostitué(e)s, au moins cinq policiers et des ecclésiastiques comme l’abbé D.

Enfin, en 1997 un jeune homme victime d’une secte satanique appelée Alliance Krypten, basée à Paris mais ayant des ramifications internationales, a publié avec Bruno Fouchereau le livre “L’enfant sacrifié à Satan” dans lequel il raconte son histoire. Il y explique notamment être allé en Belgique en 1988 puis en 1992 à Charleroi et dans une ville dont il ne souvient plus exactement le nom mais qu’il appelle “La Marche Forcée”.

Il explique qu’il a assisté et du participer à plusieurs rituels qui se sont déroulés dans la région de Charleroi, et qu’un autre jeune avait disparu là-bas.

Bruno Fouchereau écrit

Dans ce village [Forchies-la-Marche], il se souvient avoir été séquestré dans une grande maison blanche, dans laquelle avaient été aménagés plusieurs temples, ce qui rappelle étrangement la demeure utilisée par la secte Abraxas. En compagnie d’une dizaine d’enfants, il fut, en ces lieux, soumis à de nombreux sévices. Il se souvient parfaitement des visages de ses hôtes belges. Eux aussi étaient des satanistes, eux aussi pratiquaient d’ignobles rituels au cours desquels des enfants étaient torturés et violés. Cette rencontre entre satanistes français et belges n’est pas de nature à surprendre les enquêteurs du petit royaume qui doivent entendre Samir dans le cadre de l’affaire Dutroux. Depuis plusieurs semaines, ils affirment avoir mis en évidence un réseau international qui passe par la France, Monaco, l’Angleterre, l’Allemagne, les pays de l’Est et les U.S.A“.

24 décembre 1996 : Nathalie W. est auditionnée. Elle parle d’une plainte qu’elle avait déposée autour de 1980 à la police de Waterloo contre “Vincent”, son souteneur dans le réseau quand elle était mineure. Le lendemain elle a été hospitalisée. Une partie de son dossier médical à l’hôpital Erasme à Bruxelles a disparu.

+ Au sujet d’Abrasax, le même journaliste du Soir explique queDeux membres actuels – et un ancien agent contractuel – de la police communale de Charleroi font ou ont fait partie de l’institut Abrasax de Forchies-la-Marche” dont l’un était trésorier de l’association. Mais selon cet article “depuis qu’il a rejoint Abrasax en 1992, il n’y a jamais rien constaté d’illégal : Il n’y avait ni mineurs d’âges, ni partouzes, ni attouchements sexuels, ni drogue, nous a-t-il déclaré hier“.

En 1994, une des membres avait été interceptée par la gendarmerie. Voici le résumé de l’intervention par la cellule d’enquête de Neufchâteau:

En date du 09/04/94, elle a été trouvée par une patrouille de la brigade de Marchienne-au-Pont, déambulant dans Courcelles, toute vêtue de noir. Elle tenait des propos incohérents, et semblait sous l’effet de drogues ou d’hypnose, n’ayant plus aucune notion d’orientation dans le temps et dans l’espace.

Elle est ramenée à l’unité, tenant des propos sataniques, et évoquant Francis (NDLR DESMEDT) le grand maître. Après un moment de calme, elle se déshabille et se masturbe. Elle hurle (PRENDS MOI ANUBIS, CHACAL), demande la clé du cénacle, et évoque des personnages sataniques. Elle crie également qu’elle porte l’enfant de SATAN.

Ces faits font l’objet du PV CH.57.52.100881/94 du 09/04/94. A la suite de ces faits, elle a dû être hospitalisée, et suivie par un psychologue“.

Un autre membre qui ne connait officiellement personne dans le groupe à part les deux responsables qui ont été perquisitionnés -et surtout pas Weinstein, a expliqué en 1997 à la cellule de Neufchâteau :

II n’y a jamais eu d’acte sexuel ni même d’attouchement. Cela était strictement interdit. Je précise que je n’ai plus de possibilité sexuelle depuis 1972 des suites de plusieurs opérations chirurgicales“.

Pourtant, un autre membre a déclaré selon le PV 100734/97 du 8 septembre 1997 : “A l’exception d’une masturbation individuelle lors des rituels du Clergé Infernal, [le témoin] déclare n’avoir assisté à aucun sacrifice humain ou animal (en dehors du cœur [provenant de] la boucherie, ni à aucun fait à connotation sexuelle“.

Le groupe avait aussi proposé à sa compagne de se lancer dans la prostitution pour un couple membre de l’association et déjà connu des services de police pour des faits de proxénétisme. Enfin, ce témoin précise avoir reçu des menaces de mort de la part d’Anubis “s’il se retournait contre lui“.

Il n’y a jamais eu d’inculpations de membres de ce groupe dans l’affaire Dutroux.

30 décembre 1996 : Audition de Michel Forgeot, patron du Dolo, qui confirme que le commissaire de Bruxelles Georges Marnette fréquentait le Dolo, Nihoul et toute la bande. X2 aussi a parlé de Marnette au Dolo lors de ses auditions de novembre 1996.

3 janvier 1997 : Le chalet de Weinstein fait l’objet d’un incendie criminel.

9 janvier 1997 : Dans un fax X1 évoque l’assassinat d’une autre adolescente Mieke, qui était prostituée par Nihoul et Tony, lors d’un week-end chez la grand-mère de X1.

9, 11, 17 janvier 1997 : Trois premières auditions de X7, une amie d’enfance de X1 entre leurs 10 et 14 ans, dont le père incestueux était ami avec les parents Louf et Tony selon X1. Elle confirme une partie du récit de Régina, mais est totalement dans le déni de ce qu’elle a subi. Elle déclare avoir été à Knokke à l’âge de 10 ans, elle décrit la villa de la grand-mère de X1, parle de sa relation avec “Tony”.

X7 se montre en tout cas perturbée, déclare faire d’affreux cauchemars toutes les nuits, refuse d’être filmée ou photographiées, pense avoir des pulsions sexuelles en voyant sa petite fille nue dans son bain, et dit qu’elle a des black outs encore à ce moment quand elle voit son père, visites desquelles elle revient vidée. Elle explique aussi que sa sœur a subi des agressions sexuelles (elle ne va pas plus loin, contre toute vraisemblance d’après son propre récit) de la part de son père.

14 janvier 1997 : Un témoin contacte le gendarme M qui était à Neufchâteau et est entendu ce jour-là par les gendarmes pour parler du château des Amérois près de Bouillon, où des sacrifices d’enfants auraient eu lieu. Ce hollandais (Robin D. R.) tient ces informations de l’Américain Fritz Springmeyer, qui n’a apparemment pas été entendu. Ce château n’a pas été montré à X1 lors de l’enquête.

28 janvier 1997 : Audition d’un témoin anonyme qui parle de magouilles de Zicot, Dutroux et Diakostavrianos autour du trafic de voitures en échange d’armes, ainsi que d’un trafic de jeunes femmes et de mineurs depuis la Pologne, organisé avec une certaine “Annie”, patronne d’un bar appelé “Le Saint Moritz ” dans une ville près de Charleroi :

Ces femmes transitaient par le Luxembourg où elles travaillaient pendant environ un mois et demi. Elles étaient initiées à la prostitution et recevaient des rudiments de langue française. Dutroux a alors proposé à Annie de faire revenir des mineures de Pologne. Ces trois personnes ont mis leurs projets à exécution, les jeunes femmes et les mineures étaient enfermées dans une grande cave aménagée en cellule. Pour faciliter le passage du Luxembourg vers la Belgique, je sais que les intéressés disposent d’une protection soit au niveau de la police ou de la douane luxembourgeoise. L’immeuble où se trouve cette cellule […] est la propriété d’Annie. Il s’agit d’une maison de maître ».

Le témoin explique que depuis deux ou trois mois plus personne ne serait passé dans cette cave. Cette “Annie” était selon ce témoin protégée par “un juge de Charleroi”, et les filles ont servi notamment à des tournages de films au château de Faulx-les-Tombes, où trainait aussi Nihoul.

29 janvier 1997 : Début des agissements suspects de conducteurs de Mercedes blanches aux abords des écoles. Plusieurs témoignages de parents remontent aux forces de l’ordre de différentes villes de Wallonie en l’espace de quelques jours.

Les témoins évoquent des plaques d’immatriculation françaises, qui s’avéreront être des fausses plaques.

1er février 1997 : Le juge Langlois inculpe Dutroux de nouvelles préventions. A celles d’association de malfaiteurs, d’enlèvement de Sabine de Laeticia, et d’assassinat de Weinstein, il ajoute les viols de Sabine, Laeticia, Eefje et l’assassinat d’Ann et Eefje. Concernant les enlèvements de Julie et Mélissa, Dutroux nie farouchement. Aucune mention des assassinats de Julie et Mélissa.

6 février 1997 : Une réunion est organisée par le BCR à Charleroi sur la problématique des Mercedes blanches.

8 et 15 février 1997 : Auditions de X1 au sujet du meurtre de Katrien de Cuyper, retrouvée assassinée le 19 juin 1992. X1 explique que Tony est venu la chercher un soir en l’absence de son mari, qu’ils ont laissé un type avec ses enfants et qu’elle a été amenée dans un château près d’Anvers où Katrien était attachée sur un lit.

X1 explique qu’elle a été obligée de l’égorger sous la menace qu’on tue ses enfants, selon elle pour l’obliger à se taire sur tout ce qu’elle avait subi. Le 1er mars 1997 le château a été identifié comme le château de K., qui appartient au baron de C.. Elle a dit dans sa dernière audition être allée 15 à 20 fois dans cet endroit entre 1990 et 1995 et y avoir assisté à 6 ou 7 meurtres d’enfants et adolescentes dont celui de Katrien.

12 février 1997 : Fax de X1 au sujet de Raemakers, dont elle explique qu’il est un vrai pédo”phile”, qu’il était un pourvoyeur d’enfants destinés éventuellement à être abattus, avec des fournisseurs aux Pays-Bas. Il avait son propre circuit d’approvisionnement et de distribution des enfants, dans un réseau connexe à celui de Dutroux et Nihoul mais selon X1 un peu moins puissant. Il était aussi chargé de livrer les enfants sur place, sans savoir à qui, notamment dans un club sado maso de Bruxelles.

16 février 1997 : Audition en présence du procureur Bourlet du témoin VM1, devenu indicateur de la gendarmerie, déjà connu pour des braquages. L’inspecteur Yves Z. suit son dossier depuis un moment. Il sait que VM1 a été victime de pédocriminels à partir de ses 9 ans quand il a été envoyé dans un foyer où un juge des enfants venait le chercher les week-ends pour l’envoyer à des partouzes dans des villas de la région de Bruxelles.

Il s’est ensuite mis à jouer un rôle actif dans ce réseau une fois devenu adulte et a déclaré avoir rabattu des mineurs vers le Mirano.

18 février 1997 : Rapport d’autopsie d’An Marchal, qui avait été retrouvée les poignets liés, un bâillon sur le nez et la bouche et un sac en plastique sur la tête, mis alors qu’elle était vivante.

Elle a souffert de violences sexuelles vaginales, y compris probablement post-mortem.

20 février 1997 : Une étrange cache est découverte dans une maison de Molenbeek, dont les occupants ont disparu depuis septembre 96. Les enquêteurs décrivent son “système sophistiqué d’ouverture qui n’est pas sans rappeler celui conçu par Marc Dutroux“. Le dossier a été confié au parquet de Bruxelles et il n’en a plus jamais été question.

24 février 1997 : VM1 est menacé (probablement par des membres de la Sûreté de l’État).

26 février 1997 : Le cinéaste Jean-Marc Houdmont est victime d’un accident de voiture mortel au moment où il s’apprêtait à faire des déclarations peut-être importantes sur l’enlèvement d’Elizabeth Brichet, dont le dossier d’instruction est alors ouvert à Namur depuis 1989, et avant d’avoir livré le moindre élément concret.

Houdmont était connu pour détenir des photos et K7 pédophiles et avait été soupçonné d’avoir participé à l’enlèvement d’Elisabeth Brichet notamment parce qu’au moment de la disparition de la petite fille il était domicilié non loin de chez elle à St Servais. En mai 1997, sa compagne avait passé plus de deux mois en prison et était toujours poursuivie pour cet enlèvement.

27 février 1997 : X1 reconnait la maison où elle a vu Christine Van Hees lors de deux soirées de partouzes à Woluwe St Pierre.

3 mars 1997 : Selon trois quotidiens flamands, cinq hommes politiques francophones de tous bords auraient été cités par Connerotte, sous le huis clos de la commission d’enquête, comme protecteurs de Michel Nihoul. La presse francophone emboîtera le pas à ses confrères néerlandophones et les citera à son tour. Parmi eux il y avait Jean Gol, Serge Kubla, Paul Vanden Boeynants et Jean-Claude Van Cauwenberghe.

Les hommes politiques en question ont tous réagi, niant tous avoir jamais été en relation avec Nihoul, à l’exception de Vanden Boeynants qui était alors à l’étranger. La députée PRL Jacqueline Herzet a accusé Claude Eerdekens (député PS) d’avoir sa part de responsabilité quant à ces fuites. Didier Reynders -futur 1er ministre – a été jusqu’à le qualifier de “bouffon d’Andenne”.

5 mars 1997 : Décès soudain du père Joseph Toussaint (apparemment d’une crise cardiaque), qui exerçait dans un village où se rendaient souvent à la fois Michelle Martin et la compagne de Jean-Marc Houdmont, décédé à peine 10 jours plus tôt.

Joseph Toussaint était justement, étrange hasard, le confesseur des deux femmes et l’aumônier de la prison de Jamioulx où est passé Dutroux, devenu fervent catholique durant cette incarcération. Dutroux a donc beaucoup vu le père Toussaint, et le curé a ensuite fortement appuyé sa demande de libération conditionnelle.

6 mars 1997 : Le corps de Loubna Benaïssa est retrouvé à Bruxelles dans une malle en fer posée dans la cave de la station-service Q8 appartenant à la famille Derochette, pas très loin du domicile de ses parents. L’auteur de l’enlèvement et de l’assassinat, le pédocriminel connu Patrick Derochette, a été décrété irresponsable et n’a donc été, jamais été jugé.

Un certain nombre d’éléments (par exemple : lettre anonyme parvenue à Neufchâteau en octobre 96 et désignant la station Q8 de Derochette comme un lieu de présence de Dutroux, fréquentation de la station Derochette par Nihoul, témoignages de riverains du Dolo, boîte à partouzes fréquentée par Nihoul, désignant Derochette comme l’ayant fréquentée,…) sont encore aujourd’hui à investiguer pour établir si les faits concernant Loubna sont à mettre en rapport avec les faits concernant les autres enlèvements d’enfants préoccupant Neufchâteau.

07 mars 1997 : Marc Toussaint reçoit une note de fonctionnement (rapport disciplinaire) pour avoir travaillé à Neufchâteau sans en avoir averti ma hiérarchie et je suis assigné à des tâches administratives.

24 mars 1997 : Plainte de X1 contre Nihoul, Tony, Joost B. pour viol de mineurs de moins de 10 ans. La plainte cible en particulier les pressions exercées sur elle entre 1991 et 1994 pour qu’elle continue à participer au réseau et pour l’obliger à se taire. Son mari et ses enfants étaient également menacés.

28 mars 1997 : Rapport d’autopsie de Julie et Mélissa, qui laisse un large doute sur la théorie de la mort de faim et de soif : il est -notamment- écrit que “Cette dilatation anale ne s’explique que par des faits de mœurs répétés” (en jargon judiciaire belge, “faits de mœurs” = violences sexuelles). Il y a aussi des traces de violences sexuelles répétées.

Le rapport d’autopsie ne laisse pas de doute sur les violences sexuelles massives qu’ont dû subir les deux fillettes. Toute la question est : par qui puisque Dutroux a passé la plupart du temps en prison ?

14 avril 1997 : Premier rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les manquements dans les enquêtes sur les disparitions d’enfants, qui aboutit principalement… à la décision de réformer les services de police (suppression de la gendarmerie et création d’une police unifiée). Au passage la commission souligne qu’il serait intéressant d’approfondir le volet “protections”, et énumère certains “indices” :

Sur les protections envers Nihoul:

  • En dépit des instructions formelles, un service de police n’a pas transmis en temps réel à Neufchâteau un certain nombre d’informations concernant M. Nihoul
  • Il ressort de déclarations de témoins que M. Nihoul avait des liens avec les maisons de débauche de Bruxelles, ainsi que des contacts avoués avec M. Lelièvre notamment au sujet de la transformation de l’habitation de ce dernier dans le but d’y exploiter un maison de débauche; il se serait prévalu, dans ce cadre, de son statut d’expert judiciaire auprès des tribunaux de Bruxelles“.
  • Certains membres d’un service de police admettent qu’ils connaissent M. Nihoul et savent qu’il participe à des parties fines; ils connaissent également l’exploitant du Dolo, connaissent certains suspects en matière d’affaires de mœurs et sont amis d’un avocat qui a été suspendu. Il s’avère qu’un corps de police a informé préalablement l’exploitant du Dolo des devoirs d’enquête dont il allait être l’objet“.
  • Des témoins déclarent aussi sous serment que Nihoul était protégé par deux collaborateurs de l’entourage d’un ancien ministre
  • Le manque manifeste de réaction d’un corps de police en ce qui concerne M. Nihoul contraste fortement avec les efforts déployés par certains membres d’un même corps en vue de s’introduire dans la cellule de coordination de Neufchâteau”,
  • Il apparaît que M. Nihoul a également été en mesure, par le passé, d’influencer des décisions en matière de libération conditionnelle et de permis de séjour“.

Sur les protections envers Dutroux:

  • Selon un témoin, “un policier connaissait M. Dutroux depuis fort longtemps (depuis 1985) et l’avait probablement aussi informé“,
  • Le magistrat national [chef des magistrats belges] est intervenu pour écarter le policier en question de l’enquête menée à Neufchâteau“. Ce policier est intervenu à plusieurs reprises dans le parcours judiciaire de Dutroux pour écarter de lui les soupçons ou retarder son arrestation.
  • On peut se demander comment le couple Dutroux-Martin a pu bénéficier d’une protection sociale aussi large, en échappant manifestement à tout contrôle“.
  • Il convient également de se pencher sur le rôle qu’un policier a joué en octobre 1996, lorsqu’il a déconseillé à un juge d’instruction d’effectuer une perquisition chez le nommé F., au sujet d’un lien avec la pornographie “hard” aux Pays-Bas”

Cette affaire a coûté sa carrière à Melchior Wathelet, ministre de la justice de 1988 à 1995 et responsable de la libération conditionnelle de Dutroux en avril 1992. Le quotidien La libre Belgique écrivait en avril 2004:

Depuis, Melchior Wathelet a plus ou moins disparu de la scène politique belge pour officier à la Cour de justice des Communautés européennes à Luxembourg. En 2003, il ne sera pourtant pas reconduit dans ses fonctions. Sans mandat et sans perspective électorale, il n’a pas plus l’intention de se présenter aux élections régionales

22 avril 1997 : La presse fait état d’un nombre de 6500 à 7000 cassettes saisies dans le cadre de l’enquête Dutroux & Co, depuis la mi-août 96. Selon La Dernière Heure, deux tiers en auraient déjà été examinés.

Concernant plus particulièrement les K7 trouvées chez Dutroux, seules trois délivrent des images de faits de mœurs commis sur de jeunes Slovaques. Gilbert Dupont, de La Dernière Heure, poursuit son article en ces termes :

A ce stade, les enquêteurs sont donc loin des fantasmes décrits au tout début de l’affaire, à l’époque où les médias pensaient qu’on verrait sur des K7 trouvées chez Dutroux, des personnalités politiques dépravées impliquées dans des ballets roses ou bleus”. Toujours selon Dupont, on apprend que “d’autres K7 saisies proviennent en fait d’un dossier séparé, traité à Charleroi, où il est aussi question des Pays-Bas : 17 cassettes montrant des faits de mœurs ultra-violents et très réalistes avec des enfants pour victimes“.

25 avril 1997 : Assassinat de José Steppe, un militant d’extrême-droite qui disait avoir des infos sur Dutroux. Il a pris contact avec un journaliste à qui il devait remettre des cassettes sur lesquelles on verrait notamment Dutroux et des notables de Charleroi dont des politiciens connus, en train de violer des enfants.

Steppe avait confié peu avant à un ami qu’il craignait sérieusement pour sa vie. Quelques jours avant de rencontrer ce journaliste, il a été retrouvé mort avec son masque à oxygène, dans lequel ce n’est pas de l’oxygène qui lui avait été envoyé mais du Rohypnol.

30 avril 1997 : Le juge Van Espen demande une expertise psychiatrique de Regina Louf par 5 experts de spécialités différentes de l’Université Catholique de Louvain. Ils doivent notamment vérifier si elle a un “trouble de la dissociation” et son témoignage était valable. Ils confirment qu’elle a subi des abus sexuels massifs, graves et répétés dans l’enfance.

Ils concluent après lui avoir fait subir une trentaine d’heures d’entretiens à un “trouble dissociatif” et une “personnalité borderline”, ce qu’elle n’a jamais caché et qui confirme encore une fois ses accusations. L’un de ces experts, le Pr Igodt, a expliqué ensuite que son témoignage devait être pris au sérieux et vérifié.

Mai 1997 : Certains journalistes “bien introduits” reçoivent des disquettes contenant les PV de synthèse de l’enquête.

15 mai 1997 : Le témoin X2, malmenée dans les médias et par la justice, refuse de continuer les auditions. Elle explique qu’elle n’a plus la force psychologiquement.

26 mai 1997 : Le témoin X3, issue d’une famille nombreuse défavorisée qui l’a livrée au réseau, décrit des viols organisés entre 1950 et 1962.  De 3 à 8 ans elle était l’enjeu de parties de cartes chez ses parents, puis les violences ont augmenté et elle a été prostituée dans le réseau.

X3 cite une dizaine de noms qu’on trouve dans le dossier dont celui de Van den Boeynants et de son ami le promoteur Charly D..

A la cellule de Neufchâteau, on lui expliquera vite que tout cela est prescrit et ne fera pas l’objet d’une procédure pénale, mais on lui dit et répète, jusqu’en 1999, qu’une enquête des plus sérieuses est menée à propos de ses déclarations.

31 mai 1997 : Audition de X1 à la BSR de Gand. Elle explique que Tony les a prostituées, elle et sa copine Clo, dans un bar appelé La Paix à Gand. Un bon de commande de ce bar auprès de Tony a aussi été retrouvé.

2 juin 1997 : Audition de X3 sur le volet “famille royale”. Elle cite plusieurs hommes de la famille royale dans les années 50-60.

Elle explique  qu’à 10 ans elle a été obligée d’initier d’autres enfants et qu’après 12 ans elle a été introduite dans un réseau de pédophilie avec trois types de soirées:

  • les soirées photos qui étaient relativement soft sans meurtres en tout cas, où elle était prostituée auprès de différents pédos,
  • les soirées “spectacles” pour lesquelles elle était droguée et amenée avec d’autres enfants à différents endroits cossus. Des viols étaient organisés, souvent très violents, les enfants étaient alors confiés à un médecin du réseau. Il pouvait y avoir des “parties de chasse” dans les parcs des villas et châteaux où avaient lieu ces barbaries. Elle décrit des scènes de cannibalisme des victimes, des scènes de tortures, de nombreux meurtres d’enfants et adolescentes, rituels ou non.
  • les soirées “mondaines” dans des demeures luxueuses avec de grands murs d’enceinte, où étaient présents les mêmes protagonistes mais où la mise en scène est celle d’un diner mondain avec des enfants comme plats et de nombreux serviteurs. Là aussi un ou plusieurs enfants étaient torturés et massacrés par les adultes.

29 juin 1997 : Tentative d’assassinat de Marc Toussaint. Il dépose plainte.

2 juillet 1997 : Premier rapport de “relectures” des 17 premières auditions de X1, qui avaient été enregistrées. C’est ce rapport qui a servi de base à l’éjection de l’équipe de De Baets qui avait commencé l’enquête sur le réseau et les témoins X.

11 juillet 1997 : Suite aux relectures des témoignages des témoins “X” demandées par l’état-major de la gendarmerie, le juge Langlois demande à son tour une relecture, de tous les P.-V. réalisés suite aux auditions des témoins X (X1 & autres).

25 août 1997 : L’équipe de De Baets est écartée de l’enquête officiellement. Leur supérieur le commandant Jean-Luc Duterme, responsable de la cellule de Neufchâteau, leur reprochait d’avoir manipulé le témoignage de X1 et les accusait de “faux en écriture publique”. Duterme a agi à la demande du juge Langlois.

23 septembre 1997 : Marc Toussaint remets sa démission. N’ayant toujours pas eu de réponse un mois plus tard, il ne se présente plus sur son lieu de travail. Le 5 novembre il reçoit un courrier de l’état-major de la gendarmerie lui demandant la raison de mon absence injustifiée.

14 novembre 1997 : L’état-major de la gendarmerie demande au ministre de l’Intérieur de le licencier pour désertion.

18 novembre 1997 : On annonce le décès du gendarme Gérard Vanesse de Dinant. Selon son épouse, il était accablé par les suspicions de protection qui pesaient sur lui dans l’affaire Dutroux. Il avait été appréhendé le 30 septembre 96 et inculpé pour “association de malfaiteurs impliqués notamment dans un trafic de drogue”, puis libéré le 4 octobre 96.

Le comité “Julie et Mélissa” s’interrogeait :

Vanesse était sans conteste une relation du tandem Nihoul-Lelièvre. A ce jour, aucune explication claire n’a encore été apportée concernant le rôle de l’ex-gendarme dans l’affaire Dutroux. Fréquemment cité par Nihoul dans le cadre de trafics de drogue (pilules d’XTC) et de véhicules auxquels semblent avoir participé certains protagonistes de l’affaire Dutroux, le rôle obscur du gendarme Vanesse n’a toujours pas été éclairé. Cherchait-il, par le biais de Nihoul et Lelièvre, à “remonter une filière”, tel que l’indique Nihoul ? Ou, plus plausible, a-t-il servi de couverture protectionnelle aux agissements de Nihoul-Lelièvre et peut-être Dutroux, dans les enlèvements d’enfants, tel que le suggèrent actuellement certains avocats de parties civiles ?

On notera aussi que Gérard Vanesse, ce gendarme que son indicateur Nihoul avait cherché à joindre la veille de son arrestation, était intervenu le 25 avril 1996 pour les perquisitions chez Michel Fourniret, suite au vol d’armes à feu à un poste de police à la frontière.

Certains acheteurs des armes ont été retrouvés en Belgique mais l’enquête n’a pas abouti à la condamnation de Fourniret.

27 novembre 1997 : Annie B., qui est toujours inculpée pour association de malfaiteurs dans le dossier de Neufchâteau, se voit à nouveau inculpée par le juge bruxellois Leys du chef d’escroquerie et usurpation de titre dans le dossier Cadreco, du nom de cette société de conseils juridiques pour étrangers qu’elle avait créée en 1986.

Spécialisée en droit des étrangers, elle aurait notamment escroqué plusieurs personnes en séjour illégal à qui elle demandait des honoraires de 50 à 100 000 francs pour régulariser leur situation. Mais jamais les clients n’obtenaient leurs papiers. Annie B. avait déjà été condamnée, en 1989, à deux ans avec sursis, pour de mêmes faits d’escroquerie.

11 décembre 1997 : Procès à Dinant de Casper Flier, qui trafiquait de la drogue avec Nihoul et Lelièvre, pour le vol du 4X4 d’un client de la station-service de Flier à Anthée. Le dossier a été séparé car il a été considéré que ce vol n’avait rien à voir avec les affaires de Dutroux.

10 janvier 1998 : la presse (Télé-Moustique et De Morgen) sort le témoignage de X1 (Regina Louf) et la place comme témoin principal dans l’affaire du meurtre de la Champignonnière.

13 janvier 1998 : Dans le cadre de leur enquête, les gendarmes de l’inspection entendent un témoin capital de la tentative d’assassinat dont a été victime Marc Toussaint en juin 1997. Cette audition ne sera pas versée au dossier… Cette audition aurait permis de mettre le dossier à l’instruction et d’ouvrir une enquête pour tentative d’assassinat !

22 janvier 1998 : X1 révèle son identité et montre son visage sur les conseils du juge Van der Meersch qui était chargé du dossier Christine Van Hees. Régina Louf commence à parler en public de son passé, sans citer de noms.

30 janvier 1998 : conférence de presse au parquet de Bruxelles. Le juge Vandermeersch, le juge Langlois et le procureur du Roi Dejemeppe déclarent qu’aucune preuve ne vient étayer les déclarations de X1, notamment en ce qui concerne la Champignonnière.

Début février 1998 : Marc Toussaint reçoit les disquettes contenant les P.-V. de synthèse de l’enquête des mains du gendarme Michel Clippe (Équipe De Baets – BSR Bruxelles 3ème SRC).

17 février 1998 : Deuxième rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Dutroux – Nihoul. On ne parle plus de protection au plus haut niveau de l’État, mais “d’estompement de la norme” !

15 mars 1998 : Création des “Listes blanches” : parti politique citoyen en vue des élections législatives de mai 1999. Il s’appuie au départ sur les 135 comités blancs mis en place dans le pays.

Marc Toussaint qui a été l’un des organisateurs, explique dans son livre Tous Manipulés :

L’idée n’était pas de viser un quelconque pouvoir ; il s’agissait de permettre un contrôle citoyen des institutions, notamment par le biais d’une présence au parlement et d’une participation à l’élaboration de projets de loi. Inutile de dire que cette idée n’a pas fait beaucoup d’heureux au sein du monde politique“.

Une vaste campagne de dénigrement a suivi à l’intérieur et à l’extérieur des Comités Blancs.

31 mars 1998 : Ouverture officielle de Child Focus par Albert, devenu Roi en 1993. Le projet a été initié au tout début par les familles de victimes et les citoyens, dans la suite de la Marche Blanche du 20 octobre 1996.

Mais très vite le leadership est passé au politique qui cherchait à neutraliser les “comités blancs” de citoyens passablement énervés, et dès 1997 la présidence du conseil d’administration de l’organisation a été confiée à Daniel Cardon de Lichtbuer, banquier de la banque Bruxelles Lambert, fanatique de l’Europe technocratique dans laquelle il est impliqué depuis la CECA en 1958 et membre du très élitiste Cercle de Lorraine.

De Lichtbuer qui a dirigé Child Focus jusqu’en 2007 était aussi un proche de Vanden Boyenants et du roi Albert qui l’a anobli en 1998 en lui donnant son titre de “baron”. C’est un des fondateurs du cercle de Lorraine, sorte de Rotary belge hyper sélect. De 2006 à 2009, il a été nommé président de l’International Centre for Missing and Exploited Children.

Child Focus a rapidement montré son inefficacité, se contentant de faire coller des affiches avec les photos des enfants sur la voie publique. Tous les signalements étaient directement à la justice ou à la police, et la boucle était bouclée. Force est de constater que depuis que Child Focus existe, de réseau il n’a plus jamais été question. Et les citoyens s’en sont détournés.

23 avril 1998 : Confrontation dans le bureau du juge entre X1 et “Tony” qui est devenu son souteneur quand elle avait 12 ans et jusqu’à ce qu’elle fuie le réseau à 16 ans. Il avoue avoir eu des relations sexuelles avec elle quand elle était mineure mais nie l’avoir prostituée dans le réseau.

Cette plainte a été transférée au tribunal de Neufchâteau où l’enquête sur Dutroux et consorts a été limitée, tribunal qui s’est déclaré incompétent le 26 mars 2003 seulement, constatant soudain que “Tony” ne résidait pas dans l’arrondissement.

23 avril 1998 : Au même moment à 17 heures, les trois procureurs généraux (Bruxelles, Gand & Anvers) décident que Régina Louf n’est pas crédible, et clôturent définitivement l’ensemble des dossiers connexes (appelés dossiers X)…

+ Ce 23 avril 1998 est aussi le jour de l’évasion surréaliste de Dutroux lors d’une consultation de son dossier au Palais de Justice de Neufchâteau. Marc Toussaint rapporte cet épisode dans son livre “Tous manipulés”: Après avoir agressé le policier censé le surveiller et lui avoir pris son arme déchargée, Dutroux “s’enfuit, vole une voiture et se rend quelque part dans une forêt, alors qu’il aurait pu rouler jusqu’à la frontière française qui se trouvait à quelques kilomètres seulement.

D’après la version officielle, il se serait ensuite embourbé dans un chemin forestier. Chose incroyable, les commissariats de police des environs immédiats – c’est-à-dire d’Herbeumont et les contrées avoisinantes – ne sont même pas avertis de son évasion ! C’est pourtant là que se trouvent les agents qui connaissent le mieux la région. Explication de la gendarmerie : impossible de prévenir tout le monde“.

Cette évasion provoque la démission des ministres Johan Vande Lanotte (Intérieur) et Stefaan De Clerck (Justice).

24 avril 1998 : Confrontation entre X1 et Emile D le père de son amie Clo, assassinée dans le réseau, qui a dissimulé l’assassinat et les viols de sa fille et attaque X1 qui ne dit plus rien.

+ L’état major de la gendarmerie fait savoir que la démission du Général Deridder (chef de corps) n’est pas à l’ordre du jour…

25 avril 1998 : Lelièvre parle du rôle de Nihoul dans le trafic de jeunes filles d’Europe de l’est.

Il devait donc s’agir de faire venir des filles en Belgique pour qu’elles se prostituent en Belgique. Je tiens à préciser qu’il ne s’agissait pas de demander aux filles de se prostituer en rue, mais bien de se prostituer dans des clubs ou des maisons particulières et que les filles devaient avoir une bonne présentation et ne pas être vulgaires.

Nihoul était exigeant à ce niveau-là. C’est lui qui devait s’occuper de recevoir les filles, de les habiller, de les préparer, puis de les placer dans un club. C’est bien Nihoul qui aurait dû garder les passeports des filles et qui devait s’occuper de toute l’intendance et du paiement, le propriétaire du bar rétrocédant directement les gains des filles à Nihoul. Nihoul devenant par ce fait le “maquereau” des filles ramenées par Dutroux.

Nihoul n’a jamais précisé l’identité du patron du bar auquel il faisait allusion comme étant son contact privilégié dans ce secteur-là et sur lequel il semblait avoir une certaine mainmise. Il ne m’a jamais non plus précisé la localisation”.

Dutroux a confirmé dans une audition le 24 aout, expliquant : “Nihoul cherchait des filles pour la prostitution, il voulait des Tchèques ou des Slovaques et promettait 30.000 francs belges par fille“.

28 avril 1998 : Démission du Général Deridder, chef de la gendarmerie belge, officiellement suite à l’évasion de Dutroux.

6 mai 1998 : Dernière audition de la mère de X1 qui finit par confirmer que sa fille a eu des relations sexuelles avec un certain Tony dans sa jeunesse, et qu’elle avait donné la clé de la maison à ce Tony qui venait régulièrement.

24 mai 1998 : Signature de l’accord “Octopus”. Modification de l’article 184 de la constitution belge (qui précise que l’organisation et les attributions de la gendarmerie font l’objet d’une loi), en prévision de la suppression programmée de la gendarmerie.

4 juin 1998 : Marc Toussaint est arrêté et déféré devant le juge d’instruction Pignolet pour violation du secret de l’instruction et recel de P.-V.

8 juin 1998 : Les listes blanches se retirent face à la pression des politiques.

22 août 1998 : Le journal flamand De Morgen parle du témoignage d’un détenu de la prison de Louvain disant qu’un trafiquant d’enfants lui a montré une photo Polaroïd de Melissa dans un café de Marcinelle proche de chez Dutroux.

1er octobre 1998 : Rapport d’expertise psychiatrique de Michel Lelièvre. Selon les psychiatres qui l’ont examiné, c’est un psychopathe dangereux pour la société, qui s’il exprime des regrets, en éprouve surtout pour son propre sort. Les experts considèrent qu’il est responsable de ses actes et ne pourra donc bénéficier d’une mesure d’internement.

8 octobre 1997 : Le Matin annonce la parution en français du livre de René De Witte (journaliste économiste du Financieel Economische Tijd) consacré à l’empire de la famille De Clerck, dans lequel Nihoul apparaît comme un “fournisseur de femmes haut de gamme et relais francophone du lobbyiste véreux anversois Raoul Stuyck” (recondamné aujourd’hui en appel), lequel a bâti son réseau de relations bruxelloises dans le milieu d’Aldo Vastapane et Paul Vanden Boeynants.

15 novembre 1998 : Meurtre de Gina Pardaens, qui travaillait avec l’association de défense des enfants le Groupe Morkhoven. Sa voiture a été sabotée, probablement au niveau des freins. Elle travaillait notamment sur l’affaire Manuel Schadwald, un jeune allemand exploit dans les bordels pédocriminels des Pays-Bas, et détenait un snuff movie tourné en Belgique dans lequel on reconnaitrait un ancien associé de Nihoul.

Elle avait reçu plusieurs fois des menaces de mort, était suivie et notait les plaques : parmi celles-ci il y avait le véhicule d’un ancien chauffeur du Dolo. Elle devait faire une déposition le lendemain 16 novembre.

Puisqu’elle est étrangement revenue dans l’actualité, on va reparler aujourd’hui de l’affaire Manuel Schadwald. Ce dossier est très intéressant, car il montre que les réseaux pédophiles anglais, belge, hollandais, français et allemand sont reliés les uns aux autres.

7 décembre 1998 : loi sur la réforme des polices (suppression de la gendarmerie).

18 décembre 1998 : Mort de Fabienne Jaupart, veuve du ferrailleur décédé prématurément Bruno Tagliaferro (assassiné le 5 novembre 1995). La protection policière que le juge Connerotte lui avait mise venait d’être levée, peu après la nomination du juge Langlois.

L’enquête conclut au suicide, contre tout évidence : Fabienne Jaupart se serait aspergée de méthanol, aurait remis la bouteille sur le meuble à côté de son lit et se serait ensuite immolée, non sans avoir pris soin de mettre les pommes de terre à cuire sur le réchaud et de faire tourner le lave-vaisselle…

27 – 28 avril 1999 : Rétractations de Van Der Elst qui avait fourni un alibi à Nihoul pour l’enlèvement de Laëtitia Delhez le 9 août 1996 à Bertrix -où Nihoul a été vu par quatre témoins la veille pour les repérages. Pourtant, jusqu’à la fin la justice a fait comme si cet alibi tenait toujours. En juillet 1999 il explique qu’il est “fort possible que je me sois trompé en ce qui concerne la date à laquelle Nihoul était venu avec un Africain pour nettoyer mon appartement à Schaerbeek” et qu’il est plutôt venu le lendemain.

14 juillet 1999 : L’avocat général de Liège Hubert Massa, qui était en charge de l’affaire Dutroux, se tire une balle dans la tête. Il travaillait aussi sur le meurtre d’André Cools.

25 novembre 1999: X1 annonce qu’elle va déposer plainte contre X avec constitution de partie civile, contre les enquêteurs en charge des “relectures” de son témoignage, notamment en raison des irrégularités et des innombrables fuites vers la presse durant cette opération.

16 décembre 1999 : Libération de Nihoul.

20 janvier 2000 : Ordonnance de non-lieu dans la procédure contre l’équipe De Baets.

2000 : Interview de Nihoul en caméra cachée par des journalistes français. Il leur explique que la mort du ministre André Cools en 1991 était liée à l’affaire des tueries du Brabant, parle du système de corruption et des partouzes avec des gens du gratin.

9 octobre 2000 : Le sénateur Frans Lozie demande la création d’une commission d’enquête parlementaire pour déterminer dans quelles conditions les “relectures” ont eu lieu et plus généralement pourquoi les enquêteurs Patriek De Baets et Aimé Bille, à qui plusieurs témoins avaient pu se confier, avaient été écartés de l’enquête -et des témoins dont ils avaient commencé à recouper et vérifier les informations.

La commission d’enquête parlementaire doit faire une description précise de la création de la cellule d’enquête De Baets (3º SRC, BSR de Bruxelles), de la façon dont cette cellule s’est retrouvée sous le contrôle de M. Duterme, de la genèse des relectures, des décisions d’éloignement (temporaire) de De Baets et Bille de la cellule d’enquête, des éloignements ou mesures analogues éventuels à l’égard d’autres enquêteurs, de la façon dont des officiers supérieurs de police et des magistrats y ont été associés, des conclusions de toutes le enquêtes, tant pénales que disciplinaires, etc.

La commission d’enquête parlementaire pourra ainsi faire la lumière sur toutes les responsabilités, et plus particulièrement sur les motifs de tous ceux qui ont été impliqués dans cette opération. C’est surtout le début de toute l’opération qui peut aussi nous renseigner sur les motifs. D’où la nécessité d’enquêter sur le dossier 218/96 du juge d’instruction Gruwez“. Evidemment cette commission n’a jamais été mise en place, du moins jusqu’à présent.

23 novembre 2000 : X1 se constitue partie civile contre “Tony”, Nihoul et X devant le juge Langlois.

1 janvier 2001: Réforme des Polices. Abolition de la gendarmerie et création d’une police unique (fédérale et locale).

13 mars 2001 : Audition de G. De Vries, qui gère une association d‘aide aux enfants victimes d’abus sexuels à Amsterdam. Il relate le témoignage qu’il a reçu ainsi que Marcel Vervloesem de l’association Morkhoven, de la part d’un jeune pédocriminel hollandais, Robert Jan Warmerdam, qui a identifié plusieurs des victimes des fichiers de Zandvoort.

Warmerdam lui a expliqué qu’au bar le G-Force, lieu de rencontre connu mondialement dans les milieux SM, il a croisé plusieurs fois Dutroux en 1995-1996, juste avant qu’il soit arrêté. Selon G De Vries, “Robert avait vu Dutroux parler à Eric Nordholt du fait que lui, Dutroux, avait peur d’être attrapé” par la police et “qu’il avait peur d’être dénoncé pour les disparitions d’enfants en Belgique“. Selon ce témoignage, Dutroux et Nordhold, qui était alors responsable de la police de la région et membre du parti “socialiste”, parlaient aussi d’un circuit de fraude entre les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Angleterre.

Vervloesem a confirmé que Warmerdam a parlé de Dutroux comme un habitué du G-Force, où il a rencontré plusieurs fois Nordholt. Le patron du G-Force était un pédocriminel américain dénommé John Edward Mullaney qui aurait tué plusieurs enfants lors de viols sadiques.

Warmerdam a aussi déclaré avoir croisé dans le milieu pédo le jeune Manuel Schadwald, disparu à Berlin en juillet 1993 et qui aurait été tué peu de temps après lors d’une “soirée” avec des personnalités.

22 octobre 2001 : Sauciçonnage de l’affaire “Dutroux” par la chambre des mises en accusation de Liège avec d’un côté les 6 enlèvements et quatre meurtres, et de l’autre tout le reste (notamment l’aspect “réseau”).

Les analyses génétiques des éléments retrouvés dans les caches et véhicules de Dutroux ne seront donc pas examinées pour le procès des enlèvements, qui aura lieu 3 ans plus tard.

24 octobre 2001 : Nomination de Willy Deridder, ex commandant de la gendarmerie belge, au poste de directeur exécutif des services de police d’Interpol. Il avait été révoqué de la gendarmerie en avril 1998 bien que “aucune faute personnelle ne peut lui être imputée“, comme le disait le 1er ministre belge Jean-Luc Dehaene.

Mars 2002 : Procès de Dutroux et Charbonnier pour une escroquerie à l’assurance, qui ont pris respectivement 3 et 2 ans de prison.

En avril 1992 Charbonnier avait à la demande de Dutroux, mis le feu à sa maison de la rue Jules Destrée à Marchienne-au-Pont. Cette escroquerie à l’assurance avait permis à Dutroux d’empocher 1,3 million de FB.

14 novembre 2002 : Le procureur Bourlet répond à Nihoul sur l’affaire des pilules d’ecstasy et son rôle trouble d’ “informateur” de certains gendarmes.

Il écrit que “Le dossier a établi, pour le ministère public, que Nihoul, agissant comme informateur de la gendarmerie, a joué un double jeu à l’occasion de l’affaire Walsh : il a dans un premier temps rempli partiellement ses engagements vis-à-vis des forces de police en signalant que le trafiquant Walsh arrivait en Belgique porteur d’une importante quantité de drogue. Dans un second temps, s’apercevant que Walsh était en possession de deux sortes de drogues, il a détourné à son profit les 5.000 pilules d’ecstasy qu’il a sorties du coffre de la voiture du trafiquant et qu’il a cachées d’abord dans son appartement, avec l’accord de Walsh en envisageant une commercialisation à leur profit mutuel ; tout en laissant partir le trafiquant vers le piège qui lui était tendu avec les dix kilos d’amphétamine”.

16 janvier 2003: Carine Russo (maman de Melissa) est renvoyée devant le tribunal correctionnel par la chambre du conseil pour dénonciation calomnieuse à l’égard de l’ancien chef d’enquête de l’affaire Dutroux !

17 janvier 2003 : La Chambre du conseil blanchit Michel Nihoul pour les enlèvements et renvoie trois des quatre inculpés devant la Cour d’As­sises : Marc Dutroux, Michelle Martin et Michel Lelièvre. Nihoul ne figure plus dans l’association de malfaiteurs, seul Dutroux est poursuivi pour l’enlèvement de Julie et Mélissa, Lelievre n’est pas poursuivi pour leur séquestration, seul Dutroux est accusé de l’assassinat de Weinstein.

20 janvier 2003: Marc Toussaint est condamné à 6 mois de prison avec sursis (3 ans) ––pour violation du secret de l’instruction et recel de PV. Appel du procureur Michel Bourlet suite à la décision de la chambre du conseil du 17 janvier.

27 février 2003 : Le commissaire de la PJ de Bruxelles Georges Marnette est acquitté à l’issue du procès sur les fuites de l’affaire Grafé -Di Rupo, dont il a été soupçonné par la justice. En effet, cette affaire ayant servi à jeter le bébé avec l’eau du bain s’est révélée fort opportune pour détourner l’attention du réseau pédocriminel.

30 avril 2003 : La Chambre des mises en accusation renvoie Nihoul en Cour d’Assises, pour avoir donné des pilules d’XTC à Lelièvre deux jours après l’enlèvement de Laëtitia.

26 juin 2003 : Arrestation de Michel Fourniret à Ciney près de Namur, par pur hasard. Il venait encore d’enlever une mineure sur le bord de la route, mais celle-ci a pu s’échapper et être récupérée par une automobiliste. Elles ont ensuite croisé le véhicule de Fourniret et noté la plaque d’immatriculation.

Très rapidement, on nous explique qu’il n’y avait aucun lien entre Fourniret et Dutroux, alors que les deux ont exactement le même profil et étaient en partie actifs sur les mêmes zones. Plusieurs témoignages laissent penser que les deux “prédateurs isolés” étaient plus proches qu’il n’y paraît. La piste n’a en tout cas jamais été exploitée par les autorités belges ni a priori française.

15 janvier 2004 : Le député Albert Mahieu (aujourd’hui décédé) rencontre un individu anonyme et son avocat, qui est un ancien avocat de Dutroux décédé depuis également.

Cet individu révèle avoir en sa possession une cassette vidéo qui lui a été donnée par une personne proche de la sûreté belge (les renseignements) dont il a fait une copie. Sur cette cassette, on verrait selon lui les derniers instants de Julie et Mélissa, subissant des tortures et des viols par un groupe de 10 à 12 adultes dont certains sont identifiables et d’autres sont masqués.

Selon l’individu, le film montre clairement les deux fillettes, pendant qu’elles sont violées par un politicien PS de niveau fédéral qui serait “parfaitement reconnaissable”. Il explique aussi que les petites finissent empalées, ce qui correspond aux constatations des médecins légistes.

Mais, cet individu explique qu’il compte faire chanter le cardinal Danneels, qui était le premier prélat de Belgique (candidat à la succession de Jean-Paul 2 en 2012), ce qui agace le très catholique Mahieu. Il va donc de ce pas alerter Danneels de l’existence de cette cassette.

5 février 2004 : Mahieu rencontre Danneels et lui explique ce qu’il a entendu le 15 janvier et donne le nom du politicien PS. Mais il est étonné car Danneels reste de marbre devant le récit atroce des mises à mort des fillettes.

Il fait une courte pause et c’est alors que Danneels lui demande “suis-je également dessus?” et Mahieu lui répond que non “évidemment”. Le prélat insiste et Mahieu doit lui promettre que lui n’a pas vu cette vidéo, puis il lui demande de ne parler de tout ça à personne.

Mahieu ira voir en mars 2004 plusieurs responsables du Vatican dont Ratzinger le futur pape, à qui il explique les faits.  Mais, il semble qu’ils avaient déjà la copie de la fameuse cassette ainsi que le dossier d’instruction de l’affaire Dutroux. Ce qui n’a semble-t-il rien changé puisque Danneels n’a pas été écarté  pour autant de la course à l’investiture papale.

Il a envoyé une lettre à la cour d’assises d’Arlon, qui s’est bien gardée d’en tenir compte.

Une cassette vidéo du meurtre de Julie et Mélissa existerait bel et bien. En 2004, un député, Albert Mathieu, écrit au président de la Cour d’Assises d’Arlon, où est jugé le dossier Dutroux bis. Il lui parle d’une cassette vidéo du meurtre des deux petites qui aurait été visionnée par une connaissance.

1 mars 2004 : Début du procès Dutroux, Lelièvre, Martin et dans une moindre mesure Nihoul (qui comparaît libre) à Arlon. Gino et Carine Russo ont décidé de ne pas se déplacer en protestation contre la mascarade judiciaire.

18 mars 2004: Les débats ont notamment porté sur les “micro-traces” ADN retrouvées dans la cache de Marcinelle où ont été séquestrées Julie et Mélissa ainsi que Sabine et Laëtitia. Ces traces, qui pour la justice se limitent à quelques cheveux dont la quantité officielle n’a cessé de se réduire, n’ont pas été étudiées car cela aurait coûté “trop cher” selon la justice.

En décembre 2003 le journaliste du Morgen Douglas De Coninck a écrit à ce sujet:

On a trouvé dans la maison de Marcinelle les traces génétiques d’au moins quatre personnes inconnues de sexe masculin, et de cinq personnes inconnues de sexe féminin. Leur profil ADN ne correspond à celui d’aucun des suspects du dossier Dutroux. C’est ce qui ressort du rapport 6700/1 du laboratoire judiciaire de l’ancienne PJ de Namur.

Le rapport sur lequel De Morgen a pu mettre la main contient des indices de ce que plusieurs individus étaient impliqués dans les enlèvements d’enfants qui ont ébranlé le pays en 1996, mais également de ce que les jeunes filles qui ont séjourné dans la maison (de Marcinelle) étaient plus nombreuses qu’on ne le pensait jusqu’ici

(…) En tout le rapport identifie jusqu’à 26 traces d’ADN “inconnus” dans les maisons et les voitures (de Dutroux). Mais le profil ADN est parfois incomplet, de sorte qu’on n’a pas pu savoir si ces traces provenaient d’une ou de plusieurs personnes, encore moins si elles provenaient d’un homme ou d’une femme“.

Ces traces ADN n’avaient même pas été comparées à celles des suspects quand le procès s’est terminé. Et ça n’a d’ailleurs jamais été fait.

19 mars 2004 : L’audience porte sur les décès de Julie et Mélissa dont la version officielle veut qu’elles soient mortes de faim entre décembre 1995 quand le gendarme Michaux a entendu les voix dans la cave de Dutroux, et le 20 mars 1996 quand Dutroux explique qu’il les a retrouvées mourantes de faim. Cette thèse a été mise à plat par les trois autopsies consécutives et par les débats lors du procès.

Un nutritionniste est venu expliquer que pour que les deux fillettes puissent survivre dans la cache dont selon Langlois elles ne sont jamais sorties, entre le 9 décembre 1995 et le 20 mars 1996 soit 103 jours, il aurait fallu qu’elles disposent de 150 litres d’eau chacune. Mais la quantité d’eau disponible, selon les recoupements dans les déclarations de Dutroux et Martin, était insuffisante.

D’autre part, le volume de 300 litres d’eau en bidons ou en bouteilles aurait occupé toute la cache. Si elles ont survécu dans cette cache, c’est parce que quelqu’un est venu leur apporter de l’eau.

A ce propos, Marc Toussaint écrit dans son livre “Tous manipulés” :

Le juge Langlois a soutenu contre vents et marées que les fillettes avaient pu survivre seules dans la cache pendant toute cette période. il sera finalement établi lors du procès que ce n’est pas le cas. Elles étaient donc mortes quand Dutroux a été libéré. Problème : les trois experts médico-légaux se sont accordés pour dire qu’elles avaient subi des sévices particulièrement atroces […]

Or le problème réside dans le fait que si Dutroux était en prison, il n’a pas pu abuser des fillettes, donc nous ne sommes pas en présence d’un prédateur isolé. Le juge Langlois a trouvé la parade en faisant appel à un expert français qui, sur base des photographies et sans voir les corps, déclarera qu’une distension vaginale comme celle relevée peut s’expliquer par des phénomènes de putréfaction“.

29 mars 2003: Audition du maître chien qui est intervenu le jour de l’enlèvement de Julie et Mélissa et dont l’expertise n’a pas été prise en compte à l’époque. Pourtant son chien avait tracé le bon parcours, depuis le pont de l’autoroute jusqu’en bas sur la bande d’arrêt d’urgence au pied du pont.

7 avril 2004 : Lors de l’audience, un voisin de l’hôtel Brazil explique qu’il a vu An et Eefje à l’hôtel Brazil avec Marcel Marchal, alors qu’il rentrait chez lui. “Ce soir-là, j’avais été manger au restaurant. En revenant, je mets ma voiture dans le garage, en face de ma boucherie. Je sors du garage et je vois Marcel Marchal devant ma porte. D’abord je m’arrête. Mais il y a avait deux filles avec lui et un homme, et j’ai pensé qu’il ne pourrait pas m’attaquer puisqu’il y avait des témoins. Alors, je traverse et je vais jusqu’à ma porte. Il se trouvait à cinquante centimètres de moi.

Les deux filles étaient à côté de lui. J’ai été très étonné de voir ces jeunes filles, car elles ne ressemblaient pas du tout à des prostituées. J’ai encore regardé le visage de ces deux jeunes filles pendant plusieurs secondes. Mais je n’ai pas attendu mon reste et je suis rentré chez moi. Deux ou trois jours plus tard, lorsque j’ai vu dans un journal la photo de deux jeunes filles qu’on recherchait, je les ai parfaitement reconnues. C’étaient An et Eefje“. Il est possible que l’homme en leur compagnie était Dutroux.

En 1996, une instruction a été ouverte contre Marchal qui a été soupçonné de trafic d’êtres humains, dont les coordonnées se trouvaient dans le carnet de Dutroux. Puis il s’est enfui en Amérique latine.

20 et 21 avril 2004 : Après Laëtitia Delhez qui a demandé à Dutroux de confirmer ce qu’il lui avait dit au sujet du réseau et des commandes de Nihoul, c’est Sabine Daerdenne qui lui demande pourquoi elle n’a pas été envoyée dans ce réseau dont il leur parlait alors si souvent, mais qui a totalement disparu au fil de l’instruction.

Les deux jeunes femmes ont affirmé n’avoir vu personne d’autre que Dutroux durant leur séquestration, mais il est vrai qu’elles étaient très souvent droguées.

30 avril 2004 : Au procès Dutroux & Co, un couple de voisins de Dutroux évoque ce qu’il a vu pendant la période de détention de Dutroux, alors que les petites Julie et Mélissa étaient a priori dans la cave de la maison de Marcinelle. Weinstein est venu plusieurs fois notamment avec Michelle Martin.

Il y a aussi le Dr C., qui était le médecin de Bruno Tagliaferro et a déclaré que celui-ci, déclaré officiellement mort d’une crise cardiaque, n’était pas cardiaque, et a rapporté les propos d’un de ses clients :

Il y a environ un mois, alors que je me trouvais chez un client, le nommé SORCE Pietro, d’Auvelais, celui-ci m’a déclaré qu’un certain S. Louis aurait détenu pendant deux ou trois jours les petites Julie et Mélissa et cela en son domicile près du cimetière de Lambussart.

10 mai 2004: Auditions de trois témoins de moralité pour Michelle Martin. Déjà en 2004 les gens qui s’occupent d’elle à la prison ne lui trouvent que des qualités. Par exemple l’aumônière protestante Patricia M. déclare qu’ “Elle était intéressée par l’étude de la Bible. Il y avait chez elle une très grande souffrance, on la sentait engluée comme dans une toile d’arraignée […]

Elle m’a raconté sa vie avant : maltraitée, menacée, battue par son mari, très seule, elle devait garder tout ça pour elle, elle était esclave de cet homme, il n’y avait pas moyen de faire autrement, et, quand elle raconte tout ça elle revient constamment sur le problème de ses enfants.

Cela a duré quelques mois puis, elle a commencé à réagir, elle considérait les auditions avec les enquêteurs comme un travail. Je lui disais : “tu dois dire toute la vérité !” – “c’est ce que je fais” – . Et je dois dire que je n’ai jamais entendu une contradiction dans ses dires….Une véritable relation d’amitié s’est établie…Sa mère était dérangée et malade, elle s’est vraiment préoccupée de sa mère jusqu’au bout. 

Elle s’est battue pour voir ses enfants, elle a construit une relation solide avec eux… Elle a établi une bonne relation avec un neuropsychiatre

Douce, intelligente, elle lit beaucoup, et ça l’aide certainement, elle cherche à comprendre. Au niveau de la foi, elle étudie la Bible. Ce n’est pas la même foi que la mienne, elle ne veut plus se laisser manipuler par quiconque, mais la foi c’est personnel…“.

Cécile T., sa prof de dessin, est aussi des plus élogieuses: “Je constate un désir de reconstruction, de s’en, sortir pour retrouver une certaine paix, un équilibre… Je relate aussi le témoignage d’autres détenues, avec lesquelles une relation d’amitié sincère a pu se créer, une tolérance à sa vie de prison. Elle lutte pour ses enfants. Pour leur apporter l’équilibre dont ils ont besoin… Elle veut aller vers le bien…elle a un souhait de vérité…

13 mai 2004 : On découvre lors de l’audience que la quasi totalité des témoignages au sujet de Lelièvre ont été écartés, notamment tous ceux qui portaient sur ses liens avec le milieu du trafic de drogue ou qui montraient son côté manipulateur.

Ceci, car: “Il a été décidé par le magistrat instructeur que tous les témoignages relatifs à la drogue faisaient partie d’une autre enquête, et que nous n’avions pas à nous en occuper“, selon le parquet. Du coup, tous les témoignages sur les liens de Lelièvre avec la drogue, y compris ceux sur ses relations avec Nihoul et Casper Flier, ont été écartés du volet “enlèvements”!

Quant à l’expertise psychiatrique, elle a conclu que Lelièvre est un “petit psychopathe” pas dangereux s’il est seul. Mais il ne comprend pas pourquoi il est resté si longtemps en prison et ne se considère pas tellement impliqué dans les faits.

L’Observatoire Citoyen s’interrogeait au sujet de Lelièvre, qui n’a jamais été poursuivi pour viols :

“Pendant cette terrible période qui dura de juillet 95 à août 96, les nombreux témoins à avoir rencontré les inculpés – qu’il s’agisse de Michelle MARTIN ou Michel LELIEVRE – leur ont parlé d’une façon ordinaire. Ils les ont vus, l’une dans ses relations maternelles avec ses enfants, l’autre dans ses projets d’avenir. Ceci apporte la preuve qu’à tout moment, le carrousel infernal aurait pu être arrêté.

Et c’est là le véritable mystère que ni les rapports de moralité, ni les expertises psychiatriques, ni l’influence ou la peur de DUTROUX, si souvent évoquées, ne peuvent expliquer : comment expliquer cette permanence dans les faits de non-assistance à enfants en danger de mort, particulièrement pendant la période d’incarcération de Marc DUTROUX, qui ne peut alors exercer une influence directe sur ses complices ? Seul, “isolé”, Marc DUTROUX aurait pu être dénoncé.

En revanche, si l’on prend en compte d’autres peurs, la crainte de Michel NIHOUL en particulier – peurs exprimées dans les premières auditions de Michel LELIEVRE et de Michelle MARTIN, juste après leur arrestation -, leur paralysie peut commencer à s’expliquer.”

26 mai 2004 : Le procureur Bourlet répète que selon lui Nihoul était le commanditaire de l’enlèvement de Laëtitia Delhez, mais les jurés n’en ont pas tenu compte.

22 juin 2004 : Verdict. Les pistes menant vers un réseau éventuel seront suivies dans un “dossier bis” mis à l’instruction. Il faudra une dizaine d’années pour détricoter totalement ce dossier bis qui contenait en réalité l’essentiel de l’affaire.

 

L’après-procès : le puzzle se complète

30 juin 2004 : Fourniret avoue l’enlèvement et le meurtre d’Elisabeth Brichet, et désigne l’endroit où il l’a enterrée, dans le parc de son château du Sautou tout près de la frontière belge, dans les Ardennes françaises. Il a avoué cinq autres meurtres le même jour.

23 novembre 2004 : La Chambre des mises en accusations rend un arrêt selon lequel toutes les recherches qui devaient être faites dans le cadre du dossier bis (86bis/96) devaient être définitivement arrêtées. Clôture définitive de l’instruction sur les pistes connexes de l’affaire Dutroux pourtant promise aux victimes et aux citoyens lors du procès.

Le Nouvel Obs commentait dans un article du 1er décembre:

La clôture de ce dossier, qui autorisait les enquêteurs à continuer à rechercher d’éventuels complices inconnus du pédophile, met un terme définitif à la “théorie du réseau” aux yeux de la justice. La thèse selon laquelle Marc Dutroux aurait agi pour le compte de pédophiles ou aurait bénéficié de soutien de l’Etat était très répandue en Belgique, jusqu’à l’ouverture du procès en mars 2004.

Après quatre mois d’audiences qui n’ont apporté aucune révélation fracassante, les jurés ont mis fin à cette hypothèse. Marc Dutroux, selon la justice belge, n’aurait reçu l’assistance que de son épouse de l’époque, Michelle Martin, et d’un jeune marginal, Michel Lelièvre“.

11 avril 2005 : Procès de plusieurs trafiquants de voitures dont Dutroux. Dans ce procès il y a eu des accusations contre les policiers Georges Zicot et Pascal Prevedello, chargés en général des trafics de voiture à Charleroi. Ils ont été attaqués sur la qualité de leur travail, et Zicot a été clairement soupçonné d’avoir protégé Dutroux.

Certains magistrats ont prêté crédit à ces rumeurs, comme le procureur général Demanet, dont le fils était au centre d’une escroquerie à l’assurance “vol de voiture” ; comme également le juge Connerotte, à Neufchâteau, qui a été “manipulé” par la gendarmerie. Cette affaire a eu lieu sur fond de guerre police / gendarmerie avant la fusion des deux dans la police.

Selon l’Observatoire citoyen, “Il y a la Porsche du fils du Procureur Général. Philippe Demanet vivait, à cette époque, avec son père. C’était quotidiennement qu’ils pouvaient parler de cette affaire. Le fils avait tout avantage à salir le policier. Et quand une plainte lui arrive, dont la cible est Zicot, le père, Procureur Général, la crédibilise au point qu’il fera déplacer non seulement l’inspecteur Zicot, mais également les substituts Marlière et Labar. Cette suspicion de base corrompt l’accusation et engendre des méthodes inhabituelles. Au point qu’avant la mise à l’instruction, on fait filmer, par caméra cachée, une rencontre entre Zicot et l’agent de la compagnie d’assurance, sans doute pour obtenir un flagrant délit. Il n’y en aura pas !”

Avril 2006 : Libération de Nihoul.

Janvier 2009 : Des analyses de cheveux sont relancées dans le cadre du dossier bis.

22 avril 2009 : La cour de cassation octroie une grosse indemnité à Georges Zicot pour ses 35 jours de détention préventive subis entre le 24 août 1996 et le 27 septembre 1996. “Dans son arrêt, la cour de cassation dit que le policier, qui a été acquitté à Nivelles de toutes les préventions liées à l’affaire Dutroux, “fut arrêté dans des conditions particulièrement traumatisantes pour lui-même et ses proches”. Elle souligne “le caractère inhumain du traitement dont (Georges Zicot) présumé innocent fit l’objet“” selon le journal 7 sur 7.

18 janvier 2010 : le procureur de Liège, Cédric Visart de Bocarmé, demande un devoir d’enquête au tribunal de Neufchâteau à propos de l’analyse des cheveux trouvés chez Marc Dutroux. En effet, deux cheveux n’avaient pas pu être identifiés et ont fait l’objet d’examens complémentaires. Les analyses ont permis l’identification complète d’un cheveu et l’identification partielle du second.

21 janvier 2010 : le procureur de Liège annonce que le dernier cheveu retrouvé dans la cache de Marcinelle posant question appartient à une enquêtrice de la police scientifique. Il déclare avoir été au bout des investigations pertinentes et réitère sa volonté de ne pas traîner inutilement en longueur ce dossier.

Cette affaire de cheveux ressemble à celle des cassettes vidéos saisies chez Dutroux et consorts : il était au début question de 6.000 cheveux prélevés dans la cache, à 55 puis 1 seul pour lesquels on a eu des résultats d’analyse. Bref, on se prépare à classer sans suite le dossier bis dont l’enquête avait été réduite à cette histoire de cheveux.

6 juillet 2010 : Perquisitions à l’archevêché et au domicile de Monseigneur Danneeels où les policiers trouvent des documents relatifs à l’affaire Dutroux sur deux CD Roms.

Danneels avait notamment conservé des photos des autopsies de Julie et Mélissa. On a d’abord dit que c’est Mahieu qui avait donné ces photos, et une enquête a même été ouverte contre lui à ce sujet, avant de parler “d’un tiers”. Finalement, on a dit que c’était arrivé par la poste et que ces documents avaient été conservés.

Mai 2011: Le tribunal d’application des peines de Mons accorde la libération conditionnelle à Michelle Martin, qui peut donc mettre en marche le processus de réinsertion préalable.

19 avril 2012 : Le député Laurent Louis organise une conférence de presse pour alerter sur l’étouffement du dossier Dutroux bis. Il montre le dossier et les photos d’une des autopsies de Julie et Mélissa, pour dénoncer la théorie officielle qui veut qu’elles soient mortes de faim.

Suite à cela, c’est le scandale en Belgique : tout le monde est outré non pas des questions sur la fin tragique des fillettes, mais que ce député ait osé poser la question de cette affaire que tant de monde espérait bel et bien enterrée.

31 juillet 2012 : Les bonnes sœurs du couvent de Malonne près de Namur annoncent être d’accord pour héberger Michelle Martin. En effet, elle pourra être libérée très rapidement si elle est bien domiciliée dans ce couvent et reste à l’écart des familles des victimes.

21 août 2012: Plainte contre Michelle Martin pour avoir organisé son insolvabilité afin de ne pas verser les indemnités aux victimes. Selon l’avocat du plaignant, le père d’Eefje,

Pour que son héritage soit transmis à ses enfants, Michelle Martin, 52 ans, avait transmis l’héritage de sa mère directement à ses enfants, indique Le Soir. Si elle a enfreint la loi, elle risque deux ans de prison“.

Nous sommes en 2022 désormais et jamais elle n’est retournée en prison.

28 août 2012 : Libération de Michelle Martin, 52 ans, après avoir fait 16 ans de prison sur les 30 auxquels elle a été condamnée. Cela faisait 5 ans qu’elle réclamait sa libération conditionnelle, initialement pour aller dans un couvent en France (cela a été refusé).

C’est un ex juge d’instruction qui l’a aidée à sortir plus tôt en lui trouvant un hébergement dans un couvent où elle n’est restée que quelques jours avant de vivre sa vie. En 2017, ce juge, Christian Panier, a osé demander aux familles des victimes de “pardonner” à Dutroux et ses complices.

Pour la libérer, la cour de cassation a rejeté des recours déposés par les parties civiles et le parquet. Elle a cru au projet de “réinsertion” de Michelle Martin. Elle devait aussi trouver un stage (comme elle a passé des diplômes de droit elle doit faire un stage chez un avocat), reprendre une thérapie, indemniser les victimes et participer aux tâches quotidiennes du couvent dont elle avait l’autorisation de sortir quand ça lui chantait.

2013 : Début des libérations conditionnelles de Lelièvre.

Juin 2013 : On apprend que les sœurs des Clarisses veulent virer Michelle Martin, car finalement elle ne serait pas si pieuse que ça et ne participait pas à la vie de la communauté. Apparemment, elle passait son temps à ne rien faire, comme si elle était dans un hôtel gratis.

9 janvier 2014 : Voyage de Michelle Martin dans la région de Florence en Italie, officiellement pour rencontrer les responsables d’un couvent de la communauté religieuse Cristo e la Riposta afin d’y être hébergée. Officiellement “les sœurs qui l’hébergent vont bientôt déménager vers Bruxelles et ne souhaitent pas qu’elle les accompagne“.

Le responsable de la communauté, le pasteur canadien Paul Schafer, avait expliqué:

Nous ne savons pas exactement quand elle viendra. A ce stade, nous n’avons pas encore discuté d’une future résidence permanente chez nous. Il est d’abord question d’un séjour de 5 à 7 jours pour qu’elle puisse réfléchir et se reposer un peu (…) C’est via un groupe évangélique belge que j’ai répondu favorablement à sa demande. Nous savons qu’elle est sous pression médiatique en Belgique et nous sommes d’accord pour lui offrir une retraite spirituelle dans notre groupe, rien de plus“.

Le Tribunal de l’application des peines (TAP) de Mons lui avait accordé le 2 janvier une autorisation de sept jours pour ce petit voyage réalisé avec on ne sait quelles ressources.

Fin janvier 2015 : On apprend que Michelle Martin va quitter le couvent des Clarisses car les bonnes soeurs déménagent à Bruxelles sans elle, et vendent le bâtiment. Apparemment, elle ne sait pas vraiment où aller, le départ est précipité.

31 mars 2015 : L’ex juge Panier, également ex-candidat du PTB aux européennes, déclare à la RTBF (la chaîne de télé nationale) qu’il a obtenu l’autorisation du tribunal pour héberger Michelle Martin.

Chez Chistian Panier, Michelle Martin aura un appartement indépendant. Elle s’y installera dans les prochains jours et a déjà commencé à déménager. Il y a quelques mois, une tentative de s’installer en France avait échoué en raison du refus du ministre de la Justice, qui craignait des “troubles à l’ordre public” en cas d’arrivée de l’ex-épouse de Marc Dutroux“, relatait France 3 Hauts-de-France.

Décembre 2016 : Anneke Lucas, autre survivante du réseau pédocriminel belge, témoigne publiquement. Elle vit désormais aux Etats-Unis et commence à parler de son histoire et les violences subies dans les années 70. Sa mère l’a introduite dans le réseau quand elle avait 6 ans et ses parents l’emmenaient à des partouzes dans des villas où il y avait des gens riches, des aristocrates, des politiciens, des truands.

Elle décrit des viols et meurtres d’enfants. Parmi les tortionnaires, elle cite Nihoul qu’elle qualifie d’ “intermédiaire”, Dutroux qui était un “souteneur” pour le réseau, Van den Boyenants, Patrick Haemers.

Elle explique que ce réseau était d’abord un système de corruption et de chantage detsiné à piéger des personnalités.

Il y a deux ou trois jours, le témoignage d’Anneke Lucas a été diffusé sur le net. Cette Belge originaire de Bruxelles se présente comme une survivante de trafic sexuel, et a fondé en 2014 Liberation Prison Yoga afin d’aider d’autres victimes.

28 mai 2018 : Un ancien leader d’extrême-droite explique publiquement que Van den Boyenants était le véritable chef de l’organisation terroriste d’extrême-droite Westland New Post.

23 octobre 2019 : Mort de Nihoul à 78 ans. Il vivait sur la côte Belge depuis sa sortie de prison.

2 décembre 2019 : Libération de Michel Lelièvre (48 ans) sous condition qu’il trouve un logement dans les 6 mois, qu’il trouve une formation etc. Il a d’abord dormi dans un centre pour SDF à Bruxelles alors qu’il devait louer son appart. Il devait de toutes manières être libéré en 2021.

Lelièvre a toutefois à se balader tranquillement dans les rues de Belgique, et a été tabassé plusieurs fois depuis sa sortie de prison.

Janvier 2020 : Michelle Martin obtient un diplôme de droit, une licence. A ce moment-là, elle “vit toujours dans un petit studio grâce aux allocations du CPAS (revenu d’intégration sociale). Si elle continue à respecter les règles de liberté conditionnelle, elle sera vraiment libre en 2022“. A ce moment elle vit des aides sociales du CPAS (RSA).

 

Il y aurait une K7 du meurtre des fillettes

Une cassette vidéo du meurtre de Julie et Mélissa existerait bel et bien.

En 2004, un député, Albert Mahieu, écrit au président de la Cour d’Assises d’Arlon, où est jugé le dossier Dutroux bis.

Il lui parle d’une cassette vidéo du meurtre des deux petites qui aurait été visionnée par une connaissance.

Or, cette personne veut s’en servir pour briser la carrière du cardinal Danneels, candidat pour succéder à Jean Paul II.

Cela choque Mahieu au plus haut point, si bien qu’il va de ce pas prévenir l’écclésiastique du plan élaboré contre lui…

Quelle ne fut pas sa stupéfaction quand Danneels se montre surtout préoccupé par la question de savoir s’il est visible sur ladite cassette !

Mahieu détaille les faits, qui remontent à 2004 : une connaissance de longue date qu’il appelle X lui explique que le cardinal Belge Danneels, qui proclame lutter contre la pédophilie dans l’Eglise, ne fait en réalité que les protéger.

Et comme Danneels est l’un des candidats possibles à la succession de Jean-Paul II, certains membres de la Franc Maçonnerie, dans une loge de Gand, cherchent à s’opposer à une telle promotion. Ils veulent donc ruiner sa réputation.

Le 15 janvier 2004, une réunion de travail a lieu entre Mahieu,  X et son avocat Y, qui est un ancien avocat de Dutroux décédé aujourd’hui.

X révèle alors qu’il a regardé une K7 vidéo fournie par quelqu’un de proche des “renseignement généraux” belges et dont il a fait une copie.

Mahieu écrit:

Au sujet de ce groupe, quelques noms circulent mais moins de la moitié des protagonistes auraient été identifiés.

Ceux qui l’ont été sont des politiciens, et probablement Danneels puisque X et son groupe voulaient faire pression contre lui grâce à cette vidéo.

Mahieu décrit ensuite la scène immonde de la torture des deux petites racontée par X.

Les petites finissent empalées, ce qui correspondrait avec la première autopsie des deux corps, autopsie introuvable aujourd’hui.

En outre, ledit X, en regardant les photos des autopsies des deux fillettes, aurait repéré les traces des maltraitances qu’il a vues sur la cassette.

Ce que des spécialistes étrangers auraient confirmé.

D’après X, les enfants n’ont pas pu survivre à un tel traitement.

X a évoqué cela devant un journaliste du quotidien national belge Le Soir, qui s’est empressé de ne rien faire.

X dit ensuite qu’il a aussi envoyé la K7 en question au Vatican, où elle aurait été regardée.

Mahieu, fervent catholique, est choqué par toutes ces manigances contre Danneels et décide de prévenir l’intéressé de ce qui se trame contre lui.

Il le rencontre donc le 5 février 2004 à l’archevêché de Malines-Bruxelles.

L’entretien dure 40  minutes et Danneels se montre d’emblée très froid.

Mahieu se présente longuement, puis demande à Danneels s’il connaît X.

Le primat de Belgique répond que non.

Pourtant, X prétend correspondre avec lui.

Mahieu explique donc ce qu’il s’est produit lors de la réunion du 15 janvier et ce qu’il y a appris.

Le député précise bien qu’il n’a pas vu la cassette et ne fait que relater les propos de X.

Le député est mal à l’aise car l’homme d’Eglise face à lui “reste de marbre et ne réagit absolument pas au récit des atrocités énoncées, comme s’il s’agissait d’une banalité“, y compris lorsque Mahieu cite le nom du fameux politicien PS.

Interloqué, Mahieu fait une courte pause, et c’est là que Danneels lui aurait seulement demandé “Sta ik d’r ook op?“, soit “suis-je également dessus?“.

Ce à quoi, Mahieu lui répond que non, “évidemment“, car “cela est impossible“.

Ces paroles ressemblent, pour le politicien, à un “aveu implicite”, puisqu’il n’a jamais rien dit au cours de cet entretien qui aurait pu laisser penser à Danneels qu’il aurait pu être visible sur ladite K7.

De plus, Danneels se serait montré assez insistant à ce sujet, à tel point que Mahieu doit lui confirmer plusieurs fois qu’il “ignore le contenu exact de la cassette et qu’il est venu dans le but de lui apporter son aide“, et il aurait également refusé de porter plainte contre X, celui qui a vu ladite K7.

Le député écrit ensuite :

Choqué, Mahieu veut faire sortir l’affaire, mais X ne le suit pas.

En mars 2004, il rencontre des responsables du Vatican (dont Ratzinger, futur Benoît 16) à plusieurs reprises en mars 2004 pour leur expliquer toute l’histoire.

Mais, il semble qu’ils avaient déjà la copie de la fameuse cassette ainsi que le dossier d’instruction de l’affaire Dutroux.

Ce qui n’a semble-t-il rien changé puisque Danneels n’a pas été écarté  pour autant de la course à l’investiture papale.

Quant à Mahieu, il est mort en janvier 2011 d’un cancer qui s’était déclaré trois ans plus tôt à 68 ans.

On peut aussi redire que le dossier bis, jugé à la cour d’Assises d’Arlon où la lettre de Mahieu a été envoyée, s’est conclu par des non lieux pour tout le monde.

Au lieu d’analyser tous les témoignages et toutes les preuves disponibles, on s’est contenté d’analyser quelques cheveux, ce qui n’a bien sûr rien donné.

 

Six ans plus tard

Lors de l’explosion du scandale de la pédophilie dans l’Eglise belge, et surtout du silence assourdissant des autorités, il y a eu des perquisitions chez Danneels et à l’archevêché, comme chez plein d’autres membres de l’Eglise.

Mais, on a retrouvé dans son disque dur les photos des autopsies des deux petites (ainsi que d’autres documents sur l’affaire Dutroux), et Danneels a déclaré que c’était Mahieu qui les lui avait remises.

Réponse de la justice, selon le quotidien la Dernière Heure:

Par la suite, Mahieu le justicier demandera audience au pape à Rome.

Toujours est-il que ces documents n’avaient pas à sortir du dossier Dutroux : le parquet annonce l’ouverture d’une information à charge de X pour violation du secret professionnel.

Pas question par contre à ce stade, d’un dossier (contre Mgr Danneels) pour recel“.

Quand on a retrouvé ces documents et ces photos à l’achevêché (ou chez Danneels), on a d’abord dit qu’elles appartenaient à Danneels et que Mahieu les lui avait données, avant de déclarer que finalement non, c’est “un tiers” qui les a envoyés à un des collègues de Danneels, Mgr Léonard.

Enfin, il y a eu la piste du “magazine anglais“…

En 1996 ou 1997, on avait déjà évoqué l’existence de nombreuses K7 pédophiles retrouvées chez Dutroux.

Sur certaines, lui et/ou des personnalités politiques sont visibles alors qu’ils violent des enfants et des ados probablement sous l’emprise de médicaments (on en a d’ailleurs retrouvé des quantités considérables lors des perquisitions chez Dutroux).

C’est la future présidente du Sénat belge, Anne Marie Lizin, qui en parle aux journalistes en ces termes:

Nous étions en discussion, Jean-Denis Lejeune [le père de Julie Lejeune, qui a contribué à la mise en place de Child Focus avec Lizin] et moi avec Elisabeth Yorre et John Raunburn de ‘Missing Children’ quand un coup de fil est arrivé.

Comme c’était un gendarme belge, un certain Patrick du BCR (Bureau central des Recherches), et qu’il parlait de l’affaire Dutroux, les Américains ont branché le haut parleur…

C’est ainsi que nous l’avons entendu dire que des cassettes pédophiles avaient été saisies et qu’il y avait des personnalités politiques dessus.

Les films montraient un acte de viol et des violences.

Dans un article sous encadré paru dans le quotidien Le Soir, daté du 16 mars 2004, le journaliste Marc Metdepenningen précisait même que ‘la caméra était tenue par Michelle Martin, l’épouse de Dutroux, et qu’elle s’attardait sur le violeur et sur des personnes qui y assistaient et qui étaient au nombre de 15 à 20″.

Anne Marie Lizin a ensuite ajouté:

En restant schématique, on peut dire que les spécialistes américains du Centre s’étonnent qu’aucun progrès n’ait encore été fait, en exploitant le matériel saisi, dans l’identification des clients…

Ils craignent, étant donné le contenu explosif de ces enregistrements, que ces cassettes soient détruites ou endommagées afin de les rendre inexploitables“.

Et bingo!

Les cassettes de Dutroux (sauf les plus anodines) ont disparu dans les couloirs des palais de Justice belges, qui ont décidément beaucoup de fuites.

Une autre histoire a circulé au sujet de Danneels à la fin des années 90:

Celui-ci aurait ‘égaré’ dans de curieuses circonstances sa bague d’évêque, sensée être portée en permanence (…) 

Plusieurs semaines après ladite perte, un jeune adolescent maghrébin de 11 ans tenta de revendre la bague du cardinal dans une bijouterie de Malines.

Le bijoutier étonné fera appel à la police et le jeune homme sera interpellé.

Un article du ‘Belang Van Limburg’ passé très discrètement dans la presse laisse entendre que l’adolescent aurait ‘trouvé’ l’anneau dans les appartements privés du cardinal, à l’archevêché de Malines…

La police a contacté l’archevêché qui déclara qu’il n’y avait jamais eu de cambriolage.

L’affaire fut très rapidement enterrée et classée sans suite.

Le jeune homme quant à lui ne fut jamais inquiété“.

Bref, les questions sans réponse restent nombreuses dans ce dossier. Et il faudrait commencer par expliquer quelles investigations ont été menées au sujet de cette fameuse cassette, ce qu’il en est advenu, et pourquoi personne n’a été inquiété à ce propos.

La lettre de Mahieu au président de la Cour d’Assises d’Arlon est téléchargeable ici: 29730831_danneels

 

Deux interviews éclairantes de Anneke Lucas (survivante du réseau):

 

Un article a été fait dans le numéro 5 de juin 2022 du magazine “L’envers des affaires” de Karl Zéro.

 

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