Tahiti | Un professeur accusé d’attouchements sexuels

Le dos droit, les mains jointes devant lui, le professeur de collège, à la chevelure blanchie par les années, n’aurait “jamais pensé être là”, devant un tribunal correctionnel. Face à lui, hier, cinq victimes, toutes d’anciennes élèves âgées de 11 ans à l’époque des faits. Des faits qui, pendant plus de trois heures, ont été racontés, contestés et justifiés.

© archives LDT

“Vous avez des réponses à tout !”, s’est emportée l’avocate de la partie civile alors que les questions s’enchaînaient.

Aux accusations d’attouchements sur mineurs de moins de 15 ans, de caresses furtives et de gestes déplacés, il a répondu : “En 23 ans d’exercice, il m’est arrivé un nombre de fois incalculable de toucher l’épaule d’un élève, mais jamais je n’ai pensé à mal, c’était neutre. Pour moi, un enfant, c’est un enfant.”

Aux accusations de comportements stratégiques – “vous jetiez votre stylo par terre pour, comme le dit la chanson, ‘regardez sous les jupes des filles’” – ,

il a opposé :  “Justement, j’expliquais à chaque début d’année que je ne voulais pas de jupes ou de robes en classe pour ne pas entraîner de perturbations du cours quand les filles se penchent pour ramasser un objet.”

Lorsqu’on l’accuse d’avoir montré des images pornographiques à deux des cinq victimes, il assure :

“Je voulais tester les failles de sécurité de notre réseau Internet. J’étais dans la démarche de faire en sorte que les enfants soient mieux protégés…”

Il n’y aura qu’aux accusations de possession et de consommation de cannabis que cet ancien professeur de technologie ne trouvera rien à redire.

“C’est interdit par la loi”

“Et les déclarations d’anciens élèves et de professeurs qui vous qualifient d’homme porté sur le sexe, d’avoir un humour graveleux, d’être un pervers ?” Une énième question de la part du tribunal et une énième réponse de la part du prévenu : “Il y a d’autres ragots dans l’établissement mais aucun n’a amené à des poursuites…”

“Moi ! J’ai une vision du dossier”, est intervenu le procureur général. “Il a un comportement que je vais qualifier de ‘léger’ ! Il trouve ça léger de s’adonner à des attouchements agréables sur ses élèves. Une banalisation d’un comportement qui dure depuis longtemps. Une main posée sur l’épaule, sur la poitrine, une tape sur les fesses… Pour vous, ce n’est pas méchant : mais c’est interdit par la loi ! Cela se qualifie d’agression sexuelle. Il y a plus de cinq victimes au dossier, car certaines n’ont pas assisté à la confrontation, mais il y a en avait 14 au départ. Et ce sont toutes des victimes !”

Autant d’affirmations que l’avocat de la défense a longuement mises en doute.

“Ce dossier n’a rien d’évident ! Il pullule de contradictions. Une des ‘victimes’ a même avoué avoir menti pendant 2 h 15 !”, a-t-il dit, citant sans relâche des bribes de déclarations des victimes –  “j’ai menti”, “il ne m’a pas touché le sexe, juste le dos et les fesses”. Avant de poursuivre : “Qu’on ne vienne pas parler d’évidence ! Car avant de tuer un homme socialement et professionnellement, il faut avoir des certitudes !”

Le procureur a requis une peine mixte de 18 mois de prison avec sursis, l’interdiction définitive d’exercer avec des enfants, l’obligation de soin psychiatrique, des dommages et intérêts pour les victimes et l’inscription au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.

“Un dossier difficile” qui devrait trouver son dénouement le 29 août.

Source : ladepeche.pf

 

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