Aix-en-Provence | Deux femmes accusées d’avoir exploité et prostitué un mineur

Séquestré et battu par celles qui l’avaient placé sous leur coupe, l’adolescent a été forcé de mendier et de se prostituer pendant des mois

Un vigile du multiplexe de Plan de campagne dira que le garçon faisait la manche depuis des mois. La nuit, il était “vendu” pour des prestations sexuelles dont les bénéfices allaient à ses “souteneuses”. Illustration La Provence

On aurait préféré que la vague actuelle de féminisation des titres et des métiers qui vient rééquilibrer l’usage de la langue française, ne nous conduise pas, aujourd’hui, à chercher quel pourrait être le féminin de “bourreau”.

Car il n’y a pas d’autre mot pour définir le rôle de ces deux jeunes femmes soupçonnées de crimes pour lesquels, d’ordinaire, le masculin l’emporte : violences, séquestration, exploitation, proxénétisme…

Cette affaire débute le 18 juillet dernier, lorsqu’un équipage de la brigade anti-criminalité en patrouille dans la zone de Plan-de-Campagne, repère la silhouette efflanquée d’un garçon qui va tendant la main d’un passant à l’autre.

Un vigile rencarde les policiers : depuis plusieurs mois l’adolescent écume le secteur, il est déposé là le matin par deux femmes qui reviennent le chercher le soir.

Quelques heures plus tard, un dispositif est mis en place pour interpeller les deux souteneuses présumées au moment où elles reviennent chercher Julien.

L’intéressé révélera qu’elles lui ont confisqué son téléphone, sa carte bancaire, qu’il est molesté régulièrement, qu’on le fait dormir dans une voiture, qu’il ne peut pas se laver et ne mange que les restes de sandwich de ses geôlières.

Il avoue aussi, le plus grave des outrages : la nuit, il est violé (parfois sans préservatif) par des hommes à qui on le “vend” via des réseaux en ligne.

Au cours de leur garde-à-vue, elles reconnaîtront sans ciller l’essentiel des faits.

“Je ne sais pas si on peut se réjouir que vous ayez avoué des faits aussi graves comme vous l’auriez fait d’un vol de sucette”, se désole la juge du tribunal correctionnel d’Aix, Stellina Boresi.

Hier, c’est avec gravité qu’elle a ouvert ce dossier glaçant.

Dans le box, les deux associées qui exploitaient Julien (l’une est originaire de Marseille, l’autre de Marignane), apparaissent étrangement sages, lisses, presque recueillies.

Elles évitent du regard le garçon blond aux yeux clairs entourés de longs cils dont le visage conserve la rondeur de l’enfance.

Assis à côté de sa mère, Julien n’a pas demandé le huis-clos, il soutient l’épreuve en public, garde le menton haut.

Mais il semble ailleurs, loin.

Quand les policiers l’ont pris en charge, le jeune Marseillais ne pesait plus que 45 kilos.

Pas question de juger déjà. Hier le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence a renvoyé l’affaire à l’instruction.

“Nous prenons cette décision en raison de l’extrême gravité des faits dont certains sont de nature criminelle.

Nous avons besoin de savoir et de comprendre pour faire toute la lumière”, développe la présidente Boresi.

Il s’agit de prendre le temps d’explorer les personnalités, d’évaluer la situation de Julien, de mener des expertises psychiatriques pour tenter de cerner les ressorts de la cruauté des deux jeunes femmes qui pourraient être renvoyées devant une cour d’assises.

Les investigations devraient également se tourner du côté des “clients” qui, en achetant se sont rendus coupables de viols aggravés sur mineur.

* Le prénom a été changé

Source : La Provence

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