Vesoul | Un ancien bûcheron pédocriminel surnommé « Gros nounours », treize victimes en 25 ans

« À 7 ans, je ne peux pas rentrer entièrement, mais à 12 ans, je te mettrai enceinte »


Le président, Yves Plantier. Archives ER

Ce jeudi, la cour d’assises de Vesoul a commencé à examiner le cas d’un homme de 58 ans qui a fait 13 jeunes victimes entre 1988 et 2013. Une partie des faits étant prescrits, neuf d’entre elles sont représentées à la barre.

Le pédocriminel s’exprime difficilement, d’une voix à peine audible. Le regard dans le vague, l’abord d’un gentil bêta, cet ancien bûcheron, surnommé « gros nounours » par ses voisins, s’enferme dans le mutisme. Parle de « pulsions ».

13 jeunes victimes

Le président, Yves Plantier, a lu les charges qui pèsent contre cet homme qu’il décrit comme

« véritablement attiré par les petites filles ».

Toutes font partie de son entourage proche : petites voisines, deux nièces et même quatre de ses propres petites-filles.

Les faits ont été commis au domicile de l’accusé, dans un village du Haut-Rhin de 800 âmes, puis dans un hameau isolé du Pays sous-vosgien, où il a déménagé.

La cour reproche à ce père de cinq garçons du voyeurisme, des attouchements, des exhibitions, des corruptions de mineurs et des viols. Toutes les parties civiles ont décrit les mêmes agissements, les mêmes déviances, les mêmes gestes déplacés et obscènes.

Ces victimes, aujourd’hui adultes, ont raconté comment Roger* les invitait, petites filles, « à venir voir les lapins dans la grange ».

Là, il exhibait son anatomie devant elles, se masturbait, les caressait et les agressait sexuellement. Deux de ses nièces passaient régulièrement leurs vacances dans la famille.

« La journée, on s’amusait bien avec les cousins. Mais je redoutais le soir », confie Laëtitia.

« Il me regardait quand je prenais ma douche, me demandait de lui montrer ma culotte quand il m’amenait aux lapins. Un matin, il a insisté pour que je vienne dans son lit. Il était nu, il m’a forcé à enlever ma culotte. »

La gorge encore nouée par l’émotion, les victimes, vingt ans après, évoquent leur « peur », la « honte » et l’impossibilité de parler.

« Je pensais que j’étais la seule », confient plusieurs jeunes femmes.

La description des actes se succède, dans une ambiance lourde et pesante, chargée de souffrance, sous le regard grave des six jurés, quatre femmes et deux hommes. Les rares paroles de l’accusé confirment tout ou partie de ces douloureux témoignages.

Céline « dormait toujours dans le salon et tous les soirs, Roger mettait des films pornos », invitant les fillettes à faire pareil.

Avec Stéphanie, une ancienne petite voisine et amie de la famille, l’horreur va encore plus loin. Elle évoque des viols à côté des lapins.

« Il m’a dit : “À 7 ans, je ne peux pas rentrer entièrement, mais à 12 ans, je te mettrai enceinte”. »

« une ou deux agressions chaque mois de 2002 à 2008. Depuis, j’ai peur des lapins… ».

Le président insiste pour rappeler que les fillettes ont été contraintes,

«Elles voulaient aussi », rétorque le pédocriminel.

Me Christine Pillot Quenot est l’avocate du pédocriminel. Photo Ludovic LAUDE

Me Quenot, l’avocate de l’accusé, interroge sa femme, également poursuivie :

« Pourquoi il y avait toutes ces jeunes filles à la maison ? Pourquoi jamais de garçons ? » Sous-entendant qu’elle a laissé faire, voire favorisait ces actes odieux.

*Le nom de l’accusé a été changé

Source: Est-republicain

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