Saint-Pierre-en-Auge | Trois ans de prison ferme pour des agressions sexuelles répétées sur une fillette

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« La famille ne fait pas ce qu’il faut » Il faudra attendre 15 ans pour qu’une plainte soit déposée!
Un homme alors âgé de 37 ans avait pris l’habitude de faire subir des attouchements sexuels à la petite-fille de sa compagne, à Saint-Pierre-en-Auge. Il a été condamné.

« C’était un homme d’âge mûr face à une toute petite fille »,

résume l’avocate de la victime.

Un habitant de Saint-Pierre-en-Auge (Calvados) de 54 ans a été condamné mardi 7 juin 2022 à 3 ans de prison ferme pour des agressions sexuelles commises sur la petite-fille de sa compagne, pendant l’année 2005.

 

« Des pulsions pédophiles »

À l’époque, le prévenu a 37 ans, la fillette en a 7. Elle vient parfois dormir chez sa grand-mère, à Saint-Pierre-en-Auge.

Mais cette dernière ronfle, alors l’homme, âgé d’environ 20 ans de moins, préfère faire chambre à part.

Il se retrouve parfois à dormir à côté de la petite.

C’est dans ces « moments d’opportunité » qu’apparaissent « des pulsions pédophiles »,

dixit Virginie Le Nechet, substitute de la procureure.

Le trentenaire, qu’elle considère comme son papy, lui demande des massages, l’embrasse sur la bouche, lui caresse le cou, la poitrine, le ventre, le sexe… Et, un soir, son doigt pénètre dans le vagin de la fillette.

Elle a mal, pleure, tente de le repousser. Il lui dit que « c’est normal » et de ne pas pleurer pour ne pas réveiller les voisins.

 

« La famille ne fait pas ce qu’il faut »

Elle demande à rentrer chez ses parents. Auprès d’eux, la « honte et la peur » l’incitent à minimiser les faits, elle n’évoque qu’un bisou sur la bouche.

Après ces révélations, « la famille ne fait pas ce qu’il faut », estime son avocate :

« Ils prennent des mesures à minima.

Elle ne va plus dormir là-bas, mais ça ne suffit pas.

Ils ne vont pas déposer plainte.

C’est une situation inconcevable, aberrante, il est présent aux repas de famille, à Noël, aux anniversaires… »

Pourtant, des membres de la famille, à l’image de la grand-mère maternelle, s’étonnaient déjà du « comportement pas net » de l’homme quand il était avec la petite.

Parfois, il la regardait prendre sa douche à travers une petite vitre et voulait rentrer pour l’aider à se laver.

Il faudra attendre 15 ans pour qu’une plainte soit déposée.

C’est la victime elle-même qui a franchi le pas, après une rupture amoureuse qui a tout fait remonter en elle.

Son adolescence a été marquée par « tout ce qui est évocateur d’abus sexuels, des tentatives de suicide au lycée, des scarifications, de graves troubles du sommeil », énumère la présidente Ariane Hémery, qui cite le rapport d’un expert :

« Elle reste parfois une heure trente sous la douche car elle se sent salie. »

« La faute des deux »

Les aveux du prévenu auront été « arrachés au forceps », raconte l’avocate de la victime.

Au départ, il nie en bloc, et accuse même la fillette de venir sauter sur lui, dormir avec lui, et de l’avoir embrassé.

« Elle était collante »,

assure-t-il aux enquêteurs.

Au fil des interrogatoires, il reconnaît des caresses, mais « par inadvertance » pendant son sommeil, sa main étant « descendue automatiquement » alors qu’il voulait la retenir de tomber du canapé.

Enfin, au sujet de la pénétration digitale, il dit que son « doigt est rentré tout seul », qu’il l’a « ressorti aussitôt » et qu’il était alcoolisé.

Lors d’une confrontation à la gendarmerie avec celle qui est devenue une jeune femme, il confirme la version de celle-ci.

Mais pense tout de même que « c’est la faute des deux ».

 

« Particulièrement abject »

« Son positionnement questionne, c’est particulièrement abject de dire que c’est elle qui l’a provoqué »,

lance la représentante du parquet, qui a requis 3 ans de prison pour « ces faits particulièrement graves ».

L’homme, jamais condamné jusque-là, n’est pas venu au tribunal mardi, et n’était pas représenté par un avocat.

En plus de sa peine de prison ferme, il est inscrit au Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais), et a l’interdiction d’entrer en contact avec la victime pendant 5 ans. Il devra lui verser 12 000 € pour son préjudice moral, et 800 € pour les frais de justice.

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