Suisse | Le prédateur sexuel se faisait passer pour Lucie, il risque jusqu’à 10 ans de prison

Le procès d’un pédophile présumé s’est ouvert lundi à Genève. Il risque jusqu’à 10 ans de prison.

Vous vous rendez compte que c’était une activité frénétique?, a interrogé le juge.

Face à la cour, Paul* 24 ans, ancien entraîneur de football, doit répondre d’actes d’ordre sexuel envers des enfants et de contrainte sexuelle (voir encadré).

Ses 26 victimes en l’espace de 4 ans étaient âgées de 12 a 17 ans.

Il a commencé par leur soutirer des photos de nu via un faux profil de femme sur les réseaux sociaux, «Lucie», puis leur a extorqué des faveurs sexuelles.

«Je n’avais pas le choix, je ne pouvais pas faire autrement que de faire ce qui m’était demandé. Si des photos de moi nu avaient été publiées, je n’aurais pas pu continuer ma vie à Genève», s’est écrié un jeune homme.

Au tribunal, les victimes ont tenu à être entendues séparément car elles «ont honte» de ce qui est arrivé.

A l’époque des faits, elles ne se sont confiées à personne, sauf à Paul, en qui elles avaient confiance.

«Aujourd’hui, ils n’en parlent pas, même entre eux», confie une mère au tribunal.

«Personne ne sait. Je ne l’ai dit à personne», confirme Victor*.

Dans la bouche de certains, enfants comme parents, l’accusé était «comme un grand frère», il faisait «partie de la famille».

Les actes commis ont brisé le lien de confiance: ils expliquent avoir eu du mal à se remettre de cette histoire. «Cela a brisé mon lien social».

Les adolescents se souviennent de sentiments de peur et d’angoisse.

Certains ne dormaient plus, ne mangeaient plus et se sont renfermés sur eux-mêmes.

Plusieurs ont connu de graves difficultés scolaires après les faits.

Malgré tout, les victimes ont tenu à ce que l’audience puisse être retranscrite dans les médias, refusant le huis clos complet demandé par l’accusé.

«Il faut montrer quels sont les pièges des réseaux sociaux aux autres jeunes», a expliqué leur conseil Lorella Bertani

Devant la cour, Paul a affirmé avoir changé.

A l’époque, il était un homosexuel refoulé, dit-il. «Pour moi, être gay, c’était une maladie.»

Il se voyait comme une bonne personne: «Lucie était mon côté sombre.» Il explique assumer aujourd’hui son homosexualité et comprendre les raisons et la gravité de ses actes.

Interrogé, il a pourtant du mal à expliquer ses contradictions, ses rôles simultanés de protecteur et de bourreau.

Il a demandé à pouvoir présenter des excuses face à face au Tribunal.

Peu de ses victimes ont accepté.

«Quand on se dit attiré par les hommes, on ne s’adresse pas à de jeunes garçons», a soufflé une mère, avouant ne pas réussir à se reconstruire.

Mardi, les audiences se poursuivent avec le témoignage de l’expert ainsi que les plaidoiries des parties.

Source :  20 Minutes

 

 

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