Saint-Nazaire | 4 ans de prison pour le viol de la petite-fille de sa “grand-mère de cœur”

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L’adolescente s’est libérée au bout de sept ans
Le 7 février 2023, devant le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), un jeune père de famille a été condamné à quatre ans de prison ferme

Les faits d’agression sexuelle se sont produits, selon la victime, née en 2003, entre 2010 et 2014 à Blain (Loire-Atlantique).

Et si le prévenu, père de famille de 32 ans, est incarcéré depuis décembre 2022, c’est parce que placé sous contrôle judiciaire, il ne l’a pas respecté.

Deux fois en janvier, ses demandes de remise en liberté ont été refusées.

Il les justifiait par le fait que, dormant à même le sol, il avait de violents maux de dos.

Son enfance a été particulièrement difficile.

Placé dans plusieurs familles, c’est au sein de celle de sa « grand-mère de cœur », qu‘il nie avoir commis des actes répréhensibles.

En l’occurrence sur la petite-fille de la maison.

Lors d’un repas de famille, alors que l’enfant avait sept ans et se trouvait dans le garage, il s’est déshabillé et lui a imposé une fellation.

Ensuite, après la séparation des parents de la fillette qui bénéficiait alors d’un suivi éducatif, il arrivait au papa, le samedi soir, de lui confier sa garde.

Elle se douchait et dormait chez lui.

À plusieurs reprises, il l’aurait caressée, embrassée sur la bouche.

À dix ans, il lui recommandait bien :

« Fais gaffe à ce que je pourrais faire si tu parles »

Il nie le viol qui lui est reproché

Dans le box, pleurant pratiquement tout au long des deux heures d’audience, il n’a rien reconnu.

« Sa grand-mère de cœur » lève les yeux au ciel et se montre offusquée par certains de ses propos.

Il insiste :

« Non, il ne s’est rien passé »

La présidente lui demandant les raisons qui inciteraient la jeune fille de 19 ans à peine désormais à mentir.

Le prévenu confirme :

« Oui, elle venait chez moi, mais il ne s’est rien passé, c’était comme ma petite sœur »

Pas vraiment une chose à dire, puisque sur les sept condamnations de son casier, trois concernent une agression sexuelle, dont une sur sa sœur et son frère. 

Son leitmotiv :

« Je voudrais juste rentrer chez moi »

Sur le banc des victimes, la jeune fille maintient ses déclarations.

Me Yasmina Bouriachi dira :

« L’adolescente s’est libérée au bout de sept ans »

Elle explique que, dans le garage, où quelqu’un de la famille pouvait passer, il mettait la pression et lui a dit :

« De toute façon, je dirai que tu étais consentante »

L’avocate de la victime poursuit :

« Il faut qu’il entende qu’il s’agit d’un viol correctionnalisé »

La procureure, Marie-Céline Loubaresse regrette :

« La position du prévenu est décevante, mais cohérente »

La procureure de la République déclare :

« La parole se libère lorsqu’il y a des oreilles pour l’entendre.

La jeune fille a lancé des petits cailloux, jusqu’au 8 mars 2017, où elle a pu enfin parler.

Elle a tout déposé à sa mère et son éducatrice »

Elle n’hésite pas :

« Agresseur, c’est le mot qui convient à celui qui a été confronté très tôt à une notion sexuelle »

Une autre affaire le concernant, pour laquelle il risque de se retrouver, serait actuellement en cours.

Elle déplore son manque de remise en question puisque, interdit de tout contact avec des mineurs, il a pris un emploi de chauffeur avec transports d’enfants.

Elle appuie sur « sa dangerosité » pour requérir une peine sévère : sept ans d’emprisonnement.

La défense pointe le doute

Reconnu handicapé à hauteur de 50-75%, le prévenu est déclaré apte à une sanction pénale par l’expertise psychiatrique judiciaire.

La tâche n’est pas facile pour Me Matthieu Herla, avocat de la défense qui insiste sur l’enfance de son client, puisqu‘il a été placé dès l’âge d’un an et demi (ses deux enfants sont également placés).

L’avocat de la défense explique :

Regardez-bien, est-ce qu’il n’existe bien aucun doute qu’il a commis les faits ? On n’a pas de témoins, seulement les déclarations de la plaignante.

Toutes les attestations en sa faveur, décrivant quelqu’un de gentil, travailleur, ont été ignorées par le parquet.

Il plaide la relaxe au bénéfice du doute, et ajoute :

« Tenez compte des cinq ans passés, de sa personnalité, de sa détention qui se passe mal… »

Au cas où… il propose une peine subsidiaire « qui ne dépasserait pas à une année », sans succès.

Le trentenaire est condamné à quatre ans de prison avec maintien en détention.

Il sera ensuite placé sous contrôle judiciaire pendant cinq ans.

Il a interdiction de tout contact avec la jeune fille à qui il devra verser 5000€ de dommages et intérêts et 800€ de frais de justice.

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