Sénégal | Coumba Gawlo, artiste, chanteuse : « Je consacrerai ma voix et mon énergie à la cause des enfants »

Nommée ambassadrice de bonne volonté par l’Organisation non gouvernementale World Vision, le 1 juin dernier, la chanteuse Coumba Gawlo Seck s’est engagée à continuer d’œuvrer, par sa voix et son énergie, pour la promotion et l’accès d’une éducation de qualité pour les enfants.

Comment accueillez-vous le choix porté sur votre personne comme ambassadrice de bonne volonté de World Vision ?

Je suis honorée d’avoir été choisie par World Vision en tant qu’ambassadrice de bonne volonté. J’ai accepté cette nomination après une année de réflexion. J’ai pris beaucoup de temps à réfléchir.

C’est dire que la nomination me tient énormément à cœur. D’abord, parce que cela me renforce dans les valeurs auxquelles je crois :

le respect scrupuleux des droits humains, notamment ceux des enfants et des femmes.

Dans le domaine de l’éducation, j’aurai naturellement un grand travail à faire. Pour toutes ces raisons, j’ai accepté cette nomination. Pour toutes ces raisons aussi, je voudrais vous assurer de ma disponibilité.

Les causes pour lesquelles j’ai été choisie me tiennent à cœur. Pour moi, l’éducation des enfants est un droit inaliénable. Chaque enfant y a droit. Naturellement, c’est avec fierté que j’endosse ce nouvel habit d’ambassadeur. Ensemble, nous continuerons à sillonner le Sénégal des profondeurs pour sensibiliser les parents sur l’importance d’amener les filles à l’école.

Il est essentiel de les inscrire, de les y laisser afin qu’elles puissent prétendre à un bel avenir. Ceci va leur permettre de se retrouver demain dans les grandes instances de décision. Elles connaîtront non seulement leurs devoirs mais également et surtout leurs droits. C’est avec plaisir que j’accepte ce nouveau challenge. Ensemble, nous pourrons sensibiliser davantage les personnes, à savoir les pouvoirs politiques, les populations, la société civile, sur l’importance de développer l’entreprenariat et le leadership féminin

En tant qu’ambassadrice, quels seront vos principaux défis ?

Nous ferons ensemble la promotion de l’éducation, de la protection des enfants, de la lutte contre les violences faites aux enfants particulièrement aux filles.

Aujourd’hui, avec tout ce qui se passe dans la société, de plus en plus d’enfants sont mal traités. J’en prendrais quelques exemples à savoir le drame qui s’est passé à Thiès. Je déplore le fait que jusqu’à présent, nos pouvoirs publics ne parviennent pas à trouver des solutions idoines pour sanctionner les fautifs.

Il y a beaucoup de viols de nos jours, mais aller jusqu’à violenter une petite fille d’un an, c’est pour moi comme violenter un bébé qui est encore dans le ventre de sa mère.

C’est cette image que j’ai de ce drame quand j’y pense. C’est une manière de dire que notre société, aujourd’hui, rencontre de plus en plus de problèmes.

C’est ce qui m’amène à me poser la question de savoir si réellement dans notre société, nous sommes entourés de personnes normales.

Est-ce que nous ne sommes pas tous les jours en danger, sans savoir avec qui nous risquons de subir ce danger-là ?

Certes, nous ne pourrons pas résoudre tous les problèmes du jour au lendemain. Mais, à force de parler, de sensibiliser, de discuter et surtout de faire des descentes sur le terrain à travers ma voix d’artiste, je reste convaincue que nous atteindrons les résultats recherchés. L’objectif est de lutter contre la pauvreté, pour cela il faut promouvoir l’éducation. Il est important de se retrouver avec une société éduquée à tous les niveaux, pas seulement du point de vue intellectuel.

Quels mécanismes comptez-vous favoriser pour atteindre votre cible ?

Il est important, pour se retrouver avec une société développée, d’instaurer le respect scrupuleux des droits des enfants.

Il est nécessaire de les habiller convenablement, de les amener à l’école, de les soigner et surtout les encadrer jusqu’à ce qu’ils puissent, demain, être des adultes responsables qui pourront d’eux-mêmes se retrouver dans les grandes instances de décision.

Ceci leur donne des chances à prétendre, demain, faire partie des personnes qui vont diriger ce pays. Je veux assurer de mon engagement à accompagner toutes les actions de développement, particulièrement celles liées à l’éducation, à l’enfance, à la violence faite aux enfants, particulièrement aux filles.

Je suis prête à accompagner, dans ces combats, que ce soit au Sénégal ou ailleurs, pour que nous puissions atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés pour un développement durable.

Ce ne sera pas facile, nous en sommes conscients. Toutefois, nous ne sommes pas dans un terrain inconnu. Nous l’avons déjà pratiqué pendant plusieurs années. Nous connaissons bien le terrain de l’éducation, des institutions.

Je mènerai ce combat en continuant à rester debout et aussi engagée et dévouée à la cause pour arriver à atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.

Nous ne voulons plus voir de filles qui ne savent ni lire, ni écrire.

Nous allons aussi nous engager pour que cessent les mariages précoces. Ce genre de pratiques doit être totalement banni de notre société.

Je reste engagée et disponible, aujourd’hui plus que jamais, aux côtés de World Vision pour qu’ensemble, nous puissions le faire. D’ailleurs, nous avons eu déjà à mener des actions conjointement. La belle aventure va juste continuer.

 

Quelle sera la principale orientation de votre mission ?

Je prends très à cœur cette mission. Elle s’insère dans la continuité des actions que j’ai eu à mener auparavant toujours dans le domaine de l’éducation, de la santé et du respect scrupuleux des droits humains et l’entreprenariat féminin.

Ceux sont là, pour moi, d’excellents vecteurs à travers lesquels il faut passer pour communiquer, sensibiliser. Il faut promouvoir l’éducation, c’est ce qui permet aux citoyens de savoir comment vivre dans la société.

Il faut promouvoir la santé pour que les personnes puissent convenablement se soigner en cas de maladies.

Il faut promouvoir la paix et la cohésion sociale pour que le pays puisse vivre dans l’harmonie et dans la symbiose.

Ce sont ces combats-là qui sont mes challenges, mes visions et mes projets pour un Sénégal et une Afrique émergente. Je reste concentrée à cette mission.

 

Vous évoquiez le cas de violence subie par une enfant à Thiès. Que pouvez-vous spécifiquement faire pour ces cas ?

Nous n’avons pas les pouvoirs de l’Etat pour nous permettre de nous projeter sur certaines intentions. J’ai cependant ma voix. Nous allons, à chaque fois que l’occasion se présente, vigoureusement dénoncer cela et surtout attiré l’attention des autorités sur la nécessité de prendre les devants.

Je l’ai plusieurs fois dénoncé dans la presse, quand l’événement s’est produit. Je continuerai à dénoncer jusqu’à ce que l’opinion soit davantage alertée et les pouvoirs publics agissent en sanctionnant sévèrement les fautifs. Il ne faut surtout pas laisser tout cela aux oubliettes.

Si j’avais le pouvoir de dissuasion, j’allais l’utiliser avec vigueur et fermeté. Pour l’heure, ce que je peux faire, c’est de le dénoncer avec fermeté et détermination jusqu’à ce que justice soit faite. Justice doit être faite.

 

Au-delà des dénonciations à travers votre voix, quels seront vos messages en tant qu’ambassadrice de bonne volonté ?

Je suis moi-même issue d’une famille modeste. J’ai dû me battre pour m’en sortir.

Seulement, l’avantage est que malgré nos maigres moyens, mon père avait voulu que j’aille à l’école. Il me rappelait très souvent l’importance de réussir mes études.

C’est vrai que je n’avais pas les mêmes chances que les élèves qui venaient accompagner de leur chauffeur. Mais, grâce aux conseils de mon père, à son engagement, à sa volonté de me voir réussir mes études, j’en suis arrivée à là où j’en suis.

Je n’en veux pas aux autres qui semblaient avoir plus de chances que moi. Au contraire, seulement au finish, il me semble que j’ai eu plus de résultats qu’eux qui avaient pourtant plus d’opportunités que moi. Comme quoi, on peut dire que la pauvreté est seulement négative.

Cela peut aider à davantage travailler et à se fixer un but ultime de réussite.

Tout dépend de l’entourage au sein duquel on évolue. Cela dépend des parents que l’on a. Cela dépend enfin de la volonté personnelle qui anime le principal concerné.

Ce sont toutes ces expériences que j’ai vécues par le passé dans mon cursus, dans mon enfance, dans mon parcours qui sont déjà pour moi de bons exemples, des sources de motivation, d’échanges avec toutes les autres personnes et particulièrement les enfants que je rencontre. Il faut leur faire comprendre que dans la vie, rien n’est facile.

C’est à vous de changer votre destin, de vous battre d’avoir la volonté de vous en sortir.

A travers ma voix, le message peut arriver là où celle de World Vision n’a pas forcement accès.

Les messages n’ont toujours pas les mêmes impacts. J’ai eu, tout au long de mon parcours, la chance de rencontrer les populations les plus démunies et surtout de parler avec elles de la nécessité de se battre pour changer la situation.

En tant qu’artiste engagée, mon message a la chance d’aller beaucoup plus loin.

Notre objectif, de manière concrète, est aussi de participer à la construction d’établissements scolaires convenables pour les enfants grâce à l’aide de partenariats.

Source : Le soleil

Source(s):