Donde Vamos | Affaire Marie, 7 ans, confiée à son père qu’elle a accusé à plusieurs reprises de violences sexuelles: bientôt une mobilisation

Il y a un an, nous parlions de l’affaire de la petite “Marie”, qui a donc 7 ans aujourd’hui et vit toujours chez un père qui, selon les propos et les dessins de l’enfant, exerce des violences sexuelles sur la fillette.

La justice semble s’acharner: depuis un an, la procédure pour les viols stagne, mère et fille ne peuvent se voir que deux heures tous les 15 jours quand elles ont de la chance, et les magistrats aussi bien que les services sociaux semblent prendre la mère pour une mère quasi maltraitante.

Pour situer rapidement les faits, qui ont été détaillés dans un article de novembre 2018, “Marie” est née en 2012. Comme souvent, dès la naissance de l’enfant, le comportement du géniteur a changé: il est devenu agressif, expansif, et la séparation intervient quelques années plus tard. Il a la garde de l’enfant depuis 2 ans et demi environ alors que l’enfant a dénoncé des abus sexuels graves: des viols et agressions sexuelles répétés commis par le père, et de “gens tout nus”.

==> Une pétition est en ligne .

Seules face au rouleau compresseur

Suite à la séparation, le géniteur est parti 15 jours avec l’enfant, âgée de 3 ans environ. Elle est revenue totalement perturbée, si bien que sa mère l’emmène chez un médecin, qui rédige un certificat médical mentionnant des inflammations au niveau de la vulve.

Dans cette affaire, la procédure a immédiatement et totalement basculé en faveur du géniteur. Il a demandé à avoir la résidence habituelle de la petite, mais il a quand-même dû attendre quelques mois, le temps qu’une Assistance Éducative en Milieu Ouvert soit ordonnée par la Juge des enfants. Au final, il a été conclu que puisque la maman avait un “comportement” qui n’allait pas et que les services sociaux avaient fait des “constatations positives” au sujet du père, envers lequel la petite aurait eu une “attitude rassurante”, alors il était possible que “la dénonciation de faits d’agression sexuelle soit une manipulation” de la maman pour “obtenir la résidence de l’enfant”.

Entre temps, le “père” a disparu durant trois mois avec Marie, sans donner de nouvelles à la maman. Quand elle est revenue de cet enlèvement parental (jamais condamné), l’enfant tenait des propos inquiétants: elle parlait de coups, de “bobo aux fesses”, de “papa [qui] met le doigt dans les fesses” etc. La maman a déposé plainte, la plainte a été classée sans suite début 2017. Les faits auraient été “insuffisamment caractérisés”.

Pourtant, durant l’ “enquête”, bien que l’examen gynécologique “intrusif” ait été impossible du fait des réactions de la petite, l’examen visuel a fait apparaître des signes “compatibles avec des faits de pénétration digitale”.

Les paroles de Marie n’ont pas été prises en compte car l’affaire a été résumée à un “conflit parental”, ce Joker qui permet d’enterrer les pires affaires de violences commises par les pervers / tyrans domestiques. Les propos du géniteur, en revanche, sont toujours pris pour parole d’évangile par les juges, qui reprennent largement ses arguments dans les différents jugements. Juste après le classement sans suite de la plainte, le père a obtenu la garde de Marie. Nous étions alors début 2017. La mère et sa fille ne pouvaient plus se voir qu’un week-end sur deux et la moitié des vacances, droit qui a été restreint depuis.

L’erreur de cette maman à ce moment, et que beaucoup commettent hélas, est de ne pas rendre l’enfant à celui qui en a la garde. C’est un geste qu’on ne peut que comprendre. Comment réagir quand une enfant de 4 ans parle de violences sexuelles commises par son père et peut-être d’autres adultes? Comment faire quand la plainte est classée et que la justice oblige à rendre l’enfant à celui qu’il dénonce?

Quand l’agresseur désigné par l’enfant obtient la garde exclusive

Loin de ces considérations, ou d’envisager un quelconque “état de nécessité”, la justice a immédiatement retiré tout droit d’hébergement à la maman, et a restreint les rencontres à deux heures de visites médiatisées tous les 15 jours, c’est-à-dire en présence d’éducateurs, assez hostiles en l’occurrence. Ceci, au motif qu’elle avait une “attitude disqualifiante” envers le pervers et même -horreur suprême – un “discours dénigrant”. Cerise sur le gâteau: cette mère présenterait une “fragilité psychologique” (on le serait à moins).

Pour avoir lu cela dans de nombreux jugements qui se sont avérés catastrophiques pour les mères et les victimes, je confirme que ce n’est pas une blague phallocrate sortie du Moyen-Age, mais un couperet qui tombe sur la tête de ces femmes et leurs enfants.

Fin 2017, la maman s’est constituée partie civile. L’enfant a été confiée temporairement à l’aide sociale à l’enfance, mais très vite on la renvoie chez celui dont elle a jusque là toujours dénoncé les violences.

C’est à cette période qu’une spécialiste qui a vu Marie plusieurs fois et a pu recueillir ses paroles, a tenté d’alerter la justice et la protection de l’enfance sur la situation dans laquelle se trouvait l’enfant. Cette personne a effectué deux signalements, dont personne n’a tenu compte

En 2018, les visites sont maintenues sans les éducateurs mais le lieu d’accueil est débordé et les rencontres sont très difficiles à réaliser. Marie se renferme et semble aller de plus en plus mal.

Le père a aussi réclamé l’autorité parentale exclusive mais ne l’a pas encore obtenue. Nous craignons que cela ne tarde plus puisque les éducateurs persistent à dire que la fillette va très bien chez son père.

La maman a alors contacté une association qui s’occupe de victimes de violences sexuelle. Celle-ci a estimé que la petite “doit être mise à l’abri de pratiques sexuelles” qu’elle subit, décèle un “psychotraumatisme” et alerte sur le fait que “l’enfant est en danger, et en état de terreur quasi permanent“.

La maman a alors contacté une association qui s’occupe de victimes de violences sexuelle. Celle-ci a estimé que la petite “doit être mise à l’abri de pratiques sexuelles” qu’elle subit, décèle un “psychotraumatisme” et alerte sur le fait que “l’enfant est en danger, et en état de terreur quasi permanent”.

Nouvelle série d’audiences en octobre 2019

Au détour d’une audience à la mi 2018, la maman de Marie apprend de la bouche d’une magistrate qu’on lui “retiré” sa constitution de partie civile. Du jamais vu, même dans les procédures les plus surréalistes. Cette plainte avec constitution de partie civile est finalement “reprise”, pourrait-on dire, mais le géniteur n’a que le statut de témoin assisté. Selon un magistrat il n’y aurait en effet “rien contre lui”.

Durant tout ce temps Marie continue à se renfermer, son père lui interdit de dessiner, probablement au cas où les dessins débordent du silence qui est imposé à cette fillette.

Une procédure en cassation initiée par la maman dans le cadre de la garde accordée au père, et la procédure liée à sa plainte en partie civile semble toujours en cours. Mais l’agitation ne semble pas à son comble, loin de là, dans ce dossier où beaucoup d’acteurs ont montré un parti pris préoccupant.

Une nouvelle audience devant le juge aux affaires familiales aura lieu prochainement, parce que l’ancienne décision arrivait à échéance. Le père réclame toujours la garde exclusive de la fillette.

A l’heure actuelle, chaque citoyen qui prend connaissance de ce dossier peut légitimement avoir des craintes quant à la suite des événements. En effet, la petite Marie semble convaincue que jamais elle ne retournera chez sa mère. Pourtant, la justice n’a entamé aucune procédure contre sa maman. Ni pour maltraitances, ni pour manque de soins, ni pour rien du tout.

On ne peut qu’espérer une réaction des magistrats, qui rendent encore la “justice” au nom du peuple français (et certains essaient probablement). On doit espérer qu’ils prendront enfin le temps de regarder de plus près les éléments du dossier, les certificats médicaux, les auditions de l’enfant, de proches à qui elle a parlé, de médecins, qui tous alertent sur l’urgence de la situation, et cela depuis quatre ans.

On est aussi amené à s’interroger sur le parcours de l’individu – possible pédocriminel, puisqu’un juge est censé s’occuper du dossier qui n’est pas classé à notre connaissance- et sur d’éventuelles protections.

Les détails de l’affaire ne sont pas exposés ici, ni les faits les plus graves. Mais, cette histoire est sordide. Elle est l’une de ces milliers d’affaires de viols sur mineur classées sans suite chaque année. 76% aux dernières nouvelles [1].

 

Nous appellerons bientôt à la mobilisation sur cette affaire.

 


[1] Chiffres des classements sans suite 2018 des plaintes pour viol, contre les adultes et les enfants confondus. Car depuis 2 ans il est impossible de trouver des chiffres sur la ventilation des plaintes et des procédures entre les majeurs et les mineurs. D’après les derniers éléments, datant de 2016, la proportion et le nombre de classements sans suite sont plus importants chez les mineurs, qui ont également moins de chances de voir leur agresseur condamné.

Source : Donde Vamos

 

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