Pavillons-Sous-Bois | Une influenceuse de 17 ans prostitue une adolescente de 13 ans

non

Pendant les passes, elle restait dans le salon
Les activités de prostitution se sont déroulées en janvier dernier dans un appartement des Pavillons-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, loué par l’influenceuse. Elle a été condamnée pour proxénétisme aggravé le 16 juin dernier par le tribunal pour enfants de Paris.

C’est une histoire inhabituelle mais révélatrice de l’évolution de notre société.

L’histoire, improbable mais réelle, d’une influenceuse de 17 ans, qui a poussé une jeune adolescente de 13 ans à se prostituer.

“Elle m’a vendu du rêve”, dira cette dernière aux enquêteurs.

Tout en trouvant ce qui lui arrive normal….

Tout commence le 19 janvier 2023.

Ce jour-là, ou plutôt ce soir-là, à 1h du matin, les habitants d’un immeuble des Pavillons-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, en région parisienne, sont réveillés par des cris.

Au quatrième étage, deux adolescentes viennent de subir une agression.

Dans un sac, des préservatifs usagers

Aux policiers qui font le déplacement, la plus âgée, de 17 ans, raconte avoir été agressée par des inconnus qui avaient frappé à la porte de l’appartement, loué sur les réseaux sociaux, pour passer “un peu de bon temps” avec des potes.

La jeune femme de 17 ans est une influence connue pour ses informations sur le “style de vie”, suivie par 100 000 abonnés sur Tiktok.

Elle raconte avoir été frappée au visage par les intrus, qui ont ensuite pris la fuite en dérobant 150 euros.

Sauf que les policiers tiquent très vite face au récit qui est fait de l’agression.

Dans l’appartement, ils découvrent un sac avec des préservatifs usagés.

Très vite, ils obtiennent les aveux de la plus jeune, 13 ans au moment de l’agression.

Elle reconnaît se prostituer depuis cinq jours.

L’étonnant détachement de la jeune fille devant les policiers

Après avoir fugué d’un foyer d’Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, elle a fait le choix de vendre son corps.

En réalité, ce soir-là, l’agresseur est un proxénète, venu comme client, qui leur a volé la recette de la soirée et voulait leur imposer de travailler pour lui.

“Cette histoire, je m’en fous un peu. Ça ne me choque pas. Ce n’est pas traumatisant pour moi”, racontera la plus jeune à des policiers médusés par le détachement dont fait preuve l’adolescente.

L’enquête débute alors, elle est confiée à la SDPJ 93, la sous-direction de la police judiciaire.

“Pendant les passes, elle restait dans le salon”

Les enquêteurs apprennent ainsi que la plus jeune avait fait connaissance de l’influenceuse quelques jours plus tôt, par l’intermédiaire d’une copine de foyer.

“Elle m’a dit que j’allais bosser avec elle et qu’on allait gagner un max d’argent.

Elle m’a vendu du rêve quoi”, raconte-t-elle.

Confirmant ce que les inspecteurs imaginaient : c’est bien l’aînée qui la prostituait.

Elle avait loué l’appartement dans cette optique.

C’est elle qui prenait des photos d’elle dans des positions suggestives, pour en faire des annonces prostitutionnelles.

Elle répondait aux appels des clients pour leur donner rendez-vous, leur ouvrait la porte et les conduisait dans la chambre.

“Pendant les passes, elle restait dans le salon.

Et ensuite, elle encaissait les passes”, dira la jeune adolescente.

“7 ou 8 clients par jour”

Cette dernière racontera aux enquêteurs avoir alors reçu 7 ou 8 clients par jour depuis l’installation dans l’appartement loué.

Le tarif était fixé : c’était 50 euros le quart d’heure, 100 euros la demi-heure.

Selon l’accord décidé entre les deux jeunes mineurs, la répartition de la recette se faisait à 50-50.

Sauf que la plus jeune a déclaré n’avoir “jamais touché le moindre centime”.

Elle a préféré ne rien revendiquer.

“Je ne voulais pas retourner au foyer, donc je ne disais rien”, explique-t-elle aux policiers.

Lors d’une audience qui s’est tenue en juin au tribunal correctionnel de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, l’avocate de l’adolescence a dénoncé l’abus de l’aînée, qui “use de son statut d’influenceuse pour agripper des jeunes”.

Condamnée pour proxénétisme aggravé

Mais ce n’est pas tout.

En fouillant le téléphone de l’influence, les enquêteurs font des découvertes intéressantes.

La jeune fille avait pris d’y laisser quelques notes, comme “330 euros escorte” ou ” 470 euros moi”.

Ils y découvrent également des photos dénudées de sa cadette.

Mais aussi de liasses de billets, qu’elle exhibait sur les réseaux sociaux.

L’influenceuse a été condamnée par le tribunal pour enfants, le 16 juin dernier, pour proxénétisme aggravé.

La sanction sera prononcée lors d’une audience en janvier 2024.

Un psychiatre qui a expertisé la jeune fille a préconisé une assistance éducative pour l’aider à faire face à la “carence massive de la fonction paternelle”.

Source(s):