Vannes | Inceste, viols et dysfonctionnements de la justice !

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Je vous présente toutes les excuses de ce tribunal pour les différents dysfonctionnements
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Deux fillettes de 10 et 8 ans avaient subi les agressions sexuelles de leur père dans leur commune de l’est du Morbihan. C’était il y a 28 ans. L’affaire vient d’être jugée ce jeudi à Vannes.

« Je vous présente toutes les excuses de ce tribunal pour les différents dysfonctionnements de la justice ».

Scène inhabituelle, ce jeudi 27 mai 2021, à Vannes, pour l’audience correctionnelle avec ces propos lancés par le président Thierry Lebéhot à l’adresse de deux femmes victimes, aujourd’hui majeures, mais qui entre 1993 et 1996 ont subi les agressions sexuelles de leur père dans leur commune de l’est du Morbihan, alors qu’elles étaient âgées de 10 et 8 ans.

Elles n’ont dénoncé les faits qu’en 2009, sans se douter qu’elles allaient vivre un autre calvaire, cette fois judiciaire, pour connaître un aboutissement 28 ans après les faits.

Des certificats médicaux à répétition

Cet incroyable long parcours a débuté avec une instruction qui a duré pas moins de cinq années en Ille-et-Vilaine, avant de s’apercevoir que ce dossier était en fait du ressort d’un juge du Morbihan. Relocalisée à Lorient, l’instruction a duré cette fois deux nouvelles années.

Le dossier devait alors être jugé en 2019, mais il a été renvoyé à deux reprises, à la demande du père prévenu, qui à chaque fois a présenté des certificats médicaux signés toujours par le même praticien. Et ce jeudi, pour cette nouvelle convocation, il a encore fourni un certificat médical, sans se présenter ni être défendu par un avocat.

Ce qui fait bondir Me Laurent Verget :

« C’est un parcours épuisant pour les victimes. Leur père veut échapper à l’examen de ses actes.

Et pourtant, en 2019, un expert a déterminé qu’il pouvait être jugé.

Tous ses certificats médicaux sont des documents de complaisance ».

C’est aussi l’avis de la procureure Magali Pauthier :

« Le dossier est en état d’être jugé. Le dernier certificat qu’il fournit ne précise pas les raisons de son incapacité à se déplacer alors qu’une expertise a déterminé qu’il était en capacité de conduire et de se déplacer. On aurait aimé savoir quelles raisons ont modifié son état physique ».

Finalement le tribunal a décidé de juger le prévenu, aujourd’hui âgé de 64 ans, en son absence, en précisant qu’« il avait fourni des certificats médicaux dès sa garde à vue en 2010, puis en 2011 et 2015 lors de ses présentations devant le juge d’instruction ».

Toujours des séquelles

« Ce père avait divisé ses trois filles pour mieux régner sur elles et en abuser.

Elles avaient parlé de son comportement à leur mère, qui avait dû fuir le domicile conjugal dès 1992, mais elles n’avaient pas été entendues.

Elles subissent encore aujourd’hui les conséquences des actes de leur père. L’une a toujours peur de prendre un ascenseur avec un homme, l’autre se dévalorise »,

a plaidé leur avocat.

La procureure a enfoncé le clou :

« Le prévenu a toujours nié les faits, mais les témoignages des victimes sont précis. Le rapport social explique le contexte familial de violence et de menaces du père sur les fillettes si elles dénonçaient la vérité, en leur faisant croire qu’il faisait cela par amour ».

Le tribunal a condamné le père coupable à la peine requise, à savoir cinq ans de prison ferme.

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