Paris | Oubliée des autorités la plainte pour viol conduit à une mise à pied tardive
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Pédocriminel En liberté
- 12/12/2024
- 18:53
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Une vision insupportable pour des parents, pendant de trop nombreuses sorties d’école.
Du 18 au 27 septembre, les parents de Gabrielle (le prénom a été changé), 5 ans, ont emmené leur fillette à la maternelle Christine-de-Pisan, dans le XVIIe arrondissement de Paris, en constatant la présence de son prédateur présumé.
La maman avait déposé plainte le 18 septembre après que la fillette a déclaré à ses parents, la veille au soir, avoir été violée par son animateur sur le temps périscolaire.
Puis rien n’a changé.
L’information est restée bloquée dans les dossiers de la police.
Jusqu’au 27 septembre, l’homme suspecté de violences sexuelles a pu continuer à exercer sans être suspendu.
La famille de la victime, effarée par cette inaction, s’est résolue à alerter le corps enseignant. Mais ce dernier n’a pas autorité sur les animateurs qui, contrairement aux instituteurs, dépendent, eux, de la mairie de Paris.
« Comment est-ce possible de laisser une victime (présumée) mineure face à son bourreau », peste un père de famille de l’école.
Car si une enquête interne est en cours pour tenter de comprendre la faille dans le protocole, tout a été mis en place pour que les faits ne s’ébruitent pas. « Et que l’erreur soit glissée sous le tapis », renchérit ce papa.
Même les délégués des parents d’élèves de cet établissement implanté dans un quartier sensible du XVIIe, censés représenter les familles, refusent de s’exprimer sur le sujet.
« Il y a eu un défaut du côté de la police, tonnent des élus de tous bords. Selon le protocole, nous aurions dû être prévenus par eux immédiatement après l’audition de la mère. »
Contactée, la préfecture de police de Paris n’a pas répondu à nos sollicitations.
« Nous avons saisi le commissariat pour comprendre ce qu’il s’est passé, il ne faut plus que cela puisse se produire », avance Geoffroy Boulard, le maire (LR) de l’arrondissement.
La parole de l’enfant est prise en compte
Lorsque, le 27 septembre, la famille excédée a transmis la plainte à la directrice de l’école, celle-ci a alerté la circonscription des affaires scolaires et de la petite enfance (Caspe).
Quarante-huit heures plus tard, les mesures conservatoires de retrait de l’animateur ont, enfin, été mises en œuvre.
« Pour tout signalement relatif à une suspicion de fait grave et dès connaissance de cette dernière, l’agent mis en cause est retiré du terrain sans délai, confirme-t-on à la Ville de Paris. La parole de l’enfant est prise en compte. »
À la Caspe, on concède que des progrès sont envisageables.
« On pourrait simplifier notre protocole pour que ces affaires de mœurs passent encore davantage en priorité, avance l’un de ses membres. Entre les parents qui se plaignent, les toilettes qui fuient… Chaque responsable de circonscription doit recevoir près de 200 mails par jour. »
Courant octobre, deux réunions sont organisées.
La première le 8 octobre, à destination des délégués de parents d’élèves.
Puis le 15 du même mois pour recevoir les familles de l’école.
« Lors de cette deuxième réunion, deux psychologues de la Ville sont intervenus pour répondre aux questions des parents, précise-t-on à l’Hôtel de Ville. Et nous avons sollicité l’intervention d’un psychologue scolaire pour observation dans l’école. »
L’honorabilité de l’agent contrôlée
En parallèle, une déclaration au Service départemental à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (SDJES) a été transmise le 27 septembre.
Ce service de l’État assure une mission de contrôle des accueils collectifs de mineurs.
Il est l’autorité compétente pour interdire à une personne d’assurer des fonctions et responsabilités au sein de tout accueil collectif de mineurs, qu’il soit sportif ou scolaire.
« Lors d’un recrutement, l’honorabilité de l’agent est contrôlée avant toute intervention en école afin de vérifier le casier judiciaire et la non-inscription au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes », assure-t-on à la Ville.
« Le problème c’est surtout la mauvaise foi, gronde le père d’une fillette. On nous a affirmé que les animateurs n’étaient jamais seuls avec un enfant, sauf que c’est complètement faux. Lorsque je patientais devant l’école, j’ai moi-même vu l’animateur en cause et d’autres animateurs partir parfois dans une pièce avec un seul enfant. Ils ne se surveillent pas entre adultes. Lorsqu’ils sont soignés ou dans les moments pour aller aux toilettes, nos enfants sont parfois seuls avec un animateur. »
Les parents ne veulent pas faire de vagues
Pour calmer les craintes, les coordonnées de « Paris aide aux victimes » ont été transmises aux parents. Et l’association assure depuis une permanence téléphonique ainsi qu’un accompagnement psychologique et juridique.
« Mais la plupart des parents, qui sont issus d’un des quartiers les plus pauvres de Paris, ont du mal à appeler, à en parler, ils ne veulent pas faire de vagues », relate Karim Ziady, conseiller de Paris lui-même autrefois scolarisé à Christine-de-Pisan.
Néanmoins, en mairie, grâce au planning, les familles peuvent demander et savoir le nombre de fois où l’animateur suspecté de violences sexuelles s’est occupé de leur enfant.
« Nous, on confie nos enfants à l’école, on a vu la maîtresse, mais pas ces gens-là, on ne les connaît même pas », poursuit le père de famille précédemment sollicité.
Geoffroy Boulard acquiesce : « C’est un vœu que j’ai formulé dès 2022, les parents veulent rencontrer les animateurs du périscolaire, c’est une demande légitime. »
Contacté, le rectorat « ne souhaite pas » s’expliquer sur le fonctionnement de ses liens avec les mairies d’arrondissement pour le périscolaire.
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