Carcassonne | 20 ans de réclusion pour Claude Mignon le beau-père pervers sexuel

Sordide affaire que celle examinée depuis mercredi par la cour d’assises de l’Aude, à Carcassonne. Claude Mignon, 52 ans, et son ex-compagne Delphine (*), étaient poursuivis pour viols et complicité.

Le quinquagénaire à l’encontre de ses deux ex-belles-filles, Sandrine et Hélène (**), aujourd’hui majeures, ainsi que du neveu de son ex-femme, Sébastien (**). Delphine, pour la complicité du viol de son neveu.

Les faits remontent à la période allant de 2001 à 2009, dans les différents domiciles du couple : dans le Tarn, la Haute-Garonne et le Lauragais.

PHOTO CLAUDE BOYER / ASSISES DE L’AUDE / ASSISES2

«Du poison dans ce petit être»

C’est en 2012 que l’affaire est mise au jour avec le témoignage de Sandrine, âgée de 14 ans, auprès de l’infirmière scolaire. Témoignage qui conduira au lancement d’une enquête, puis à la détention provisoire du beau-père en 2013 et le placement sous contrôle judiciaire de la mère. De nombreuses photos pédopornographiques ont été retrouvées dans son ordinateur, dont des clichés avec ses belles-filles et son neveu, faits pour lequel il était aussi poursuivi.

Hier matin, c’était au tour des avocats des parties civiles de prendre la parole. «M. Mignon lui a brisé ses plus belles années», a lancé Me Pierre Charpy, en évoquant le calvaire de Sandrine. «On l’a considérée comme un objet. (…) Elle a essayé d’informer sa famille et personne ne l’a protégée. Sa grand-mère disait même que c’était une traînée», a asséné l’avocat. Avant d’avertir les jurés : «Il (Ndlr, l’accusé) lui faudra plus de vingt ans pour qu’il comprenne sa souffrance».

«M. Mignon frappe, humilie, rabaisse et torture», a rajouté Me Michael Malka-Sebban, représentant Sébastien. L’avocat n’a pas été tendre envers la coaccusée qui «pouvait tout arrêter et appeler la police.» Me Malka-Sebba voit aussi dans la violence de son client (Ndlr, condamné à plusieurs reprises) la conséquence de ces faits : «Ils ont instillé du poison dans ce petit être».

«Vous êtes un prédateur, un menteur et un violeur», a surenchéri Me Gérard Bouissinet, représentant d’Hélène. Il a insisté sur la souffrance de sa jeune cliente, qui «cherche l’équilibre dans son travail en se surinvestissant».

Risque de récidive

«C’est difficile de grandir dans une famille pathogène où aucune limite n’est posée», a débuté Florence Galtier, avocate générale, pour les réquisitions. Elle a rappelé aux victimes qu’«elles n’ont pas à se sentir responsables ; on ne peut rien face à un prédateur». Et au sujet de ce «prédateur», Florence Galtier a estimé qu’il existe «un risque de récidive».

Elle a requis 18 ans de réclusion criminelle assortis d’un suivi sociojudiciaire pendant dix ans. À l’encontre de l’ex-épouse, cinq ans ont été demandés, dont deux avec sursis et obligation de soins.

«C’est un dossier abject», a dénoncé Me Philippe Calvet, défenseur de Delphine, pointant les contradictions dans les témoignages de Sébastien, mais aussi du coaccusé «capable de mentir pour accuser l’autre». Selon lui, sa cliente était «écrasée», et «vivait sous la violence quotidienne de son ex-mari». Il a ainsi plaidé la relaxe.

«J’ai commis une grosse bêtise»

«Nous avons vécu sous une chape de plomb pendant tout ce procès», a constaté Me Olivier Trilles, pour la défense de Claude Mignon. Reprenant l’expertise de l’accusé, l’avocat a insisté sur son mal, la paraphilie, affection qui le conduit à avoir des rapports sexuels hors normes et, dans ce cas-là, illégaux.

Lors de l’instruction, l’accusé a même avoué «avoir tout essayé sauf les animaux…». L’avocat a insisté sur la nécessité que l’accusé puisse mener un travail de resocialisation pendant son incarcération. «J’ai commis une grosse bêtise. Je vous demande pardon», a déclaré l’accusé, en fin d’audience.

Après quatre heures de délibéré, la cour d’assises a condamné Claude Mignon à 20 ans de réclusion criminelle, assortis d’une mesure de suivi pendant 7 ans. Son ex-femme devra, elle, purger 8 ans de prison.

Hier, pour le jour du verdict, Sandrine fêtait ses 18 ans. Sébastien, lui, continue «de sentir l’odeur» de son prédateur. Des réminiscences qui ne sont pas prêtes de s’estomper. Sandrine aura, quant à elle, 20 ans lundi. Avec les beaux jours de son enfance volée.

(*)Nom préservé dans le cadre de la protection des victimes.

(**) Prénoms d’emprunt.

Source: La Dépêche

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