Sainte-Marie – Martinique | 10 ans de réclusion criminelle pour le père incestueux

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A 19 ans, la jeune fille essaye de se reconstruire dans un foyer avec des éducateurs spécialisés
Les trois jours de procès de cette première session d’assises se sont achevés avec la condamnation de Monsieur G. accusé de viol sur sa fille, à une peine de 10 ans de réclusion criminelle avec obligation de suivi socio-judiciaire.

Il aura fallu près de 3h30 aux jurés pour prendre une décision et reconnaître que Monsieur G., aujourd’hui âgé de 40 ans, a eu un comportement inacceptable envers sa fille de 14 ans à l’époque.

Reconnu coupable d’avoir commis des actes sexuels par violence, contrainte, menace ou surprise, sur sa propre fille, il écope d’une peine de 10 ans de réclusion criminelle et d’une obligation de suivi socio judiciaire.

Le verdict a pu être donné publiquement suite à la levée du huis clos après que les jurés se soient retirés pour délibérer.

 « Ma cliente souhaitait surtout que sa parole soit entendue.

C’est le cas puisqu’il y a eu une condamnation et non pas un acquittement comme le souhaitait son père, explique l’avocate de la partie civile.

 «Ce qui a également rassuré ma jeune cliente, c’est de savoir qu’après la peine privative de liberté qui a été donnée à son père, il aura un suivi socio judiciaire avec notamment l’interdiction de prendre contact avec elle et de paraître à son domicile.

Et, effectivement, c’est une mesure qui la rassure pour son avenir. »

L’avocate de la partie civile rappelle tout de même que ces trois jours ont été douloureux pour sa cliente.

 « Le fait de replonger dans les viols et agressions sexuelles qu’elle a subis, c’est comme si on jetait de l’huile chaude sur sa plaie qui est toujours béante.

Son père la traite de menteuse alors qu’elle dit ce qui s’est passé.

Elle a demandé que justice soit faite et que son père reconnaisse le mal qu’il lui a fait. »

Malheureusement cette jeune fille (âgée de 19 ans aujourd’hui, ndlr) n’est pas soutenue par sa mère.

Elle est accompagnée par des éducatrices spécialisées.

Jeune maman, elle est placée en foyer afin d’essayer de se reconstruire et de prendre un nouveau départ puisqu’elle a trouvé un emploi.

Ce drame qui se termine devant la cour a été engendré dans un contexte familial difficile, et où les violences intrafamiliales sont également présentes. »

Un contexte de violences intra-familiales

En juin 2020, les gendarmes de la brigade de Sainte-Marie sont appelés pour des agressions au sein d’un couple.

Sur place ils découvrent une situation compliquée.

Monsieur G. et sa compagne sont blessés, lui à la main, elle au front, en présence de trois enfants.

Monsieur G. accuse son beau-frère d’avoir envoyé une photo à caractère sexuel à sa fille.

Sa compagne, elle, prend le parti de son frère et dira aux gendarmes ne pas comprendre l’acharnement de son compagnon à l’encontre de celui-ci.

Sollicitée, la jeune fille répondra ne pas avoir de portable et les investigations menées sur les deux comptes Instagram de la jeune fille ne révéleront aucune photographie sexuelle du type de celles évoquées par son père.

Elle poursuivra en accusant son père de l’avoir réveillée à l’aide d’une béquille, de lui avoir demandé de se rendre dans la chambre d’à côté, de se déshabiller et de prendre part à des actes sexuels.

Le père, lui, clamera son innocence jusqu’au bout et  soutiendra par son avocate que sa fille a voulu se venger de lui, car il l’aurait tapée après avoir découvert des photos pornographiques sur le portable de celle-ci.

Monsieur G., incarcéré en détention provisoire depuis les faits, a déjà passé près de quatre ans derrières les barreaux.

Inscrit au fichier des infractions sexuelles

Maître Sandra Sylvestre-Jean-François, avocate de l’accusé, déclare :

« Il a fait montre d’une insertion remarquable pendant sa détention et il a obtenu un contrat de travail, il a obtenu de très bonnes appréciations.

Il est connu pour des faits de petits délits qu’il assume, mais jamais pour des faits d’agression sexuelle ou de viol. » 

Et de poursuivre :

« Il a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle avec une obligation de suivi socio-judiciaire pendant cinq ans.

S’il ne fait pas le suivi socio-judiciaire, il se verra rajouter une peine de trois ans.

Malgré tout ce qui a été dit, tout ce qu’il a entendu, il a maintenu sa position et a continué à crier son innocence.

C’est un homme aujourd’hui très éprouvé.

De même, les expertises psychiatriques et psychologiques ont été formelles, mon client ne souffre d’aucune pathologie psychologique ni psychiatrique. »

Un verdict que l’on pourrait qualifier de plus clément que les réquisitions de l’avocat général, qui, lui, avait demandé 12 ans de réclusion criminelle.

L’avocate de la défense indique tout de même être satisfaite, malgré la demande d’acquittement lors de sa plaidoirie.

De même, elle indique que la levée du huis clos a été importante pour son client qui était seul dans la salle d’audience pendant ces trois jours de procès.

« Il était important pour mon client, qui ne voit sa famille que dans un parloir, de voir qu’il a toujours son soutien et qu’elle croit en son innocence. »

La mère et la sœur de l’accusé ont pu échanger des salutations à distance avec Monsieur G. avant d’assister au verdict.

Cette condamnation vaut tout de même à Monsieur G. d’être inscrit au fichier national des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS).

Maître Sylvestre-Jean-François a dix jours pour statuer sur le dépôt d’un éventuel appel de la décision.

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