Wintzenheim | L’ostéopathe agresse sexuellement 2 enfants mais échappe à la prison

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Les victimes étaient âgées respectivementde 10 et 7 ans
Le récidiviste et ex-ostéopathe Jean Burlotte, septuagénaire, “condamné” à du sursis pour des agressions sexuelles commises dans son cabinet sur des fillettes de 7 et 10 ans.

Deux femmes avaient déposé plainte contre l’ostéopathe de Wintzenheim, en 2018 et 2019, pour des faits commis lors de consultations 1998 et 2004. Elles étaient âgées respectivementde 10 et 7 ans.

Le praticien aux 6000 patients a été formé dans les années 70, «à une époque où la méfiance et la défiance n’étaient pas encore en place»

«J’ai eu 42 ans de pratique et n’ai peut-être pas été assez attentif à ce que ressent le patient mais je n’ai jamais touché les parties génitales».

C’est lors d’un «huis clos pseudo-médical» comme l’a décrit le procureur, qu’il les a «isolées».

Condamné en 2008 pour des faits similaires, il n’a selon le procureur jamais effectué «aucune prise en compte».

Les plaignantes ne sont pas pour autant des menteuses, selon son avocate Me Brunn qui explique :

«Des manipulations externes ont provoqué des réactions internes. Elles se sont senties manipulées de l’intérieur».

Une victime est présente à l’audience (témoignage ci-dessous). Elle est pour Me Diop «exemplaire, combative mais pas agressive». Et présente un préjudice moral «très important».

L’ostéopathe regrette que «la confusion se soit installée».

Le tribunal a dépassé les réquisitions, condamnant Jean Burlotte à 4 ans de prison avec sursis, lui interdisant définitivement toute activité en contact avec des mineurs.

Le retraité devra verser 11000 euros à l’une des 2 victimes.

22 ans après, Mathilde a porté plainte pour agression sexuelle. Elle avait besoin d’écoute et raconte son chemin vers le procès qui s’est tenu ce jeudi à Colmar.

«Ça m’a été bénéfique mais il faut être accompagnée, soutenue, costaud !»

Soutenue, elle l’a été par son conjoint. Elle a porté plainte 22 ans après les faits. La fillette qu’elle était, avait alors 7 ans.

«Ça n’est jamais sorti de ma mémoire, qui est excellente».

22 ans après, elle a pu livrer à la gendarmerie un croquis des lieux, de leur agencement.

Il lui a fallu surpasser sa peur pour pousser la porte de la gendarmerie et révéler cette agression sexuelle dans le cabinet d’un ostéopathe. Pourquoi tant de temps ?

«Il a fallu une construction progressive qui m’emmène vers une plainte»

«j’avais peur de la façon dont j’allais être accueillie». «Le plus dur a été d’enclencher la procédure»

Alors que la police se voit souvent reprocher sa gestion des victimes de viol et d’agression sexuelle, elle n’a que des remerciements et des compliments à leur adresser.

Ainsi du sous-officier de la gendarmerie de Wintzenheim :

«Je voulais être entendue par une femme mais il était le seul disponible, il a été d’une grande gentillesse, respectueux, prévenant»

Ainsi du juge d’instruction :

«Il a été très bienveillant, attentionné, très à l’écoute»

Elle avait trouvé :

«tout ce que j’ai toujours cherché, qu’on m’écoute !», «J’attendais l’écoute du monde des adultes, de la considération, j’ai enfin senti que j’avais le droit de parler»

Elle en a tiré une maxime :

«Un homme a fait le mal, deux hommes ont fait le bien»

2 mois avant elle, une autre patiente avait porté plainte :

«Ça m’a confortée dans mon action»

Elle a sollicité une confrontation avec l’ostéopathe :

«Ça a duré 2h45, ce fut éprouvant mais ça m’a donné encore plus confiance en moi, mon discours n’a jamais changé.

La confrontation «m’a rendu ma dignité”

Parler l’a délivrée de ce «poids sur l’estomac» :

«Cette histoire fait partie de ma vie mais elle m’a transformée»

L’agression l’a muée en «hyperanxieuse chronique» :

« J’avais du mal à me sentir en sécurité avec les autres, c’est encore un travail au quotidien je suis dans l’évitement.»

Sa sexualité en a été aussi impactée. Suivie par une psychologue, elle est elle-même devenue psychologue. Elle attendait le procès, en présence de sa famille, ses amis :

«C’était important pour moi de me retourner et voir que des gens étaient avec moi, pour la 1ère fois, ce n’est pas moi qui leur ai rapporté ce que j’ai subi»

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