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Julie a souffert de mémoire traumatique, elle se rappelait de ce qu’elle avait vécu sans pour autant comprendre que c’était un viol. Entre 8 et 12 ans, Julie a été violée à plusieurs reprises par son kiné.
Un traumatisme enfoui dans sa mémoire pendant plus de 30 ans:
“L’anormalité de ce que j’ai vécu j’ai pu en prendre conscience au détour de prise en charge spécifique en psychiatrie ce qui est pas évident à assumer alors qu’on a été victime.
J’ai pu mettre le mot de viol à 38 et deux jours. A 38 ans et deux jours c’est foutu on ne peut plus rien faire.
Ce qui a été le plus difficile pour moi c’est d’accepter que j’étais victime et de croire en mes souvenirs. Et la justice ne peut/veut pas me reconnaître.
La prescription à 38 ans c’est un non-sens. C’est souvent autour de la quarantaine qu’on peut avoir accès à sa mémoire. Les mécanismes de défense s’effondrent. On craque.”
“Je risquais tant d’amende et même de la prison”
Trop tard pour porter plainte. 48h trop tard. Actuellement, la prescription est de 20 ans à partir de la majorité pour les viols sur mineurs de moins de 15 ans. Julie écrit à la justice pour dénoncer son agresseur.
La réponse qu’elle reçoit va la bouleverser :
“Madame monsieur, nous ne pouvons recevoir votre plainte suite à la prescription. Et qu’il fallait que je sache alors les termes c’était pas si je mentais mais si c’était des propos calomnieux. Je risquais tant d’amende et même de la prison“.
Aujourd’hui, Julie a 41 ans. Après 3 ans de suivi médical éprouvant.
“C’est difficile de se retrouver hospitalisée en psychiatrie. Il n’y a pas que les traitements médicamenteux. Il faut retravailler tout le rapport au corps. Tout ça c’est à ma charge financière“.
Elle est encore sous antidépresseur mais elle n’a plus d’attaque de panique:
“je perçois quand je vais être trop angoissée pour me calmer. La croyance en mes souvenirs c’est ce qui pose l’acte de reconnaissance de ce que j’ai vécu. J’ai une fatigabilité énorme“.
Ce qui lui permet d’avancer. Même si Julie a beaucoup perdu. Sa carrière d’infirmière a été brisée. Aujourd’hui elle voudrait pouvoir reprendre sa vie en main
“On m’a volé mon corps on me l’a pourri. On m’a pourri la tête”
“Je voudrais même juste pouvoir porter plainte contre X. Juste qu’on me reconnaisse dans ce que j’ai vécu et ce que je suis. J’ai vécu un crime de guerre.
Je l’ai vécu à 8 ans, je l’ai revécu à 12 ans. On m’a volé mon corps on me l’a pourri. On m’a pourri la tête. On me doit des réparations parce que moi je le fais le boulot.
Je fais tout ce que je peux pour me réparer et c’est vrai qu’on n’est pas beaucoup aidé. Je voudrais juste pouvoir être reconnue et qu’on ne me mette pas de bâtons dans les roues”
Seul un allongement de la durée de prescription pourrait permettre à Julie d’obtenir un jour justice. En attendant elle a dénoncé son agresseur sur le site La Parole Libérée.
L’association recueille les témoignages circonstanciés de victimes avec les identités des agresseurs pour permettre d’éventuelles actions en justice groupées pour permettre aussi à des victimes comme Julie qui ne peuvent plus porter plainte de témoigner contre un agresseur dans le dossier d’une co-victime plus récente:
“je serai totalement prête à témoigner pour que justice soit faite“.
Source :http://rmc.bfmtv.com