Toulouse | Le violeur de l’église adventiste du Septième jour condamné à 3 ans de prison ferme ressort libre du tribunal

Ce mardi soir, Kévin a écopé de 5 ans de prison, dont 24 mois avec sursis assortis d’un suivi sociojudiciaire de 5 ans avec obligation de soins, interdiction d’entrer en contact avec des mineurs et la victime qui sera indemnisée. Comme il a déjà purgé 3 ans de détention provisoire, équivalant à la peine ferme à laquelle il est condamné, il est donc libre.

Photo DDM archives

Après presque deux jours de débats, l’avocat général David Sénat a requis 7 ans de prison, 6 ans de suivi sociojudiciaire, une injonction de soins, l’interdiction d’avoir une activité professionnelle ou bénévole en lien avec des mineurs et l’interdiction d’entrer en contact avec sa principale victime, âgée de 13 ans au moment des faits, à l’encontre de cet homme jugé depuis ce lundi devant la cour d’assises de la Haute-Garonne.

Ce trentenaire, informaticien de profession et domicilié à Toulouse, est accusé de viols, d’agressions sexuelles ainsi que de captation et diffusion d’images pédopornographiques.

Des faits qui ont débuté en 2008 notamment dans le cadre de rencontres et séjours organisés au sein de l’église adventiste du Septième jour, dans les Landes.

Une « communauté » se réclamant du protestantisme, dans laquelle se côtoyaient la famille de l’accusé et celle de la victime, qui étaient amies.

En deux ans, on parle d’une trentaine de viols, essentiellement des fellations.

Mais les faits pour lesquels Kévin était poursuivi aux assises n’ont été dévoilés qu’en 2014, lorsqu’un pasteur a déposé plainte après avoir été alerté sur la diffusion d’images pornographiques impliquant des gens de la paroisse.

« Supervoyeur », comme il s’était baptisé sur le web, avait en effet installé un « véritable arsenal », selon l’avocat général, qui filmait les amis de la famille sous la douche grâce à des caméras “espion”.

Dont cette petite fille qui expliquera plus tard aux enquêteurs avoir été victime de bien pire encore.

Une « sexualité déviante » dont le Dr Daniel Ajzenberg, éminent expert psychiatre, a tenté d’analyser les causes ce mardi matin.

« C’était un enfant extrêmement timide, presque de façon pathologique, qui a bénéficié d’une thérapie de groupe pour cela.

Il avait du mal à exister comparé à ses deux demi-frères.

Et il était encore victime d’énurésie nocturne à 14 ans, ce n’est pas anodin.

Mais il n’est pas malade. »

Selon lui, Kévin n’a pas réussi à se construire une vie sexuelle d’adulte et la masturbation consécutive au visionnage ou à l’envoi des fameuses vidéos captées sous la douche était devenue « obsessionnelle ».

« Il m’a expliqué qu’il prenait du plaisir à pervertir l’autre.

Et vu le milieu religieux, la transgression était encore plus jouissive », poursuit le spécialiste.

Mais Kévin est passé à l’acte alors qu’il avait assuré tout au long de l’instruction que la petite fille était consentante.

Des aveux à demi-mot

Pendant deux ans, il a imposé des actes sordides à « une gamine de 13 ans », dixit David Sénat.

Adoptant une attitude presque nonchalante malgré la sordidité de ses agissements, il a profité de « la proximité » qui existait entre les deux familles pour agir en toute impunité.

Des faits de viols aggravés qu’il a fini par reconnaître ce mardi midi.

Mais à demi-mots.

« Mon arrestation a été un soulagement : j’étais dans une spirale infernale, je n’arrivais pas à m’en sortir seul.

J’ai beaucoup travaillé en détention sur les vidéos et la trahison qu’ont dû ressentir ces personnes [une cinquantaine de victimes à ce jour dans le Grand Sud] mais j’avais beaucoup plus de mal sur les accusations de viols : je n’arrivais pas à m’avouer que j’avais pu la contraindre.

Mais après ce que j’ai entendu hier [ce lundi], je me dis que c’est possible et je le regrette vraiment.

Ça a en effet pu se passer comme elle le dit. »

Des déclarations encore trop timorées pour le président de la cour d’assises, Guillaume Roussel.

« Vous en parlez comme si vous étiez désincarné : vos formulations sont trop compliquées… »

Pendant ce temps, des sanglots résonnent dans la salle.

Ceux d’une enfant qui a aujourd’hui 23 ans.

 

Un travail de réinsertion

« Même si c’est tardif, la reconnaissance des faits est un outil de reconstruction pour ma cliente », note Me Cédrik Bréan, avocat des parties civiles.

« Je ne peux pas cacher ma très profonde déception : je n’ai rien entendu de convaincant, absolument rien.

Je ne suis pas pleinement convaincu qu’il a compris », lance l’avocat général qui n’a pourtant requis que 7 ans d’emprisonnement quand l’accusé risquait 20 ans de réclusion.

Mais comme le rappelle l’avocat de la défense, Me Christophe Bories, Kévin a déjà purgé trois ans de détention provisoire, suit des soins, a un emploi et une compagne depuis deux mois.

« Il est extrêmement rare qu’un accusé comparaisse libre aux assises : ce n’est pas rien.

Et la matérialité des faits est reconnue depuis le départ.

Je me félicite également qu’il ait changé de position s’agissant de la reconnaissance pénale des faits.

Mais c’était une honte pour lui et pour sa famille qui l’accompagne.

D’ailleurs, tout le monde baissait la tête lors du réquisitoire. »

Puisque Kévin a déjà purgé 3 ans de détention provisoire, équivalant à la peine ferme à laquelle il est condamné, il est donc libre.

Source : La Dépêche

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