Tarascon | Pas de prison pour le consommateur aux 58 000 images pédopornographiques
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
oui
Pédocriminel En liberté
- 06/10/2022
- 15:23
Un homme habitant Tarascon-sur-Ariège était poursuivi pour avoir détenu 58 000 fichiers pédopornographiques. Coupable mais malade, il échappe à la prison.
La justice entre parfois dans des détails de la vie intime d’un individu ou relate des faits explicites qui peuvent rendre mal à l’aise l’assistance d’une salle d’audience. Jusqu’à provoquer des chuchotements, des réactions parfois bruyantes, qui ne sont pourtant pas admis.
“Si les faits décrits sont trop sensibles pour vous, je vous demande de quitter la salle”, a ainsi prévenu la présidente du tribunal de Foix, Pauline Chaulet, lors de l’exposé des charges.
Un homme d’une cinquantaine d’années habitant Tarascon-sur-Ariège était poursuivi pour avoir consulté ou téléchargé plus de 58 000 images à caractère pédopornographiques, sur une période allant de juin 2020 à mars 2021.
“Ce sont souvent des images explicites mettant en scène de jeunes filles ou hommes. Certains titres contiennent les mentions ‘‘5 yo’’, soit ‘‘5 ans’’ en français, qui ne laissent que peu de doutes sur l’âge des enfants photographiés”, explique la présidente.
Le mis en cause a été isolé via son adresse IP par des gendarmes spécialisés, qui ont transmis le signalement à leurs collègues ariégeois. Ceux-ci ont procédé à une perquisition de son domicile et à la saisie de quatre tours d’ordinateurs, un ordinateur portable et sept disques durs externes.
Au moment de s’expliquer à la barre, le mis en cause est hésitant. Portant un polo de rugby, l’homme nie ce qui lui est reproché.
“Je ne comprends pas ce qui est arrivé. Ça fait 30 ans que je télécharge des films ou des musiques, mais je n’ai jamais touché à de la pédopornographie. Depuis que j’ai été arrêté pour ça, j’ai arrêté de me servir d’Internet, sauf pour regarder la télévision et utiliser mon téléphone. J’ai trop peur”, assure-t-il penaud, les mains jointes.
Durant un long moment, la présidente a interrogé le mis en cause.
“Vous vous rendez compte que le nombre de fichiers retrouvés est énorme ? Ça n’est pas possible que ce soit arrivé comme ça.”
La personnalité de l’homme au casier vierge a occupé une grande partie des débats. Plus particulièrement depuis le décès de son épouse, en 2015. Sa démission ensuite, puis sa descente aux enfers jusqu’à son alcoolisme, ses tentatives de suicide et son impuissance sexuelle due à un traitement pour traiter ses démons.
“L’expert psychologique qui l’a examiné durant sa garde à vue note un contact inauthentique voire manipulatoire, une intelligence rustre et des troubles de la personnalité qui nécessite une injonction de soins”, dit la magistrate.
Un profil sur lequel s’est appuyée la substitut Amélie Robin.
“Son impuissance entraîne une frustration sexuelle. Cet alcoolisme est facilitateur de passage à l’acte. Ces fichiers ne viennent pas par magie, cela a nécessité des actes positifs de sa part. Mon seul regret, c’est qu’il n’a pas d’explication sur ces faits irréfutables, même s’il a mal vécu de s’être fait prendre. Je le crois sincère sur ce point, mais il est dans le déni.”
Elle requiert un suivi sociojudiciaire pendant trois ans avec une peine de huit mois de prison en cas de non-respect et une interdiction d’exercer une activité en lien avec des mineurs, relevant selon le psychiatre l’absence de “véritable dangerosité”.
“Je regrette que, quand mon client conteste les faits, on le dit dans le déni, conteste Me Andrieu en défense. Oui, c’est un gros consommateur de pornographie, il a des problèmes sexuels, il a pu être renvoyé sur des pages pédopornographiques, mais il y a un doute sérieux sur le fait qu’il ait téléchargé lui-même les clichés. Certains sont datés de 2011 alors que le système d’exploitation de son ordinateur a été installé en 2013. Dans ces systèmes de téléchargement illégal, il n’y a pas que l’adresse IP de mon client qui a été retrouvée. Sur certains clichés, on ne voit pas les visages des personnes prises en photo et pour d’autres, on peut difficilement leur donner un âge. Je pense que mon client est quelqu’un de frustré, dépressif, sous médicaments, qui est sous soins et respecte son contrôle judiciaire. Je vous demande de faire application de la loi compte tenu de sa personnalité”, a-t-elle conclu.
Le tribunal a reconnu le suspect coupable, le condamnant à deux ans de prison avec un sursis simple pendant cinq ans, une interdiction d’exercer une activité en relation avec des mineurs pendant dix ans et une confiscation des scellés.
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