Saint-Laurent-Nouan | Laxisme judiciaire pour un récidiviste ayant agressé sexuellement deux mineurs

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« S’il m’en veut, c’est que je lui ai fait trop mal »
Au tribunal de Blois, un quinquagénaire récidiviste a été condamné à une peine de prison ferme pour des faits d’agressions sexuelles commis sur deux mineurs en 2021 et 2022.

L’homme âgé de 57 ans présent dans le box ce vendredi 10 juin a pu être considéré comme un « papy gâteau », avec qui l’on joue ou part à la pêche.

Il bénéficiait d’ailleurs de la confiance de son jeune voisin, âgé de 16 ans, qui l’accuse pourtant aujourd’hui d’agression sexuelle, avec des actes commis entre le 18 avril et le 11 mai derniers à Saint-Laurent-Nouan.

Et il n’est pas le seul à porter ces accusations, puisqu’un autre mineur a fait état d’une autre agression sexuelle, survenue en février 2021.

Placé sous mandat de dépôt depuis le 19 mai dernier, le quinquagénaire conteste tous les faits qui lui sont reprochés.
Pour les évènements les plus anciens, il aurait agressé un jeune homme originaire de Loire-Atlantique qui logeait dans son gîte avec son père, lequel venait effectuer une mission à la centrale nucléaire.
Le 23 février 2021, alors que son père était parti travailler, le mineur assure que l’hôte des lieux serait venu le réveiller, lui aurait fait des massages et des propositions sexuelles, et« mettait ses mains partout ».
« C’est faux, je l’ai seulement secoué un peu au niveau du dos parce qu’il n’était pas réveillé à 8 h 30 alors qu’il devait m’aider pour plusieurs travaux »,
se défend le prévenu.

En ce qui concerne les faits les plus récents, le deuxième jeune homme parle de « plusieurs attouchements par-dessus le pantalon », au total une quinzaine d’épisodes, avec la proposition d’une fellation lors du dernier évènement.
Présent sur le banc des parties civiles, le mineur écoute nerveusement l’instruction du président Lionel Da Costa Roma, entouré de ses deux parents qui bouillonnent.

Dans le box, le prévenu indique cette fois-ci que le récit est « en partie vrai ».
Il avoue « des caresses et des câlins » mais assure ne pas éprouver d’attirance pour le jeune homme.
Il parle d’un jeu impliquant le toucher des parties génitales d’une autre personne auquel ils se seraient tous deux adonnés.
« S’il m’en veut, c’est que je lui ai fait trop mal »,
pense savoir le prévenu.

Son dossier ne parle pas pour lui.
En 2016, il avait déjà été condamné pour des agressions sexuelles sur des mineurs, des membres des familles des plaignants de l’époque étaient d’ailleurs hier dans la salle d’audience.
Il avait écopé d’une peine de deux ans de prison avec sursis, ainsi qu’une interdiction d’entrer en contact avec des mineurs pendant trois ans.
« C’était un dossier monté par mon ex-épouse »,
assure-t-il.

En état de récidive, l’homme avoue qu’il « aime bien faire des câlins », parce qu’il a « toujours fait ça depuis petit ».
Le président du tribunal lui fait comprendre que ces comportements sont problématiques, compte tenu de ses antécédents.
« On note aussi dans les affaires étudiées que les modes opératoires sont proches, tout comme la manière dont les faits sont révélés »,
ajoute Lionel Da Costa Roma.

Pour la partie civile, Me Jacques Sieklucki, Léa Haddou et Sandrine Audeval parlent de « plusieurs raisons de s’inquiéter, en raison de l’état de récidive du prévenu et de son positionnement sur les faits ». Ils insistent sur « les dégâts » de ces affaires sur la santé physique de leurs clients et « l’attitude pas acceptable » du quinquagénaire.

Le procureur de la République de Blois, Frédéric Chevallier insiste sur le parallèle entre les faits de 2016 pour lesquels l’homme a été condamné, et les nouvelles accusations.
Considérant que « l’avertissement fort » n’avait pas été entendu, il requiert 30 mois de prison, dont la moitié assortie d’un sursis probatoire.

De son côté, l’avocat de la défense Me Stéphane Rapin insiste sur
« la présomption d’innocence, le doute doit toujours profiter au prévenu »,
malgré son inscription sur le fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes. Il demande la relaxe.

Le tribunal a condamné l’homme à un an de prison, ainsi que la révocation à hauteur de 6 mois d’un précédent sursis.
Il aura ensuite un suivi sociojudiciaire pendant 3 ans, où il devra suivre des soins et ne devra pas entrer en contact avec des mineurs.
Il devra en outre verser près de 5.000 € aux victimes et à leurs parents en dédommagement du préjudice moral.

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