Santeny | Un prêtre pédocriminel récidiviste allait chez des paroissiens pour faire la communion

Muté à Limeil-Brévannes après une condamnation pour agressions sexuelles sur mineurs en récidive, le père Richard L. fait l’objet d’un nouveau signalement d’une famille de Santeny. Il ne fallait surtout pas en parler. Parce que les autres prêtres « n’auraient pas compris », avait soufflé le père Richard L. à cette famille de Santeny.

Le père Richard L. à l’église de Villecresnes en avril dernier. DR

Sans doute n’auraient-ils pas compris qu’il assure transmettre des images que Dieu lui envoie. Sans doute n’auraient-ils pas compris qu’il se rende au domicile de paroissiens pour procéder à une communion. Sans doute n’auraient-ils pas compris qu’il ait pour cela besoin de s’isoler dans la chambre d’un adolescent de 14 ans malgré deux condamnations pour agressions sexuelles sur mineurs.

Seulement voilà, la famille a parlé.

Juste après cette communion secrète en avril 2016, elle a prévenu le diocèse de Créteil en découvrant sur Internet le passé judiciaire du prêtre.

Elle n’a pas eu de réponse.

Mais elle a manqué de s’étrangler deux ans plus tard en assistant par hasard à un office célébré à Villecresnes par Richard L. lui-même.

Attouchements sur deux frères

Et cette fois, l’église a bien dû s’expliquer sur le cas pour le moins gênant de ce prêtre.

En août 2013, le tribunal de Cherbourg le condamne en récidive à quatre mois de prison pour des attouchements sur deux frères âgés de 13 et 15 ans.

« J’invite chacun et chacune à garder confiance et espérance », analysait à l’époque l’administrateur du diocèse de la Manche.

En tout cas, le Vatican, lui, a fait preuve de bienveillance à l’égard du pédophile.

« Les autorités romaines n’ont pas jugé bon de remettre en cause sa qualité sacerdotale », écrira l’évêque de Créteil à la famille.

Le père Richard est néanmoins muté.

Il devient aumônier à l’hôpital gériatrique Emile-Roux de Limeil-Brévannes, où il officie toujours.

Et il assure même des remplacements pour les messes quand les curés ont un empêchement.

Choquant ? « Oui », selon un prêtre souhaitant garder l’anonymat et qui ignorait le passé de son confrère val-de-marnais.

Toute activité avec des mineurs interdite

La situation devient carrément embarrassante pour l’église quand elle apprend que son aumônier se prête à une communion clandestine chez des paroissiens en s’isolant avec l’adolescent dans sa chambre.

« Il nous avait été recommandé, se souvient la mère.

Mais je n’étais pas sereine alors j’avais laissé la porte ouverte et je suis passée devant plusieurs fois.

Quand j’ai appris son passé, j’ai tout de suite été voir mon fils.

Il m’a assuré que le prêtre n’avait commis aucun attouchement.

Il l’avait juste serré très fort dans ses bras. »

« J’ai rencontré le procureur de la République [NDLR : l’ancienne procureure Nathalie Bécache], répondra l’évêque à la maman.

Celui-ci m’a clairement dit qu’il n’y avait pas lieu à poursuite… »

Vraiment ?

Le tribunal de Cherbourg avait pourtant interdit au père Richard L. toute activité professionnelle ou bénévole en lien avec des mineurs pendant dix ans.

Le non-respect de cette obligation est passible de deux ans de prison et de 30 000 € d’amende.

 

Au-delà de la question judiciaire, n’y a-t-il pas un problème moral pour l’église ?

« Tout dépend de votre conception de la moralité, philosophe le père Jean-Luc Védrine, référent de la cellule d’écoute des victimes au diocèse de Créteil.

L’église se plie à la condamnation judiciaire.

Après, nous avons rencontré le père Richard L. pour lui rappeler le cadre de son ministère.

Il ne doit plus sortir de l’hôpital et aller dans une paroisse.

Mais s’il ne fait plus partie de l’église, nous n’avons plus aucun contrôle sur lui. »

Un argument que la famille de Santeny a beaucoup de mal à entendre.

« C’est bien parce qu’il est prêtre qu’il a pu entrer chez nous, ne comprend pas le papa.

Comment peuvent-ils ne pas exclure quelqu’un comme ça ?

En tout cas, moi je ne veux plus entendre parler de religion.

J’ai perdu la foi. »

 

Source : Le Parisien

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