Somain | Un père incestueux prend 5 ans de prison

5 ans d’emprisonnement dont un an assorti d’une mise à l’épreuve. C’est la peine écopée, mardi 3 octobre, par F.B. pour des agressions sexuelles sur ses enfants. Entre autres.

Pour acheter son silence, il lui donnait des bonbons.

Jusqu’au jour où Laure* fait des révélations à sa mère.

“La maman cherchait à mettre en garde sa fille à l’âge d’avoir des relations sexuelles avec son petit copain.

Celle-ci s’est braquée et a craqué !” , résume la substitut du procureur, Sophie Planchon.

Des confidences pour expliquer que:

” Chaque mardi soir, lorsque sa maman partait chez une amie, il la rejoignait dans sa chambre, mettait un film pornographique et lui demandait de le masturber jusqu’à ce qu’il éjacule” , détaille la présidente Perrine Debeir.

Il, c’est F.B.

L’homme de 49 ans comparaissait à la barre du tribunal correctionnel pour agression sexuelle sur sa fille, âgée de 9 ans à l’époque.

Les aveux de Laure sont aussitôt suivis par d’autres accusations.

En l’occurrence, celles de deux adolescentes.

La première, Édith*, accueillie par la famille, déballera qu’elle était sous “son emprise sexuelle” , qu’il lui formulait de “belles paroles” au point d’en être “un peu amoureuse” , qu’elle refusait tout rapport sexuel mais qu’il a fini par lui faire “des manières” , résume maître Lambert.

Avec toujours le même procédé, des cadeaux pour que la victime se taise.

Son porte-parole explique que sa cliente est aujourd’hui encore, rongée par la peur de ne pas être crue.

“Elle a honte d’en parler !” Elle plaide pour “une honte qui change de camp !”

La seconde, Lucie*, était, à la date des faits, la belle-fille du mis en cause.

“Il lui a touché la poitrine lorsqu’il est sorti de la douche, tout nu !” , rappelle son avocate Marie Cuisinier.

Celle-ci évoque une jeune femme plongée dans un cycle infernal.

” Elle est incapable de tourner la page.

Pour elle, c’est comme si les faits s’étaient déroulés hier ! “

Ces triples dénonciations feront aussi resurgir un écho d’antan.

Celui de Romain*, le fils du prévenu.

À savoir, “papa suce louloute !”

Si la maman n’y avait pas prêtée attention lorsque le bambin avait soufflé ce propos à l’âge de trois ans, son représentant, Pierre-Jean Gribouva, aiguillera le tribunal sur le fait que le jeune homme a pu reproduire un “acte originel” commis par le papa auparavant.

Un “schéma” qui peut expliquer que son “protégé” est aujourd’hui connu pour des comportements déviants.

 

Dans le déni.

C’est le mode de défense adopté par F.B.

” Elle ment ! ” lâche-t-il envers sa fille.

” Elle raconte ça parce que je n’ai pas voulu lui acheter un portable, parce qu’elle n’a pas accepté la séparation ! “

Le juge va même plus loin.

“C’est un complot familial, une machination parce que je n’ai pas payé la pension alimentaire. Tout est faux !” , martèle-t-il.

Et la présidente de poser une question cruciale.

” Quels intérêts auraient ces victimes d’inventer de telles poursuites ? “

Mais toujours le même mot dans la bouche, “je ne sais pas, c’est à eux de me le dire … ils veulent ma peau !”

Un quadragénaire “fermé” , qui “manque d’empathie quand sa fille se lève pour prendre la parole.”

C’est l’attaque de Sophie Planchon au moment de faire ses réquisitions.

Pour la magistrate,

” Les victimes n’entendront jamais la vérité car monsieur reste dans un argumentaire persécutif.

Il est convaincu que c’est un coup monté.

C’est inimaginable qu’il reparte libre ! “

Une peine ferme de cinq ans assortie d’un mandat de dépôt est requis.

“C’est lourd pour un dossier qui repose uniquement sur des auditions, sur des émotions. Il n’y a aucun élément concret”, plaide, dans la foulée, la défense représentée par Jean-Pierre Congo.

La robe noire évoque “un effet de meute” sur son client.

Le tribunal suit le parquet et se charge d’envoyer F.B. derrière les barreaux.

À cela s’ajoutent une inscription au Fijais (fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles) et le devoir d’indemniser les victimes.

 

Laure est “détruite affectivement.”

Mais a été suffisamment “courageuse” pour venir affronter son père.

Dans une lettre écrite à son avocate, Marie-Hélène Carlier, elle explique être aujourd’hui blessée par le fait de ne jamais avoir eu de “vrai père !”

Mieux, qu’elle redoutait cette audience, rongée par “la peur de dire un dernier au-revoir à son père.”

Le verdict lui a donné raison.

Source : L’Observateur

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