Philippe Detré , le curé pédocriminel

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L’affaire du Prêtre pédocriminel Philippe Detré a été jugée du 12 au 15 Janvier 2015, pour des faits de viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, par personne ayant autorité. Les faits ont été commis entre 1976 et 2011, certains faits sont prescrits, cependant, il aura été reconnu coupable pour 13 victimes sur 30 au total, pour neuf paroisses différentes .

Deux lettres anonymes ont été envoyées aux forces de l’ordre, une dans le sud de la France et une autre à Lille.

La victime ne supportant plus de vivre avec son lourd secret, envoie une lettre de dénonciation à l’archevêque de Lille avant de tenter de mettre fin à ses jours.

L’archevêque alerte aussitôt le procureur. Ces courriers ont permis de mettre à jour les faits et de faire placer Philippe Detré en détention provisoire en Juillet 2012.

Detré son histoire et parcours ..

Philippe Detré est né à Merville dans le nord le 21 mars 1944, sixième d’une fratrie de sept enfants. Une famille croyante et pratiquante, unie et soudée malgré peu de moyens. Des parents prévenants, et une bonne entente familiale. Voilà ce qu’on sait, de l’environnement de Philippe Detré pendant son enfance.

 

D’après l’expert psychiatre qui l’a examiné suite à son interpellation en 2012, Philippe Detré tiens des « propos louangeurs sur son enfance ».

 

Cependant, lors d’un entretien avec l’expert psychiatre, le pédocriminel racontera une anecdote qui laisse deviner le caractère autoritaire de sa mère, et donne une idée de l’image qu’enfant et peut-être plus tard adulte, il avait de lui-même.

 

“Ma mère disait que j’avais un petit zizi. Elle m’a déculotté et l’a montré à toute la famille”.

 

D’après l’expert, il a le sentiment d’avoir été le petit dernier, un peu “craintif”. Peu investi dans sa scolarité, Philippe Detré arrête l’école en classe de 5ème pour faire un CAP de boucher. Après une petite expérience, il entre en 1961, à 17 ans, au séminaire, il devient vicaire à Rosendael puis, est ordonné prêtre en 1973 à Merville, où il est né.

Quelqu’un en apparence « normal », sociable, actif, bon vivant, intégré et bien dans son rôle de prêtre …bref insoupçonnable …

Mais tout ça n’est qu’une facette du père Detré.

Dans «l’anonymat de [sa] chambre » comme il le déclare lui-même, Detré change de visage, il devient un prédateur d’enfant, incapable de mesurer la gravité de ses pulsions, de ses gestes, incapable de saisir à quel point il détruira chacun des enfants qu’il abusera.

“Dès mon premier poste j’ai fait des attouchements sur des enfants”.

Une des victimes, Haquim, vient témoigner, il est prolixe, raconte son histoire avec des détails, s’exprime très correctement et ne semble pas avoir de séquelles, comme certaines victimes qui éprouvaient des difficultés à s’exprimer.

“La gorge nouée, j’ai cette peur, cette stupeur, (…) Et aujourd’hui encore, j’ai cette angoisse de savoir s’il y a eu d’autres jours, d’autres fois (…) J’attends pas de pardon. À mes yeux on perd le statut d’être humain : Aimer, c’est pas abuser. Moi, je croyais faire l’amour pour la première fois lorsque j’ai rencontré ma femme. Non, j’avais été violé.”

Paradoxalement, c’est lui qui semble également avoir le plus enfoui les faits. Il parle de certitude que rien n’avait existé, à la certitude contraire aujourd’hui, à partir du moment où il a été convoqué par les enquêteurs. Actuellement, il donne des détails sur un séjour à la mer avec le père Detré. Il parle de la chambre, de la couleur des draps. De son sommeil.

“Je sens sa main qui glisse, je dormais à moitié, une main dure, pas agréable… Je sens qu’il éjacule, cette odeur âcre”. Les mots sont crus, la victime associe aujourd’hui chaque geste contre lui à des sensations négatives. Il s’interroge se remémore des sentiments, se demande pourquoi il n’a pas réagi. (…) À présent, il essuie une lourde émotion à la barre. Il parle de son amnésie traumatique” (= occultation de faits graves).“Si avant 2008, j’avais pu me souvenir de cela, j’aurais pu sauver des enfants.”

Il pleure à la barre et ne comprend pas pourquoi la durée de prescription est si courte. La durée de prescription, en France, actuellement, est de 10 à 30 ans, selon la gravité des faits. Philippe Detré sera, paradoxalement curé et bourreau d’enfants pendant 39 ans, jusqu’à son arrestation en Juillet 2012.

Mais comment en est-il arrivé là ?

  • La solitude ? Il aurait évoqué des difficultés en tant que prêtre à supporter la solitude.
  • Une orientation sentimentale et sexuelle marginale ? Les débuts de sa vie sentimentale et sexuelle sont pour le moins exceptionnels, par rapport au commun des mortels. On sait qu’à partir de ses 20 ans, il a des relations homosexuelles, avec des partenaires qu’il rencontrait “par hasard”, au coin d’une dune, ou bien dans un bois.

“Je me suis laissé faire, je ne sais pas dire non”, dit l’accusé.

Il a ensuite une relation suivie avec un homme, handicapé, décédé aujourd’hui. Cette  relation dure sept à huit ans. Puis d’autres relations homosexuelles, entre adultes ont été évoquées lors du procès.

… et pourtant, il y avait un vœu de chasteté.

  • Complexe d’infériorité ? Ce pédocriminel a vraisemblablement un complexe d’infériorité, par rapport au reste de sa fratrie, dû peut être à une scolarité moins bien réussie. Peut-être à une mère autoritaire. Il a certainement grandi avec une fausse image de lui-même.

Nous n’essayons ici pas de trouver des excuses à ce pédocriminel, loin de là, mais il est toujours bon de comprendre la base et la continuité des faits, selon l’auteur.

Philippe Detré devenu, en tant que prêtre, guide d’une communauté, et donc une figure d’autorité, a profité de sa condition pour abuser de personnes manifestement en état de faiblesse, vulnérables, orphelines, handicapées, en rupture familiale, etc …

“Pendant près de 20 ans, j’ai essayé de m’en sortir. J’ai bien pensé en parler à un psychologue, mais je n’ai jamais franchi le pas”

C’est bien ça le problème, ce pédocriminel agissait en tout état de cause et par autorité, pendant de très longues années, sur les mêmes victimes, ne daignant pas se faire soigner .

Il savait pertinemment ce qu’il faisait …

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Poignant témoignage de Manuel, 45 ans

“C’est honteux, détruisant, dégueulasse !”, tape du poing sur la barre Manuel, en regardant fixement le pédocriminel,“Un truc de fou, j’ai été deux fois victime”. Par Detré et un certain Bernard, qui aurait déjà été jugé, selon la victime

“Ma femme a dû subir les conséquences de ce que j’avais vécu. Je suis nerveux avec mes enfants. J’ai un langage insolent avec ma femme. Aujourd’hui, ma femme souhaite me quitter. J’ai vu des psychologues… Mon silence, ces maltraitances, m’ont détruit, humilié (…) Je suis papa et parrain, on ne touche pas aux enfants, c’est honteux. Long silence. (…)Voilà… mon histoire d’enfance, je ne la souhaite à personne. J’ai toujours travaillé. Demain je reprends le train pour la Haute-Savoie et je vais me guérir.”

Témoignage de Jean pierre victime :

“Lors de la première nuit c’était en 1972 ou 1973, j’avais 12 ou 13 ans. C’était au presbytère. Il m’a masturbé, je ne savais pas ce que c’était. Il me disait qu’il ne fallait pas s’inquiéter, que c’était normal. Je tremblais. Il se souvient avoir été sucé par le prêtre pédocriminel et avoir été masturbé.”Trois mois avant son arrestation on a encore mangé ensemble [avec Detré]. Ma sœur, croyant me faire plaisir, l’avait invité à manger. Je n’avais jamais rien dit, je croyais qu’il n’y avait que moi, et j’éprouvais des difficultés à en parler, personne ne le sait encore aujourd’hui, cela a duré trois ans”.

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L’accusé se tient les mains. Se gratte la tête et reste assis dans son box.

Le témoignage Patricia , 54 ans, nièce du pédocriminel

Elle se souvient de l’ordination de son oncle, avec l’image marquante des prêtres allongés par terre. Elle qualifie son oncle de “bon vivant”, se souvient de 15 jours d’un séjour en République Démocratique du Congo avec lui.

“Je ne savais rien de tout cela”…”Il n’a jamais émis une remarque sur le fait que je ne baptise pas mes enfants. J’ai apprécié. Je vais le voir en détention, régulièrement. J’avais besoin qu’il me dise des choses. Je n’osais pas y croire quand il a avoué, et j’avais besoin de l’entendre. Je voulais continuer à garder le lien. Un de ses cousins va le voir également en détention. Je le connais, sans plus”.

 

Puis vient le témoignage de Yvan-Marie, 67 ans, ami puis amant de Philippe Detré à la barre:

“(…) Mais j’ai appris qu’il a eu des rapports sexuels avec des enfants au moment de son arrestation. (…) Je tombais des nues avec mon épouse.”

Yvan-Marie a été séminariste. Ma première relation sexuelle ce fut Philippe. “ Vulnérable, disant de lui qu’il n’avait pas assez de “maturité” pour être prêtre, il concède avoir toujours suivi ce pédocriminel. Il lui était soumis.

“Je n’ai jamais vu d’enfant chez lui”.

L’avocat général : “et le fait qu’il soit prêtre et ait une relation avec vous ?”
Y-M : répond qu’il n’a pas dénoncé ce fait, mais que, s’il avait constater quelque chose en Espagne avec les enfants, il aurait alerté les autorités.

Maitre Quentin Lebas, avocat de la défense, interroge maintenant le témoin sur sa relation avec le pédocriminel.
Y-M : “il y avait du plaisir et du malaise. C’était pas de l’amour véritable.

L’accusé : “C’est exactement ce que nous avons vécu ensemble, il y a quelques années. Je suis à l’origine de cette relation intime, avec cette personne qui voulait entrer au séminaire. Je l’explique par le besoin de partager notre solitude, et j’ai pris l’initiative de notre relation homosexuelle.”

La présidente : “Comment, alors que vous faites d’excellents prêches, sur les relations inter-humaines, vous ne formuliez pas de réflexion à propos de vos agissements ?”
L’accusé : “J’ai jamais osé aller chez un psychologue ou psychiatre. Je n’en ai pas parlé à Y-M, car j’avais très peur d’être repoussé”.

“Vous sentiez une pulsion, une addiction, une frénésie chez lui à propos de la fellation ?”

Y-M, répond, un peu à côté, en reprécisant qu’il n’a jamais eu vent de relation sexuelle de ce pédocriminel avec des enfants. Il assure aussi qu’il pensait être le seul pour lui.

Maintenant, je me pose la question de savoir pourquoi il a fait appel à moi pour aller en voyage en Espagne avec deux enfants (…) Je dormais avec Philippe, et une fois sous l’auvent avec l’adolescent (…)”.

La présidente : Sentiez-vous l’ascendant qu’il pouvait avoir sur les enfants, alors qu’il complexait, par rapport aux adultes sur son niveau de culture ?
Y-M : “Je ne le sentais pas à mon niveau, mais je comprends que cela soit possible aujourd’hui”

Jean, un autre témoin, reconnaît par ailleurs, au cours d’un échange avec un avocat de la défense, qu’il conçoit que Philippe Detré ait pu ressentir de la solitude, et un certain complexe, par rapport à d’autres prêtres qui citaient des vers en latin.

L’avocat général, demande au témoin de parler de cette époque des années 70 :

“Je me souviens que certains amis décidaient d’arrêter d’être prêtre. Beaucoup même, dans les 5 ans qui ont suivi mon ordination. On était après mai 68, (que je n’ai pas connu en France) mais je ne voulais pas renier mon engagement”.


De nombreuses questions d’avocats amènent Gérard, prêtre témoin, à déclarer :

“D’emblée, on est des espèces d’isolés dans la société actuelle, car on s’engage au célibat. Or, je pense que l’isolement n’est pas bon. D’ailleurs, c’est pour cela, explique en substance le témoin que, “l’Eglise réagit face à cette situation en organisant des rencontres pour échanger, pour parler”.

La présidente : l’origine de cette déviance sexuelle ?
L’expert : “Personne n’en sait rien et la science n’a pas encore trouvé de réponse. Mais il y a des facteurs prédisposants, et c’est souvent la conjonction de ces facteurs qui permet d’expliquer le passage à l’acte.”

Mr Hammouche (avocat de la défense) :

“Il va sortir, malgré sa peine d’emprisonnement, malgré son âge (70 ans). Et la récidive ?
L’expert
: “On ne peut pas l’écarter. Il y a un risque. Il peut y avoir encore des passages à l’acte, même à un âge très avancé. Mais, par ailleurs, je crois à la psychothérapie, sinon, je n’aurais pas 40 ans de métier.”

Les avocats de la défense interrogent l’expert sur le risque de réitération. Le psychiatre le juge plus modéré que l’expert psychologue. Ce dernier reconnaît tout de même que c’est un “élément positif” que le pédocriminel reconnaisse les faits.

Mais cela ne suffit pas.”, insiste-t-il.

Passage à l’acte : des “stratégies de prédation

Le pédocriminel s’est trouvé très seul, très isolé, avec des difficultés de communication…

Mais on ne peut pas présenter les actes transgressifs comme étant nécessairement corrélés comme une suite de recherche d’affection.”[…] Un expert dit : “C’est quelqu’un qui passe à l’acte quand l’enfant est endormi, seul, sans défense. Ce sont des stratégies de prédations. On est bien dans une dominante pédophile. Je ne dis pas que c’est conscient.

Mais ce schéma d’action est pré-établi. C’est toujours le même : Tant que ça marche, il répète à l’infini.”           

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Verdict :

La réquisition de l’avocat général :

       “Je vous demande 15 à 18 ans à partir du moment où la peine est suivie des deux tiers en période de sûreté, comme je vous le demande. Et d’un suivi socio-judiciaire de 5 ans après la sortie. Il aura 80 ans ou plus quand il sortira et il aura 5 ans de suivi socio-judiciaire.

La cour d’assises du Nord reconnaît Philippe Detrè coupable de viols et d’agressions sexuelles sur mineurs, et le condamne à 18 ans de réclusion criminelle avec une peine de sûreté des deux tiers (12 ans), assortie d’un suivi socio-judiciaire de 5 ans, ainsi qu’une injonction de soins.

A l’annonce du verdict, l’accusé est resté debout, de marbre. Le dossier du prêtre pédocriminel est bouclé. Pour le moment ?

Wanted Pedo est vigilant quand à ce type de personnes quelque soit leur cercle professionnel ou leur orientation spirituelle.

Violer des enfants est un crime.

Toutes les victimes de cette ignoble personnage sont invitées à nous contacter ainsi que toutes les autres victimes de pédocriminels partout en France.

Honneur force et courage.

Source des témoignages :

  • site internet de la chaîne France3 Nord, publié le 12/01/2015.

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