Saint-Girons | Laxisme judiciaire pour celui qui a violé une fillette de 6 ans

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Correctionnalisation de viol sur mineure…
photo d'une enfant prostrée dans le couloir d'une maison
Un Saint-Gironnais de 60 ans a été condamné à 4 ans de prison, dont 3 ferme, hier par le tribunal judiciaire de Foix. Profitant de l’absence de la mère, il avait violé une fillette de 6 ans.

C’est une affaire qui, constitutive d’un viol, aurait dû finir aux assises. Mais la volonté d’accélérer le cours de la justice dans l’intérêt d’une fillette de 7 ans aujourd’hui a prévalu : avec l’accord des victimes, le dossier a été « correctionnalisé » et jugé hier par le tribunal judiciaire de Foix, un an et demi à peine après les faits, quand un verdict d’assises aurait attendu bien plus longtemps.

La mère d’Agnès* douche sa fille de 6 ans, ce 25 mars 2021, lorsque celle-ci lui explique, en lui montrant ses parties intimes, qu’il ne faut pas les toucher, que tonton Pierre* l’avait fait et que c’était un secret.

Tonton Pierre, c’est un homme d’une soixantaine d’années que la jeune mère a pris en compassion : récemment divorcé, en pleine dépression, il parle souvent de mettre fin à ses jours ; alors elle l’invite régulièrement à sa table, le soir, parfois presque tous les jours. Pas un vrai tonton, mais Agnès l’aime bien et l’appelle comme ça.

Ce soir-là pourtant, tonton Pierre abuse. Profitant d’une absence de la mère, partie répondre au téléphone, il invite Agnès à le rejoindre sur le canapé, lui demande de s’allonger sur ses genoux, sur le ventre, lui retire son pantalon et sa culotte, introduit un doigt dans le sexe de la fillette, puis entre ses fesses, avant d’embrasser les mêmes parties. Agnès a mal, lui demande d’arrêter, il continue.

Mais le bruit du retour de la mère l’interrompt, il rhabille Agnès en hâte en lui recommandant « de se tenir bien », et la soirée s’achève sans autre incident. Il faudra la remarque de la petite fille sous la douche pour que sa mère s’alarme.

Convoqué au domicile de la victime après une conversation téléphonique durant laquelle il botte en touche, tonton Pierre reconnaît ses actes et demande pardon. Ce qui n’empêche pas la jeune maman de porter plainte aussitôt.

Dans le box, calme, l’air triste et un peu perdu, tonton Pierre ne fait pas plus de difficultés que pendant l’enquête :

« Je reconnais mes torts, ce que j’ai fait est absolument nul, c’est quelque chose que je n’aurais pas dû faire. »

Mais il peine toujours à décrire ses actes en détail, avant de s’y résoudre avec gêne.

La présidente Sun Yung Lazare s’attache alors à comprendre pourquoi cet homme au casier judiciaire vierge de toute infraction a pu perdre ainsi ses moyens. En vain :

« Je cherche toujours pour quelle raison j’ai pu faire un truc pareil », répète le prévenu, qui consulte une psychologue trois fois par semaine à la maison d’arrêt où il est détenu depuis un an et demi.

Le procureur Jean-Paul Lescat, au vu du profil du Saint-Gironnais, résume :

« Une grande misère sociale et sexuelle ».

Un homme sans amis, sans loisirs, qui toute sa vie a papillonné d’un petit boulot à l’autre avant d’arrêter de travailler il y a 10 ans ; un père sévère mais aimé, décédé depuis peu, à qui il regrette de ne pas avoir donné de petit-enfant ; un mariage qui l’a coupé de sa famille ; une ex-épouse, enfin, qui semble avoir eu la barre sur lui et avec laquelle il n’avait plus de relations intimes depuis longtemps, au point de se masturber dans ses vêtements, ce qui causera leur séparation.

Son profil psychologique dessine le portrait d’un homme victime d’un syndrome dépressif ancien, manquant de volonté et de maturité, et peu doué pour l’anticipation et l’élaboration. Mais dans le même temps narcissique, sujet à des fantasmes et à une « vision biaisée de la réalité ».

Pas de trouble mental ni de dangerosité pour autant, aucune altération du discernement, et un sentiment de culpabilité qui laisse à penser qu’il pourrait se réadapter moyennant des soins appropriés.

« Je souhaite qu’elle s’en sorte, qu’elle se reconstruise, qu’elle arrive à oublier ce que j’ai fait », souffle d’ailleurs le prévenu lorsque l’avocate des parties civiles lui demande s’il a quelque chose à dire à Agnès.

Il n’en reste pas moins qu’il y a eu viol.

Dans ses réquisitions, le procureur demande donc une condamnation à 4 ans de prison dont un an avec sursis probatoire de 24 mois, une obligation de travail, une autre de soins, une interdiction de contact avec les victimes et l’interdiction de se rendre à Saint-Girons.

La défense ne manque pas de souligner son sentiment de culpabilité, sa vulnérabilité et le chemin parcouru depuis qu’il est en prison. Le verdict tombe, suivant presque en tout point les réquisitions du ministère public, auquel s’ajoute une inscription au fichier des délinquants sexuels. Tonton pierre a déjà passé un an et demi en prison ; il y retourne pour la même durée, toujours calme, triste et sans rien dire.

* Les noms ont été modifiés.

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