Angers | Nathalie Stéphan, condamnée à perpétuité pour le meurtre de son bébé de 1 an

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Elle est restée stoïque à l’énoncé du verdict
Illustration | Photo de Vanille
Une peine de réclusion criminelle à perpétuité a été prononcée mercredi contre Nathalie Stéphan, 42 ans, par la cour d’assises du Maine-et-Loire pour le meurtre de sa fille d’un an, Vanille, en février 2020 à Angers.

Considérant son « action mue par une volonté froide et préméditée », la cour a condamné cette femme à la peine maximale assortie « d’une période de sûreté de 22 ans », conformément aux réquisitions.

Le 7 février 2020, Nathalie Stéphan ne se présente pas au centre maternel d’Angers, un foyer pour mère isolée où elle était hébergée depuis an, alors qu’elle y est attendue avec sa fille. Son portable, éteint, ne peut être géolocalisé. Une alerte enlèvement est déclenchée le 8 février après 24 heures de recherches pour tenter de retrouver Vanille. Dans la matinée du dimanche 9 février, l’accusée est retrouvée dans un hôtel à Nantes, sans sa fille. Le corps du bébé sera découvert quelques heures plus tard, sur les indications de la mère, dans un sac-poubelle caché dans une benne à vêtements à Angers.

L’autopsie a déterminé que la petite fille, dont c’était le premier anniversaire, est morte par « étouffement ».

« Vu qu’elle se débattait, j’ai appuyé avec ma main très, très, très fort »

, avait avoué Nathalie Stéphan devant les enquêteurs.

« Elle revendique les faits. Elle va même jusqu’à expliquer toutes les solutions auxquelles elle a pensé pendant six semaines pour tuer sa fille »

, avait relevé l’avocate générale.

Nathalie Stéphan avait précisé au cours de l’instruction avoir élaboré son macabre projet quand elle avait appris en décembre 2019 la poursuite du placement de sa fille et qu’elle devait quitter le centre maternel le 10 février.

« Pas une larme »

Nathalie Stéphan, tête baissée et visage impassible dans son box, ne « montre aucun affect, aucune émotion, même pas une larme pour sa fille Vanille », a souligné pour sa part Me Mathilde Livenais, avocate de l’assistant maternel de Vanille qui s’est constitué partie civile. Des photos, prises par celui qui s’est occupé de l’enfant dès l’âge d’un mois, montrent une fillette « un peu chipie » et « pleine de vie ».

Si l’accusée souffre d’un trouble de la personnalité « borderline », elle a « eu pleine conscience de son acte » selon les expertises psychiatriques qui soulignent « sa froideur » et « un niveau de dangerosité élevé ».

« Comment devenir une bonne mère lorsque soi-même on a grandi sans l’amour de ses parents ? », a rétorqué l’avocate de la défense Me Olivia Brulay. L’accusée « a toujours essayé d’être une personne normale » mais « s’est sentie abandonnée par la justice » après une plainte classée sans suite « lorsque son père despote la viole alors que sa mère est dans une pièce à côté », a fait valoir Olivia Brulay.

Source 20 Minutes

Meurtre de Vanille : un infanticide sur fond de conflit avec l’Aide sociale à l’enfance devant la cour d’assises d’Angers

La mère de la fillette d’un an, retrouvée morte en février 2019 au terme d’une alerte enlèvement, est jugée à partir de lundi.

Son sort avait ému toute la France. Le 7 février 2019, le corps de Vanille, un an, était retrouvé dans un conteneur à vêtements à Angers. Pour la première fois depuis la mise en place du dispositif, l’alerte enlèvement déclenchée pour retrouver l’enfant s’était soldée par une issue funeste. Nathalie Stephan, la mère du bébé, comparaît devant la cour d’assises du Maine-et-Loire à partir du lundi 6 février. Elle avait reconnu avoir étouffé sa fille avec du scotch dans un parc de la ville, le jour de l’anniversaire de Vanille.

La personnalité de cette femme de 42 ans et sa relation avec les services de la protection de l’enfance devraient être au cœur des débats. Nathalie Stephan a elle-même été placée en foyer de ses 16 à 19 ans, après avoir dénoncé des agressions sexuelles de la part de son père, peintre en bâtiment. Membre d’une fratrie de trois enfants, elle a grandi à Angers aux côtés de parents sourds et muets, avant un déménagement inexpliqué de la famille à Bordeaux (Gironde). Dans son ordonnance de mise en accusation, la juge y voit une possible volonté du père de mettre à distance les services sociaux.

Une première fille confiée à la garde de son père

Les experts psychiatres qui ont rencontré Nathalie Stephan décrivent une “enfance difficile”, “carencée”, marquée par les “violences paternelles”, la “soumission de la mère”, femme au foyer, et un “défaut d’alimentation”. Pendant son placement, la jeune femme s’oriente vers les métiers de la petite enfance puis décroche un BEP sanitaire et social. S’ensuit une décennie de relative stabilité dans sa vie, après sa rencontre avec le père de sa première fille, née en 2008. Mais le couple se sépare et Nathalie Stephan commence à mener une vie d’errance dans le sud de la France, avant de revenir à Angers.

“C’est quelqu’un qui était sur une pente descendante et c’est aussi une des causes de la séparation”, observe Olivier Rolland, l’avocat du premier compagnon, partie civile au procès. Et de rappeler que son client a obtenu la garde exclusive de leur fille, âgée aujourd’hui de 14 ans et particulièrement marquée par les faits.

“Elle avait de bonnes relations avec Vanille, elles se voyaient tous les 15 jours. Elle n’aura plus de petite sœur, c’est fini.”

, Olivier Rolland, avocat de l’ancien compagnon de Nathalie Stephan à franceinfo

Vanille rapidement prise en charge par un assistant familial

Un mois après la naissance de Vanille, fruit d’une courte relation, Nathalie Stephan fait une tentative de suicide et un séjour de 48 heures en hôpital psychiatrique.

L’inadéquation de son comportement avec sa seconde fille entraîne leur hébergement au sein d’un centre maternel angevin et la prise en charge du bébé par un assistant familial. Dominique M. relève chez le nourrisson “des signes de retrait relationnel précoces et des difficultés alimentaires”.

“Il est l’un des seuls à pouvoir parler de cet enfant, souligne son avocate, Mathilde Livenais. On n’a vu de Vanille qu’une photo de l’alerte enlèvement.” Une petite bouille qui regarde l’objectif de ses grands yeux noirs, une main dans la bouche.

En mai 2019, le bébé est placé sur décision d’un juge des enfants, avec un droit de visite pour sa mère d’une nuit et d’une demi-journée par semaine. En réalité, Vanille partage son quotidien entre le domicile de Dominique M. et le centre maternel, où sa mère est toujours hébergée. Nathalie Stephan nourrit le secret espoir que le placement ne soit pas prolongé. Mais en décembre, la justice le renouvelle avec toutefois un droit de visite élargi, et place officiellement Vanille chez Dominique M., qui travaille désormais dans un autre foyer de l’enfance.

Nathalie Stephan se voit notifier la fin de son hébergement au centre maternel, le département refusant de financer le placement de l’enfant dans un lieu et le logement de sa mère dans un autre.

Un refus d’hébergement comme mobile du crime

Après avoir exprimé “un sentiment d’abandon très fort, et la peur d’être oubliée”, selon une responsable du centre entendue par les enquêteurs, la mère de Vanille semble apaisée et sereine à partir de début janvier 2020. En réalité, elle a décidé de tuer Vanille le jour où elle a appris qu’elles ne pourraient plus séjourner au centre maternel, comme elle le reconnaîtra en interrogatoire. Elle se débarrasse progressivement des affaires de sa fille et l’idée de l’étouffer avec du scotch lui vient en préparant ses cartons, dit-elle.

Le 7 février, trois jours avant la date prévue de son départ, elle met fin aux jours de Vanille et s’enfuit à Nantes avant d’être interpellée.

Devant la juge, Nathalie Stephan dit regretter son geste, mais soutient qu’il n’y avait pas d’autre solution, rejetant la responsabilité sur les professionnels de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Face aux suspicions de dysfonctionnement institutionnel, le président du département de l’époque, Christian Gillet, tient une conférence de presse aux côtés du procureur.

“Il n’y a absolument pas eu de négligence de l’ASE, je suis formel”, martèle-t-il, rappelant que l’accueil en centre maternel, faute de places suffisantes en Maine-et-Loire, est limité aux quatre mois de l’enfant.

La défense de Nathalie Stephan ira-t-elle sur ce terrain pendant le procès ? Sollicitées par franceinfo, ses avocates n’ont pas donné suite. Mais peu après les faits, son conseil Olivia Brulay avait regretté le refus de double financement.

“On s’est heurtées à des questions budgétaires. Dès qu’on sort du cadre, les services n’essaient pas de trouver une solution adéquate, au cas par cas.”

, Olivia Brulay, avocate de Nathalie Stephan à franceinfo, le 12 février 2020

Du côté des parties civiles, on balaie cet argument.

“En dépit de ce que Nathalie Stephan indique, le personnel du centre et l’ASE lui ont laissé du temps pour pouvoir trouver un logement”

, relève l’avocate Mathilde Livenais.

Les experts psychiatres et psychologues qui l’ont examinée ont diagnostiqué chez elle une personnalité borderline. Selon les médecins, la mère de Vanille a été “en capacité de réaliser cet acte de manière froide et de ne pas s’en approprier franchement la responsabilité, la rejetant plutôt sur les intervenants socio-judiciaires”.

Ne relevant ni altération ni abolition du discernement au moment des faits, ils estiment qu’elle présente une “dangerosité élevée”.

Nathalie Stephan encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Source : France Tv Info

Procès de l’affaire Vanille à Angers : la jeune victime était devenue “un objet de vengeance” pour sa mère

Nathalie Stéphan comparaît depuis le lundi 6 février devant la cour d’assises d’Angers pour l’assassinat de sa fille Vanille en 2020, le jour de son premier anniversaire. Après avoir exploré le CV de l’accusée la veille, la cour a entendu ce mardi les proches et les experts psychiatres et psychologues. Ils ont étudié la personnalité de la quadragénaire.

Dans son box, elle est immobile et taciturne, comme assommée par ses médicaments. Depuis qu’elle comparaît le 6 février devant la cour d’assises du Maine-et-Loire, Nathalie Stéphan peine à expliquer les raisons qui l’ont poussée à assassiner sa fille Vanille le jour de son premier anniversaire, le 7 février 2020.

En guise de réponse aux nombreuses questions de la cour et du ministère public, seule une phrase parvient à sortir péniblement de sa bouche, lorsque ce n’est pas simplement “oui” ou “non”.

Vanille, devenue “objet de vengeance

Pourquoi avoir choisi d’ôter la vie à votre fille en lui entourant plusieurs fois le visage de scotch ?,” tente l’avocate générale. “Pour que ça marche. Pour ne pas qu’elle me regarde. – Pour vous protéger, vous ? – Oui. – Pour vous venger ? – Oui.”

Après une première journée d’audience dédiée au rappel des faits et à la personnalité de l’accusée, trois experts psychologue et psychiatres qui ont défilé à la barre ce 7 février 2023 – soit trois ans jour pour jour après les faits. Selon eux, Nathalie Stéphan ne souffre d’aucune altération ou abolition du discernement : elle aurait une personnalité borderline qui peut la rendre “dangereuse“, qui lui fait rejeter systématiquement la faute sur l’autre. Ici en l’occurrence, les services sociaux.

[Pour Nathalie Stéphan,] la justice n’est pas compétente, car elle n’a donné qu’un unique rappel à la loi à son père incestueux. À l’école, ils l’ont “laissée”, ils “s’en foutent d’elle”, ce sont des phrases qui contaminent son discours. Elle se sent abandonnée des institutions, elle est animée d’une haine à l’encontre des services sociaux.

, Dr Hélène Vergnaux – experte psychiatre

 

Selon la psychologue Claire Fichant, sa fille serait devenue un “objet de vengeance“, ce qui pourrait expliquer pourquoi les experts n’ont pas décelé de traumatisme chez l’accusée après son acte inexplicable.

Cet acte, elle l’a commis pour priver les autres de la présence de Vanille. Sa mort est comme une punition qui vise à pointer la défaillance des services sociaux, résume la psychiatre Hélène Vergnaux. Elle se défend avec un unique mécanisme de clivage : soit l’autre est tout bon, soit il est tout mauvais. Cela la protège d’un effondrement.”

Peu d’entourage

Plus tôt dans la matinée, la cour a reçu les témoignages des peu de personnes qui ont composé l’entourage de Nathalie Stéphan avant les faits. Son ex-compagnon, D., a délivré un témoignage émouvant en tout début de journée, faisant couler une larme sur la joue de l’accusée.

“Je suis marqué à vie, traumatisé à jamais

, a-t-il confié à la cour.

C’est avec lui que Stéphanie Stéphan avait eu une première fille, aujourd’hui âgée de 14 ans, et qui ne souhaite plus entendre parler de sa mère.

Il y a son frère aîné, Mathieu*, 47 ans, tout aussi réservé que l’accusée, qui confirme à la barre le caractère despotique de leur père, sourd et muet comme leur mère. “Ça complexifie la communication avec les autres,” glisse-t-il, la tête baissée.

Puis arrive le benjamin de la fratrie Stéphan, Mickaël*, 40 ans, beaucoup plus éprouvé et accompagné d’un chien d’assistance judiciaire. L’accusée, il l’appelle  “la meurtrière de Vanille” et déclare avoir “honte d’être son frère“. Lui se souvient des corrections de leur père, du frigo attaché par un cadenas pour que les enfants n’y ait pas accès.

Imprégnée des témoignages de la journée, la cour interroge à nouveau Nathalie Stéphan en fin d’audience.

Vanille pouvait-elle avoir un avenir sans vous ?

,interroge le président, très pédagogue depuis l’ouverture du procès.

“Oui, soupire l’accusée. – Alors, pourquoi cet acte ? – Je n’ai pensé qu’à moi.

*Les prénoms des deux témoins ont été modifiés

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